Critique : Woodley 1.07

Le 06 août 2012 à 18:32  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode amusant où Frank Woodley tente de gagner l'admiration des camarades de sa fille en se créant une identité de justicier avant de subir un brutal retour de bâton.
Par sephja

Critique : Woodley 1.07

~ 8 minutes de lecture
Un épisode amusant où Frank Woodley tente de gagner l'admiration des camarades de sa fille en se créant une identité de justicier avant de subir un brutal retour de bâton.
Par sephja

To protect and to serve, maybe

 

Devenu figurant au cinéma, Frank reçoit un message de sa fille comme quoi il doit se rendre à son école pour la journée où les pères présentent aux enfants leur activité professionnelle. Pour faire plaisir à Ollie, Woodley se fait passer pour un policier courageux et redresseur de tort, créant un réel enthousiasme parmi les élèves après le récit de ses exploits. Jusqu'à ce qu'un groupe de jeunes voyous se présente, commençant à dévaster la cour de l'école.

 

Résumé de la critique

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :

  •  une histoire sur les dangers de la mythomanie
  •  la fierté et les moyens de la gagner
  •  la difficulté d'être un héros dans le monde moderne
  •  mieux réussi que les précédents

 

 

Les méfaits de l'imaginaire 

 

Toujours entre deux boulots, Woodley obtient un rôle de figurant, un travail qu'il juge trop passable pour impressionner la classe de primaire de sa fille. Une situation convenable sauf pour le jour des pères, occasion où Franck envisage de donner à sa fille des raisons d'être fier en enfilant un faux costume de policier, se décrivant comme un justicier digne d'une série télévisée. Le démarrage est assez réjouissant avec pas mal de trouvailles comme le gag du chevalier ou le début de son speech devant la classe de primaire qui vire au chaos total. 

Pour impressionner les garçons et filles, il va commencer à se mettre en scène dans une histoire improvisée de braquage, employant son sens de l'improvisation pour construire au fur et à mesure un récit qui bascule dans le n'importe quoi. Evidemment, l'imagination de Woodley dépasse les limites du réalisme et la scène s'enlise dans une séquence beaucoup trop longue et pathétique qui tire un peu trop profit des capacités physiques du comédien. Si l'épisode est plutôt bon, son imaginaire manque de la touche de poésie qui ferait la différence et constitue un spectacle assez pathétique, posant juste les éléments nécessaires pour la suite du récit. 

Son histoire malgré ses incohérences remporte un fort succès, permettant à Frank d'enfiler un costume de héros, certain qu'une telle posture lui assurera l'admiration inconditionnelle d'Ollie. Evidemment, le retour à la réalité va être particulièrement brutal, avec l'irruption d'un groupe de casseurs qui commencent à taguer et à dégrader l'école primaire. Un rebondissement prévisible qui va servir de base à une suite de sketchs corrects, reposant plus sur les effets de surprise que le comique de répétition habituel.  

 

La frontière entre la honte et la fierté

 

A vouloir gagner l'admiration de sa fille, Frank finit évidemment par devenir la victime de ses propres mensonges, l'épisode s'amusant à tourner en ridicule l'histoire qu'il avait raconté aux enfants en montrant sa propre lâcheté. Le scénario vire alors à l'exercice d'humiliation publique du personnage de Woodley, son adresse se transformant en maladresse chronique lors d'une séquence où il ne parvient pas à ouvrir la porte à cause tout en gardant la maîtrise de sa matraque et sa casquette. Une séquence qui évite les habituelles lourdeurs de la série, décomposant lentement un personnage qui ne peut aller contre sa nature.

Frank n'est pas un héros, juste un être humain pris dans une mauvaise spirale, cherchant à retrouver une confiance en lui que son divorce a totalement réduit à néant. Son dernier espoir reste d'obtenir l'admiration de sa fille, sauf qu'il se méprend sur les conditions pour l'obtenir, croyant que l'enthousiasme de ses camarades de classe puisse être la clé pour ramener cette fierté qui tendait à disparaître. Alors que la raison qui lui a fait perdre sa famille est son incapacité à se montrer responsable, soit tout le contraire de ce qu'il fait en mentant ainsi à tous les élèves.

Cette question du rapport père - fille va être malheureusement peu exploitée une fois son humiliation totale, les auteurs préférant se concentrer sur la guerre entre Franck et ce groupe des trois casseurs. L'occasion de placer le héros dans un rôle de justicier et de montrer sa propre frustration face à son incapacité à se définir en tant que père et à accepter sa nature rêveuse et décalée. Coupable de vouloir toujours en faire trop, Frank subit finalement l'inévitable retour de bâton, chacune de ses tentatives pour s'affirmer par la violence lui revenant instantanément à la figure.

 

 

Mon père, ce zéro 

 

Si l'épisode est amusant, c'est parce qu'il repose sur un concept original, à savoir que chaque geste d'agacement de Frank lui revient fatalement à la figure, l'obligeant à employer la ruse pour empêcher le saccage de l'école. L'épisode verse alors dans le comique de situation simpliste, mais efficace, délaissant la poésie du début de saison au profit d'une intrigue bien rythmée. Sans chercher la moindre vraisemblance, Woodley prouve qu'il peut être un justicier malgré sa nature et profiter de la bêtise des trois voyous pour les prendre dans un piège plutôt malin. 

L'occasion pour lui de comprendre que chaque être humain peut devenir un héros à sa manière qui consiste à tirer profit de ses propres compétences. L'image populaire du justicier viril laisse place à une image typique de la comédie, celle d'un homme qui se montre suffisamment malin pour rendre impuissant la barbarie en retournant leurs armes contre eux. Un classique du burlesque plutôt bien exécuté, même si l'ensemble manque de cette petite touche de crédibilité qui en ferait un épisode réellement convaincant. 

L'univers de Woodley n'a malheureusement rien de réel dans cet épisode, basculant dans le fantasme total et raconte l'histoire d'un homme endormi dont le réveil s'avère pour le moins brutal, découvrant trop tard du fossé qui s'est creusé entre lui et ses proches. Essayant de son mieux de devenir un adulte responsable, Franck est pris au piège de sa nature, emporté par sa tendance à fuir le réel pour un monde qui lui est personnel où il peut nier la tragédie de son existence. Ce qui manque alors à la série, ce sont ces moments où le réel rejoint la fantaisie du héros, instant poétique malheureusement totalement absent de ce "Dad's Day" assez improbable. 

 

Une mécanique mieux pensée

 

Un des reproches récurrents dans cette première saison de Woodley concerne le rythme de certains gags, le comique australien abusant du comique de situation parfois jusqu'au mauvais goût. Ici, l'acteur vedette abandonne ce registre pour montrer sa capacité à proposer des gags reposant sur le principe d'action - réaction, subissant les conséquences de ses tentatives à vouloir mentir sur sa nature profonde. Plus rapide et avec moins de longueurs que les précédents, un récit qui profite de l'expressivité et des qualités physiques du comédien, mais perd une part de l'originalité de son univers.

En conclusion, un bon épisode qui privilégie l'efficacité aux constructions complexes et souvent stériles, offrant une opposition amusante entre le héros et trois voyous venus dégrader l'école primaire. Un épisode intéressant, mais qui laisse un peu trop Ollie de côté, la vedette dévorant une nouvelle fois tout l'espace par son talent de mime et de cascadeur. Du bon comique burlesque, certes sans génie, mais avec assez d'efficacité dans son deuxième acte pour déclencher quelques rires francs et sincères.

 

J'aime :

  •  la scène très drôle où il se présente aux enfants
  •  plusieurs gags amusants
  •  la chute ingénieuse

 

Je n'aime pas :

  •  la séquence de rêve où il raconte ses exploits de policier
  •  assez prévisible et classique
  •  le peu de place laissé à Ollie

 

Note : 12 / 20

Un bon épisode particulièrement drôle qui repose sur une dynamique simple et efficace, fournissant un divertissement supérieur aux habitudes du show. Malheureusement, l'ensemble est une nouvelle fois trop centré sur sa vedette et ne parvient pas à renouer sans Ollie avec la poésie du season premiere.

L'auteur

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