Critique : Six feet under 1.02

Le 16 octobre 2009 à 00:00  |  ~ 7 minutes de lecture
J'ai tellement entendu parler de cette série, particulièrement en bien, que je me suis dit qu'il fallait que je saute le cap, que je vois de mes propres yeux ce qu'elle valait et ce qu'elle avait de si spécial.
Par Bleak

Critique : Six feet under 1.02

~ 7 minutes de lecture
J'ai tellement entendu parler de cette série, particulièrement en bien, que je me suis dit qu'il fallait que je saute le cap, que je vois de mes propres yeux ce qu'elle valait et ce qu'elle avait de si spécial.
Par Bleak

De la mort en veux-tu en voilà

 

Pour ce qui est du côté "spécial" j'ai été servi. En effet, j'avais été mis au parfum concernant le thème de la série mais je ne m'attendais pas à voir quelque chose d'aussi glauque.Pour vous dire la vérité, j'ai regardé le premier épisode mais ne sachant pas quoi en penser, j'ai préféré ne pas m'aventurer dans une critique où je n'aurais rien à dire.

Mais après avoir visionné le second épisode avec toujours cette même impression qui subsiste, je me suis dit qu'il fallait que je me fasse violence, me rappelant tout de même que j'avais été sélectionné parmi un casting de 5.000 personnes pour devenir rédacteur de SerieAll (ridicule la Nouvelle Star à côté!) et que par conséquent nous représentions la crème de l'élite.

 

 

Mais quel est ce sentiment?

 

Si vous avez regardé cet épisode 2 et que vous vous sentez tout bizarre après avoir visionné celui-ci, alors attendez...voilà, prenez ce stylo, signez en bas à droite...oui en bas...voilà !! Vous êtes désormais membre officiel de la CDCQSSTBAARSFU, oui, la Confrérie De Ceux Qui Se Sentent Tout Bizarre Après Avoir Regardé Six Feet Under. Va peut être falloir que je trouve un autre nom...plus court, non?

Ne partez pas, j'ai pas fini, que je vous explique un peu ce "sentiment bizarre".

En fait, c'est un mélange de plusieurs sentiments.

Je me suis tout d'abord senti perdu devant cet épisode peu commun, complètement glauque et à éviter si vous êtes dépressif. En effet, comme je l'ai dit précédemment, cette série est unique, elle pourrait à elle seule représenter un genre, "morbide" serait le mot adapté. Justement, elle sort tellement de l'ordinaire et c'est tellement du jamais vu qu'on ne sait pas comment réagir, cela ne nous a pas été appris.

De même, je me suis senti un petit voyeur face à cette sombre histoire qui parait si réelle mais paradoxalement loin d'être banale. Voyeur dans le sens où l'on assiste à la vie de ces personnes avec leurs problèmes de famille: un fils qui a quitté le domicile et n'est pas revenu depuis des lustres, un héritage qui ne fait pas que des heureux. Voyeur dans la mesure où nous suivons chacune des histoires d'amour des membres de la famille dans leur intimité: la mère qui rompt avec son amant, David qui est homosexuel et raconte des mensonges à son copain, Nathaniel qui se demande si sa copine est amoureuse au point de se faire tatouer son prénom, Claire avec son copain aux expériences loufoques (le coup de l'orteil). Voyeur dans le sens aussi où nous partageons de nombreux secrets avec les protagonistes: l'homosexualité de David, le fait que Claire se drogue.

Je suis aussi resté sceptique sur les intentions de l'auteur. Quelles sont-elles? Nous faire pleurer? Non, le réalisateur s'y serait clairement pris autrement. Nous sortir une série gratuitement glauque tout comme la saga Saw est gratuitement gore (à mon goût)? Non plus, cela ne parviendrait même pas à garder notre intention.

Tout simplement alors nous faire vivre au quotidien la vie d'une famille qui travaille dans les pompes funèbres et qui vient de perdre le père de famille responsable de la société. J'avoue n'avoir aucune réponse claire, peut-être faut-il attendre la suite de la série pour en avoir une idée plus précise. L'ensemble de ces petites choses crée une sensation de gêne chez le téléspectateur qui voit une famille en deuil souffrir de la sorte et regarde celle-ci comme un divertissement, un peu comme les émissions de télé-réalité américaines qui filment des personnes en phase terminale d'un cancer.

 

 

Entre héritage et menaces

 

Focalisons nous un peu plus sur le contenu de cet épisode. Le deuil familial n'étant pas un soucis suffisant, la famille Fisher est confrontée à d'autres problèmes.

Le premier provient du défunt lui-même via son testament. En effet, même décédé, le père tient à diriger la vie de ses enfants. Ainsi, il cède la moitié de la société à Nathaniel qui refusait catégoriquement d'appartenir à ce monde morbide, l'autre moitié à David qui au contraire s'investissait sans compter dans celle-ci et espérait en hériter de la totalité. Claire, quant à elle, ne reçoit rien si ce n'est le financement de ses études futures alors que celle-ci ne voulait pas en faire. Il est intéressant de s'apercevoir que même un mort peut décider du futur de ses proches. Peut-être une des morales de l'épisode.

Le second problème provient d'un groupe qui souhaite acquérir la société de la famille et menace celle-ci qui ne souhaite pas la céder. Autre morale, certaines personnes n'ont aucun respect pour le deuil familial et ne cherchent qu'à servir leurs propres intérêts, peut-être une critique de l'égoïsme présent dans nos sociétés occidentales.

 

 

La petite touche poétique

 

Je tenais à signaler quelque chose que j'ai beaucoup apprécié dans cet épisode, c'est le père décédé qui apparait auprès des membres de sa famille lorsque ces derniers sont seuls.

Ce n'est bien évidemment pas son fantôme, seulement l'imagination des protagonistes, mais j'ai trouvé cela très beau, très poétique puisque d'une certaine façon, même décédé, il reste auprès des gens qui tenaient à lui, leur prodigue des conseils, les observe, leur fait des remarques ou parfois même ironise un peu, jamais dans la démesure, toujours dans la justesse.

 

Ne jamais se fier aux apparences

 

Au final, c'est peut-être ça le charme de cette série, parvenir à créer chez le téléspectateurs des sentiments paradoxaux: la gène que l'épisode crée associé au besoin que l'on ressent de le regarder. Peut-être est-ce aussi la délivrance d'un message, comme peut l'illustrer le père, toujours présent auprès de ses proches même après sa mort, ou celui que l'on peut apprendre de Mme Suarez qui perd son mari et qui pourrait être que, malgré que l'on croit connaitre les gens, au final, on ne les connait jamais vraiment.

Ou peut-être encore est-ce une critique de nos sociétés fondées sur le mensonge et l'existence d'un certain malaise social: David contraint de cacher son homosexualité, Claire qui cache le fait qu'elle se drogue, Ruth qui cachait l'existence d'un amant. Allez, même si avant de rédiger cet article je n'aurais jamais pensé mettre une note comme celle-ci, je vais mettre un bon 14/20 à cet épisode pour tout ce qu'il peut nous apporter bien au delà du simple fait de nous divertir.

 

 

J'ai aimé:

 

  • le mélange de toutes sortes de sentiments
  • la réflexion que l'épisode peut nous apporter ainsi que le recul sur diverses situations
  • des personnages auxquels on s'identifie très rapidement, paradoxalement très banals et pas du tout banals

 

 

Je n'ai pas aimé:

 

  • le sentiment de gêne qui est malgré tout indispensable pour que l'épisode fasse son effet
  • un peu trop triste et morbide, mais bon, c'est le genre

 

 

Note: 14/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Manoune398
Manoune398
Je te comprends quand tu écris avoir ressenti plusieurs choses en même temps, et être dubitatif. C'est l'essence même de la série: tu ressens beaucoup de choses, comme dans la vraie vie ! Ce qui est bizarre, c'est de les ressentir devant ton écran... En revanche, même si les scénaristes jouent parfois sur un côté un peu glauque, la série n'est pas du tout morbide: certes, elle parle de la mort, mais ce qu'il faut retenir, c'est qu'elle parle tout autant de la vie. :) PS: Bon article, en passant ! ;)

Image Six Feet Under
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