Critique : Gracepoint 1.01

Le 13 octobre 2014 à 18:40  |  ~ 4 minutes de lecture
Un garçon retrouvé mort sur la plage va bouleverser une petite ville de Californie. Ça ne vous rappelle rien ?

Critique : Gracepoint 1.01

~ 4 minutes de lecture
Un garçon retrouvé mort sur la plage va bouleverser une petite ville de Californie. Ça ne vous rappelle rien ?
Par PuckyPotts

Il y a deux manières qui apparaissent évidentes de regarder Gracepoint : selon qu'on la compare ou non avec sa grande sœur Broadchurch. Ayant pour ma part vu et beaucoup apprécié cette dernière, il serait absurde de tenter d'en faire abstraction. Cela dit, mon analyse serait tout de même biaisée. Un remake se définit de toutes façons par rapport à l’œuvre d'origine. Ici, le choix, il faut le reconnaître, plutôt osé, de choisir le même acteur principal en fait même une obligation.

 

Plus un simple portage qu'un véritable remake

 

Des différentes raisons de faire un remake, on a du mal à saisir celle qui justifie Gracepoint. La réécriture des mythes pour les rendre plus actuels est aussi veille que les mythes eux-mêmes. De ce point de vue-là, le pitch de Broadchurch ne brillait pas par son originalité mais se démarquait par d'autres moyens. Le parti pris de Chris Chabnall semble d'être une américanisation du show.

 

Gracepoint

 

Mais, force est de constater qu'il s'agit plus d'un portage hésitant que d'une réelle actualisation spatiale. On ne peut que saluer le travail de David Tennant qui arbore un accent américain crédible, mais là est peut-être le seul indice convaincant de ce changement de décor. Malgré son talent, ce n'est pas la présence de Michael Peña au générique, acteur au physique latino, pour jouer le père qui trompera le spectateur. Le fait est que la ville, l'ambiance similaire à la série originale, la présence de Tennant, les scènes quasi-identiques font bien plus penser à l'Angleterre qu'à la Californie. Les producteurs nous promettent une fin différente, mais l'histoire ne devrait pas dévier d'un iota de l'original avant le 7e épisode...

 

Américanisation maladroite du format

 

C'est peut-être dans le format qu'il faut chercher le salut. Mais, la série souffre de son changement de durée. Les épisodes sont écourtés d'une dizaine de minutes et la volonté de garder un maximum de plans identiques entre les deux séries ne joue pas en la faveur de Gracepoint. On a ainsi l'impression de se retrouver en face d'une chimère avec un rythme beaucoup trop saccadé, mais des ralentissements artificiels. Ainsi, cette scène où la mère court vers la plage, si belle et émouvante dans Broadchurch, en devient presque ridicule.

 

 

Gracepoint

 

Le rythme de Broadchurch était en partie ce qui faisait son intérêt. En trahissant cet esprit, le seul qu'il n'aurait peut-être pas dû, ce portage souffre de quelques problèmes. La performance de Tennant est ainsi affectée. Si elle reste toujours de très haute qualité, il lui manque tout simplement quelque chose. Il ne peut poser son personnage comme il a eu l'occasion de le faire auparavant.

 

Bonne série tout de même

 

Ne nous trompons pas, Gracepoint reste une bonne série, certes pas excellente, mais qui comparée au reste des séries policières américaines aurait pu tirer son épingle du jeu. Je ne l'ai pas encore évoqué mais le véritable point fort de cette adaptation est évidemment le duo que forment David Tennant et Anna Gunn. Cette dernière aura fort à faire pour ne pas se faire écraser par l'ombre d'Olivia Colman, mais il faut reconnaître qu'elle est taillée pour ce genre de rôle. Elle a ainsi l'occasion de montrer toute l'étendue de son talent si certains n'en étaient pas encore convaincue.

La réalisation est, elle, toujours aussi soignée, malgré les défauts que j'ai évoqués précédemment. Gracepoint devra batailler pour prouver son utilité. La série originale est certainement bien trop récente pour tenter de l'adapter de façon aussi proche. Les titres eux-mêmes, Gracepoint/Broadchurch construits symétriquement, ne nous invite pas à porter un regard nouveau. Les producteurs voulaient toucher le public américain qui n'avait pas plébiscité la série britannique, mais il semblerait au vu des audiences qu'il aurait fallu un véritable remake et non pas un simple portage...

 

Il me tarde de voir ce que la série peut apporter de nouveau, mais le tournant pris par ce remake me fait craindre que ces changements annoncés par les producteurs ne soient qu’anecdotiques. Si les scénaristes se reposent uniquement sur la série d'origine, ils risquent de créer un double bien terne de la bonne surprise qu'avait été Broadchurch. Il ne reste plus qu'à espérer donc...

 

 

J'ai aimé :

 

  • le duo Tennant/Gunn, véritable pierre angulaire de cette adaptation

  • l'ambiance qui ressemble à s'y méprendre à celle de Broadchurch

 

 

Je n'ai pas aimé :

 

  • l'ambiance qui ressemble à s'y méprendre à celle de Broadchurch

  • la timidité du remake

  • le rythme artificiel imposé à la série

 

 

Note : 10/20

 

 

L'auteur

Commentaires

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
très bonne critique!

Avatar Stean
Stean
Bonne critique ! C'est dommage que les américains veulent à tout prix s'accaparer les meilleures séries anglaises au détriment de la qualité.

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