Critique : Woodley 1.04

Le 07 avril 2012 à 07:28  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode dans l'univers du cirque qui démarre pour le mieux avant de s'effondrer totalement dans son dernier acte.
Par sephja

Critique : Woodley 1.04

~ 8 minutes de lecture
Un épisode dans l'univers du cirque qui démarre pour le mieux avant de s'effondrer totalement dans son dernier acte.
Par sephja

Faire le choix d'être un héros 

Woodley vient avec sa fille, son ex-femme et Greg au cirque pour assister au spectacle d'une troupe itinérante, dont un duo de jongleurs qui choisissent Frank comme cobaye. Terrifié par les couteaux qu'ils utilisent, il refuse de jouer le jeu et se fait remplacer par Greg, entraînant un transfert de l'admiration d'Ollie pour son père vers son beau-père. Désespéré, le héros accepte un travail parmi les forains d'agent d'entretien dans le but de reconquérir sa fierté perdue. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode décevant que l'on peut détailler ainsi :

  •  de bonnes intentions et un premier acte convaincant 
  •  un séjour au cirque peu crédible 
  •  un final forcé pour une intrigue qui manque de liant 
  •  une magie qui s'estompe pour un show qui déçoit

 

 

Un démarrage plutôt prometteur 

La magie du cirque, le talent des acrobates, le cynisme des adultes contre le regard émerveillé d'Ollie et son père, voilà ce que nous propose cet épisode de Woodley qui semble partir sur de bonnes bases. Perdu dans un univers particulier entre la magie du cirque et un Mr Loyal matérialiste et vindicatif, la série place parfaitement les bases de son humour, offrant à sa vedette un grand terrain de jeux pour exploiter son sens de la catastrophe. Loin de passer pour un héros, Frank se ridiculise sous les yeux de sa fille, refusant d'être le cobaye d'un duo de jongleurs.

L'idée est simple, pile dans l'esprit de la série et les premiers gags sont plutôt drôles, le comique appuyant une nouvelle fois sur le côté pathétique et peureux de son héros. Comme pour le pilote, l'histoire raconte une course pour racheter sa dignité, forçant Woodley à tenter d'intégrer un groupe d'acrobates que sa fille a particulièrement apprécié. Le pitch est prometteur, les aptitudes physiques du comédien laissant la possibilité de produire quelques séquences d'héroïsmes involontaires, donnant cinq premières minutes qui semblent renouer en partie avec le charme du pilot. 

Pourtant, l'illusion ne va pas durer longtemps et le show revient vite à ses mauvaises habitudes, offrant deux derniers actes totalement ratés, Woodley ne trouvant pas la bonne alchimie entre la poésie et le pathétique du héros. Refusant de mettre en valeur les efforts de Franck pour se racheter, l'histoire multiplie les maladresses jusqu'à un final grotesque et totalement incohérent. 

 

L'importance pour un héros d'être crédible 

Si le titre ci-dessus peut paraître singulier, surtout dans une comédie, cet épisode va incarner à lui seul les limites de l'humour burlesque, à savoir la nécessité pour le scénario de se construire sur une base solide. La première scène d'exposition, par exemple, devrait servir à poser l'univers du show et les différents éléments qui seront ensuite exploités lors des séquences comiques. Seulement, ce premier acte ne sert ici pas à grand-chose, hormis présenter un Mr Loyal plutôt amusant et une équipe d'acrobates que le héros va tenter d'intégrer . 

Refusant de se montrer à son avantage, Woodley compose un personnage étrange qu'il considère à la fois avec une affection touchante, mais aussi avec un mépris qui a tendance à surclasser les qualités premières du personnage. Au lieu d'incarner comme dans le pilot l'histoire d'un père attachant qui se débat contre la fatalité, il campe ici un jaloux un peu pathétique qui ne devient un héros que par le biais d'une suite d'évènements peu cohérents. Une différence dans l'approche de Franck qui crée une certaine gêne, surtout que la scène finale très mal conçue, la faute à une mise en place terriblement bâclée. 

Difficile de s'attacher à Woodley tant son manque de volonté dans cet épisode ne permet pas de justifier ce statut de héros que les auteurs tentent de lui accorder. Au lieu de raconter la reconstitution d'un homme en quête de dignité, la série nous narre l'histoire d'un opportuniste dont le retour en grâce auprès de sa fille paraît plus que tiré par les cheveux. La poésie du show disparait, laissant une suite de gags mal construits autour d'un personnage principal qui obtient ce qu'ils désirent sans faire vraiment l'effort de devenir meilleur. 

 

 

L'importance des transitions dans un scénario

C'est le problème majeur de cet épisode, à savoir les incohérences dans les enchaînements entre les différentes scènes, la faute à une histoire pas suffisamment développée qui s'appuie avant tout sur le numéro du comédien principal. En effet, si un épisode se compose normalement de plusieurs séquences comiques, la construction du lien entre elles s'appuie sur le scénario de base, donnant une transition qui se doit d'être simple et dynamique. Seulement, Woodley ne s'efforce même plus ici de mise en place lors de la scène finale, donnant une scène de transition hachée et terriblement téléphonée qui ne fonctionne pas du tout. 

Là où le premier épisode posait des bases simples et s'efforçait de soigner la mise en place des gags du point de vue mécanique et rythmique, celui-ci se satisfait du strict minimum, n'expliquant pas bon nombre d'éléments dans l'intrigue. Ainsi, le gag du pansement est introduit brutalement, le numéro du clochard au Rubik's cube plutôt réussi est très mal mis en valeur, laissant un sentiment de désordre agaçant. L'humour burlesque est une mécanique de précision et, malgré tout son talent, Franck Woodley se heurte à son incapacité à développer un univers suffisamment crédible pour donner un appui solide aux différents gags.

C'est là le défaut récurrent de la série, absent du pilot, mais qui paraît de plus en plus flagrant depuis quelques épisodes, soulignant le caractère trop improvisée de certaines scènes. Les intentions sont bonnes, certains gags sont drôles, mais la déception est grande tant le pitch de départ paraissait prometteur, l'épisode se contentant du strict minimum. 

 

Une nouvelle déception 

Après un pilot très réussi, la série avait laissé beaucoup d'espoirs, surtout pour le fan d'humour burlesque que je suis, retrouvant alors l'exigence teintée de poésie des oeuvres de Tati. Seulement, ce soucis du détail a vite laissé place à de nombreuses approximations, avec des scénarios peu convaincants et des gags moins bien mis en valeur. Pourtant, le potentiel est encore bien présent, appuyant encore plus le sentiment de frustration devant les approximations des auteurs, comme si Woodley était dépassé par l'ambition de son projet de départ.

En conclusion, un épisode trop faible qui confirme le lent déclin du show, incapable de renouer avec le niveau d'exigence du premier épisode. Incohérente et mal conçue, cette histoire montre les limites du show, peinant à définir réellement un personnage qui apparaît à la fois comme touchant et égoïste, sympathique et pathétique. Le final, incohérent et terriblement confus, vient achever un récit qui avait pourtant bien commencé, mais s'épuise rapidement pour s'achever sur une pirouette narrative peu crédible et forcée. 

 

J'aime : 

  •  le début de l'épisode 
  •  le gag du panneau 

 

Je n'aime pas : 

  •  le final désastreux 
  •  les gags mal mis en valeur 
  •  l'absence de mise en valeur du héros 
  •  un ensemble peu crédible 

 

Note : 10 / 20 

Une nouvelle déception pour cette série qui ne tient définitivement pas les promesses du pilot, offrant une intrigue approximative et des gags assez mal mis en valeur. Dommage tant le potentiel de départ est indéniable, Woodley payant le prix d'une intrigue mal maîtrisée et peu crédible, ne laissant que quelques bonnes idées comme le gag du panneau.

L'auteur

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