Bilan : The Killing (US) saison 4

Le 24 août 2014 à 21:16  |  ~ 9 minutes de lecture
Ressuscitée par Netflix pour un dernier run, The Killing a-t-elle réussi sa (nouvelle) dernière sortie ?
Par MoolFreet

Bilan : The Killing (US) saison 4

~ 9 minutes de lecture
Ressuscitée par Netflix pour un dernier run, The Killing a-t-elle réussi sa (nouvelle) dernière sortie ?
Par MoolFreet

La (vraie) série zombie d’AMC

 

Nous avions quitté la série dans une situation très délicate il y a quasiment un an : après la trappe du fameux « Pied Piper », ce tueur en série ne s’attaquant qu’aux jeunes filles et qui s’était avéré être le Lieutenant Skinner, chef et amant de Linden, celle-ci exécutait le meurtrier sous les yeux médusés de Holden, les poussant à prendre un chemin d’où ils ne ressortiraient pas indemnes.

Sur un plan extra-scénaristique, la série enchaînait les mauvaises audiences, dues en partie à une perte de qualité au fil de la saison qui s’est manifestée par une conclusion bancale et trop sensationnaliste pour être efficace, et finissait par être annulée. Une situation qu’elle avait déjà connue après la saison 2, avant d’être remise sur le tapis par AMC. Mais cette fois-ci, c’est Netflix, la nouvelle plate-forme en vogue, qui décide de donner sa chance à la série ; The Killing a donc trompé une deuxième fois la mort !

 

Une enquête efficace sans subtilité

 

Pour rester sur le schéma des précédentes saisons, on s’aperçoit vite que la dernière saison (de seulement 6 épisodes) se concentrera à nouveau sur une enquête toute fraîche : les membres d’une famille ont été décimés à leur domicile, une exécution froide et terrifiante. Tous meurent sauf un, le jeune cadet Kyle, qui a pris une blessure à la tête mais s’en sort, avec amnésie. Evidemment.

 

La scène de crime ensanglantée

Bien la famille ?

 

Ce jeune homme est élève d’une école militaire, très fermée, très traditionnaliste, menée de main de fer par une femme, proche de la famille. Il était un peu le mouton noir de sa famille (pour être envoyé dans ce genre d’école il faut en général l’être me direz-vous). Après le monde de la politique, les casinos indiens, les enfants de la rue et les réseaux pédophiles, on s’attaque là-encore à un univers très fermé et pas franchement gai.

Et encore une fois, cela fonctionne : l’univers est prenant, intrigant, on tourne autour du pot sans jamais être réellement capable de mettre le doigt dessus. On pourra cependant regretter l’absence de subtilité sur certains points, des personnages un peu caricaturaux, et surtout l’élément central de l’intrigue. En effet, on réalise au bout de 20 minutes du premier épisode que la tutrice de Kyle est sa mère biologique et toutes les conséquences que cela aura. Malgré cela je n’ai compris qu’au dernier moment l’identité du tueur, dans une scène assez touchante.

 

 

Le duo qui tourne au duel

 

 

Il faut le dire, l’enquête n’était pas le véritable enjeu de cette saison. C’était un bon fil rouge, mais ce qui nous intéressait, c’était la suite du meurtre de Skinner, et surtout l’évolution de la dynamique de la paire Holder-Linden, confronté à un événement terrible.

Les créateurs ne s’y trompent pas, puisque la saison démarre avec Linden sous la douche, et l’obsession des deux flics de se débarrasser de toutes les preuves. Et la manière dont est traité le duo est le point d’orgue de la saison, durant tout son développement. Se sentant en danger, on les voit tout d’abord tentant de faire face, de faire preuve de solidarité. Mais très vite, chacun va se rendre compte que l’autre prend des décisions le mettant en danger, et les deux personnages rentrent dans un engrenage infernal. Linden ne s’est pas débarrassée des douilles, devient parano, néglige son fils et envoie balader sa mère lors de retrouvailles. Holder devient dingue, s’en prend à sa sœur, à sa compagne (enceinte), craque et retombe dans la drogue ; plus tard, lors d’un meeting d’anonymes, il révèlera à demi-mots avoir un mort sur la conscience. Linden envoie un texto à la fille de Skinner, inquiète, avec le portable du défunt pour calmer les soupçons.

 

Holder furieux contre Linden

Il pleut, Holder fait la gueule : same old same old...

 

Bref, toute cette descente aux enfers est complètement crispante et à la fois passionnante. Mais malheureusement, là encore il y a un certain manque de subtilité pour connecter tous ces faits et mettre la police (particulièrement Reddick, l’ancien partenaire de Holder, moins con qu’il n’y paraît) sur la voie : Reddick aperçoit la bague d’une victime de Skinner au doigt de la fille de ce dernier, la révélation de Holder est entendue par un indic de Reddick, Linden se débarrasse du téléphone de Skinner sous les yeux de l’ex-femme du Lieutenant… Trop de facilités scénaristiques qui certes rendent la tension complètement folle entre les deux, mais restent regrettables.

On atteint finalement le paroxysme lorsque, une fois l’enquête résolue, Holder et Linden s’engueulent sur le sort de Kyle (le meurtrier) et que ça dérive sur des délires paranos, à un point où le spectateur lui-même ne sait plus qui a tort ou a raison.

 

L'indice facile

Boîte d'archives renversée, indice crucial découvert, à l'aise !

 

La fin à l’eau de Ros(i)e ?

 

 

Cette ultime saison aura donc passé 5 épisodes et demi à nous monter en tension jusqu’à atteindre un point de non-retour. Sauf que, à l’image de la série habituée aux rebondissements de dernière seconde, Linden et Holder, finalement arrêtés pour le meurtre de Skinner sans échappatoire apparente, vont s’en sortir in extremis grâce à un allié bien inattendu : le maire de Seattle, Darren Richmond, qui s’en serait bien passé.

Et là encore, certes l’explication de Richmond tient parfaitement la route et l’on imagine très bien une telle discussion se produire en réalité, le Lieutenant qui cache un tueur en série n’étant pas vraiment une bonne presse pour la police ni la ville de Seattle, mais on ne peut cacher une certaine déception quant à l’issue du dossier. S’en suit une belle scène entre Holder et Linden au travers d’une glace sans tain, puis rideau, une autre superbe scène de Holder au cimetière avec la mère de Kallie puis sur la tombe de Bullet, puis ellipse pour les scènes finales.

 

Linden sourit !

4 saisons, 5 épisodes et 50 minutes plus tard... elle sourit enfin !

 

Ah l’ellipse « Quelques années plus tard », ce formidable outil lors d’un final de série, parce que nous, téléspectateurs, avons ce besoin d’être fixés sur l’avenir de nos héros. Alors que finalement, les meilleurs finaux de séries n’en ont généralement pas (les Sopranos, Breaking Bad, The Wire, The Shield, Friends…), on est presque déçus de la voir arriver.

On retrouve donc Holder, tenant un groupe de soutien, papa d’une adorable petite fille mais séparé de la maman (enfant nommé Kalia, joli clin d’œil), et Linden qui revient à Seattle, quelques années après avoir quitté la police et la ville. Les deux amis se retrouvent et se livrent à une très touchante déclaration d’amitié (qui a la subtilité de flirter avec celle d’amour qui aurait été trop convenue, sans jamais le faire). Linden, après avoir souhaité s’en aller à nouveau, n’étant que de passage, choisit de rester.

Cette mélancolie, on ne l’a finalement que très peu connue dans la série : le seul moment similaire est celui du visionnage de la vidéo de Rosie Larsen en fin de saison 2. Un moment fort en émotion, ce moment de douceur en ayant connaissance du destin tragique. Je ne suis pas forcément un fanatique des happy ends, et je trouve celle-ci assez convenue, mais finalement très efficace, ne cédant pas non plus à tous les clichés. Il est finalement fort logique de voir Linden, systématiquement seule dans ses enquêtes, tenter de reconstruire sa vie à Seattle, de retrouver les gens qu’elle a laissés de côté (Regi, Jack, sa mère), et qui de mieux pour l’accompagner que son partenaire de toujours ?

 

 

En définitive, je dirais que cette saison était nécessaire à la série, pour nous éviter de rester sur cette note trop amère avec une saison 3 assez décevante et un final à cliffhanger majeur. Devant malgré tout vivre avec les erreurs de cette saison 3, la quatrième et dernière saison s’en sort globalement avec les honneurs, jouant avec les codes des saisons finales sans jamais tomber dans la caricature, mais sans non plus s’élever à un niveau exceptionnel, plombée par quelques facilités. Elle a su recentrer l’histoire sur le duo Holder-Linden, le cœur de la série et probablement LE duo de flic toutes séries confondues et nous permet de faire notre deuil apaisés, satisfaits.

 

Adieu The Killing, et merci.


L'auteur

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