Critique : House 8.17

Le 19 avril 2012 à 05:02  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui se pose la question de la nature d'une relation romantique, mais qui délaisse rapidement un patient assez peu intéressant.
Par sephja

Critique : House 8.17

~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui se pose la question de la nature d'une relation romantique, mais qui délaisse rapidement un patient assez peu intéressant.
Par sephja

Noce de plastique 

Henry et Molly sont tous les deux amis, même si la jeune femme aimerait voir leur relation se développer, se heurtant à l'existence d'Amy, la petite-amie de celui-ci. Le jeune homme est alors victime d'une violente hémorragie nasale, obligeant la jeune femme à venir à l'hôpital avec lui et à tenter de joindre cette femme que personne ne semble connaître. Pendant ce temps, House fait passer des auditions pour remplacer sa prostituée habituelle qui vient de lui faire défaut. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un patient du jour pathétique et peu intéressant 
  •  des histoires d'amour pour combler le néant
  •  un mélange qui sème la confusion
  •  un début d'orientation à l'approche du final 

 

 

Baby Doll

Pour cette semaine, l'équipe de House va s'intéresser au cas d'un patient un peu particulier, non pas pour des raisons médicales, le cas n'étant que peu exposé une fois de plus, mais psychologique. Henry vit en effet une passion avec une poupée gonflable très réaliste nommée Amy, singularité visiblement assez intéressante pour justifier un épisode complet. Malheureusement, la suite va vite confirmer le potentiel assez limité de cette histoire, la créature en plastique n'étant qu'une diversion pas très fine pour faire traîner une résolution finalement vite expédiée.

Encore une fois, le patient du jour est inexistant face au petit jeu de House qui s'amuse à constater les réactions de son équipe par rapport aux déviances sexuelles de cet homme. L'ensemble relève de la routine et donne lieu à un remplissage assez flagrant, les auteurs se heurtant au manque de développement de certains personnages, donnant un épisode qui manque de fluidité dans sa progression. L'histoire d'Adams en particulier nous est dévoilée sans vraiment être mise en valeur, essayant juste de donner du sens à un personnage toujours aussi peu convaincant. 

L'opération de la poupée est inutilement lent et s'avère du coup assez pathétique avec entre autre une scène de promenade dans les couloirs inutilement longue. La séquence d'hallucination elle aussi n'apporte pas grand-chose à une intrigue où le patient est traité comme une mauvaise excuse, servant seulement à introduire une thématique d'épisode autour des relations entre les membres de l'équipe et le sexe opposé. 

 

L'art du remplissage comme un concept 

Clairement, l'équipe créative de House donne ici un parfait exemple de  remplissage, mais en utilisant encore une fois une voie détournée qui fait le charme de la série. En effet, cette pratique consistant à remplir les éléments creux pour éviter l'ennui de s'installer est posé ici comme un concept, définissant la nature de la relation entre Henry et Amy. Assez cynique, les auteurs présentent l'amour comme une mauvaise excuse pour compléter les vides d'une existence, le seul moyen de s'en protéger consistant à se tenir perpétuellement occupé pour échapper à la tentation de tromper son ennui avec l'autre. 

La théorie va être exposée sans trop de finesse au travers des membres de l'équipe de House tandis que celui-ci fait passer un casting à un groupe de prostitués, signalant à l'occasion combien le sexe n'est finalement qu'un moyen de diversion récréatif. Partager les instants de vide de son existence, combler les moments de solitude où la peur s'installe, voilà ce qui définit la relation romantique, accompagné par la peur de voir l'autre prendre une place trop importante. Le problème, c'est que, malgré l'élégance de la théorie, les existences du quatuor sont assez fades, celle d'Adams se résumant même à un gros point d'interrogation, le personnage n'ayant été que peu exploité jusqu'ici. 

Les romances sont une forme élégante de remplissage, point de vue cynique qui va obliger House à poser un regard différent sur son épouse, celle-ci ayant fait l'effort d'intégrer sa réalité et d'imposer sa présence. L'affection apparaît alors comme une dépendance à l'autre, privant l'homme d'une part de sa liberté au profit d'une volonté de la nature de toujours combler les instants de vide. Et finalement, la question du bonheur se pose sous une forme surprenante et profondément égoïste, marquée par la capacité pour un être humain de faire face seul à la nature pathétique de ces moments de solitude.

 

 

La confusion entre vie privée et professionnelle 

Avec cette thématique forte et intéressante, House avait toutes les cartes en main pour produire un épisode de qualité, mais va échouer à cause du manque d'équilibre de cette intrigue. Là où les premières saisons compartimentaient efficacement la vie privée des personnages du traitement du patient, les auteurs de House ont finalement cédé petit à petit à la tentation de faire sauter cette barrière. Très ambitieux au début, ce mélange aboutit ici à une sensation de confusion, le patient du jour étant trop sous-exposé pour exister face aux problèmes existentiels de l'équipe de House. 

Loin d'imposer une dynamique forte, l'épisode parait poussif, haché par des dialogues qui sèment le trouble, en particulier l'histoire inutilement compliqué entre House et sa prostituée. Sortie de nulle part, ce personnage mythologique vient seulement marquer la fin d'une époque, le héros se plaçant sur la voie d'un possible changement, prenant conscience de l'éventualité d'un bonheur. Une idée qui laisse entrevoir un premier pas vers une fin qui approche lentement, en espérant que quelques enjeux dramatiques nous évitent le coup d'un happy-end un peu trop simpliste. 

Troubler les lignes, être imprévisible, mêler le privée et le travail fait partie du fonctionnement de House, mais les scénaristes ne parviennent pas à trouver l'équilibre entre les deux. Ainsi, l'exploitation des vies privées de Chase et d'Adams ne réserve aucune surprise, reprenant une mécanique proche de la nature de sa liaison avec Cameron. Seul Park amène un élément de surprise et Taub un peu d'humour, pour autant que l'on ne soit pas allergique à la guimauve sirupeuse du "I Got you Babe" de Sonny and Cher.

Dites, c'est pas bientôt le jour de la marmotte... 

 

The End is Coming 

Le finale de House approche, avec le retour attendu d'Aureylien à ma place pour la critique du final, tandis que la série semble s'orienter vers une conclusion en forme de tournée d'adieu, n'installant aucun arc dramatique particulier. Le choix de la trahison semble être celui des auteurs, non pas envers le public, mais par rapport à un héros qui aura fini par évoluer malgré lui. Sortant lentement du cadre de la série médicale, House se concentre trop sur ses personnages récurrents, préparant des portes ouvertes pour chacun d'entre eux vers la possibilité d'un bonheur.

En conclusion, un épisode qui ne vaut que pour sa thématique d'ensemble, souffrant d'un patient du jour assez ennuyeux, malgré son goût pour les poupées de plastique. Proposant de nombreux développements inutiles, son traitement est clairement sacrifié au profit de l'intrigue inégale portant sur House et son équipe, malgré le manque d'intérêt flagrant du personnage d'Odette Annable. Heureusement, l'idée d'explorer la nature des relations amoureuses aboutit à une théorie intéressante, sauvant un épisode mal équilibré parsemé de scènes peu inspirées autour de la poupée Amy.

 

J'aime : 

  •  la vision des auteurs sur les histoires romantiques 
  •  la scène finale bien écrite 
  •  les séquences entre Park et Taub 

 

Je n'aime pas : 

  •  les séquences entre Chase et Adams 
  •  le patient du jour sans intérêt 
  •  les développements inutiles autour de la poupée gonflable 
  •  le récit mal équilibré 

 

Note : 11 / 20 

Si le point de vue sur l'origine des histoires d'amour est assez brillant, l'épisode souffre clairement d'un patient du jour sans le moindre intérêt. Un épisode de remplissage qui confirme les faiblesses du personnage d'Adams tout en orientant la série vers une conclusion par défaut, mais pour mieux nous surprendre je l'espère. 

L'auteur

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