Critique : A Gifted Man 1.07

Le 19 novembre 2011 à 08:16  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode divertissant et efficace, mais qui commet quelques maladresses regrettables..
Par sephja

Critique : A Gifted Man 1.07

~ 7 minutes de lecture
Un épisode divertissant et efficace, mais qui commet quelques maladresses regrettables..
Par sephja

La responsabilité et ses échos dans le temps 

Steven, un jeune skate-boardeur, se présente à la clinique Sanando avec de nombreux hématomes, les conséquences d'après lui d'une chute violente. Seulement, les docteurs Holt et Sikora vont découvrir que son père est sujet à des accès de violences terribles et est à la source de ses bleus. Pendant ce temps, une femme pompier se présente à Holt Neuro sous la pression de ses supérieurs à cause de défaillances cérébrales qui entraînent de longues périodes de mutisme. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une première partie froide, clinique et mécanique classique 
  •  une seconde partie plus imprévisible dans le chaos des sentiments 
  •  un faux épisode mythologique 
  •  un scénario qui joue avec le feu

 

 

Une histoire qui s'inscrit dans une routine 

Pour cet épisode, A Gifted Man prouve qu'il est bien un formula show, avec le duo de patients du jour, ses deux cliniques et la routine d'une série qui ne masque pas sa recette. Le premier patient, Ben Tucker, est un homme violent qui ne semble pas avoir le moindre contrôle de sa colère, violentant son fils et tout son environnement. Evidemment, le but des scénaristes n'étant pas de justifier la violence d'un père, mais de construire un portrait irréaliste et excessif d'un homme ayant totalement perdu le contrôle de ses nerfs, victime en fait d'une tumeur au cerveau. 

L'autre patiente est un jeune pompier qui souffre d'absences de quelques secondes, mais ne montre aucun signe de trouble particulier physique, poussant Michael à demander l'aide du docteur Morris. L'ensemble est très classique, le schéma classique de la série avec une clinique Sanando laissée de côté pour mieux mettre en avant le duo Eriq La Salle - Patrick Wilson. Le divertissement est agréable, mais d'une froideur clinique, si bien que les deux médecins peinent à convaincre leurs patients de la nécessité du traitement. 

Un premier acte d'exposition très cérébral qui montre bien les rouages de la série, mais ne parvient pas à surprendre, délaissant au premier abord toute la partie émotionnel. Seulement, pour convaincre les patients récalcitrants du jour, le héros va devoir ajouter une touche d'humanité à son approche, provoquant un basculement surprenant du récit. 

 

Un virage inattendu et surprenant 

Pour cet  épisode, A Gifted Man prouve qu'elle est une série mélodramatique efficace, racontant la façon dont le passé entraîne des échos dans le présent. La source du refus des deux patients va trouver son origine dans un geste du passé terrible et de leur sentiment de culpabilité respectif. La série bascule alors vers un récit plus intimiste et assez réussi, les aveux des deux patients nous obligeant à porter un jugement sur eux et à découvrir une vérité qui va modifier radicalement notre point de vue. 

Anna revient alors logiquement, preuve vivante que le passé laisse des traces sur nous, un écho qui se propage et permet de prolonger l'existence au-delà de la simple vie charnelle. De même, la jeune sapeur-pompier est, avant tout, victime de son mensonge qui le détruit de l'intérieur, prise au piège de sa propre conscience. Plus la jeune femme nie le passé, plus l'écho des voix des victimes s'intensifie dans son esprit et lui fait perdre le fil de sa propre pensée. La série revient alors brutalement à un thème plus mythologique, à savoir la difficulté de vivre avec les échos de ceux qui ont été.

 Le cas Ben Tucker va s'avérer encore plus troublant, l'homme se révélant être aux sources même de la série de part son implication dans le décès d'Anna. Le show surprend alors, offrant un virage inattendu à une intrigue jusqu'ici classique, mais qui prend brutalement une nouvelle dimension particulièrement excitante. 


 

Un épisode mythologique ? 

En obligeant Michael à faire face à ses propres sentiments et à découvrir ses faiblesses, l'épisode apparaît comme clairement mythologique, prolongeant l'idée que ces visions sont bien l'expression d'un malaise intérieur par rapport à la mort d'Anna. Toujours pris par son sentiment de culpabilité, il voit chez sa patiente combattante du feu les preuves de l'effet que le sentiment de culpabilité peut avoir sur l'esprit des hommes. Son affrontement final avec Anna devient alors le symbole de son dilemme intérieur, la question du bien venant s'immiscer dans sa pratique médicale. 

En obligeant Michael à faire face à ses propres sentiments, l'épisode fait d'Anna un personnage impuissant, incapable de percer les secrets qu'il a à son égard. Aucune clé nous est fournit pour comprendre les pourquoi de ses apparitions et le seul argument mythologique sur les causes de sa mort est vite balayé par des scénaristes peu pressés de fournir des réponses. Son affrontement final avec Michael sera le symbole de son impuissance à agir de son propre chef,  la condamnant à subir des règles particulièrement floues d'un univers mystérieux. 

Portée par la qualité d'interprétation de Patrick Wilson et Jennifer Ehle, la scène de l'autel est vraiment réussie et  laisse quelques espoirs sur la possibilité d'un vrai développement des deux aspects du récit. En laissant de côté un pan de la mythologie pour l'autre, A Gifted Man déçoit légèrement, le retournement final se révélant plus que maladroit.

 

Un scénario qui joue avec le feu 

Bizarrement, ce n'est pas de l'intrigue du sapeur-pompier dont je vais parler, mais bien de celle du père violent où les auteurs vont commettre de nombreuses maladresses. Passons sur la justification discutable de la violence parentale pour en venir au refus de ce patient qui ne trouve jamais vraiment de signification. Conscient de la faiblesse de ce personnage, les scénaristes ajoutent artificiellement une dimension mythologique inattendue qu'il retire aux derniers moments, laissant un gros sentiment de frustration à cet égard. 

En conclusion, un épisode qui cumule les maladresses, mais propose une vraie maîtrise du récit et une évolution intéressante de Michael Holt. Le talent de Margo Martindale et Eriq La Salle vient faire la différence dans les moments-clé, offrant un récit plutôt agréable malgré son aspect assez formaté. Un bon épisode de A Gifted Man qui prouve que la série dispose d'un vrai potentiel dont les auteurs ne parviennent, malheureusement, pas encore à tirer profit. 

 

J'aime : 

  •  l'intrigue de la combattante du feu 
  •  les comédiens très bons 
  •  la scène de l'autel amusante et décalée 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'utilisation malhonnête de la mort d'Anna par les scénaristes 
  •  la clinique Sanando à peine utilisée 

 

Note : 13 / 20 

A mi-chemin entre la mythologie et le divertissement, cet épisode de A Gifted Man laisse un sentiment mitigé, ne parvenant pas totalement à convaincre malgré de bonnes idées. A la fois généreux et malhonnête, les scénaristes peuvent heureusement compter sur la qualité indéniable de leurs interprètes.

L'auteur

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