Lorsqu'une base sous-marine est attaquée, le Docteur et Clara se doivent de porter secours à l'équipage effrayé. Et la défaite n'est pas envisageable ! Mais qu'y a-t-il vraiment derrière ces mystérieux évènements ? Et peuvent-ils réellement être hantés par des fantômes ?

La saison 9 se poursuit avec un autre double épisode et il va falloir s'y habituer, puisqu'elle sera presque entièrement composée de two-parters. Under the Lake est la première partie d'un épisode épique, où la mort tient une part importante. Le Docteur et Clara font face à de nouvelles créatures, des fantômes, revenus du passé pour une mission encore inconnue. Nous en sommes au troisième chapitre de la saison et l’absence de fil rouge est quelque peu regrettable, cela aurait permis d'être mieux immergé dans l'aventure et apporter quelque pistes intéressantes pour la suite. Heureusement, le plaisir n'en est pas pour autant gâché et Under The Lake, qui livre une histoire totalement indépendante, procure un divertissement purement jouissif, à l'image de la série.

Vingt mille lieues sous les mers

Avec Under The Lake, on aurait pu craindre que la série se poursuive avec une intrigue un peu plus légère et banale, mais qui ne faillit pas à divertir pour autant. Parfois, c'est précisément le cas, dans la mesure où les impressions de déjà-vu s’enchaînent dans un épisode qui s’avère finalement plutôt classique. Cela dit, le thème des esprits frappeurs et le cadre sous-marin viennent casser ce sentiment, tant dans la structure que dans le développement des personnages principaux. Le Docteur et Clara se retrouvent à aider un équipage menacé par des créatures semblables à ce que l’on a déjà pu voir dans certains épisodes précédents. Certaines scènes et certains procédés font acte de répétition, mais l’épisode propose de bonnes choses et de savoureux moments de frissons et d'humour.

Cet épisode n’hésite pas à prendre son temps et on sent rapidement que Moffat et Toby Whithouse ont mis du coeur à l'ouvrage. L’introduction est donc assez lente et les avancées ne sont pas spectaculaires, sauf dans la seconde partie. Et ce, dès la course-poursuite dans les couloirs du sous-marin, à la fois haletante et fun. Tout cela n’est pas forcément négatif dans le sens où l’on peut s’attacher un petit peu plus aux personnages secondaires, bien que cela reste assez anecdotique. Ces derniers s'avèrent particulièrement plaisants mais frôlent souvent la caricature, que ce soit le sceptique, le scientifique qui veut prouver son courage, la fille ultra bad-ass... S'il faut n'en retenir qu'un seul, ce serait bien évidemment Cass, héroïne très attachante qui porte presque l'épisode à elle seule et surpasse tous ses camarades. Finalement, le développement lent de l'intrigue peut en effrayer certains, mais a le mérite d'offrir quelque chose de sympathique, proche d'un The Waters of Mars, sans pour autant l'égaler en tout point.

Après un docteur sensible aux gens durant les deux premiers épisodes, Under The Lake expose une autre facette du héros, celle d'un docteur qui s’inquiète pour les autres et se demande petit à petit si Clara ne devrait pas reprendre une nouvelle vie, une nouvelle relation. Avoir une vie totalement normale, comme il l’a plus d’une fois suggéré à ses anciennes compagnes de route. Car lorsque Clara lui dit qu’elle va bien, un petit mensonge se ressent dans sa voix et dans son regard. Madame veut toujours plus d’aventures, mais nous savons tous que les compagnes qui demandent ça au docteur, alors qu’elles en vivent une à ce moment-là, essayent de combler un vide dans leur propre existence. L'influence du Docteur pour l'aventure semble contagieuse, et Clara prend la place du Docteur dans certaines de ses réactions lorsque celui-ci essaie de se montrer bienveillant – la scène avec les fiches l'illustre très bien. Ainsi, nous la verrons heureuse et impatiente de l'aventure et du mystère, avec l'insouciance qui caractérise le Docteur. Ce changement n'est pas anodin, à tel point que le Docteur lui-même le remarque.

Esprit, es-tu là ?

D'une certaine manière, Under The Lake est stressant et oppressant, même si nous essayons de réfléchir nous aussi à la logique de cette histoire de fantôme. Dire que le Docteur pensait à plusieurs reprises que ces monstres venant de la nuit n’existaient pas... Au final, ils débarquent après neuf saisons, et en plus ils sont doués pour faire défaillir la partie électronique d’une base militaire sous-marine ! Autant dire que les scénaristes savent ménager le suspense et l'angoisse, tout en faisant réfléchir sur la possible existence de ces créatures que la série a très peu eu l'occasion de faire intervenir. Nous comprenons les réactions des personnages, notamment quand ces derniers parviennent à attraper et déplacer des objets pour les tuer (une référence subtile à Poltergeist ?). Encore une fois, le Docteur doit trouver une solution et aider ces fantômes par tous les moyens, alors qu’il pensait avoir déjà vu beaucoup de choses totalement impossibles.

Et c'est souvent là que le bât blesse, l'épisode veut nous montrer un Docteur fantasque qui finit par croire à l'existence possible des fantômes et casse complètement le mythe du Docteur sceptique qui ne jure que par le rationnel. Le tout à cause d'un thème qui peut plaire si l'on regarde par pur divertissement, mais déçoit un peu quand on est un fan absolu de la série, malgré le savoureux numéro de Capaldi. L'épisode commet, entre autres, une erreur de continuité avec la série qui dénote avec la saison précédente, lorsque le Docteur prétend n'avoir jamais rencontré de fantômes, alors que Dark Water exploitait déjà cette thématique, en mieux. Pour autant, il est appréciable de voir le personnage parfois dépassé par les événements, comme quoi le Seigneur du Temps n'est pas toujours maître de la situation. Tout comme The Impossible Planet avec David Tennant, le Docteur n’arrive pas du premier coup à traduire des marques sur un mur, mais il finit au bout d’un moment, après s'être retourné le cerveau, à trouver sa réponse, vers la fin de l'épisode.

Le cliff de fin est ainsi le point fort de l'épisode, d'une part parce que les scénaristes ont eu la bonne idée de séparer les personnages en deux groupes et promet une seconde partie intelligente (même si elle devra jongler entre deux unités de temps et de lieu), d'autre part car elle donne déjà un but à atteindre au chapitre suivant. La scène finale est alors la conséquence de ce qui se produira dans la première unité de temps et de lieu, sur la seconde. Le risque de l'épisode réside dans la seconde partie, tout comme laissait craindre The Magician's Apprentice à la fin de son visionnage. La réussite d'Under The Lake dépendra de ce que le suivant, intitulé Before The Flood, saura faire des pistes et opportunités qui s'offrent à lui grâce à son prédécesseur. Et c'est bien là le problème de cette saison. Si les promesses sont multiples et encourageantes, le nombre important de doubles épisodes laisse entrevoir une saison en dents de scie. À Before The Flood et toutes les secondes parties de nous prouver le contraire.

Under The Lake offre un divertissement à l'image de la série, livrant un mystère classique à résoudre, mais dont l'évolution, le développement et la résolution réservent de bonnes surprises et des scènes amusantes et nerveuses. 

J'ai aimé :

• Un Docteur dépassé par les événements
• Une nouvelle dynamique dans la relation Clara-Docteur
• Une course-poursuite fun et décalée
• Un développement banal mais appréciable
• Un cliffhanger encourageant

Je n'ai pas aimé :

• Un thème pas toujours bien exploité
• Une première partie laborieuse dans la mise en place de l'intrigue
• Des personnages secondaires trop clichés
• De sérieux défauts de cohérence

Le Coin du Fan :

• "I should have known you didn't live in Aberdeen" était écrit sur l'une des cartes du Docteur. Une référence directe à Sarah Jane Smith, compagne du Quatrième Docteur que ce dernier avait abandonnée sur Terre... mais pas dans la bonne ville ! C'est ce que nous avait révélé School Reunion, écrit par le même scénariste, Toby Withouse.
• Lorsque le Docteur explique que les esprits sont vraiment des fantômes, il énumère toutes les possibilités qu'il avait envisagées, ce qui inclut les "flesh avatars" du double-épisode de la Chair de la saison 6, les Autons de la saison 5 ou des "copies qui rebondissent sur la Nethersphere", en référence au final de la saison précédente.
• Le fantôme à l'allure d'Abraham Lincoln avec un chapeau fait partie des Trivolis, une espèce déjà vue dans The God Complex en saison 6, également écrit par le même scénariste.

Ma note : 13/20.

À la semaine prochaine pour connaître l'avis d'arnoglas sur la deuxième partie...

L'auteur

arnoglas