Critique : Blood & Oil 1.01

Le 02 octobre 2015 à 17:57  |  ~ 7 minutes de lecture
À une époque où les soaps reviennent en force, Blood & Oil débarque peut-être un peu trop tard. Explications.
Par arnoglas

Critique : Blood & Oil 1.01

~ 7 minutes de lecture
À une époque où les soaps reviennent en force, Blood & Oil débarque peut-être un peu trop tard. Explications.
Par arnoglas

Quelques mois après la fin de Revenge, ABC lançait le dimanche 27 septembre son nouveau soap opera nommé Blood & Oil. Créée par Josh Pate et Rodes Fishburne, la série marche sur les pas d'une certaine Dallas, dont le reboot a été sauvagement annulé en début d'année après trois petites saisons. Cette fois, l'action se déroule dans le Dakota du Nord et non plus au Texas, sur fond de boom pétrolier. Laborieuse sans pour autant être catastrophique, la série respecte à la lettre les codes du soap, mais n'évite jamais les clichés qu'elle prétend vouloir contourner et perd souvent en crédibilité.

Blood & Oil, c'est l'histoire de Billy et Cody Lefever (Chace Crawford et Rebecca Rittenhouse), de jeunes mariés partis conquérir le rêve américain dans la petite ville de Rock Springs, où l'exploitation pétrolière fait rage. Un accident de voiture les conduira à improviser pour survivre et construire leur propre existence, et ainsi espérer faire fortune dans le business de l'or noir. Heureusement pour eux, une opportunité se présente à eux lorsque leur chemin croise celui de Hap Briggs (Don Johnson) et sa femme Clara (Amber Valetta), deux barons de l'industrie du pétrole. Une étrange relation maître-élève se dessine entre les couples, l'un souhaitant une vie meilleure, l'autre cherchant à conserver ce qu'ils possèdent. Mais leurs intentions sont-elles aussi bonnes qu'ils le prétendent ?

 

 

Ton univers impitoyable


Tout comme Dallas dans les années 80, Blood & Oil s'inspire d'un des mythes les plus anciens et les plus emblématiques de la culture américaine, celui des pionniers et de la frontière qui marque les limites d'un territoire visible, au-delà des espoirs d'une réussite sociale. Cette conquête de l'or noir correspond non seulement à celle de l'accession à un espace encore inconnu, mais également la réalisation d'un destin personnel et d'objectifs bien définis. Cet optimisme, savamment entretenu par l'image d'un pays où tout est possible, marque encore de son empreinte la vision que les Américains entretiennent de leur nation. Un optimisme bien connu sous le nom de "rêve américain".


Le couple Lefever

 

La nouvelle série d'ABC – qui a hérité du créneau horaire de Revenge en cette rentrée – marche donc sur les pas de cet espoir qui nourrit des populations entières, en prenant cette fois le point de vue d'un jeune couple rêvant de réussite et de pouvoir. Aussi, l'installation de l'intrigue et son déroulement sont en soi un modèle du genre véhiculé par les clichés. Billy et Cody débarquent dans une ville du Dakota après être tombés en panne au beau milieu de nulle part. Ils arrivent valises à la main dans un far-west moderne, une petite bourgade peuplée de pionniers attirés par l'éventualité d'une nouvelle vie et d'une réussite impossible ailleurs. Ils n'ont nulle part où aller mais ils trouvent facilement des âmes charitables qui leur porteront secours. L'endroit, qui vit de l'exploitation pétrolière, est dominé par le richissime Hap Brings, un entrepreneur convaincu que les empires se bâtissent à force de courage, de volonté d'attention et de travail quotidien.

Les rapports entre personnages apparaissent très vite, et Blood & Oil a le mérite de placer automatiquement le spectateur dans son contexte dès la première partie de son pilote. La série n'oublie pas non plus de prendre son temps pour bien les présenter et faire apparaître les enjeux qui se cachent derrière. Seulement, les ressorts narratifs n'échappent pas à la caricature, si bien qu'il se dégage une impression ambiante de déjà-vu . Les scénaristes semblent se refuser toute modernité, comme si la série devait obligatoirement répondre aux exigences imposées par le soap drama. Là où Revenge proposait de l'originalité par une héroïne prête à en découdre avec ceux qui ont trahi sa famille et déterrant tous les secrets que ses ennemis dissimulaient, Blood & Oil se contente d'exposer deux couples aux ambitions diverses, dont l'un pourrait succéder à l'autre. Une des seules nouveautés que l'on note réside dans le fils à problèmes des Briggs, qu'ils cherchent à écarter de l'héritage familial – Billy devenant un fils de substitution pour Hap. Lequel pourrait lui attribuer tout son empire dans un avenir pas si lointain, une succession qui risque de faire naître beaucoup de rivalités. Il y a de quoi faire par la suite, mais tout sent le rechauffé, la seule nouveauté réside dans le lieu et l'univers en question (celui du pétrole, bien que Dallas soit déjà passée par là).

 

 

Choc des générations


Le concept est usé jusqu'à la corde : Billy LeFever devient le "fils" de Hap Briggs, remplaçant son pauvre garçon malaimé que ce dernier juge indigne de porter son nom. Puis, les affaires prospérant, père et fils adoptifs vont se faire la guerre. Pour peu que le déjà-vu ne vous effraie pas, tout n'est pas raté dans Blood & Oil. Les paysages pluvieux et l'ascension inespérée de ces jeunes héros peuvent suffire à en faire un plaisir très coupable. Les fans de Gossip Girl, seront certainement ravis de retrouver Chace Crawford, qui fait tout son possible pour avoir l'air dur au mal, tandis que les inconditionnels de Revenge retrouveront Amber Valletta dont le jeu n'était déjà pas à démentir sur l'ancien succès de la chaîne. On pourra même s'amuser à voir Don Johnson cabotiner une fois de plus dans le rôle du businessman en costard, frère ou cousin caché de J.R. Ewing.

 

Hap Briggs, le nouveau JR Ewing

 

Hélas, Blood & Oil, diffusée sur une chaîne publique, ne remplit pas pleinement son contrat. Elle manque de violence, de sexe, de sang – ne lui reste que le pétrole. Un soap ne se contente pas de mettre en scène des personnages et des rivalités, il se doit parfois de choquer le spectateur, ce que le pilote ne réussit jamais. Son aventure, qui devrait être brutale, n'expose que quelques plongées dans la boue et un voire deux combats à mains nues. Elle a beau ouvrir son premier épisode sur une sortie de route et le refermer sur un cliffhanger inattendu, elle manque d'énergie. Son histoire est trop classique, ses enjeux trop faibles, ses héros trop prévisibles. Blood & Oil se veut être une vision moderne du rêve américain. Pourtant, trop de raccourcis et de facilités regrettables viennent tout gâcher et la série ne parvient pas à faire rêver son spectateur.

 

Un premier épisode trop classique et en manque d'originalité, qui pourrait devenir et faire beaucoup plus vu son potentiel mais ne s'en donne pas vraiment les moyens. Dommage.


J'ai aimé :

 

  • Deux duos de personnages intrigants et énigmatiques
  • Un pilote porté par des acteurs charismatiques
  • Une série pétrie d'ambitions...

 

Je n'ai pas aimé :

 

  • ...mais qui ne les montre jamais
  • Des enjeux qui n'apparaissent pas voire très peu
  • Un alignement de clichés et caricatures en tout genre

 

Ma note : 10/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Galax
Galax
"Quelques mois après la fin de Revenge," ... http://pa1.narvii.com/5625/8573fe91d7b79898d67b93da7df90fb52cb4b6c5_hq.gif Pour Blood & Oil, je suis très déçu, j'en attendais beaucoup de cette série et tu m'as refroidi... enfin ça n'a bien sûr rien à voir avec la critique, tu as su être clair et dire clairement ce qui plaira ou pas ^^. Bref je vais quand même tenter le coup mais plus dans l'immédiat du coup...

Avatar arnoglas
arnoglas
Avis modéré par la rédaction de Série-All.

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Altaïr
Et pourquoi les mecs sont pas dos nus eux aussi sur l'affiche ? Spas juste ! ;)

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