Critique : Treme 2.07

Le 21 juin 2011 à 06:54  |  ~ 6 minutes de lecture
Avec Mardi-Gras, un puissant vent d'optimisme va balayer la série, tandis que Toni Bernette s'apprête à faire le deuil de Creighton. Au programme, le bonheur comme source d'espoir, la fierté et l'orgueil comme moteurs pour enfin croire en l'avenir.
Par sephja

Critique : Treme 2.07

~ 6 minutes de lecture
Avec Mardi-Gras, un puissant vent d'optimisme va balayer la série, tandis que Toni Bernette s'apprête à faire le deuil de Creighton. Au programme, le bonheur comme source d'espoir, la fierté et l'orgueil comme moteurs pour enfin croire en l'avenir.
Par sephja

Pitch Hymne national on Fat Tuesday

 

 

Mardi-Gras arrive et Antoine Baptiste va devoir s'occuper de ses deux fils en l'absence de Ladonna, restée à Bâton-Rouge. Annie propose à Davis d'aller fêter Fat Tuesday dans le bayou, mais il parvient, grâce à une excuse familiale, à rester à la Nouvelle-Orléans. Jeanette reçoit  un jour de congé pour célébrer cette fête si importante à son coeur tandis que Toni Bernette essaie de convaincre sa fille de venir jeter les cendres de son père dans le fleuve.

 

 

 

Quatre façons de fêter Mardi-Gras 

Pour les Bernette, Mardi-Gras est le jour de tous les dangers, ramenant à la surface le souvenir de Creighton, entraînant une mise à plat des relations entre la mère et la fille. Encore une fois, la série refuse de faire dans le larmoyant et propose de suivre avec pudeur Toni dans un adieu déchirant et digne, sans tentative de mélodrame. Loin de la noirceur du début de saison, Treme va nous proposer une parenthèse pleine d'espoir, une respiration dans le récit.

L'histoire va suivre Annie qui va découvrir Mardi-Gras en plein territoire cajun, une fête moins carnavalesque, plus traditionnelle et culturellement plus forte que la célébration commerciale de la Nouvelle-Orléans. Il s'agit de rendre hommage à une certaine identité, et à se préparer pour le carême qui arrive juste derrière, le temps où les hommes et femmes doivent nettoyer leur existence. Loin de toute colère, le Mardi-Gras est la célébration d'une renaissance et le droit d'exprimer librement ce que l'on ressent pour exorciser les jours sombres à venir.

Pour Jeanette, Mardi-Gras est une célébration d'un monde disparu, un moyen de garder le contact avec son passé tout en restant tourné vers son avenir. Au lieu de baisser les bras et de rentrer, elle s'impose de rester à New-York pour ne pas céder à l'envie de revenir en arrière, à la tentation du repli sur le passé et de la sécurité. Son Mardi-Gras ressemble plus à la confirmation que Jeanette a enfin trouvé sa place à New-York, sans pour autant renier ses origines.

Pour Antoine, ce Mardi-Gras va être celui du changement : fini la drague, la fête jusque tard le soir, la célébration d'une jeunesse pas encore perdue. Accompagnant ses deux enfants à la fête, Baptiste va rester avec  eux, se concentrant avant tout sur le temps passé avec sa famille, évitant du coup les endroits non autorisés pour ses garçons. Le temps de la jeunesse est passé, pour céder la place à celui de la famille, d'une vie plus posée et sereine.

Un épisode positif, rassurant, où même Sonny va commencer à se reconstruire lentement, Kermitt Ruffins choisissant de le ramener dans le droit chemin en le chassant de la ville le temps des célébrations. Le soleil se couche alors sur une population qui a su un instant faire la paix avec elle-même tandis que les forces de l'ordre reprennent lentement le contrôle des rues.

 

Une parade des indiens comme acte de foi

Malgré ses doutes et grâce à l'appui de sa famille, le Chef Lambreaux défile en Indiens dans les rues de la Nouvelle-Orléans, accompagné par son fils soulagé de le voir perpétuer la tradition. L'occasion pour Albert de retrouver l'orgueil et la fierté qu'il avait petit à petit perdus, et de retrouver la foi en lui-même et en l'importance de ce qu'il accomplit. Mardi-Gras est pour lui un moment de célébration, une parade d'un orgueil infini, une fierté personnelle et la foi en un héritage dont la dimension dépasse celui de la seule destinée.

Tandis qu'il défile, Delmond Lambreaux va ressentir cet héritage et trouver ce qu'il avait perdu lors de son séjour New-Yorkais, une épiphanie plutôt cohérente avec son parcours et le concept de l'épisode. La Nouvelle-Orléans se prouve à elle-même qu'elle existe encore, et qu'elle constitue une vraie communauté qui peut s'affranchir le temps d'une journée de la rancoeur et la violence. Certes le bonheur est fragile, mais il possède cette capacité à relier les hommes, à permettre à une société de se reconstruire un présent, voire même un avenir.

 

Expulser la colère, évacuer la peur et dominer le futur

Pour cette seconde saison, Mardi Gras aura eu une teneur moins sombre que le précédent, proposant un optimisme surprenant pour un show qui a su si souvent générer un climat particulièrement tendu. Le mode de récit quasi documentaire permet de bien s'imprégner de l'ambiance du carnaval grâce à Nelson Hidalgo qui va se retrouver au beau milieu du défilé des Zouloux. Alternant les points de vue avec une belle maîtrise, David Simon et Eric Overmyer nous proposent une plongée très réaliste dans la célébration d'un renouveau qui semble enfin devenir possible. 

Avec un style documentaire parfaitement maitrisé, David Simon nous permet de nous imprégner totalement de cette ambiance folle, rythmée par des morceaux musicaux très dansants. Le climat est léger et même le Lieutenant Colson ne peut s'empêcher de remercier Dieu, quel qu'il soit, pour ce court instant de grâce qui redonne de l'énergie à une série qui commençait lentement à s'asphyxier. Treme retrouve toute sa force, proposant des scènes remarquables dans son dernier acte, s'imaginant même un moment de paix sur une mer calme, à des années lumières de Katrina.  

Un épisode touchant, surprenant par son énergie positive, tournée entièrement vers l'avenir, avec la conscience que rien ne saura vraiment si simple que cela semble l'être. Un moment de répit vraiment le bienvenu pour un épisode réussi, tandis que chacun place ses pions dans le but de réussir à se donner le meilleur avenir possible.

 

J'aime :

  •  un optimisme à toute épreuve 
  •  une mise en scène superbe 
  •  un récit parfaitement équilibré, sans temps mort 
  •  beaucoup de pudeur dans la narration 

 

Je n'aime pas : 

  •  rien 

 

Note : 16 / 20 

Un très bel épisode comme une éclaircie dans une saison assez sombre, rythmé par la fête du Mardi-Gras. Chacun des personnages se reconstruit lentement et commence à entrevoir la lumière. Vraiment captivant et réjouissant.

L'auteur

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