Bilan : Une chance de trop saison 1

Le 19 novembre 2015 à 09:18  |  ~ 9 minutes de lecture
Cet automne, Alexandra Lamy était de retour à la télévision en tenant le premier rôle de la mini-série à suspense Une Chance de Trop. Réussite indiscutable ou pétard mouillé ?
Par arnoglas

Bilan : Une chance de trop saison 1

~ 9 minutes de lecture
Cet automne, Alexandra Lamy était de retour à la télévision en tenant le premier rôle de la mini-série à suspense Une Chance de Trop. Réussite indiscutable ou pétard mouillé ?
Par arnoglas

 

La diffusion de la série Une Chance de Trop sur TF1 fut un petit évènement en soi. Tout d'abord, parce qu'il s'agit d'une adaptation de l'auteur à succès Harlan Coben, à qui l'on doit notamment le roman "Ne le dis à personne", porté au cinéma par Guillaume Canet en 2005. L'auteur s'est d'ailleurs lui-même occupé de porter son œuvre à l'écran. Ensuite, parce que la série offre à l'actrice Alexandra Lamy son premier grand rôle à la télévision, douze ans après l'arrêt d'Un gars, une fille. Grâce au maître américain du thriller accrocheur, qui a supervisé l'écriture de la série, la chaîne a mis la main sur une fiction parfaitement calibrée, doublement récompensée au Festival de la fiction TV de la Rochelle 2015. Mais que vaut vraiment cette mini-série ?

Alice Lambert s'apprête à aller courir de bon matin. Elle prépare d'abord le biberon de sa fille Tara, âgée de six mois. Elle entend soudain deux coups de feu, puis c'est le trou noir. Alice a perdu connaissance. Plongée dans le coma, elle se réveille douze jours plus tard. Elle réalise que sa vie, auparavant paisible, a basculé. Son mari, Laurent, a été assassiné et Tara a été kidnappée. Alors qu'une demande de rançon avec interdiction de prévenir la police arrive à elle, Alice devient également la principale suspecte. Bien que malmenée par les forces de police et par sa riche belle-mère, Alice a décidé de se battre. Elle va tenter l'impossible pour retrouver sa fille.

 

Alice Lambert et sa fille Tara

 

 

Une série qui maîtrise l'art du suspense

 

En passant derrière la caméra et en supervisant à la fois l'écriture et une partie de la réalisation, Harlan Coben, en maître du thriller conspirationniste, veut prouver sa maîtrise de ce genre d'intrigues, et ce tout au long de ces six épisodes qui s'enchaînent sans laisser le temps au spectateur de respirer. Les révélations se multiplient au fil du récit, si bien qu'il n'y a aucun temps mort. Alice Lambert est une femme brisée, anéantie par un double drame, tiraillée entre le deuil de son mari et accessoirement de sa fille présumée morte, et l'espoir de la retrouver saine et sauve, le corps de la petite n'ayant jamais été retrouvé. Alice est une mère qui continue de croire aveuglément au retour de son enfant, et se lance dans une course contre la montre pour parvenir à cet objectif alors que tout son entourage a déjà baissé les bras. Si le synopsis de la série n'échappe pas aux ressorts classiques, Une Chance de Trop réussit à sortir du lot en développant de bonnes idées disséminées au fur et à mesure que l'intrigue avance.

L’un des atouts les plus intéressants et ingénieux dans cette série, c’est bien évidemment sa capacité à étendre son histoire – qui partait pourtant sur des bases trop lisses pour se démarquer des autres fictions policières – et à surprendre constamment le spectateur. Si bien qu'à aucun moment, Une Chance de Trop ne semble prendre du temps ; ce qui est agréable étant donné le peu d'épisodes que composent la série, ponctués de nombreux twists que personne n'aurait vu venir et que les scénaristes parviennent à rendre crédibles. Le suspense monte donc à grande vitesse grâce à une intrigue bien construite et une belle interprétation de la part du casting, Alexandra Lamy et Pascal Elbé en tête. La promesse est là dès le premier épisode qui se déroule sans temps mort. Nous sommes ici face à une fiction qui reprend habilement tous les codes de la série américaine avec quelques éléments rappelant ses origines françaises (les forces de l’ordre, l'enquête, les interrogatoires...).

 

Richard (Pascal Elbé), un des seuls alliés d'Alice dans son malheur

 

Les multiples ellipses temporelles sont elles aussi très intéressantes, en particulier à la fin du deuxième épisode, permettant de donner une nouvelle structure au récit, d'autres objectifs à atteindre et une vraie notion de globalité. Concentrer le récit sur une unité de temps assez courte aurait pu nuire à l'ensemble, en réduisant la tension qui règne en maître sur une bonne partie de la série. Il n'est pas toujours évident de construire une fiction française comme Une Chance de Trop qui sème quelques indices, crée des instants où l’histoire commence à se complexifier, et prend une ampleur considérable pour mieux nous prendre de court par la suite. À ce propos, le troisième épisode offre une ouverture surprenante qui restera probablement dans la mémoire des spectateurs qui ont suivi la série. Il est même très plaisant de voir que la série ne laisse jamais de place à la routine afin de nous impliquer et ne jamais lasser. C’est tout ce qu'il faut vraiment attendre de la part de cette série. Non seulement une histoire originale qui se démarque malgré un postulat de départ classique, mais aussi une série qui tient ses promesses faites lors de son introduction.

 

 

Une série qui se démarque

 

Dès le premier épisode, Une Chance de Trop apparaît comme une série intelligente, qui repose sur des codes basiques du thriller, mais qui a toujours une façon bien à elle de s'en servir en les remaniant de sorte que le spectateur ne sache pas à quoi s'attendre. Également, la série est remplie de personnages forts et très bien écrits, interprétés par des acteurs de talent. Alexandra Lamy trouve ainsi un rôle à la mesure de son talent, déjà indiscutable dans la comédie. Il est donc particulièrement plaisant et inattendu de la voir dans un registre différent, plus dramatique cette fois. Dans la série, l'actrice endosse différents rôles, de la femme d’action à la femme brisée, en passant par la mère perdue. Elle peut tout jouer et l’émotion qu’elle délivre à chaque épisode la rend encore plus touchante. Nous ne pouvons ainsi que nous attacher à l’histoire qui nous est contée. Celle d'une mère qui va briser tous les interdits pour obtenir la vérité et revoir son enfant. Les acteurs gravitant autour d'elle ne sont pas en reste. Nous retrouvons Pascal Elbé, Lionel Abelanski et Lionnel Astier, sans compter Hippolyte Girardot. Du beau monde en somme.

 

Alice finira-t-elle par découvrir l'abominable vérité ?

 

En y réfléchissant bien, il y a souvent de quoi être méfiant devant une fiction française, en particulier lorsque celle-ci est une production TF1, habituée aux séries policières sans grande ambition. Pour autant, ces dernières années, la chaîne sort petit à petit des carcans du genre afin d’aller bien au-delà des conventions et sortir un peu plus de l'ordinaire. Par exemple, Profilage se révèle être une bonne surprise au fil des saisons, et a su se renouveler à plusieurs reprises, grâce à un personnage principal haut en couleur. Une Chance de Trop fait partie de cette volonté de la part de la chaîne d'élargir son offre de fiction, malgré le fait que l’on puisse retrouver plusieurs aspects que l’on a déjà pu voir dans d’autres séries, d’autres films, notamment Ne le dis à personne. Fort heureusement, Harlan Coben a une manière bien propre d’utiliser le thriller à son avantage, en partant sur des bases classiques avant de tout faire basculer lorsque l'intrigue progresse et arrive au point de non-retour. Ceci est suffisamment visible au fil des épisodes, jusqu'au final qui plaira probablement à tous.

Toujours juste, bien construite, jamais à court d'idées ou sur le point de flancher, l’intrigue se présente très vite comme une course contre la montre passionnante et haletante, sans aucun temps mort. Comme une sorte d'hommage à la nationalité de l'écrivain, Une Chance de Trop a pu compter sur la présence de l'actrice américaine Dana Delany (Desperate Housewives, Body of Proof) dans le dernier épisode. Un petit bonus non négligeable et tout à fait agréable qui témoigne de l'ambition de TF1 à jouer sur la scène internationale afin d'exporter ses fictions sur un autre marché, et de faire partager d'autres histoires originales à un public plus large. Il ne serait pas étonnant qu'Une Chance de Trop s’exporte bien à l'étranger. La chaîne s'est même permis une conclusion alternative laissant la porte ouverte à une éventuelle suite, et il ne serait pas étonnant que la série fasse son retour dans l'avenir.

 

Au final, Une Chance de Trop est une bonne série que je ne peux que conseiller. Les surprises au fil des épisodes sont telles qu'il serait dommage de passer à côté. Sans conteste l’une des meilleures séries françaises de l’année.

L'auteur

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