Critique : Breaking Bad 5.13

Le 17 septembre 2013 à 23:01  |  ~ 12 minutes de lecture
Breaking Bad achève les préparations pour son bouquet final et nous convie même à ce qu’on assiste en direct et en place VIP au lancement des premières fusées dans un épisode définitivement explosif.
Par dewey

Critique : Breaking Bad 5.13

~ 12 minutes de lecture
Breaking Bad achève les préparations pour son bouquet final et nous convie même à ce qu’on assiste en direct et en place VIP au lancement des premières fusées dans un épisode définitivement explosif.
Par dewey

La semaine dernière, nous laissions notre série chouchoute avec un franchissement du point de non-retour pour tous les personnages qui ne l’avaient pas encore fait (seul Junior et Holly sont encore à l’abri de cela), avec une Skyler décidée à suivre le trip de son mari jusqu’au bout, un Jesse plein de rage qui s’est était enfin calmé un peu pour réfléchir à la manière dont il peut vraiment nuire à Heisenberg, un Hank qui nous a clairement montré qu’il est maintenant prêt à faire absolument tout ce qui peut lui permettre d’attraper Walter, quoi qu’en soit le prix, et ce dernier, qui a déjà franchi la barrière de l’immoralité depuis longtemps et n’en est jamais revenu en dépit de tous les efforts de « conciliation » qu’il entreprend depuis la reprise, recourant à son ultime moyen d’attaque, permettant ainsi à la série elle-même de franchir le point de non-retour scénaristique.

Cette semaine, elle nous revient avec un épisode qui, au contraire de son prédécesseur qui a préféré faire la part belle à ses personnages, se concentre ici davantage sur l’action, l’avancée scénaristique et le déclenchement de la stratégie que la saison a mise en place depuis la reprise.

 

Jesse’s Master plan

 

Le premier point que l’on constate sur cet épisode, c’est qu’il n’y a plus d’intrigues secondaires, ni même de scènes qui soit un poil à côté du fil rouge. Si ça faisait déjà un certain temps que l’intrigue de Walt avait accroché les autres dans sa course, il semble qu’elles se soient enfin rejointes définitivement avec cet épisode (l’absence de ces « pauses » donne d’ailleurs un tel rythme à l’épisode qu’on ne voit absolument pas passer les 47 minutes).

Cet épisode sera peut-être bien le dernier de la série comportant de la mise en place stratégique. Ce qui suivra ne sera que la conséquence de tout ce que la série a préparée auparavant. Dans une moindre mesure, c’est d’ailleurs déjà vraipour cet épisode qui n’est que la conséquence logique du précédent, bien qu’ici, nos personnages ont encore une certaine liberté d’action et de choix qu’ils n’auront probablement plus après à cause de la conjugaison de tous ces évènements. 

D’ailleurs, l’état d’esprit des personnages n’a absolument pas bougé d’un pouce (exception faite de Walt sur la fin de l’épisode), montrant bien que l’heure n’est plus aux plans, mais à l’action.

 

Salut, c'est Koss !

 

Si on commence l’épisode du côté de la bande de Todd (qui montre là encore toute la grandeur de la série qui en deux scènes seulement permet de relancer leur intrigue de la meilleure manière qui soit) et Walter, c’est véritablement le camp Jesse-Hank-Gomez que nous suivrons durant la première partie de l’épisode. L’épisode nous prouvera qu’à notre grande surprise, cette association qui nous avait laissé une image bancale, peu solide, avec trop d’intérêts divergents et des membres trop campés dans leur position pour être de taille face à Walt, va être d’une redoutable efficacité. Car le double avantage non-négligeable que cette team improbable a pour elle, c’est non seulement d’avoir en son sein les deux seuls être impliqués dans cette histoire auquel Walt tient suffisamment pour ne pas avoir recours à la solution qui est pourtant celle qui est la plus en phase avec ses intérêts (envoyer Hank ou Jesse à Bélize, ce qu’il n’a décidé dans le dernier cas que parce qu’il n’avait plus d’autre solution), elle a aussi le seul homme qui connaisse suffisamment Heisenberg pour savoir sur quelles faiblesses jouer.

 

Franchement, les gars c'est pas un peu surestimé Breaking Bad ?

 

Le plan préparé par Jesse est génial, maitrisé à la perfection, et, parce que la série sera toujours restée fidèle au fait qu’elle se déroule principalement du point de vue de Walt, est surprenant. Jesse et Hank étant devenus des ennemis de Walt, le contenu de leur plan ne nous est pas révélé à l’avance comme le 5.11 le laissait prévoir, et ça permet encore une fois à la série de nous surprendre et de nous montrer à nouveau pour la énième fois tout son génie scénaristique et de réalisation. La monumentale scène du coup de fil de Jesse à Walt, en plus d’embarquer à fond la caisse de la meilleure façon qui soit son spectateur vers des scènes de clôture qui relèvent du fantasme pur, donne à Bryan Cranston une de ses meilleures scènes de toute la série. D’ailleurs, à partir de ce moment précis, l’épisode touche au chef d’œuvre pur et simple, autant dans sa mise en scène que dans le traitement de ses personnages.

 

Cette série, c'est Weeds avec un chauve vénère. Su-per original !

 

Once Upon a Time in ABQ

 

L’épisode s’emploie dès lors à mettre en scène deux des scènes les plus attendues de la série depuis son commencement. Car oui, cet épisode a décidé de réaliser tel le génie de la lampe trois de nos fantasmes de fan de Breaking Bad. Des scènes que nous avons sûrement tous imaginées de plein de manières possibles, mais je pense ne pas prendre trop de risques en disant que ces dernières ont été mises en œuvre et réalisées de la meilleure façon imaginable. La première d’entre-elles est bien évidemment celle dont je viens de parler, car l’on y voit enfin Jesse prendre le dessus sur Walt et retourner ses propres armes contre lui. La seconde est celle de l’arrestation de Walt par son beau-frère.

 

En plus, on sait très bien, dès le début, que ca va mal finir. Gros suspens quoi...

 

Une merveilleuse scène bourrée de plein de sentiments contradictoires, pour peu qu’on soit encore un peu attaché à Walt, et sublimée par une mise en scène digne des plus grands westerns (le moment où Walt s’approche m’a fait beaucoup penser au duel à trois du Bon, La Brute et Le Truand), et d’éléments jouissifs (Hank lisant ses droits à Walter). C’est aussi le seul moment de l’épisode où un personnage change son fusil d’épaule, avec ce revirement de Walter, qui montre définitivement ici pour ceux qui en doutaient encore qu’il est le véritable moteur de cette histoire. Ses décisions sont celles qui auront un véritable impact, plus encore que celles des autres personnages, sur l’histoire, et en étant finalement devenu incapable de choisir son camp, il finira par subir les choix qu’il a fait dans chacun de ses bords. Ce qui justement nous amène à la dernières des trois scènes fantasmes de cet incroyable épisode : la fusillade.

 

Bref, regardez The Wire et arretez de surnoter cette bouse.

 

Là encore, je crois qu’on voulait tous voir un final explosif, sombre et tragique pour Breaking Bad, et cette scène réunit à elle seule ces trois aspects. Outre le fait qu’elle soit merveilleusement filmée, d’une tension insoutenable (puisqu’à ce stade de la série, tous les personnages – sauf Walt – sont en danger, et que la scène qui a précédé avec Marie faisait très scène d’adieu), et qu’elle nous offre un spectacle comme j’en ai rarement vu dans une série, elle montre une fois de plus que la moindre action dans cette série a ses conséquences, et nous fait craindre le pire avec cette coupure cliffhanger qui est à la limite de l’acceptable tant il est horrible pour nous spectateur de devoir spéculer une semaine durant sur le résultat de cette rixe impitoyable. Mais bon, on peut tous aller de nos petites théories personnelles (la mienne étant qu’Hank et Gomez – au moins Gomez – y passeront dans cette fusillade tout comme Todd, ce qui incitera les nazis à enlever Jesse et Walt à se barrer car le meurtre des flics ne pourra être couvert), la série a toujours configuré sa situation scénaristique de manière à tous nous prendre de revers quand à ce qu’il se passera vraiment.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le show, en plus d’être d’une qualité que peu ont égalé, a parfaitement compris quel est le moyen de satisfaire au mieux ses spectateurs, en ayant su choisir à chaque fois le bon moment et la bonne façon de faire surgir les évènements attendus/espérés. C’est d’ailleurs en grande partie cela qui aura fait toute la réussite de la série, en fin de compte. Cet épisode nous montre par exemple qu’il aurait été parfaitement inutile de révéler le tout à Hank plus tôt. Puisqu’il aura suffi de 5 épisodes à peine pour qu’il trouve le moyen de coincer Walt dans les grandes largeurs. De même, bien qu’il s’agisse à la base d’une décision purement commerciale, le fait d’avoir divisé l’ultime saison en deux aura été finalement une excellente idée pour maintenir une tension sans précédent sur l’intégralité des épisodes de cette dernière, en la forçant à aller à l’essentiel et à ne prendre son temps que sur ce qui nous intéresse vraiment.

 

Ca y est mesdames et messieurs, c’est fini ! Après cinq saisons dont une coupée en deux et 59 épisodes, Breaking Bad est enfin arrivée à la croisée des chemins. Cet épisode est en cela très touchant puisqu’il nous fait prendre conscience que voilà, on est juste devant elle : la dernière ligne droite. Comme pour Les Sopranos en son temps, la série vient de dépasser le point de non-retour scénaristique, et les trois prochains épisodes ne seront que la conséquence logique (et néanmoins surprenante, vu le passif de la série en matière de retournements) de ces 59 premières heures passées en compagnie de personnages magnifiquement travaillés et diablement attachants malgré leurs travers (car la véritable force de cette saison aura été d’humaniser Walt dans le mid-season finale afin de le rendre attachant de nouveau juste avant sa grande chute), dont on a pour aucun d’entre eux envie qu’ils perdent, même s’il est devenu inévitable qu’un des camps (voir tous les camps ?) devra chuter.  Mais qu’importent nos sentiments : les dés sont jetés et les jeux sont faits. Il ne nous reste plus maintenant qu’à nous assoir et à contempler ce magnifique spectacle que sera le déclin de la reine des séries, dans ce qui reste probablement la meilleure saison que j’ai vue de ma vie.

 

Le prochain épisode s’intitule Ozymandias, en référence à un poème traitant de l’érosion des empires. Autant dire qu’avec ça, le fait que le trailer du prochain épisode ne nous montre aucune image inédite, et cette époustouflante scène de fin, le prochain épisode risque bien de nous faire tourner la tête plus vite encore qu’une centrifugeuse, et de nous laisser dans tous nos états.

 

 

Ce que j’ai aimé :

  •  Le verre Pulco citron vert que j’ai bu pendant l’épisode … ainsi que tout l’épisode en fait

 

Ce que je n’ai pas aimé :

  •  Koss qui va probablement se spoiler cette pépite d’épisode en lisant cette critique

 

Ma note : 18/20

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