Bilan : Wet Hot American Summer saison 1

Le 03 septembre 2015 à 15:38  |  ~ 7 minutes de lecture
Avec Wet Hot American Summer, Netflix vous a proposé de passer l'été au camp Firewood. La série valait-elle le coup ?
Par arnoglas

Bilan : Wet Hot American Summer saison 1

~ 7 minutes de lecture
Avec Wet Hot American Summer, Netflix vous a proposé de passer l'été au camp Firewood. La série valait-elle le coup ?
Par arnoglas

Le 31 juillet, Netflix a mis en ligne la série Wet Hot American Summer : First Day of Camp, préquelle du film de 2001, comédie culte aux États-Unis. Présentée sous la forme de huit épisodes d'une demi-heure chacun, elle a été annoncée comme l'événement estival de la plateforme de VOD. Pratiquement conforme à l'esprit du long-métrage, le show embarque le spectateur au camp Firewood, lors du premier jour des vacances d'été en 1981. Déjantée, délirante et absurde, la série ne se prend jamais au sérieux et multiplie les scènes loufoques teintées d'humour gras et décalé, tout en se parodiant elle-même. Le tout servi par des acteurs talentueux ayant tous dépassé la quarantaine et incarnant des adolescents de 16 ans. Au casting, on retrouve Amy Poehler, Bradley Cooper, Paul Rudd, Elizabeth Banks, Christopher Meloni, déjà présents dans le film, ainsi que des petits nouveaux dont Kristen Wig, Chris Pine, Michael Cera, Jon Hamm, John Slattery ou encore Josh Charles. Des acteurs qui ont dû s'éclater, tant leur interprétation se révèle surjouée à l'occasion d'intrigues complètement dingues, à prendre avec un sens très aigu du second degré.

 

 

Les jolies colonies de vacances

 

La série s'ouvre sur le camp et les moniteurs prêts à accueillir les nouveaux arrivants, tout en gérant leurs aspirations personnelles et frustrations sexuelles. Wet Hot American Summer : First Day of Camp raconte les histoires absurdes et hilarantes de ces animateurs et des jeunes enfants dont ils auront la charge, sauf que le scénario ne rime à rien... pour le meilleur. En effet, ce n'est pas un problème en soi puisque la série assume ses conneries et la débilité de son humour. Toutes les incohérences sont mises en avant par les personnages au détour de scènes où ils s'adressent directement au spectateur, allant jusqu'à briser le quatrième mur et l'embarquer dans leurs aventures. Que ce soit le directeur de colonie de vacances transformé en boîte de conserve, une course poursuite en marche à pied, une conspiration à l'échelle gouvernementale découverte et résolue en une journée, un type qui teste des déchets toxiques avec une petite cuillère, les gags les plus surréalistes et stupides s'enchaînent les uns après les autres à une vitesse folle et sans temps mort, pour notre plus grand plaisir.

 

Le cast de Wet Hot American Summer

 

On retrouve ainsi l'ambiance du long-métrage, ainsi qu'une certaine cohérence dans ce grand n'importe quoi grâce aux liens entre les personnages et les nombreuses storylines que la série réussit à sortir de son sac. Même le twist le plus invraisemblable nous paraît crédible, tant les scénaristes assument leurs conneries. Certes la vulgarité est présente mais ce n'est pas un défaut. Ici encore, il s'agit de parodier par la surenchère comme le faisaient certaines comédies adressées à des adolescents dont American Pie, déjà pionnière dans ce registre. Wet Hot American Summer : First Day of Camp va même plus loin en s'attaquant aux films d'espionnage du type James Bond, aux films de conspiration en tout genre, on a même droit à un petit clin d'oeil aux thrillers judiciaires. Certaines scènes risquent de rester dans les mémoires : le combat dans les cuisines de la colo entre Jon Hamm et Christopher Meloni (et son look Chuck Norris-esque), la danse ultra gay de Bradley Cooper et Michael Ian Black, le personnage de Chris Pine et la rivalité avec le camp adverse, ou encore la chanson de l'amitié dans le dernier épisode.

 

 

Subtilité et humour gras

 

À la fois consternante, touchante, hilarante et même attachante, la série pousse la caricature à l'extrême et prend aussitôt l'apparence d'un sketch qui n'en finit jamais, allant parfois de l'humour en-dessous de la ceinture à la petite référence subtile. Dans sa série, David Wain, le créateur, parvient sans difficulté à apporter un peu de légèreté et de profondeur avec les vrais adolescents, dont les histoires sont les plus sincères et sonnent vrai contrairement à celles de l'équipe d'animation, qui tiennent plus de l'ado attardé, obsédé par le sexe ou tout simplement à côté de la plaque. Cela dit, la petite amourette entre Ben et McKinley est non seulement adorable, mais surtout bien écrite ; sans oublier Coop qui va forcément vous faire craquer, et le développement personnel de cette jeune fille d'abord dégoûtée par la gent masculine, mais qui va connaître une évolution surprenante, dans tous les sens du terme. Aussi, les héros sont très bien écrits et ne seront plus les mêmes à la fin de la série. Wain se permet également quelques messages allant de l'abus sexuel au harcèlement entre enfants, sans que l'humour ne soit mis de côté, mais sans trop en rire non plus.

 

Amy Poehler et Bradley Cooper

 

Cette subtilité participe alors à donner une cohérence dont le film était quelque peu dénué, et le procédé du binge-watching encouragé par Netflix devrait probablement aider à apprécier la série à sa juste valeur. Un autre atout de Wet Hot American Summer : First Day of Camp : son approche vintage par l'utilisation de chansons phares des années 80, les coiffures déjantées des moniteurs, leurs physiques, la transformation des acteurs ayant tous dépassé la quarantaine en adolescents, et ce tout en autodérision. Il est même assez impressionnant de voir à quel point certains d'entre eux n'ont pas changé. Tout ceci est aidé par l'apparition de guests stars bien intégrées à la série, et voir autant d'acteurs au talent indiscutable fait plaisir à voir, d'autant qu'ils partipent à l'objectif de la série qui n'est autre que de faire rire le spectateur à coup de scènes empreintes d'humour graveleux, sans jamais dépasser les bornes. Cela contribue au plaisir coupable que l'on éprouve face aux blagues osées et aux numéros parodiques interprétés par des acteurs en forme.

 

Délire express

 

Faut-il donc absolument voir Wet Hot American Summer : First Day of Camp ? Bien sûr, ceux qui ne sont pas familiers avec l'humour très décalé et au trente-sixième dessous risqueront de fuir avant même la fin du premier épisode. La série est à voir après le film, mais il n'est pas obligatoire de l'avoir visionné pour prendre du plaisir devant le show, bien que de nombreux gags fassent référence au long-métrage et en deviennent beaucoup plus drôles. Tout n'est pas parfait, il faut avoir vu au moins un ou deux films pour ados des années 2000 pour comprendre la parodie et apprécier le visionnage (American Pie, Superbad, Road Trip), voire certaines comédies cultes telles que la saga Hot Shots que rappelle souvent la série.

 

Les jolies colonies de vacances

 

Néanmoins, même sans cela, la série nous fait passer un excellent moment malgré tout. Il est clair qu'elle n'atteindra pas le niveau du film, ni la même réputation dans son pays d'origine et peut-être qu'elle ne touchera pas le coeur de tous les téléspectateurs. Pour autant, il y a suffisamment d'atouts pour qu'on jette un œil à cet objet télévisuel non identifié dont le côté loufoque et absurde fait penser à une certaine sitcom diffusée sur FXX en début d'année (Man Seeking Woman, si tu m'entends). Pour résumé, Wet Hot American Summer : First Day of Camp est une vraie bouffée d'air frais qui se moque ouvertement des us et coutumes traditionnels de la comédie pour nous prouver qu'on peut rire de tout et n'importe quoi, même le gag le plus débile, maladroit et insignifiant qui puisse exister. En somme, une manière de prolonger l'été qui approche doucement mais sûrement vers sa fin, le temps de huit petits épisodes.

L'auteur

Commentaires

Avatar MembreSupprime2
MembreSupprime2
Très bonne critique !

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