Critique : Revenge 1.12

Le 14 janvier 2012 à 10:05  |  ~ 10 minutes de lecture
Un épisode superbe qui parvient à faire la balance parfaite entre les différentes dimensions du récit.
Par sephja

Critique : Revenge 1.12

~ 10 minutes de lecture
Un épisode superbe qui parvient à faire la balance parfaite entre les différentes dimensions du récit.
Par sephja

"Si la mort t'attend, alors la mort est ma vie" 

Mason Treadwell, un journaliste ayant enquêté sur l'affaire Clarke, vient faire la promotion de son livre où il défend la théorie concernant la culpabilité du père d'Amanda. Emily trouve donc la cible idéale, mais se souvient aussi qu'à l'origine, cet homme fut le seul à défendre son père avant de retourner cruellement sa veste. Pendant ce temps, la procédure de divorce entre les Graysons avance et Daniel tente de récupérer sa place auprès de Conrad qui se montre méfiant concernant la loyauté de son fils.

 

Remarque

Cette critique a été rédigée pour essayer de donner une réponse correcte à Natas concernant sa question de la semaine dernière sur la nature du show. J'espère que celle-ci se révèlera être moins confuse que la précédente. 


Résumé de la critique

Un épisode quasi-impeccable que l'on peut détailler ainsi :

  •  un retour au concept-show payant avec une cible du jour parfaite 
  •  une évocation du passé qui appuie le côté dramatique de la vie d'Amanda 
  •  un soap fort entre faux-semblants et trahison 
  •  un épisode à l'architecture remarquable

 

 

"Ce ne sont pas les lieux, c'est le coeur qu'on habite qui fait du Ciel un Enfer et de l'Enfer un Ciel" 

Ne le cachons pas, cet épisode est une belle réussite avec des vraies qualités d'écriture et d'interprétation, prouvant une belle maîtrise du récit et de la mise en scène par ses auteurs. Mais ce qui fait la force de Revenge réside avant tout dans sa capacité à multiplier les identités différentes, passant du soap au drame avec une facilité surprenante. Mais avant cela, cet épisode va marquer un retour au concept-show de départ, l'identité première de la série avec une cible certes un peu parachutée, seul point faible d'un épisode assez remarquable.

Emily reprend sa vengeance initiale et s'en prend à celui qui a su mettre des mots sur un mensonge, donnant ainsi une crédibilité forte à la version des Graysons aux yeux de tous. Mason Treadwell est la cible du jour et possède une dimension particulière qui fait tout son attrait, en plus de profiter de l'interprétation remarquable de Roger Bart. En effet, ce journaliste est un homme corrompu qui possède un lien fort avec Emily, seul personne à avoir défendu durant un temps son père avant de virer brutalement de bord, poussant Emily à se convaincre que le mensonge était en fait la réalité et à remettre son père en cause.

L'association Nolan - Emily est impeccable et la qualité de la proie du jour donne tout son intérêt à un scénario beaucoup mieux maîtrisée qu'en début de saison. Le spectateur participe à l'élaboration du plan et le final prend une dimension sadique qui rappelle totalement "Le Caméléon", autre concept show brillant tournant autour du concept d'oeuvre rédemptrice d'un héros blessé. L'épisode se construit en trois parties : l'introduction, la "porte ouverte" ou la cible a la possibilité de se racheter, et la vengeance pure et simple envers l'homme qui a sacrifié sa morale au profit de quelques biens matériels.

Voir dans l'allusion à Milton une simple remarque sans conséquence serait se tromper profondément sur la nature de la série qui impose la corruption comme un thème majeur. Tuer un homme n'apporte rien et Emily accomplit finalement la seule tâche intéressante, à savoir détruire son existence au coeur, l'oeuvre d'une vie pour mettre sa victime face à ses propres péchés.

 

"J'aime mieux régner en Enfer que servir au Ciel"

Le point fort de Revenge réside dans le mélange des genres et la capacité à surprendre en donnant une dimension inattendue à certaines scènes. Ainsi, l'arrivée de Mason permet de donner à cette vengeance une tournure profondément dramatique tournant autour d'Emily et la relation avec son père, celui d'un coeur brisé par la cruauté et les mensonges dont elle a été victime, s'interdisant de croire au bonheur dans un monde aussi corrompu. Le fait de voir les secrets d'Emily permet de mieux comprendre son fonctionnement, de la même manière que le spectateur découvrait dans l'enfance de Jarod des pistes pour mieux le comprendre. 

Le lien entre le Caméléon et Revenge est très fort sur ce point, à savoir la capacité à associer concept show et drame par le biais d'enregistrements vidéos et de flashback bien orchestrés. Si le départ de Tyler laissait quelques craintes sur l'avenir de la série, cet épisode les balaye en revenant à sa dynamique de départ, fort de personnages beaucoup plus épais et d'un univers plus conséquent. Les secrets commencent à apparaître, laissant apparaître des connexions inattendues entre certains personnages, les auteurs se donnant une base solide pour alimenter la série par la suite grâce à une collection de cassettes. 

Mais le principal aspect tragique de la série reste la mort programmée de Daniel qui commence à prendre du sens, les scénaristes ayant la bonne idée de faire de ce jeune homme le seul lien entre Conrad et Victoria. Pris entre les deux Grayson, le fils préféré devient le coeur de leurs disputes, chacun cherchant à l'utiliser pour déstabiliser l'autre. Les fiançailles entre lui et Emily prennent une dimension politique et tragique inattendue, celle d'une mère qui utilise son fils plus que de raison avec un égoïsme voilé par l'appât du gain.

Les Hamptons deviennent une terre idéale pour parler de corruption et de lutte de pouvoir, décrivant ainsi la lente tragédie d'un héritier qui devient le jouet de la lutte entre ses deux parents. C'est sur ce point que Revenge marque sa différence avec les autres séries, possédant une identité "soap" qui repose sur le choix ambitieux et judicieux du décor. 

 

 

" Et que peuvent valoir foi, amour et vertu s'ils ne sont pas mis à l'épreuve, seuls ou sans aide"

Le dernier aspect de cet épisode est lié au décor, à l'univers particulier où évolue les différents personnages et entraine la nécessité de construire le scénario comme une continuité. Les Hamptons sont une terre parfaite pour un soap, lieu où se côtoient les ambitieux et les parvenus, avec un sens de la morale fréquemment mis à mal par la soif de puissance. Le pouvoir, voilà ce qui manque à Victoria qui vient de tout perdre en un été, essayant de garder coûte que coûte l'estime de son fils et sa fille, dernière personne à compter encore à ses yeux. 

Revenge est un soap car il raconte par le biais d'Emily Thorne l'histoire de la famille de Grayson, entre secrets, ruptures et retournements de situation. La procédure de divorce permet de mettre en exergue l'esprit manipulateur de ces personnages, nous offrant un beau duel à coup de mensonges et de trahison. C'est d'ailleurs amusant de trouver dans le rôle de l'avocate de Conrad Merrin Dungey, l'une des plus grandes traitres de la télévision américaine lors de l'exceptionnelle saison deux d'Alias.

Très riche, la série lance des pistes intéressantes, offrant des scènes surprenantes qui permettent aux comédiens de s'affirmer de plus en plus. Margarita Levieva, jusqu'ici un peu trop sage et pas totalement convaincante, crève l'écran dans cet épisode, imposant une identité forte dans chacune de ces scènes en amenant la dose de sex appeal qui manquait à la série. Sa liaison avec Jack Porter apparaît de plus en plus comme une vraie bonne idée et le gimmick du briquet montre que les auteurs ont clairement l'intention d'explorer encore un peu plus ce personnage de plus en plus intéressant.

 

"La bonté confiante ne devine jamais le Mal là où il ne semble pas exister"

Premier épisode à montrer une maîtrise totale du récit, ce volet de Revenge montre que la série arrive lentement à maturité tandis que le meurtre de Daniel s'approche peu à peu. De plus en plus convaincante, la série propose une balance presque parfaite entre le drame, le soap et un concept-show très bien structuré et particulièrement malin. Plus ambitieuse, elle lance des pistes avec une légèreté des plus plaisantes, s'amusant visiblement à faire monter le suspens avant des fiançailles des plus prometteuses.

En conclusion, un des meilleurs épisodes du show, et ceux malgré un début qui peine à installer le personnage de Mason Treadwell, lequel doit beaucoup à la remarquable interprétation de Roger Bart. Très soigné, les scénaristes font monter la tension alors que le meurtre à venir de Daniel prend lentement du sens, installant un début de doute concernant certains personnages. Très séduisante et soignée, Revenge s'impose clairement comme l'une des meilleures séries de la rentrée sur les grands network (en attendant Touch et Awake bien sûr)

 

J'aime : 

  •  la scène entre Amanda et l'auteur, avec une Margarita Levieva remarquable 
  •  une cible du jour parfaite incarnée par le formidable Roger Bart 
  •  le récit parfaitement bien structuré 
  •  les scènes flashback qui servent à mieux comprendre Emily et sont mieux intégrées

 

Je n'aime pas : 

  •  la mise en place un peu forcée 

 

Note : 15 / 20 

Un des meilleurs épisodes de Revenge jusqu'ici, offrant une intrigue très dynamique et foisonnante très bien articulée autour d'une vengeance possédant une vraie force dramatique. Portée par des comédiens de plus en plus convaincants, Revenge s'approche lentement du point central de sa saison en faisant monter les enjeux autour des futures fiançailles entre Emily et Daniel. Passionnant de bout en bout.

 

Je m'excuse pour les titres des chapitres tirés du Paradis Perdu de Milton traduit par Chateaubriand. C'est une oeuvre superbe que je ne peux que conseiller et les utiliser ainsi relève de la pire des prétentions. Voyez-y uniquement l'admiration totale de ma part pour ce génial poète anglais et son oeuvre immortelle.

L'auteur

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