Angels VS Humans
Dominion se situant 25 ans après les événements du film, la série tente tant bien que mal de nous décrire un monde post-apocalyptique où les anges se divisent entre ceux qui désirent assurer la survie des être humains et ceux qui continuent d'accomplir leur mission divine. Les hommes, quant à eux, ont construit des villes entourées de murs infranchissables (même par des anges capables de voler) pour se protéger de ses êtres exterminateurs. Toutes ont été détruites par les anges. Toutes ? Non, car quelques unes résistent encore et toujours aux envahisseurs célestes.
Parmi elles, Vega, déclinaison amusante de l'ancienne Las Vegas dirigée par une famille très puissante ayant installé une dictature et prête à en découdre avec ces envoyés de Dieu. Un Dieu qui ne croit plus en l'être humain, horrifié par toutes les catastrophes engendrées par sa création et bien décidé à mettre fin à ce massacre, ne supportant plus de voir les hommes détruire tout ce qu'ils touchent parce qu'ils sont mauvais. Avec cette exposition plutôt bavarde, quoi qu'il faut bien que le spectateur puisse comprendre ce qu'il se passe, surtout s'il n'a pas vu le film, la série s'attarde beaucoup sur l'exposition du personnage principal et de l'archange Michael, présenté comme le sauveur de l'humanité.
C'est bien normal, puisqu'il apprend à la fin de l'épisode l'existence d'un Elu en la personne d'un jeune homme nommé Alex, celui censé apporter la paix entre les peuples célestes et terrestres, tandis que son rival l'archange Gabriel, continue d'accomplir son devoir en rendant la vie cruelle et impossible aux humains. En voulant introduire son univers, il est clair que Dominion ne fait pas les choses à moitié et mise beaucoup sur la mise en place des personnages, des classes sociales, l'installation du background où les héros vont évoluer, chose que Defiance (autre création de la chaîne câblée) a réussi sans trop de difficultés. Le problème, c'est que Dominion aime les clichés et les accumulent d'une telle façon que la série devient prévisible.
Clichés à la pelle
Outre la guerre humains contre anges qui menacent de reprendre à tout moment, les villes transformées en forteresses où les humains tentent d'avoir une vie normale et l'opposition entre les anges protecteurs et exterminateurs, le pilote n'échappe pas aux clichés qu'il espère éviter et enchaîne les situations prévisibles et twists téléphonés que le spectateur sent venir dès le début. On pense notamment aux rôles de Michael et Gabriel dans ce conflit qui dépasse les frontières divines ou celui d'Alex, héros au passé familial torturé, qui ne veut pas croire qu'il est l'Elu et préoccupé par une situation amoureuse compliquée.
Car oui, il y a aussi du romantisme sauce tragédie grecque dans Dominon : deux familles se disputent le pouvoir à Vega et la fille de la première est folle amoureuse d'Alex, mais elle doit épouser le fils de la seconde famille qu'elle n'aime pas et qui représente à lui seul le stéréotype du jeune riche cruel et avide de sa personne. La ville de Vega n'est pas en reste avec un mélange d'idéologies, de communautés et d'origines ethniques, ainsi qu'une lutte des classes qui fait furieusement penser à une version moderne de l'Empire Romain, tantôt drôle, tantôt ridicule et honteusement caricaturale, qui correspond toutefois à l'identité de la série et offre un clin d'oeil pas désagréable aux péplums et films historiques (le budget colossal en moins).
Il en va de même pour les dialogues, sommet d'inepties entre des répliques rappellant qu'une guerre éclate, qu'il y a un prix à payer pour chaque chose, ou encore le refus du héros d'accepter sa destinée parce qu'il n'est qu'un humain parmi les autres. Les effets spéciaux ne sont pas trop laids bien qu'il est facile de deviner que la chaîne a deversé beaucoup de billets pour l'utilisation des CGI, notamment lors de l'apparition des ailes, et le tournage sur fond vert (Once Upon A Time peut aller se rhabiller). Bref, à ce moment-là, le spectateur est en droit de se demander quel était l'intérêt d'avoir voulu adapter un film qui n'était pas non plus une lumière.
Délivre-nous du mal
À la vue du pilote, il apparaît que Dominion est une série qui en divisera plus d'un, elle risque de rebuter certains spectateurs qui trouveront l'ensemble plus que médiocre, déjà vu et sans grand intérêt. D'autres, en revanche, s'amuseront à trouver tous les gros défauts de la série et de sa bêtise. La série délivre tout de même une relecture drôle et sympathique du péplum grâce à son climat très époque gréco-romaine et sa nouvelle vision de la société contemporaine. Les combats ne sont pas en reste et offrent des scènes d'action divertissantes sous fond de musique héroïque risible et des costumes ultra désuets.
Il est difficile de se prononcer sur la série et de donner un avis objectif car on ne sait rien sur ses intentions ni le chemin qu'elle souhaite emprunter. Si elle veut se prendre au sérieux ou s'il faut la voir comme un objet télévisuel au second degré très appuyé, comme le fut Teen Wolf lors de sa première saison. Dans le premier cas, il lui revient de tout modifier, que ce soit les dialogues, l'écriture des scénarios et les rebondissements qui se voient à dix kilomètres. Dans une autre hypothèse, Dominion ne doit absolument rien changer et rester telle qu'elle est : elle devrait ainsi plaire aux amateurs de nanars épiques.
Un pilot entièrement raté, surréaliste, qui repose sur des bases très bancales et laisse dubitatif sur les perspectives d'avenir du show. Il revient alors aux épisodes suivants de lui donner une identité, même si cela sera difficile vu les innombrables défauts.
J'ai aimé :
- L'Empire Romain version XXIème siècle
- Les effets spéciaux pas trop moches
Je n'ai pas aimé :
- Le jeu d'acteur
- Des dialogues clichés
- Des rebondissements prévisibles
- Un scénario sans surprise
Ma note : 07/20