Critique : American Horror Story 3.01

Le 14 octobre 2013 à 19:41  |  ~ 9 minutes de lecture
Après la maison hantée et l’asile psychiatrique, les scénaristes d’American Horror Story ont décidé de s’attaquer aux sorcières. Sauront-elles nous envoûter à leur tour ?
Par Cail1

Critique : American Horror Story 3.01

~ 9 minutes de lecture
Après la maison hantée et l’asile psychiatrique, les scénaristes d’American Horror Story ont décidé de s’attaquer aux sorcières. Sauront-elles nous envoûter à leur tour ?
Par Cail1

American Horror Story, c’est le genre de série que les fans attendent avec une impatience assez malsaine. Chaque saison étant indépendante l’une de l’autre, on se demande toujours quelles surprises morbides vont nous réserver les scénaristes et quelles histoires d’horreur nous serons proposées ? Après avoir exploré les méandres d’une maison hantée et les dessous d’un asile psychiatrique pour criminels, la série nous emmène cette fois à la Nouvelle-Orléans, dans un pensionnat pour jeunes sorcières. Et ce que l’on peut dire, c’est que la magie continue d’opérer pour notre plus grand plaisir.

 

Une recette qui fonctionne toujours aussi bien

 

American Horror Story, c’est avant tout un style unique. Cette troisième saison ne semble pas échapper à la règle et dès les premières minutes, on retrouve l’esthétique si singulière de la série. En 1834, Madame Lalaurie (la génialissime Kathy Bates) organise une petite séance de torture, durant laquelle l’un de ses esclaves noirs se voit transformer en minotaure. Le ton est donné dès le début et l’on sait que la série ne fera pas dans la dentelle. La réalisation est soignée, les personnages intrigants, les situations étranges et dérangeantes… il n’y a pas à dire, American Horror Story est bien de retour.

 

Minotaure - American Horror Story - S03E01

 

La recette n’a pas ou très peu changé et l’on retrouve bien l’état d’esprit qui a fait le succès du show. Le côté subversif inhérent à la série est toujours présent et l’on peut même dire que les scénaristes s’y sont donnés à cœur joie. En plus de la torture dont nous avons déjà parlé précédemment, ces quarante minutes nous proposent également d’assister à l’exécution d’une sorcière brûlée vive et au viol d’une jeune adolescente. Rien que ça !

Côté casting, les fans de la première heure seront ravis de retrouver de nombreux acteurs qui ont déjà fait leurs preuves dans les premières saisons. Jessica Lange, Sarah Paulson, Frances Conroy, Lily Rabe, ou encore Evan Peters reviennent pour une troisième fournée d’épisodes. La grande majorité d’entre eux n’ont pas perdu de leur talent, et l’on regrettera juste la mise à l’écart de Sarah Paulson, dont le rôle n’est pas des plus convaincants et d’Evan Peters, qui pour le moment se contente juste d’un rôle d’adolescent membre d’une confrérie. Il faudra sans doute attendre d’autres épisodes pour qu’ils reprennent un peu plus d’importance. Malgré tout, il n’y a pas grand-chose à redire sur le jeu des acteurs qui, dans l’ensemble, est toujours aussi excellent.

Cette troisième saison, c’est aussi l’occasion de redécouvrir des comédiens qui n’étaient plus présents dans la deuxième saison. C’est le cas de Taissa Farmiga, de Jamie Brewer, mais surtout de Denis O’Hare, toujours aussi mystérieux que d’habitude. Là encore, le casting fonctionne plutôt bien et la présence de tous ces acteurs nous permet tout de suite de se remettre dans l’ambiance.

 

Les femmes au pouvoir

 

On le sait, les femmes ont toujours eu une grande importance dans l’univers de Ryan Murphy, mais cette fois, c’est plus vrai que jamais. C’est bien simple : sur les neuf acteurs qui forment le casting principal, seulement deux d’entre eux sont des hommes (Evan Peters et Denis O’Hare). Un choix plutôt logique au vu du sujet de cette troisième saison. Car même si Harry Potter ou Merlin font partie des quelques exceptions, l’univers de la sorcellerie est depuis longtemps un univers essentiellement féminin. La plupart des sorcières restent en effet associées à cette recherche de la jeunesse éternelle. C’était le cas avec Blanche-Neige par exemple et ce sera également le cas dans American Horror Story. La sorcière suprême interprétée par Jessica Lange est, elle aussi, à la recherche d’un sérum pour ralentir son vieillissement.

 

Les filles du pensionnat - American Horror Story - S03E01

 

Vous l’aurez compris, le point de départ de cette nouvelle saison est donc loin d’être original. Cette histoire de pensionnat où de jeunes sorcières adolescentes viennent apprendre à maîtriser leurs pouvoirs, a déjà été vue une bonne centaine de fois. Cette idée de la transmission du savoir, de l’héritage et de la solidarité féminine, est une chose assez récurrente lorsque l’on évoque le monde de la sorcellerie. Toutefois, l’une des grandes qualités de cette série est d’avoir toujours su nous surprendre et je m’attends donc à ce que les prochains épisodes n’empruntent pas la voie de la facilité… D’autant plus que ce premier épisode met en place d’autres pistes plutôt intéressantes, notamment la relation mère-fille entre la sorcière suprême et Cordelia (Sarah Paulson) et le duo Jessica Lange-Kathy Bates.

 

Du passé au présent

 

Les inconditionnels de la série le savent : American Horror Story aime jouer avec la chronologie. Ce premier épisode en est un très bon exemple, et alterne de manière plutôt efficace des voyages dans le passé et dans le présent. Un très bon moyen de mélanger à la fois le monde traditionnel des sorcières et celui plus moderne des adolescentes d’aujourd’hui. Ici, il n’est pas surprenant de passer d’une fête bourgeoise du 19ème siècle à une soirée étudiante, avec ses hauts et surtout ses bas. L’une des grandes forces de ce season premiere, c’est de parvenir à créer un équilibre entre ces deux mondes en apparence si éloignés.

 

Les sorcières de Salem - American Horror Story - S03E01

 

Les références aux sorcières de Salem sont nombreuses et l’on sent que cette partie de l’Histoire américaine sera bel et bien présente en toile de fond. D’ailleurs, les sorcières adolescentes ne sont en réalité qu’un prétexte pour aborder la question des minorités et de l’exclusion, si chères à Ryan Murphy (on parle bien du papa de Glee après tout…). En mélangeant ce temps passé et ce temps présent, la série cherche à nous convaincre que la société n’a pas nécessairement évolué en ce qui concerne le regard porté sur les gens « différents ». En cela, le pensionnat dont s’occupe Cordélia agit comme un miroir qui renverrait les téléspectateurs à leur propre intolérance. Le but de cette « école » consiste davantage à protéger ces jeunes sorcières du monde extérieur, beaucoup plus que de leur appendre à contrôler leur pouvoir.

La série se montre intelligente et le surnaturel est une fois de plus un bon moyen de questionner l’état de la société aujourd’hui. Malheureusement, elle n’évite pas quelques clichés sur l’adolescence dont on se serait volontiers passé. L’adolescente blonde, qui se la pète et qui se comporte comme une reine, c’est assez stéréotypé et légèrement agaçant. De plus, s’il y a bien une chose que les scénaristes vont devoir éviter cette saison, c’est de ne pas tomber dans le piège de nous présenter les problèmes des jeunes sorcières comme étant juste la métaphore des troubles de l’adolescence. Tout cela sera donc à vérifier par la suite.

 

En attendant, American Horror Story est bel et bien de retour et nous n’allons pas bouder notre plaisir. On retrouve avec joie les ingrédients qui ont fait le succès du programme : des histoires étranges, des personnages mystérieux, une intrigue qui allie passé et présent, une esthétique bien marquée, un casting quasiment impeccable… L’ambiance est toujours prenante et la recette semble toujours aussi bien fonctionner. Ce premier épisode pose bien la mythologie, les personnages et les différents ressorts dramatiques de cette saison. On ne devine pas toujours où les scénaristes souhaitent nous emmener, mais cette étrangeté presque poétique ne peut que nous donner envie d’en voir plus. Et puis, le duo Kathy Bates et Jessica Lange nous promet de grands moments. À suivre de très près…

 

J’ai aimé :

  •  Jessica Lange et Kathy Bates
  •  Le fait de retrouver ce qui fait le sel de la série
  •  Les voyages dans le passé et dans le présent

 

Je n’ai pas aimé

  •  Un peu plus d’originalité n’aurait pas fait de mal
  •  Quelques clichés qui peuvent être vraiment dérangeants

 

Ma note : 13/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Antofisherb
Antofisherb
Bonne critique, mais je trouve malgré tout que le ton semble plus léger que les précédentes saisons. Bien sûr, ce n'est pas le cas de tout ce qui concerne Kathy Bates et comme tu l'as dis le viol etc, mais la storyline sur les jeunes sorcières reste quand même globalement assez légère, avec un peu d'humour même. Disons que ça faisait moins "horreur" que les précédentes saisons (non pas que ce soit spécialement un défaut d'ailleurs). Et sinon, il était vraiment dans cet épisode, Dennis O'Hare ?

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Cail1
Je sais que l'un des objectifs de Murphy cette saison était de rendre le ton un peu plus léger. Je ne sais pas trop comment cela va tourner par la suite, mais pour le moment, je n'ai pas vraiment trouvé que cette légèreté était présente dans ce premier épisode. En tout cas, je trouve qu'il y en a pas plus qu'avant. À part une ou deux scènes un peu plus légères (les membres de la confrérie dans le bus par exemple) , je trouve que dans son ensemble, la partie sur les jeunes sorcières reste assez sombre. Il y a le viol certes, mais il y a aussi les scènes de sexe de sexe de Zoé... Après, je n'ai peut-être pas bien saisi l'humour de certaines scènes, c'est fort possible...

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Cail1
Et sinon, même si c'est dans un rôle qui pour le moment ne casse pas de briques, Denis O'Hare était bien présent. Il joue le rôle du mec aux cheveux longs, qui s'occupe du service dans le pensionnat. Il est muet, ne sert pas à grand chose, mais j'aime beaucoup cet acteur et je suis convaincu que son rôle deviendra plus important par la suite.

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Antofisherb
Ah oui en effet, je viens de revoir la scène (qui fait d'ailleurs partie selon moi des scènes "plus légères" de l'épisode, même s'il est vrai qu'il y en a peu), et dis donc même en le sachant j'ai du mal à le reconnaître ;) Pour l'objectif de Murphy, tu m'apprends un truc, effectivement on verra bien par la suite...

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