Lutter contre ses faiblesses, reprendre le contrôle
Pendant qu'Amanda poursuit sa romance avec Jack, Emily s'entraîne avec son mentor, Satoshi Takeda, pour reprendre le contrôle de sa vie et accomplir sa mission. Pour cela, elle va mettre en place deux plans pour évincer Tyler et celle qui a volé sa véritable identité, quitte à mettre en péril son amitié avec Nolan Ross. Pendant ce temps, Victoria Grayson reçoit une lettre notifiant la demande de divorce de son mari et se retrouve de plus en plus isolé.
Résumé de la critique
Un épisode satisfaisant que l'on peut détailler ainsi :
- une reprise en main forte du récit qui revient sur ses bases
- la situation de Victoria qui évolue dans un sens intéressant
- le cas passionnant de Tyler pour une série qui tire les leçons de ses erreurs
- un bilan de mi-saison
Garder le contrôle et la distance
Lors de l'épisode précédent, je m'étais attristé de voir la série abandonner son format de départ pour une structure en feuilleton, certes plus dynamique, mais moins structurée. L'irruption de Takeda a le mérite, malgré le côté un peu kitsch de la scène d'ouverture, de ramener Emily à sa mission première, l'entreprise de destruction à grande échelle des Grayson. L'occasion pour les scénaristes de ralentir le rythme de l'intrigue pour faire évoluer avec pas mal de finesse le rapport entre les personnages, en particulier Emily et Nolan.
La vengeance est de nouveau à l'ordre du jour, Tyler et Amanda devenant les cibles d'un plan cruel aux conséquences imprévues qui vont mener jusqu'au meurtre de Daniel qui servait d'introduction à la série. Le plan pour faire tomber l'ancien meilleur ami du fils Grayson va nécessiter de détruire son ennemi intime, à savoir Nolan. Toujours aussi expressif et épatant, Gabriel Mann confirme qu'il est un acteur parfait pour ce soap dramatique et élégant. Leur confrontation finale amènera une scène vraiment réussie, Nolan marquant aux yeux d'Emily la frontière entre le bien et le mal.
L'objectif d'Amanda est de détruire les Grayson, quitte à blesser ceux qui lui sont proches, même Jack Porter qu'elle pousse consciemment dans le piège tendu par la fausse Amanda. Ce changement de comportement fait perdre sa charge émotionnel à l'histoire pour le meilleur, Emily essayant de reprendre le contrôle de son existence. Pourtant, le fait qu'elle ait choisi cette maison, la façon dont elle fournit son journal intime, tout prête à penser qu'elle ne parvient pas inconsciemment à séparer son présent de son passé.
Contrairement à ce que j'ai pu lire ailleurs, les flashbacks n'ont rien de désordonné dans Revenge, ils sont l'expression de l'inconscient des deux personnages centraux. Cherchant à garder la main mise sur leurs émotions, Victoria et Amanda sont deux femmes assez semblables, partageant un point faible commun : Daniel Grayson.
Connaître ses alliés et ses ennemis encore plus
Cet attachement à Daniel serait beaucoup plus pathétique s'il n'y avait eu cette scène d'ouverture qui attend toujours sa justification, défi difficile à surmonter qui va être le principal souci des auteurs dans les épisodes à venir. Son décès va fournir l'occasion parfaite pour détruire Victoria, celle-ci n'ayant plus que lui comme allié digne de confiance. Un peu moins isolée, Victoria reconstruit des défenses contre Conrad, intéressant portrait d'une femme qui associe le contrôle de ses propres émotions avec la maîtrise de sa destinée.
Son besoin de savoir juger les autres au premier regard était au coeur de sa confiance en elle-même, mis à mal par la trahison de Lydia et son incapacité à cerner Emily. Ses alliés se sont évanouis, son aura s'est évaporée et elle doit maintenant se satisfaire des dernières personnes qui lui portent une réelle attention comme Ashley et Tyler. Perdant totalement le contrôle des évènements, elle se repose entièrement sur son fils qui prend la place de protecteur laissé par son père, laissant Emily pénétrer un peu plus le cercle de confiance.
Emily possède aussi une relation particulière avec Daniel, et sa mort devrait servir à éclaircir son implication sentimentale dans une relation de couple qui l'a clairement écarté du droit chemin. Le temps d'un instant, Emily a oublié son père et sa mission, goûtant au plaisir de partager une intimité et une vie normale, prouvant qu'elle n'a pas perdu tout espoir dans un bonheur à venir. Seulement, une vengeance ne peut être motivée que par la certitude de l'impossibilité de passer outre son drame personnel, de l'impossibilité de se reconstruire.
Au contraire d'Emily, Tyler est un survivant, cherchant par tous les moyens à conserver son existence passée, refusant de se laisser entraîner dans le fond par la faillite de ses parents. Survivant, il est un personnage fascinant dont la lente destruction par Emily a le mérite de prendre son temps, au contraire de la regrettable conclusion de la storyline de Franck.
Un personnage complexe et réussi
Personnage classique de soap à l'origine, vil et manipulateur, Tyler bénéficie dans cet épisode d'un approfondissement réellement réussi, montrant enfin son vrai visage, à la fois cruel et humain. Survivant dans l'âme, il se bât contre sa destinée, tentant de construire sa propre chance avec acharnement, dressant le portrait parfait du jeune arriviste. Si la série peut par sa nature paraître assez désuète, ce personnage en est un des éléments forts de cette série, entraînant Ashley avec lui. Dans l'univers des Hamptons, Tyler est un mal nécessaire, bien plus qu'un simple méchant, prenant une dimension dramatique qui lui permet de lutter au coude à coude avec Emily.
Heureusement, les scénaristes ne commettent pas l'impair de s'en débarrasser trop vite, Ashton Holmes se montrant de plus en plus convaincant, délaissant ces mimiques du début pour un jeu plus nuancé. Sa confrontation avec Nolan est le grand moment de l'épisode, un point nodal remarquable où tout devient imprévisible, obligeant les auteurs à faire le bon choix. Au contraire de la storyline de Franck trop vite refermée, les auteurs cessent de griller leurs cartouches en allant jusqu'au bout avec ce personnage à l'instinct de survie remarquable.
Grâce à des personnages forts et bien développés, Revenge trouve le ton juste pour ce final de mi-saison, offrant des scènes assez intenses, à la différence des deux précédents. Le rythme a ralenti, permettant ainsi de tirer mieux parti des richesses d'une série qui délaisse un peu son côté soap au profit d'une vraie construction dramatique.
Bilan de mi-saison
Si la série n'a pas fait l'unanimité à ses débuts, Revenge a su s'imposer comme un feuilleton dynamique, reprenant une construction plus que classique dans l'univers des séries. Une héroïne, solitaire et mystérieuse, avec qui le spectateur partage un secret, essaie d'obtenir vengeance en détruisant totalement la bonne société des Hamptons. Légère et généreuse, le show possède dès le début un culot remarquable, n'hésitant pas à lier des références classiques avec un récit simpliste et clair pour permettre d'entrer assez vite dans son univers.
Revenge est finalement l'incarnation du "guilty pleasure", le soap que tout le monde regarde sans oser l'avouer, les défenseurs d'une culture avec un grand "C" n'y voyant qu'un exemple de plus de feuilleton irréaliste typiquement américain. Mais c'est sur ce point qu'elle réussit le mieux son pari, tant les amoureux de séries télévisées sont avant tout des fans de soap qui, parfois, s'ignorent. Totalement assumée, la série n'a pas peur des clichées et offre un spectacle assez efficace et plutôt jouissif, porté par des comédiens qui sont parfaitement dans le ton.
Puis, lentement, la série trouve ses marques, lançant quelques éléments dramatiques intéressants, étoffant un univers qui devient fascinant, voire assez addictif. Le récit se laisse parfois emporter dans son enthousiasme, mais Revenge est une série diablement généreuse pour quiconque accepte de laisser embarquer par les remous de ce feuilleton. Certes, il n'y a peut être pas de raison d'être fier d'aimer cette série, aucune grande justification intellectuelle à exposer autre que le plaisir simple et le bonheur indéniable de retrouver enfin un vrai soap de qualité dans la plus grande tradition du genre.
J'aime :
- le personnage de Tyler qui prend une nouvelle dimension
- la scène entre Nolan et Emily
- le scénario mieux maîtrisé qui fait le choix de prendre son temps
- Gabriel Mann totalement dans son personnage
Je n'aime pas :
- l'intrigue de Charlotte et Declan peu intéressante
Note : 14 / 20
Un bon final de mi-saison qui reprend en main le scénario et revient sur les bases d'un show qui s'était un peu laissé déborder par son côté feuilletonnant. Plus lent, le retour d'Emily à son plan d'origine permet de mettre en valeur Tyler qui, en subissant les coups bas de celle-ci, devient un personnage plus humain et donne un ton plus dramatique à la série. D'une belle intensité, la scène finale entre Nolan et Emily laisse de bons espoirs pour la suite de la saison.
Merci à Serie-All de m'avoir laissé chroniquer cette série en 2011 et à tous ceux qui l'ont suivie avec moi. A bientôt en 2012 pour la suite de Revenge.
sephja
