Critique : The X Files 10.02

Le 13 février 2016 à 20:21  |  ~ 10 minutes de lecture
Avec ce second épisode, la série de la Fox a-t-elle fait mieux que son retour ? Oui, assurément.
Par arnoglas

Critique : The X Files 10.02

~ 10 minutes de lecture
Avec ce second épisode, la série de la Fox a-t-elle fait mieux que son retour ? Oui, assurément.
Par arnoglas

Si My Struggle était un solide épisode de retour, il a principalement servi à mettre dans le bain toute une génération de téléspectateurs qui ne connaissaient pas la série originale et, accessoirement, à plonger à nouveau les fans de la première heure dans l'ambiance. Le retour de X-Files était réussi, quoiqu'un peu perfectible. Cela dit, il ne fallait pas non plus s'attendre à un pilote sans défaut, surtout lorsqu'il s'agit de reprendre une série à la mythologie aussi riche et complexe.

Founder's Mutation était prévu pour être le cinquième épisode de la saison 10, mais la FOX a décidé de les diffuser dans le désordre, sans pour autant bouleverser la narration principale. À la fin du premier épisode, Mulder et Scully étaient convoqués par Skinner et rien ne nous montrait le changement de statut de nos personnages, qui redeviennent des agents du FBI. Dans ce deuxième épisode, ils sont de retour aux affaires et dans leurs costumes. Soit. Ça fonctionne plutôt bien et, au détour d’une scène avec Skinner, leur supérieur, celui-ci leur souhaite un bon retour. Tout paraît fluide. L'épisode garde l’un des thèmes forts évoqués dans My Struggle : le gouvernement utiliserait l’ADN extraterrestre pour des expériences sur des êtres humains, et plus précisément des enfants. Un thème qui n’est pas nouveau, évidemment, mais qui traverse les deux épisodes diffusés jusqu’ici.

 

Founder's Mutation

 

Entre macabre et nostalgie

 

Mulder et Scully doivent enquêter sur le suicide du Dr Sanjay. L’homme, ne supportant plus le son strident qu’il était seul à entendre, s’est planté un coupe-papier dans l’oreille, jusqu’au cerveau. Une affaire qui va les amener jusqu’à Gupta (Vic Sahay, vu précédemment dans la série Chuck) et le docteur Augustus Goldman (Doug Savant, Desperate Housewives). Ce dernier dirige un centre spécial, où des enfants possédant des mutations génétiques rares sont enfermés. Le scientifique espère, avec l’aide du gouvernement, créer de nouveaux êtres parfaits, aux mutations invisibles et aux pouvoirs contrôlables. Changer le monde tel qu’il est, avec une nouvelle population.

 

Première réunion entre les trois héros en 14 ans

 

James Wong, qui s'est occupé de quinze épisodes de la série originale et qui est le créateur du spin-off The Lone Gunmen, écrit et réalise cet épisode. Il forme un excellent lien entre le premier épisode et celui-ci, en renvoyant aux expériences humaines mais surtout en remettant sur le tapis l’affaire du fils de Scully, qu’elle avait laissé à une famille dans la saison 9, en 2002. La psychologie des personnages se retrouve alors au centre d’une partie de l’intrigue et on ressent, à travers des rêveries, comment Scully et Mulder auraient géré la présence de William dans leur vie. C’est bref, mais suffisamment explicite pour découvrir les craintes de chacun. Scully a peur que William soit le fruit d’une expérience et donc une sorte d’alien (on ne sait pas comment elle est tombée enceinte, sachant qu’elle avait été déclarée stérile au cours de la série), tandis que Mulder craint tout simplement qu’on lui enlève une nouvelle fois son fils, comme on lui a enlevé sa soeur lorsqu'il était jeune. Les scènes sont d’une beauté formelle assez remarquable, et le ton tranche vraiment avec celui de l’épisode.

D'autant plus que, comme nous l'avons appris dans My Struggle, Scully possèderait de l'ADN alien, et l'aurait probablement transmis à son fils. De plus, c'est précisément l’objet des expériences d’Augustus Goldman : ajouter des gênes extraterrestres à des foetus. Cette enquête se révèle au demeurant très efficace. On regrettera juste le trop plein d’informations, qui fait dévier l’enquête vers tout autre chose pour finalement aboutir sur un cul-de-sac. James Wong a peut-être trop écrit pour American Horror Story, tant son récit est éclaté. Cependant, l’ambiance est là, et on est baladé sur plein de pistes… qui seront par la suite abandonnées. On n’en sait pas plus sur certaines victimes, ni sur le pourquoi du comment du coupable. Il est aussi intéressant de noter que Mulder fait référence au Syndicat, ce groupe de personnages conspirationniste qui faisait des expériences sur les humains pour créer des hybrides. Cela donne une consistance à l’épisode qui l’inscrit bien dans la continuité du précédent.

 

 

L'attaque des mutants

 

Dans le fond, l'épisode tire beaucoup sur la corde émotionnelle, ce qui permet de donner aux personnages des motivations particulières liées à un passé que nous ne connaissons que trop bien. Une bonne façon de nous aider à nous réinvestir pleinement dans le show, tout en dépoussiérant quelques éléments importants de l’histoire. En revanche, du point de vue de la forme, il est plutôt question de faire un voyage dans le temps, de revenir sur ce qui a fait le succès de X-Files. Que ce soit à travers les mouvements de caméra de Wong, la musique de Mark Snow, ou encore cette scène pré-générique qui semble tout droit sortie d'un épisode des premières saisons, l’épisode se montre assez démonstratif et n’hésite pas à aligner scènes gores et expositions d’enfants difformes. On plonge dans un certain malaise pendant quarante minutes.

 

Mulder et Scully examinent les preuves

 

Dommage que les scénaristes ne continuent pas sur cette thématique et qu’ils partent plutôt sur trois sujets différents : les enfants, l’enquête, et William. Cette densité n’est pourtant pas désagréable et, si l’épisode paraît un poil brouillon, il donne de bons frissons tout en posant également beaucoup de questions, sans toutefois donner de réponses. Pour autant, cela n'est pas vraiment gênant, la série originale avait déjà laissé les spectateurs sur leur faim en ne répondant pas à toutes les questions en fin d'épisode, afin de coller à l'image mystérieuse et au leitmotiv de la série ("Truth is out there"), laissant le spectateur se faire sa propre opinion. Tout l’épisode est ainsi marqué par le sentiment que l’on retrouve tel qu'il était il y a environ une vingtaine d'années. Cependant, tout est fait pour que le propos s’inscrive dans la logique de cette nouvelle saison, et non dans le passé. Ce qui est une bonne chose, cette nouvelle saison préférant aller de l'avant plutôt que trop s'appuyer sur son passé. Mais cela ne l'empêche pas de faire référence à sa mythologie, car c'est son identité. La manière avec laquelle William est abordé illustre clairement cela, en se concentrant sur les années perdues et le temps écoulé entre 2002 et 2016.

 

 

Ils sont parmi nous

 

L’épisode contient des choix artistiques que nous n’avions pas connus dans la série. L’aspect démonstratif et le fait que la série ne suggère plus, passent plutôt bien au final. On perd en ambiance, mais on gagne en rythme. Le flashback d’un des personnages est assez étrange, et tranche avec l’écriture globale de la série passée. Alors que dire des rêveries de Scully et Mulder qui viennent un peu nous sortir du ton de l’épisode pour nous embarquer dans des scènes qu’on redoutait ! Le procédé est déroutant, surtout lorsqu’on n’adhère pas forcément à la storyline de William. Il faut juste espérer que ce choix soulignait les peurs de Mulder et Scully, en les renvoyant également à leur solitude. Si Scully a peur que son fils soit hybride, Mulder craint de revivre un énième enlèvement. Mettre des images sur des peurs n’était pas le rôle de la série, mais elle le fait plutôt bien pour sa version 2016, même si ça reste un tantinet simpliste et simplet.

 

Mulder sur le terrain

 

Reste que l’enquête est globalement efficace, même si elle part dans des directions qu’on aurait aimé voir développées. Les enfants difformes ne sont là que pour le sensationnel, et les images d’horreur n’apportent rien au récit. La suggestion étant absente, la série prend le contre-courant et pointe du doigt ce qui existe. L’épisode trouble, fascine, dérange, et se permet alors de nous balader sur plusieurs pistes. Une nouvelle fois, la série étonne en nous montrant un Mulder qui ne veut pas en finir avec cette histoire. L’ordre de l’épisode rentre encore en ligne de compte. Verra-t-on des suites de cette histoire dans le 10.06 ?

Au final, la plupart des images marquantes des trailers se retrouvent dans cet épisode qui s’éparpille et compile un trop plein d’informations. Ce petit côté feuilleton ne fait pas beaucoup de mal ni à cet épisode, ni à la série, faisant rentrer X-Files dans la modernité. Il faut se faire à l’idée que l’on ne peut rien faire à ça. Founder’s Mutation fait du bien : c’est frais, rythmé et on a enfin devant soi un épisode de X-Files qui rappelle que la série possède toujours une imagination folle.

 

Un épisode qui vient confirmer le respect total de Chris Carter à ce qu’il a lui-même érigé. Mieux rythmé que son prédécesseur, Founder's Mutation entérine le retour de Mulder et Scully comme s’ils ne nous avaient jamais quittés.



J'ai aimé :

 

  • Une enquête originale qui rappelle la série d'origine.
  • Le petit rappel bien senti à William.
  • Un épisode fascinant, dérangeant et inquiétant.

 

Je n'ai pas aimé :

 

  • Une conclusion un peu trop ouverte.
  • Un épisode qui perd en ambiance.
  • Quelques images qui n'apportent pas grand-chose au récit.

 

Ma note : 15/20.

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