Critique : Switched at Birth 1.21

Le 17 mars 2012 à 10:38  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode de mise en place correct autour du tournage d'un film amateur de zombies, posant la question du poids des erreurs du passé.
Par sephja

Critique : Switched at Birth 1.21

~ 8 minutes de lecture
Un épisode de mise en place correct autour du tournage d'un film amateur de zombies, posant la question du poids des erreurs du passé.
Par sephja

Aussi profond que tu enterres tes mensonges, ils remontent toujours à la surface

L'anniversaire d'Emmett approche et Daphne propose l'idée de tourner un film de zombies en langage ASL à petit budget dans le jardin des Kennish. Elle recrute Toby, Wilke, ses parents, mais Bay doit d'abord obtenir l'accord de Simone pour pouvoir lui emprunter le matériel vidéo pour le tournage. Pendant ce temps, Kathryn essaie de convaincre Regina de l'aider à écrire son livre sur l'échange pour couper l'herbe sous le pied de Sarah Lazar. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :

  •  un tournage de film amusant qui permet de réunir tous les personnages 
  •  la question difficile de la nécessité d'être sincère 
  •  le passé comme un poison 
  •  un avant-goût de la semaine prochaine

 

 

Une grande réunion de famille 

La pause de printemps approche pour Switched at Birth, l'occasion de s'offrir un épisode assez léger appuyant sur l'aspect familial du show avant un season finale qui s'annonce plutôt tragique. Il s'agit donc de dresser un bilan rapide des dernières storylines à conclure, tout en s'appuyant sur une intrigue principale qui s'efforce avec maladresse de réunir tous les personnages au même endroit. L'anniversaire d'Emmett fournit le contexte idéal, poussant Daphne à vouloir organiser un tournage de film de zombies amateur entièrement en langage des signes.

Très présent dans l'identité de SaB, le langage ASL est un moyen de communication qui ne dispose pas de grandes références culturelles, remarque récurrente et pertinente, révélateur par certains aspects d'une certaine autosatisfaction de la part des auteurs. Cherchant à valoriser ce langage, le show se donne une dimension pédagogique et il est amusant de découvrir après toute une saison que les sous-titres deviennent de moins en moins utiles pour comprendre Emmett et Daphne. Si la série ne peut évidemment pas remplacer un apprentissage, elle montre que le cerveau parvient petit à petit à décoder des éléments récurrents dans les dialogues qui ponctuent l'épisode , révélant une part de la nature universelle du langage.

Sans conséquence, ce tournage sert surtout à réunir une dernière fois tous les comédiens autour d'une seule intrigue, l'argument du film de zombie suffisant à fournir quelques scènes comiques en partie improvisées. Ainsi les auteurs de SaB font un état des lieux des nombreuses problématiques à résoudre, installant sans grande finesse Wilke comme l'élément déclencheur qui devrait servir à engendrer le chaos. Un épisode léger, petite parenthèse sympathique au sein d'une saison longue et mouvementée, parvenant avec efficacité à laisser poindre les rancoeurs et les secrets qui vont donner sa nature tragique au Spring Finale de la semaine prochaine.

 

La place des secrets dans Switched at Birth 

Dès son démarrage, les mensonges et les secrets ont été parti prenante du scénario, les causes derrière l'échange des deux filles restant pour le moins obscures. L'acte fondateur de cette saison, à savoir le mensonge de Regina, a montré combien le show gagnait à concevoir des personnages avec une part de secret, hormis Daphne qui incarne un idéal de franchise, personnage volontairement positif au sein de la série. Pris en plein tourment le jour de son anniversaire, Sean Berdy laisse apparaître le trouble dont son personnage est saisi, prenant conscience de la difficulté de vivre avec la conscience d'un mensonge. 

Les scénaristes vont tranquillement lister les cadavres dans le placard des différents personnages, que ce soit John et sa relation ambiguë avec Sarah Lazar ou Regina et son silence autour de l'échange. Angelo a droit lui aussi à son développement, même si l'abandon prématuré de son arc a laissé une certaine frustration, sa disparition prématurée ayant laissé un certain vide. Construit sur le thème du mensonge, l'épisode nous offre sa meilleure scène lors de la discussion entre Regina et Daphne, moment touchant amenant des questions intéressantes sur la difficulté de trouver les mots pour se justifier. 

Là où d'autres séries familiales optent pour l'hagiographie de la franchise en toutes circonstances, SaB fait le choix de montrer combien le mensonge définit l'homme comme un animal social. Si la situation d'Emmett n'a rien d'originale, elle parvient à poser avec une certaine nuance un dilemme moral entre un bonheur coupable et un aveu destructeur et dangereux. En refusant d'assumer sa faute, le jeune garçon découvre que la frontière entre le bien et le mal n'existe pas, donnant une dimension morale à cet épisode qui dépasse le cadre puritain du format de départ, opposant le bonheur constructif à la franchise destructive.  

 

 

Réminiscence et empreinte du passé

Par le biais d'une empreinte laissée sur une dalle du jardin, SaB se pose la question du rapport de frustration qu'entretient Daphne avec son passé, regrettant une enfance qu'elle n'a pas pu avoir avec les Kennish. Le fantasme autour de ce qu'aurait pu être son existence vient de nouveau la torturer, la poussant à juger durement le choix de Regina de lui cacher sa vraie identité. La scène de confrontation entre les deux devient le morceau de choix de cet épisode, montrant combien l'amour maternel est quelque chose qui peut aisément dépasser le seul lien génétique. 

Ne pas être une Kennish n'est pas un drame, juste un élément de son existence qui la constitue en tant que personnalité à part entière. L'empreinte de Bay sur cette dalle est inscrite dans l'histoire, élément immuable qui symbolise la fatalité d'une destinée qui ne deviendra tragique que si elle parvient à faire le deuil de ce fantasme autour d'une enfance heureuse. La dernière scène entre la mère et la fille Vasquez marque son désir d'abandonner son espoir de rattraper cette existence imaginaire, comprenant que le bonheur relève avant tout de la volonté de profiter de ce que l'on a devant soi. 

Une petite storyline très réussie qui parvient à glisser une certaine finesse d'écriture dans un épisode sans grande surprise, laissant entrevoir la nécessité de donner une certaine stabilité à Daphne avant le season final. Le tonnerre gronde en effet du côté des Kennish, la famille idéale du début de saison laissant apparaître des blessures cachées sur le point de se rouvrir. A l'opposé, les Vasquez apparaissent unis grâce à leur capacité à pardonner, la saison ayant permis à Regina d'admettre ses fautes et de faire amende honorable.

 

L'apparence de la famille idéale  

Si, en début de saison, la famille Kennish apparaissait comme l'exemple idéal de la famille unie autour de valeurs fortes, cette fin de saison laisse lentement apparaître les nombreuses failles dans ce portrait idyllique. Si la stabilité financière permet au couple de maintenir une apparence impeccable, cet épisode installe une tension autour de la rancoeur irrésolue de Kathryn envers John. Un avant-goût pour cet ultime épisode avant la coupure de printemps qui risque de prendre une teinte assez sombre, la tension du procès réveillant des blessures du passé, comme autant de zombies ressortant de terre.

En conclusion, un épisode qui se construit autour d'une intrigue superficielle dont le seul but est de permettre de réunir tous les personnages pour la célébration de l'anniversaire d'Emmett. Servant uniquement à préparer le spring final de la semaine prochaine, les auteurs laissent l'intrigue principale en suspens, donnant un épisode mineur qui se permet quelques improvisations. Seule la storyline judicieuse de Daphne s'avère être vraiment marquante, soulignant la réconciliation de la famille Vasquez à l'opposé des Kennish qui perdent petit à petit leur unité.

 

J'aime :

  •  les scènes entre Daphne et Regina 
  •  la question morale d'Emmett qui évite les clichés 
  •  un esprit de troupe assez flagrant

 

Je n'aime pas : 

  •  une intrigue principale à l'arrêt 
  •  quelques passages clichés et prévisibles 
  •  un rythme assez heurté 

 

Note : 12 / 20 

Un épisode de mise en place qui prépare le Spring Finale de la semaine prochaine dans une ambiance assez légère malgré la trahison d'Emmett et les tensions au sein du couple Kennish. Très classique, l'histoire vaut surtout pour la storyline de Daphne qui trouve la force de pardonner à Regina son mensonge.

L'auteur

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