Critique : Game of Thrones 6.05

Le 25 mai 2016 à 06:33  |  ~ 12 minutes de lecture
Cette semaine... Hodor.
Par Koss

Critique : Game of Thrones 6.05

~ 12 minutes de lecture
Cette semaine... Hodor.
Par Koss

Il y a une question que je me pose depuis pas mal de temps : David Benioff et D. B. Weiss, les deux showrunners de Game of Thrones (aka Chapi et Chapô) sont-ils conscients de leur propre connerie ? Savent-ils qu’ils écrivent un show volontairement putassier, fait de raccourcis, de sang et de nudité destinés à attirer le chaland ? La réponse est dans cet épisode, et elle est positive.

 

 

Game of Méta

 

L’épisode commence par une conversation entre Sansa et Littlefinger. Ce dernier, qui dispose visiblement d’un pouvoir de téléportation (le type fait les Eyrié → Le Nord en moins d’un épisode) s’excuse pour avoir laissé Sansa entre les mains de Bolton. Oui, son plan était merdique et ne reposait sur aucune logique. Oui, le viol de Sansa n’était pas vraiment justifié. Se faisant, ce sont directement Chapi et Chapô qui font amende honorable, après les fortes critiques de l’an dernier. Littlefinger baisse doucement les yeux et admet qu’il a sérieusement merdé.

On assiste ensuite avec Arya, à une pièce de théâtre reprenant l’intrigue de la saison 1. Il y avait déjà eu une scène similaire avec des nains lors du mariage de Joffrey, mais cette fois, c’est complètement différent. Ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’histoire. L’accession au trône des Lannister a bien évidemment eu pour conséquence de pointer les deux coupables désignés de cette farce. Tyrion y est dépeint comme un satyre alcoolique, pas si loin de Puck dans Songe d’une nuit d’été, et Ned est un Tartuffe de premier choix. Comme Arya, on constate que la représentation d’un fait historique s’éloigne rapidement de la vérité.

 

Game of Thrones Méta

 

La pièce nous montre des personnages exhibant leur nudité de façon gratuite, de la violence très exacerbée (ici, la mort de Robert) et même… Des pets. Le tout, pour complaire un public hilare. Chapi et Chapô nous renvoient ainsi une image assez déplorable de leur propre audience. Ils savent bien que ce qu’ils écrivent est complètement stupide, que la nudité n’est jamais justifiée et que faire de l’humour avec des flatulences (comme l’épisode d’il y a deux semaines) est la forme la plus basse de l’écriture. Oui, ils le savent bien et se moquent ouvertement de nous. C’est particulièrement cynique. Ils sont conscients de leurs faiblesses, continuent à le faire et se dédouanent sur autrui : « Ce n’est pas nous, ce sont les producteurs / l’audience qui veulent ça ». Dommage, car lorsque la série sort de ses ornières de facilité, elle parvient à grandir.

 

 

Hodor. . .

 

Cela faisait bien longtemps que Game of Thrones n’avait pas offert une mort aussi touchante à un personnage. Dans une saison particulièrement mortelle (« Un épisode = Une mort »), le spectateur peut vite se lasser. La mort d’Hodor est d’autant plus forte. Le géant au grand cœur est présent depuis le pilote de la série. C’était l'un des très rares « innocents » du show. Sa phrase est devenue une des marques de fabrique de la série, elle est parfois utilisée comme soupape à la violence de celle-ci. La tragédie est totale puisque c’est Bran qui est à la fois responsable de son état psychologique et de sa mort. On ne compte plus le nombre de fois où le jeune Bran a été aidé / sauvé par le géant. Entre les deux, il y avait un lien indéfectible. On peut enfin souligner que la mort d'Hodor est directement annoncée par deux personnages dans cet épisode : Jaqen ("Does death only come for the wicked and leave the decent behind? ) et Kinvara, la nouvelle Sorcière Rouge ("Everyone is what they are and where they are for a reason. Terrible things happen for a reason").

En tuant Hodor, Bran confirme une théorie qui flottait dans l’air depuis le second épisode : le temps dans Game of Thrones est une ligne droite. Ce qui a eu lieu dans le passé a eu lieu de tout temps. Pas d’univers parallèle ici, juste une temporalité qui ne peut être modifiée. Cette confirmation entraîne une conséquence principale : Bran pourrait être à l’origine d’autres évènements clefs de la série, de la folie du roi fou (sur ce point, voir la théorie que nous développions dans « Le Coin du Fan » de l’épisode 3) à la construction du mur lui-même (voir « Le Coin du Fan » plus bas).

 

Les Enfants de la Forêt

 

Ce n’est pas le seul autre gros morceau lâché par l’épisode : au détour d’une scène, on apprend que ce sont « Les Enfants » qui ont créé les Marcheurs Blancs, avec du Verredragon. Au passage, cela explique pourquoi ce minéral est le seul à pouvoir les détruire. Le but était d’avoir une arme avant de lutter contre l’invasion des premiers hommes. Même si on ne sait pas exactement ce qu’il s’est passé (pourquoi les Marcheurs Blancs sont ensuite partis ?), l’arme s’est retournée contre eux. C’est probablement la plus grosse révélation depuis le début de la série, sur un élément du scénario qui n’avait jamais été expliqué dans les livres. Là-dessus, Game of Thrones fait fort.

 

 

Run and Hide

 

Il faut dire que la fin de l’épisode est particulièrement haletante. Attirés par Bran, les Marcheurs Blancs confrontent leurs créateurs : les Enfants de la Forêt. On peut constater qu’ils arrivent quand même très vite et que le Night King semble particulièrement heureux de se débarrasser du Corbeau aux trois yeux.

Le montage alterné joue très bien sur l’urgence de la situation. Alors que Bran et Max Von Sydow sont tranquillement en train d’observer le père de Ned faire ses adieux à sa famille, Meera Reed et Hodor sont complètement assaillis par une horde de morts-vivants. On est en plein hommage aux films de la Hammer ou à ceux d’Universal. La course poursuite évoque tout autant la fuite de la Moria, que celle dans les conduits d’aération d’Alien 2. C’est puissant, haletant et prenant (quoi qu’un peu cheap sur certains effets-spéciaux).

 

 

Et ailleurs ?

 

Entre ce début et cette fin, diverses séquences s'intercallent : Jorah part chercher une cure à la maladie des pierres, une nouvelle sorcière rouge fait alliance avec Tyrion et Varys, Arya fait du répérage en vue de tuer l'actrice qui joue Cersei, le Blackfish fait son retour et pourrait servir de pivot décisif dans la guerre à venir. C’était globalement du remplissage, pas inutile et avec de bons moments (le Nord principalement), mais du remplissage quand même.

 

Théon et Yara

 

L’épisode pêche ;) surtout lors des scènes chez les Greyjoy. C’est bien simple, je n’avais jamais vu un truc aussi rushé dans une série. En trois épisodes, on a eu : le retour d’oncle Eudon, la mort de Balon, le retour de Théon, son allégeance à Yara, l’élection de Euron et la fuite de Yara et Théon. Il s’est passé trois fois plus de choses en trois épisodes qu’en trois saisons où on a vu les Greyjoy. Débarrassé du poids des livres, Chapi et Chapô ont accéléré cette intrigue à toute vitesse, en faisant fi de toute forme de cohérence (Yara et Théon qui récupèrent les bateaux ultra facilement).

Pike a toujours été le point le plus faible de la série. Comme Dorne, elle souffrait d’une déconnection totale avec le reste de l’univers. Les autres personnages du show n’avaient rien à y faire. Cette fois, au moins, les choses sont réglées et Yara et compagnie vont pouvoir aller faire coucou à Daenerys et ses dragons. Pas trop tôt.

 

Le meilleur épisode de Game of Thrones depuis un bail (depuis « Blackwater » pour ma part), doté d’un titre très malin : la porte de la scène finale, mais aussi la porte laissée ouverte par Edd et la porte du passé désormais accessible pour Bran. En bref, c’était vraiment excellent.

 

J’ai aimé :

 

  • « Hold the door… Hodor ». Quand même quelle idée de génie… Même si un p’tit malin l’avait trouvé en 2008, on ne peut que saluer George R.R. Martin (oui, l’idée vient bien de lui) pour cette trouvaille. Au passage, bonne chance au traducteur français du bouquin pour retranscrire ça !
  • Thormund-Brienne (Thorienne pour les intimes), le nouveau couple phare de la série. Le regard qu’il lui jette avant de partir est à pleurer de rire.
  • La tête de Varys lorsque Kinvara lui détaille son enfance. L’eunuque est sans doute pour la première fois de sa vie perturbé.
  • Le petit gag sur Edd, qui se rend compte qu’il est bel et bien et par défaut, Lord Commander. Globalement, un épisode avec de bons gags (celui avec Tyrion faisant une vanne quasi méta sur le trop long nom de Daenerys était chouette aussi).
  • Sansa Stark au sommet de la bad-assitude. Elle tranche, elle décide et elle agit. Le plus beau, c’est qu’en rejetant Littlefinger, elle achève complètement sa transformation et devient pleinement ce que Petyr Baelish voulait qu’elle soit depuis le début.
  • Ça fait maintenant quatre épisodes à la suite sans les Sand Snakes. Champagne ? Champagne !
  • L’aveu de Chapi et Chapô.

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • Le cynisme de Chapi et Chapô.
  • Des effets spéciaux sur les zombies à la limite de l’acceptable.
  • La partie sur les Greyjoy qui frise le gag à la Benny Hill. Et pourtant, il y aurait largement eu la place avant, pour mieux fluidifier les choses.
  • La mort du loup Summer. La fin d’Été, le début de l’Hiver. C’est bon, vous l’avez ?

 

Ma note : 17/20.

 


Le coin du Fan

 

  • R.I.P. Hodor. De bout en bout, Kristian Nairn aura tenu son personnage, beaucoup plus difficile à jouer qu’il n’y paraît de prime abord. P’tit Géant au gros cœur, tu vas nous manquer. Le vrai roi de Westeros, c'était bien toi… Pourtant, lors de ta première apparition, ton sort était scellé :

 

Hodor Bran

 

  • Alpha et Oméga Bran. Depuis la confirmation que Bran peut directement agir sur le passé, les théories se multiplient sur Internet. La plus solide donne Bran comme étant Brandon Stark, dit le Bâtisseur. Ce personnage est le fondateur de la Maison Stark et aurait même construit le mur pour protéger les premiers hommes d’une invasion à venir. D’autres théories établissent Bran, comme étant, au choix, « Le Dieu Multiface » (logique vu son pouvoir) ou encore le Dieu Rouge qui murmure l’avenir à travers les flammes. De bien beaux projets pour Bran qui sont, pour l’instant, compliqués sans accès direct à un arbre… Or, il en reste un à Winterfell. La future lutte Ramsay-Jon pourrait bien être porteuse d’enjeux plus importants qu’un simple contrôle politique sur la région.

 

 

Bonus :

 

Hold the door

 

En hommage à Hodor, la rédaction de Série-All a décidé de ne pas mettre à jour son Bingo Mort...


Merci à CFF pour quelques conseils et à Marie-Louise pour la relecture. Et à la semaine prochaine pour le retour de Sam et de Port-Réal !

L'auteur

Commentaires

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Ah ok... L'épisode avoue qu'il fait de la merde mais tu lui mets 17... Ok, ok...

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Taoby
Des effets spéciaux sur les zombies à la limite de l’acceptable. Comment tu peux dire ça... Chapi et Chapô nous renvoient ainsi une image assez déplorable de leur propre audience. Ils savent bien que ce qu’ils écrivent est complètement stupide, que la nudité n’est jamais justifiée et que faire de l’humour avec des flatulences (comme l’épisode d’il y a deux semaines) est la forme la plus basse de l’écriture. Oui, ils le savent bien et se moquent ouvertement de nous. ..... OK

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Ah et pour la traduction, à mon avis, ils vont pas s'faire chier : Bran: - Tiens la porte, Hodor, tiens la porte, Hodor ! Wyllis/Hodor: - Tiens la porte, Hodor, la porte, Hodor, Hodor...

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Koss
@Maxou : Tu peux prendre du plaisir devant un épisode tout en reconnaissant ses défauts. @Taoby : Je te jure, il y a 3-4 plans franchement limites.

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Ouais nan mais 17, Koss... 17... DIX-SEPT !!!

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Koss
L'épisode traite de mes deux trucs favoris dans une œuvre de fiction : le méta et le voyage dans le temps.

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Galax
"La mort du loup Summer. La fin d’Été, le début de l’Hiver. C’est bon, vous l’avez ?" Nope je l'avais pas et c'est assez malin si c'est fait exprès (et je pense pas que ça l'est car on aurait pu caser cette mort n'importe quand avant quand l'hiver venait vraiment) Et puis tu connais vraiment le nom des loups, toi qui dit que "Jonas va chercher un médicament" ? :p J'avais raté l'annonce de la mort d'Hodor dans les autres intrigues, bien joué.

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Koss
"Et puis tu connais vraiment le nom des loups, toi qui dit que "Jonas va chercher un médicament" ? :p" Meera crie son nom genre 30s avant qu'ils meurent ^^

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Galax
Ah true ^^ (j'me disais...)

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dewey
La traduction VF officielle so far c'est ; Ne les laisse pas allez au-dehors. Avec au-dehors devenant progressivement Hodor. Pas mal joué. Même si ça n'enlève ni le fait que cette série soit une grosse merde. Ni qu'elle est l'oeuvre de suppôts de Satan ...

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