Critique : Homeland 2.05

Le 01 novembre 2012 à 23:50  |  ~ 5 minutes de lecture
Ça aurait pu être un épisode magistral. Il ne sera que très bon. Pourquoi ? Parce qu'au lieu de se concentrer sur le huis-clos, les scénaristes ont choisi de lancer d'autres pistes pour préparer la fin de saison. Une erreur.
Par Puck

Critique : Homeland 2.05

~ 5 minutes de lecture
Ça aurait pu être un épisode magistral. Il ne sera que très bon. Pourquoi ? Parce qu'au lieu de se concentrer sur le huis-clos, les scénaristes ont choisi de lancer d'autres pistes pour préparer la fin de saison. Une erreur.
Par Puck

Un interrogatoire... Une confrontation attendue entre Carrie et Brody... Une confession... Ca me faisait saliver d'avance. Et en terme d'enjeux, ça suffisait largement à remplir un épisode de 56 minutes. D'autant que la première saison nous avait donnés un avant-goût des scènes d'interrogatoire et de débriefing, qui faisaient partie des passages les plus réussis de l'an dernier.

Mais non ! Les auteurs viennent nous polluer tout ça avec une vague histoire d'ado gâté et irresponsables, déjà vue maintes fois à la télévision. Encore une fois, la comparaison avec 24 s'impose, mais pas dans ce que les aventures de Jack Bauer avaient de meilleur.

C'est une solution de facilité, quand on veut retenir le spectateur, de lui proposer des diversions plutôt que d'approfondir les relations et les tensions existantes. Cet accident de voiture joue le même rôle que le cougar dans la saison 2 de 24 : il meuble. On avait déjà compris que Finn était un jeune con gâté, que Dana était une ado entre deux états, la petite bécasse rebelle et la fille compréhensive. Et si c'est là-dessus que le vice-président chute, ça sera bien ridicule. Une voiture c'est une arme de destruction massive, on ne met pas ça dans les mains d'un ado de seize ans. Et c'est donc le levier précipitera la chute de l'Empire américain ?

 

La sainte trinité

 

Unité d'action, de lieu, de temps. La sainte trilogie classique est parfois un carcan. Mais elle a pour elle d'être efficace, de resserrer et d'intensifier le propos. Il y avait plein d'outils scénaristiques qui auraient permis de ne pas quitter l'immeuble de la CIA, et de maintenir l'attention et la tension sur le groupe Brody, Carrie, Saul, David Estes et Peter. On aurait pu tout traiter de l'intérieur. Recevoir les coups de fil et les nouvelles des uns et des autres, comme le prouve le message de Jessica à Brody, réceptionné par Saul. Au final, nous aurions eu un épisode hautement anxiogène, centré sur l'interrogatoire.

 

Une marionnette aux mains de deux camps ennemis

 

La vraie fausse exclusion de Carrie aussi, on aurait pu s'en passer. Ca commence à devenir répétitif de la voir attendre à la porte, le temps que l'on se rende compte qu'elle est utile à quelque chose.

D'autant qu'il s'en passe, des choses, pendant l'interrogatoire. Chacun joue son rôle, consciencieusement... A tel point qu'il est difficile de savoir qui a été sincère pendant cet interrogatoire, qui a dissimulé ses vrais sentiments et qui les dissimule encore. Le twist sur le comportement de Peter, par exemple, est totalement inattendu, mais il aurait été plus crédible si la tension était montée un peu plus, si on l'avait interroger Brody plus longtemps. Là, on a juste l'impression que pour un mec surentraîné, qui mène correctement son interrogatoire jusque là, il pète un peu vite un câble. Même si c'est pour préparer l'entrée en scène du good cop, j'aurais aimé croire un peu plus à son énervement.

 

Actor's studio

 

Peu importe, puisque le climax est effectivement atteint avec la confrontation qui suit entre Carrie et Brody, qui nous sont présentés ici comme les deux faces d'une même pièce : des soldats également abimés par la guerre, mis en pièce, cachant leur solitude et leurs âmes fracassées à leur entourage. Que Carrie soit sincère, qu'elle soit réellement dans l'empathie ou non, il existe réellement un lien entre les deux personnages. Et il est bon de croire que c'est l'humanité qui sera la porte de sortie de Brody, qui lui donnera l'occasion de sortir de la spirale du mensonge et du double jeu.

Qu'elle soit sincère ou non, tout cela n'existe que pour nous donner l'occasion de voir Damian Lewis souffrir sous toutes les coutures. Se débattre dans ses mensonges, tenir sa ligne coûte que coûte, avant de céder et de se laisser aller. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il le fait bien.

 

Analyste un jour, analyste toujours

 

Sa reddition est vraiment un beau numéro d'acteur. Si c'est un soulagement pour Brody, c'en est un pour le spectateur aussi. Même si le Marine est désormais une marionnette que se disputent et que manipulent deux camps ennemis, un homme privé de volonté et de liberté. C'est un nouveau lavage de cerveau que subit Brody.

Je ne vais pas en remettre une couche sur le culte que je voue à Damian Lewis. A la façon dont ce type est capable de faire passer une émotion sur un visage (Merci Eton, merci la Royale Shakespeare Company and God save the Queen !) C'est fou la façon dont le visage de Damian Lewis est relâché depuis sa confession. Ca fait donc 18 épisodes que ce mec se met sous tension, en permanence, pour le rôle. Et la façon dont il relâche la pression ici est vraiment spectaculaire.

Un dernier point : j'ai trouvé la réalisation de cet épisode extrêmement soignée. Certains plans sont de belles constructions, très signifiantes, comme celui sur les deux agents, Saul et Peter, en train de retirer du tableau toutes les photos, comme si l'on faisait table rase avant d'entamer un nouveau travail. Comme si tout ça ne se résumait qu'à des photos épinglées sur un tableau. Comme le plan sur Brody fragmenté par le décor. Bref, c'est du beau travail.

 

Homeland S02E05

 

J'ai aimé :

  • L'interrogatoire
  • Damian Lewis

 

Je n'ai pas aimé :

  • Dana et Finn qui font du rodeo

 

Une bonne note, qui sera amoindrie par l'éparpillement des scénaristes. 14/20 

L'auteur

Commentaires

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Anonyme
Ah c'est vrai que Dana et Finn c'était bien nase comme storyline.

Image Homeland
13.38
13.2
Q&A
14.77

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