Critique : Breaking Bad 5.02

Le 25 juillet 2012 à 15:20  |  ~ 5 minutes de lecture
Après un season premier spécial Walter, on pouvait s’attendre à un second épisode consacré à son Némésis : Hank. Il n’en est rien. Ce dernier remplit parfaitement son rôle en s’accrochant au fil rouge de la saison et ce sera Mike qui nous fera visiter sa vie de tueur de sang froid ronchon. Verdict? Du grand Breaking Bad.
Par Scarch

Critique : Breaking Bad 5.02

~ 5 minutes de lecture
Après un season premier spécial Walter, on pouvait s’attendre à un second épisode consacré à son Némésis : Hank. Il n’en est rien. Ce dernier remplit parfaitement son rôle en s’accrochant au fil rouge de la saison et ce sera Mike qui nous fera visiter sa vie de tueur de sang froid ronchon. Verdict? Du grand Breaking Bad.
Par Scarch

L’important, ce ne sont pas les cartes... c’est ce que vous en faites.

 

On ne retiendra pas ce second épisode de la cinquième saison de Breaking Bad comme celui qui a renversé l’intrigue à coup de twist et de clif. A vrai dire, on ne peut pas faire plus classique dans le déroulé de l’intrigue : un fil rouge qui suit son chemin doucement en parallèle d’un épisode de présentation où un protagoniste se cherche pour finir par se retrouver dans ce qu’il sait faire, ce qui le ramène, par la même occasion, à se raccrocher à la trame.

Et comme d’habitude, dans tout ce classicisme, Breaking Bad s’en sort brillamment en gérant le clair obscure, les silences, les temps et les dialogues comme aucune série ne l’a fait auparavant.

On retiendra surtout cette discussion entre l’un des deux joueurs de notre partie d’échec : Hank, qui tente de séduire une des pièces maitresse du jeu qui se déploie au fil des épisodes : Mike.

Mais avant d’entrer dans le détail de cet ultime combat, un épisode comme celui-ci mérite bien une autopsie plus détaillée.

Une scène qui s'inscrit au panthéon de la série.

 

I’m a poooooor lonesome cowboy...

 

Mike prends du galon dans l’univers de Breaking Bad. Un épisode lui est consacré ce qui me fait peur pour son avenir dans cette saison vu le résultat avec Gus précédemment.

On redécouvre Mike dans son intimité avec une photographie et des situations différentes de celle que nous lui connaissions. Quand il est dans la lumière, on pourrait presque y voir un papi ronchon désabusé.

A l’instar de Walt la semaine dernière, on peut décomposer son intrigue au travers des différentes séquences qui lui sont consacrées :

  • Mike est contacté par Walt qui lui propose de travailler pour lui
  • Mike est contacté par une jeune fille impliquée qui lui propose de travailler pour elle.

 

Il décline les deux offres et l’épisode prend la forme d’une balance que chaque évènement fera pencher en faveur d’un camp ou de l’autre.

  • Mike est auditionné, ce qui le rapproche du camp de Walt
  • Mike est piégé par deux de ses anciens coéquipiers et se voit obligé de les tuer ce qui a le même effet
  • Mike, par pitié, trouve un consensus entre les deux choix : travailler pour Walt avec l’appui de la jeune fille.

 

L’épisode se termine ainsi avec une équipe bien définie ou les pièces sont désormais clairement positionnées : Walt passe à l’offensive avec Jesse comme producteur et Mike comme distributeur, pendant que Hank observe le jeu de son adversaire.

Une scène qui s'inscrit au panthéon de la série

 

Une main de fer dans un gant de velour

 

Non mon titre ne fait pas référence à Walt ou à un autre personnage mais à la forme de l’épisode. Comme dit plus haut, la trame prend le risque de ne pas en prendre. Je veux dire par là que le classique est sécuritaire mais offre peu d’occasion au coup d’éclat. Pourtant, en jouant simplement avec le rythme et la lumière, cet épisode de Breaking Bad devient vite fascinant dans la tension et l’intensité qu’il imprime à chaque scène. On voit peu Jesse pendant ces 45 minutes, mais sa «séquence émotion» dans les bras de son ex futur ex meilleur ennemi suffit amplement à couvrir l’épisode.

Alors que le dialogue tient une place prépondérante dans cet opus, la séquence qui l’introduit (après le pré générique) est entièrement muette. Un calme nécessaire pour nous permettre ensuite d’ingurgiter des dialogues dont chaque mot compte. De la partie de ping pong entre Mike et Hank au dialogue entre une mère et son tueur, on s'aperçoit que Breaking Bad - contrairement à de nombreuses autres séries - sait se bonifier avec l'âge en se servant des subtilités de sa propre intrigue pour proposer des dialogues parfaitement sous pesés.

Et que dire de cette dernière scène? Skyler, tétanisée de peur, subissant les manipulations de cette ombre derrière elle dont elle découvre une facette différente par saison... Une perle de l’univers télévisuel : un plan fixe, un personnage dans la lumière et l’autre dans l’obscurité, menaçant et langoureux. La symbolique ne peut pas être plus explicite.

 

Breaking Bad, ou l'art du plan-tableau

Coup foireux

 

C’était au tour de Hank de jouer dans la partie d’échec qui l’oppose à Walt. On ne peut pas dire qu’il ait ménagé son effort ou qu’il ait manqué de subtilité, cet épisode a su nous montrer l’importance et la valeur de Mike le cavalier qui est désormais clairement du coté de Walt.

Le seul avantage de Hank est qu’il soit en position de faiblesse apparente ce qui va surement mener Walt à baisser sa garde.

Les deux camps sont tout de même dans une situation embarrassante. Si Hank n’a que peu de marge de manoeuvre, la situation de Walt ne tient qu’à un fil. C’est effectivement, comme le souligne Mike, une bombe à retardement. Il s’est bâti une vie et une réputation dont chaque pan tient sur un château de carte dont les bouts de scotch, même placés intelligemment derrière des prises de courant, ne pourront pas tenir éternellement.

 

Ce que j’ai aimé :

  •  Hank est malin, mais ça ne suffit pas
  •  Mike a perdu, mais ça ne se voit pas
  •  Skyler a peur et on sait pourquoi.

 

Ce que je n’ai pas aimé :

  •  La moyenne de l’épisode sur le site.

 

Note : 18/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Taoby
Taoby
Pas aussi enthousiaste que toi, et je ne trouve pas que les scènes que tu décris, soient si subtil que ça. Même si j'ai adoré voir Walt rentrer dans le lit comme un serpent, ce n’était pas ce que la série nous ai offert de plus nuancé, d'ailleurs OSS le surligne assez justement dans son avis avec le contraste Jess/ Walt. Mais bon pour le reste, je suis vraiment confiant et te rejoins, la saison part des fondations très solides, et on ne compte plus le nombres de scènes mega jouissives à la minutes. Et pour les trois bougons du fond, non c'est pas de la "fanboy attitude" c'est juste un constat. Alan parlait du possible petage de plomb de Skyler, j'avoue que je me pose aussi la question sur sa fonction cette année.

Avatar Scarecrow
Scarecrow
La question philo du jour est peut-on mettre 18 à un épisode que "l'on ne retiendra pas" ?

Avatar Carotina
Carotina
Le problème avec les notes, surtout concernant Breaking Bad, C'est que chaque épisode est seulement une partie d'un grand puzzle, Il y en a qu'on retient moins car il y a moins de tension, d'action, mais ils sont tout aussi important dans l'avancé de l'histoire. Pour ces deux épisodes c'est quand même un sans faute et on peut prevoir de futurs moments plutot intenses alors 18???...bah oui je suis plutot d'accord

Avatar alanparish
alanparish
Très bonne critique Scarch, j'adore ta comparaison avec les échecs à chaque fois. En ce qui concerne Skyler, je pense que c'est à partir d'elle que tout le château de cartes va s'écrouler. Je ne suis pas fan du personnage mais depuis de le début c'est une femme avec une certaine intelligence et qui prend des initiatives. Quand elle aura digéré le fait que Walt soit devenu un monstre, elle va passer à l'action... C'est elle la véritable bombe à retardement, Walt étant l'explosion finale !

Avatar Scarch
Scarch
Merci pour vos commentaire. Scarecrow, pour répondre à ta question digne de philosoraptor : Oui, on peut mettre 18 un épisode que l'on ne retiendra pas, tout comme on peut mettre 5 à un épisode que l'on retiendra. Surtout quand ce que l'on ne retiendra pas est résumé en une phrase, et ce que l'on retiendra l'est en 2 pages.

Avatar OSS
OSS
Haben Sie verstanden Herr Scarecrow ? Ich wiederhole : Haben Sie VERSTANDEN ???

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