L’amitié est un concept plutôt complexe. Il existe énormément de façon d’être ami(e)s. Les meilleur(e)s ami(e)s, les potes, les connaissances. Une constante demeure cependant : dans tout ce bazar de dénomination et de codification, l’amitié homme-femme reste la plus difficile à appréhender.
Précisons déjà qu’il est question d’amitié entre un homme hétérosexuel et une femme hétérosexuelle. Pas que le mouvement LGBT ne m’intéresse pas, ce serait même plutôt le contraire. C’est plutôt que la problématique résidant dans une relation amicale entre des couilles (désolé Lance Amstrong) et des ovaires se définit en un seul mot : les sentiments amoureux (ok ça en fait trois).
Une amitié homme-femme sera très souvent empreinte d’ambiguïté, qui se transforme rapidement en tension sexuelle voire (pauvres fous !) en sentiments amoureux, que les deux protagonistes résoudront ou non. Dès lors on ne parle plus réellement d’amitié, mais de quelque chose d’autre, entre envie de faire des enfants et désir d’aller voir le dernier Marvel au cinéma. Évidemment vous allez me dire : « mais Ras, qu’est-ce que tu fais de la Friendzone ? ». Je vous répondrai que la FZ (on est intimes elle et moi) pose le même problème que la tension sexuelle et des sentiments amoureux, sauf que cette fois c’est unilatéral. Les sentiments sont toujours présents, excepté le fait que t’as qu’une personne qui en a.
Maintenant, puisque vous êtes une bande de petits chenapans, vous allez me demander si les plans cul peuvent être considérés comme une amitié. La réponse est ici plus complexe que cette diablesse de FZ. Un plan cul, grosso modo, ce sont deux personnes qui décident de profiter d’un des grands plaisirs de la vie (avec le forum de SerieAll), no strings attached. Différent du coup d'un soir par son caractère plus ou moins régulier, ici les sentiments (puisque la tension sexuelle a été évacuée) peuvent être absents. On se rapproche déjà plus de la réelle relation amicale. Mais bien évidemment les sentiments ne sont jamais très loin, les salauds.
S’il est difficile d’appréhender la notion d’amitié dans la vie réelle, il n’est pas étonnant de voir que les exemples dans les séries sont rares. Ces dernières recyclent encore et toujours l’ambiguïté des relations homme-femme, notamment parce que l’amitié représente souvent la première marche vers la relation de couple.
Les exemples, bien que rares, sont présents. Par bonté d’esprit et envie de montrer à quel point je n’ai pas de vie j’aime les séries, voici un top 5 des meilleures amitiés homme-femme. Pour vous montrer qu’un miracle est possible sans jamais qu’il n'y ait d’ambiguïtés, alors qu’il y aurait pu en avoir.
Petites précisions cependant :
- J’ai évité de mettre des amitiés lorsqu’un des deux protagonistes est marié. Ainsi au revoir Peggy-Jarvis de Marvel's Agent Carter ou Mozzie-Elizabeth de White Collar.
- J’ai également proscrit celles où les personnes se rencontrent grâce à un autre personnage (souvent leur conjoint de l’époque). Bye bye Lily et Ted d’How I Met Your Mother.
- J’ai enfin éliminé les couples. Bien qu’effectivement on puisse être avec son meilleure ami/sa meilleure amie, ce n’est pas dans l’optique de cet article. Ciao Coach et Tami de Friday Night Lights.
- Enfin quelques amitiés que je ne pourrai développer : Hayley James Scott/Lucas Scott (One Tree Hill) ; Liv Moore/Ravi (iZombie) ; Frank Gallagher/l'alcool (Shameless).
Comme dirait le narrateur de Jane the Virgin, now let’s begin !
5) Melinda May/Phil Coulson (Marvel's Agents of S.H.I.E.L.D)
La relation d’égal à égal par excellence. Deux pointures dans leur domaine, qui savent s’apprécier comme seuls des partenaires de combat le peuvent. Ils tiennent à l’autre, sans pour autant verser dans le sentimentalisme. Ils se protègent l’un l’autre, même si cela occasionne des trahisons. Melinda The Cavalry May et Phil « je suis mort mais je vais quand même bien » Coulson restent ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Lorsque Phil perd un peu la boule – en même temps j’en connais peu qui resteraient normaux avec du sang d’alien dans le corps – c’est Melinda qui veille sur lui. Lorsqu’il rentre en conflit avec l’autre S.H.I.E.L.D, c’est encore la cavalerie qui débarque et qui, malgré les apparences, lutte pour son bien. Et lorsque cette dernière ne va pas bien, c’est Phil qui l’aide à surmonter ses traumatismes passés.
Cette amitié est simple, sans fioriture. Deux personnes qui se soutiendront toujours, malgré les hauts et les bas. Alors que Marvel's Agents of S.H.I.E.L.D aime souvent faire dans le prix de gros en lieu et place de la finesse, le lien unissant Melinda et Phil nous rappelle que c’est dans ses personnages que la série réussit le mieux.
4) Veronica Mars et Wallace Fenel (Veronica Mars)
Espérer une amitié garçon-fille au lycée, c’est comme espérer un bon épisode de The Walking Dead. Tu sais que c’est possible mais très souvent tu te retrouves le bec dans l’eau. Veronica et Wallace représentent l’une des rares exceptions. Leur rencontre n’est pas des plus banales. Wallace est littéralement scotché au mât de son lycée par un gang de motards et ce sera Veronica – alors la paria des lycéens influents – qui viendra le décrocher.
Comme souvent, les deux futurs amis sont très différents. Lui s’intéresse davantage au basket, à la musique et possède un caractère débonnaire – un garçon de son âge quoi – alors qu’elle a comme hobbies d’enquêter et de passer des heures dans sa voiture pour surveiller tous les mauvaises gens de Neptune. Malgré leurs différences, ils se retrouvent souvent à regarder dans la même direction. Wallace se révèlera souvent précieux par son aide lors des enquêtes de Veronica, même si souvent il râlera des incessantes demandes de son amie. Cette dernière, de son côté, aidera Wallace dans des affaires plus proches des préoccupations adolescentes.
Leur amitié n’est pas sans nuage. Veronica peut se révéler égocentrique, ce qui entrainera le départ temporaire de Wallace en deuxième saison. Les choses s’arrangent par la suite mais la troisième saison, en plus de nous priver de discussions père-fille, ne réunit plus vraiment Wallace et Veronica, qui s’éloignent un peu l’un de l’autre, chacun absorbé par ses problèmes. Le film réparera légèrement ce problème, et c’est l’une de ses grandes qualités. Les deux marchent mieux l’un avec l’autre et Veronica Mars également.
3) Sarah Walker et John Casey (Chuck)
Chuck est ma série favorite all time. Elle me permet de ressentir des choses que peu de séries arrivent à me faire ressentir (pas dans ce sens-là, bande de pervers). Au milieu des aventures du geek au grand cœur, une amitié prend une place discrète mais néanmoins importante. La belle espionne Sarah Walker (Yvonne Strahovski est au même niveau que Bridget Regan à mes yeux) et le grognon John Casey avaient tout pour être ennemis au départ. Appartenant à des organisations rivales (CIA et NSA), ils avaient déjà eu l’occasion de faire connaissance sur plusieurs affaires pré-Chuck. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne s’était pas extrêmement bien déroulé. Faut dire que Casey, dans sa finesse légendaire, a tué – enfin c’est ce qu’il croyait – l’ex de Sarah, Bryce Larkin (Matt Bomer, cœur cœur). Effectivement il y avait peu de chances que des sentiments amoureux existent entre les deux mais bon, y a déjà eu plus surprenant.
Au contact de Chuck cependant, les deux anciens ennemis vont progressivement apprendre à se faire confiance et même – oh diantre – s’apprécier. Ils s’adoucissent, laissent quelque peu tomber leur garde devant ce grand benêt qui n'a aucune idée de ce qu’implique être un espion. Désormais ils sont partenaires, et le reconnaissent. Ils vont alors développer une amitié qui est bien plus forte que ce qu’il n’y paraît. Maintes et maintes fois, l’un d’entre eux aidera l’autre à se sortir de situations compliquées, que ce soit au niveau de l’espionnage ou au niveau sentimental – John Casey, le plus gros shipper de Charah depuis un certain RasAlGhul. La marque des vrais, mais surtout des grands amis.
2) Penny et Sheldon Cooper (The Big Bang Theory)
Le cliché du nerd et de la belle blonde a souvent été utilisé dans les séries (coucou Chuck). The Big Bang Theory dépoussiéra le concept, ainsi que certains clichés, et se révéla novatrice dans ses premières saisons. Si désormais la série s’enfonce dans la routine et la médiocrité (une spécialité Chuck Lorre), une qualité subsiste toujours : l’amitié improbable entre Penny et Sheldon Cooper, le moins au courant des normes sociales de la bande de nerds.
Ils habitent l’un en face de l’autre (Sheldon habite lui avec Léonard, amoureux de Penny dès le premier regard) et Penny va rapidement comprendre qu’elle a affaire à un spécimen. Sheldon ne peut s’empêcher de faire des remarques blessantes à l’encontre de Penny, mais elle ne va pas s’en laisser compter. Démarre alors une amitié rocambolesque, au commencement majoritairement basée sur l’humour. Elle va cependant évoluer en quelque chose de plus intime, Penny apprenant à comprendre et même réellement apprécier Sheldon, qui lui-même reconnaît le bien que Penny lui apporte. Les deux s’allieront maintes et maintes fois – notamment contre ce pauvre Léonard – et la situation ne changera pas, même lorsque Penny et Léonard seront en plein will they ? won’t they ?. Une vraie relation de confiance s’installe, mais jamais de sentiments amoureux. Si cela peut paraître normal, la huitième saison possède un épisode où les deux personnages font le test qui permet de faire tomber amoureux en 36 questions. Si des sentiments commencent à poindre, notamment du côté de Penny (parce que c’est une femme donc, selon la logique scénaristique, elle se doit d’être celle qui a des sentiments pour le mâle… oui c’est du Chuck Lorre hein, pas du Virginie Despentes), Sheldon reste tellement lui-même qu’elle revient rapidement à la raison. Il n’en reste pas moins que ces deux-là possèdent l’une des amitiés homme-femme les plus solides de la télévision, et qu’elle a donné lieu à l’un des meilleurs running gag de ces dernières années.
1) Leslie Knope et Ron Swanson (Parks and Recreation)
Une des meilleures sitcoms que j’ai pu voir, six saisons de bonheur (tout comme la saison 2 de Friday Night Lights, la saison 1 de Parks and Recreation n’a jamais existé), Parks and Rec a envoyé du lourd. Les aventures satirico-politiques du service des parcs de Pawnee, Indiana, passaient très souvent par l’impératrice-légèrement chiante sur les bords-tyran-enthousiaste-j’ai déjà dit chiante ? Leslie Knope. À l’opposé se trouve Ron Swanson, l’Homme dans toute sa splendeur. Il déteste le gouvernement, elle ne jure que par ça. Il est ronchon, elle est toujours la première à encourager les autres. Il est fier de ne rien faire de ses journées, elle prend plaisir à réaliser le plus de projets dans une seule et même journée. J’arrête l’hagiographie, vous m’avez compris.
C’est le côté opposites do attract qui rend cette amitié si belle. Ron est le patron de Leslie, mais c’est davantage celui qui lui a mis le pied à l’étrier. Pour elle, Ron demeure l’homme qui, par sa fainéantise et son envie de dire non à tout, a permis à Leslie de se former et de s’étalonner. Pour ensuite devenir la femme politique à succès que connaissent les aficionados de Parks and Rec. De son côté, et même s’il s’en est longtemps caché, Ron admire Leslie, son abnégation et sa capacité à trouver du positif dans tout ce qui lui tombe dessus. Il sera toujours là pour l’épauler, même lorsqu’il s’agit de faire du boulot gouvernemental.
La saison 7 débute avec Leslie et Ron fâchés pour une raison inconnue. Au fur et à mesure que les indices s’accumulent, l’on commence à comprendre le pourquoi du comment, avant que Ron décide de lâcher le morceau : Leslie lui a promis un petit-déjeuner auquel elle n’est jamais venue. Pour d’autres personnes ce comportement pourrait être perçu comme petit et disproportionné ; pour un personnage comme Ron, c’est le signe ultime d’amitié. Tout se finira bien lors du meilleur épisode de la série (Leslie and Ron, pour les curieux), avec les deux amis partis manger un petit-déjeuner chez JJ’s Diner.
RasAlGhul
