Pourquoi BrainDead est une meilleure série que la trop surestimée Stranger Things : le versus qui défonce

Le 03 octobre 2016 à 12:54  |  ~ 13 minutes de lecture
Ça c’est du titre !

Pourquoi BrainDead est une meilleure série que la trop surestimée Stranger Things : le versus qui défonce

~ 13 minutes de lecture
Ça c’est du titre !
Par nicknackpadiwak

Les années 80 sont de retour, c’est trop canon, de la balle et top fun ! J’hallucine grave c’est tip top.

Un déferlement d’expressions un rien ringardes et nazes pour un fait évident. Cette période, commencée le 1er janvier 1980 pour se terminer le 31 décembre 1989 (environ, on n’est pas à une carotte près) revient trop à la mode et après la musique ou le cinéma, c'est au tour des séries de succomber à ce phénomène : Dead of Summer, The Americans, Hap and Leonard, Halt and Catch Fire, Wicked City, Wet Hot American Summer pour ne citer que celles-ci.

Mais pourquoi ? Je vais avancer une explication, si vous le permettez. Il s’agit selon moi de la conséquence d’un sentiment de nostalgie envers une époque où tout semblait possible, une sorte de fuite de notre réalité, qui en plus correspond pour beaucoup à notre jeunesse donc à une forme de croyance optimiste en un monde bon et meilleur. Ainsi, se replonger dans cette décennie, même indirectement, permet de retrouver succinctement cette forme d’insouciance. Et le plus étonnant est que ce sentiment qui se cristallise sur ces dix années englobe même ceux qui n’y ont jamais vécu. Du coup je suis souvent stupéfait de voir en soirée des jeunes nés en 1990 demander de danser sur les musiques de cette époque, alors qu’ils n’y étaient même pas encore nés. Et ne venez pas me dire que c’est pour la qualité des chansons ! Ce n’est pas possible, je n’y crois pas. Vous me mentiriez.

Et justement, cette nostalgie semble oublier que cette période ne fut pas toute rose, loin s’en faut, car c’était aussi le début du capitalisme sauvage, du duo venu de l’Enfer Reagan-Thatcher, de la guerre en Afghanistan, de l’expansion du Sida, du drame du Heysel, de Tchernobyl et surtout de l’hégémonie d’un look esthétique atroce.

 

photo du groupe Europe

Non mais franchement, les gars.

 

Mais bon, les faits sont là : les eighties sont à la mode. Ainsi deux séries, cet été, ont surfé sur cette vague. Directement pour Stranger Things, moins frontalement pour BrainDead, mais les thématiques et le fait que les extra-terrestres vouent une passion pour la chanson des Cars permet un parallèle. Et si BrainDead a eu une diffusion discrète, voire confidentielle, c’est un concert de louanges qui sont tombées sur Stranger Things.

Et bah moi, j’affirme : BrainDead est une meilleure nouveauté que Stranger Things ! Démonstration en quelques points.

 

Image du versus BrainDead/Stranger Things

 

 

Là où BrainDead est supérieure à Stranger Things

 

Le déroulement de l’action

 

Ici, on a deux types totalement opposés de développements scénaristiques qui, dans la logique, auraient dû bénéficier à Stranger Things.

Car dans BrainDead, dès le pilote, tout est dit. On comprend qu’il s’agit d’une invasion de fourmis extraterrestres qui entrent dans le cerveau des personnes pour les contrôler et que ces insectes s’attaquent prioritairement aux personnes en place dans les arcanes du pouvoir. Voilà, il n’y a plus qu’à attendre que les personnages découvrent la vérité et combattent les formicidés.

Dans Stranger Things, un gamin disparaît mystérieusement tandis qu’une gamine avec des pouvoirs extraordinaires apparaît tout aussi mystérieusement. Une troupe de gamins, un flic alcoolique, un ado un peu freaky et la mère du disparu commencent à réaliser qu’il se passe des choses bien étranges et difficilement explicables. L’avantage de ce genre de récit est que nous, spectateurs, sommes au même niveau que les personnages, avançons dans le brouillard et découvrons les indices simultanément. Malheureusement, très vite ce brouillard se révèle être une petite brume matinale et on comprend rapidement de quoi il retourne, soit la sempiternelle expérience scientifique qui a mal tourné. Très eighties certes, mais niveau originalité, on repassera.

Donc bien qu’handicapée par son schéma, BrainDead manœuvre mieux sa barque en enrichissant sa mythologie de base, tandis que Stranger Things, au bout de deux épisodes, a quasiment déjà tout révélé. Et toc.

 

Stranger Things, les gamins sur dés vélos

Stranger Things : allez hop, on y va, en route pour l'aventure.

 

Le personnage qui découvre la vérité

 

Il y a toujours ce personnage, à la fonction pas évidente, celui qui découvre la vérité avant tout le monde et se bat pour la propager, au risque de passer pour un fou.

BrainDead : ici il s’appelle Gustav et est interprété par Johnny Ray Gill. Déjà remarqué en troublant voisin de cellule dans Rectify, l’acteur excelle. Légèrement excentrique, parano et gaffeur, sans jamais être lourd ou pénible, Gustav est un modèle d’équilibre, un personnage à montrer dans toutes les écoles de journalisme.

Stranger Things : là c’est Winona Ryder qui joue le rôle de la mère de Will, le gamin enlevé, et l’actrice prend une autre option totalement différente, celle du surjeu permanent et fatigant, de l’hystérie, du cabotinage en roue libre, des grimaces, des roulements d'yeux. Voir une actrice que j’ai tant aimée dans Edward aux Mains d’Argent de Burton sombrer dans l’outrance et le gênant, lors de la scène des guirlandes, m’a fait vraiment mal au cu..cœur.

Pour résumer, quand Gus est absent d’un épisode, celui-ci est directement moins bien et quand Winona apparaît on se dit que ce n’est pas possible de se laisser aller comme ça…

 

Winona Ryder qui grimace dans Stranger Things

Winona toute en sobriété.

 

L’humour

 

Stranger Things est sérieuse comme un pape sur un chiotte. À la rigueur, quelques fantaisies du gros gamin sans dents peuvent faire sourire les plus indulgents, mais cela s’arrête là. Étonnant pour un tel sujet qui prêtait le flan au deuxième degré.

BrainDead, au contraire, bénéficie d’un ton léger, toujours prompt à amuser la galerie et il y a de très bons gags (la différence entre la noyade et l’immersion prolongée). Et surtout la série sort une idée de génie : les previously sont chantés et résument les événements sur un ton ironique, voire parfois délirant (l’épisode 11).

Donc une idée drôle et bien exploitée qui donne envie de ne pas manquer le début, contre le néant niveau zygomatiques.

 

Les méchants

 

Stranger Things : ici le manichéisme est à l'honneur et les méchants sont très méchants. Leur chef joué par Matthew Modine est un doudou-vilain scientifique, une silhouette aux cheveux blancs, quasi muette, sans aucun background et conforme au schéma classique des films eighties. Mais le bougre a des comportements pas toujours cohérents : capable de tuer un pauvre type qui a eu la malchance de s'occuper d'Eleven (la fille aux pouvoirs) deux minutes, mais qui laisse plus tard un flic et une mère éplorée pénétrer dans le monde obscur sans surveillance, leur laissant même armes et combinaisons. Un peu bipolaire, le mec.

BrainDead : les méchants sont des monstres d’un autre type, peut-être le pire : les politiciens. Et la série n'y va pas avec le dos de la cuillère avec le monde politique en décrivant un panier de crabes menteurs, arrogants, prêts à toutes les combines et trahisons pour leur propre carrière. De ce lot, Red Wheatus est le chef, un républicain infecté par les insectes. C'est Tony Shalhoub qui l'interprète et il s'est éclaté à jouer ce politicien agité, colérique, égocentrique et menteur.

D’un côté un pantin, de l’autre Monk qui interprète Nicolas Sarkozy, dois-je vraiment finir cette phrase ?

 

Red en 1er plan avec Gareth en arrière

Des politiciens comme il n'en existe que trop.

 

La dénonciation

 

BrainDead : la série suit l’actualité américaine en quasi direct, au point de devenir troublante. Elle évoque le duel Donald Trump/ Hillary Clinton, ainsi qu’un shutdown (arrêt des activités gouvernementales des USA suite à un différend entre les Démocrates et les Républicains, comme cela est arrivé en 2013 et qui a mis 120 000 personnes au chômage).

En plus de charger ses hommes politiques, la série évoque sans fard les mensonges grossiers faits à l'opinion publique pour déclencher des guerres au Moyen-Orient.

On n’est pas loin de la critique acerbe d'Invasion Los Angeles de John Carpenter, chef-d'œuvre où un chômeur découvre que les dirigeants, journalistes ou banquiers sont des extra-terrestres qui ont pris forme humaine. Si cela ne va pas aussi loin que Johnny, qui avait mordu à sang les mollets des USA, c'est quand même assez louable et osé de s'attaquer ainsi à ses dirigeants. BrainDead, une série anarchiste ? Le doute est permis.

Stranger Things : la série se passe dans les années 80 et n’est rien de plus qu’un sage divertissement. Quel pourrait être le message ? Qu'il ne faut pas tenter d'apprivoiser des monstres carnivores venant d’une autre dimension ? Les problèmes dentaires des gamins en surpoids ? Soyons sérieux...

 

Stranger Things, Eleven en train de faire des tests

Fuck Coca.

 

Le faux cliff

 

Il y a toujours (oui toujours, je suis formel) dans une saison un cliff de fou qui clôture un épisode et qui semble tout remettre en cause (mais qui sera vite désamorcé dès l'épisode suivant).

Stranger Things : à la fin de l'épisode trois, on retrouve le cadavre du gamin disparu dans un lac. Stupeur et boule de gomme. Sauf qu’il s'agit en fait d'un faux cadavre, un mannequin rempli de coton. On n'est pas loin du foutage de gueule.

BrainDead : à la fin de l'épisode cinq, des fourmis arrivent à pénétrer dans l'oreille de Laurel, l'héroïne principale. Et BrainDead a le courage de ne pas éluder l'idée : à l’épisode suivant, Laurel devra se battre pour éjecter les insectes de son crâne et finira par trouver la solution miracle : boire de l'alcool, danser et baiser.

Quand je vous dis que la série est cool...

 

Bonus : L’actrice sexy

 

BrainDead : Mary Elizabeth Winstead qui joue le rôle de Laurel, déjà repérée dans Scott Pilgrim où elle incarnait Ramona Flowers, est remarquable et imprègne l’écran. Son alchimie avec Gareth, son adversaire politique dont elle s’amourachera, avec son frère ou ses deux complices, est naturelle. Cette fille est tout simplement talentueuse, mignonne, sexy et malicieuse. J'ai envie de la rencontrer, lui parler, faire des choses cochonnes avec elle, me marier avec elle et lui faire des enfants et re-des choses cochonnes.

Les trois gamins de Stranger Things sont bien loin de procurer chez moi les mêmes émois (qui a dit heureusement ?).

 

Laurel dans BrainDead toute en sourire

Mary, marry me.

 

 

Là où Stranger Things est supérieure à BrainDead

 

Le générique

 

C'est vrai que le générique de Stranger Things claque.

 

 

Conclusion

 

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Sauf que celle de Stranger Things a un goût de formol et se contente paresseusement de réciter ses classiques (voici la vidéo, c'est assez édifiant) de manière automatique, sans passion.

Je vais aller plus loin : le problème de Stranger Things est qu’elle est le symbole des séries diffusées par Netflix, à savoir qu’elles sont prévues pour être binge-watchées et qu'il les faut voir comme de longs films de plusieurs heures, avec des plages de pauses prévues pour les spectateurs, leur permettant de faire autre chose comme la vaisselle, consulter leurs mails, ou faire caca faire une sieste, sans louper grand-chose, car il ne s’y passera rien d’intéressant.

Et la formule fonctionne, car Stranger Things a été renouvelée pour une deuxième saison quasi instantanément (même si pour rappel, le cliché des 80's veut que les suites soient souvent inutiles et superflues), tandis que la trajectoire de BrainDead (déprogrammation, audiences médiocres) sent un peu le sapin.

Et c’est bien dommage car BrainDead mérite mieux tant cette série est géniale, intelligente, drôle et audacieuse.

Bref, ne croyez pas la hype et donnez une chance à une série passionnante et incroyablement réussie, qui vous fera passer du rire aux larmes.

 

Gustav de BrainDead avec des gobelets aux oreilles

Gus de BrainDead prêt pour le combat.

 

 

Gros twist de fin d'article

 

Je vous ai menti.

Il y a pas mal de mauvaise foi et d’exagération dans cet article et dans ma phrase de conclusion.

En vrai, BrainDead n’est pas si parfaite que ça. Il y a même, après une première partie de saison bien rythmée et originale, une énorme chute de la qualité, au point de s’y faire gentiment chier, tandis que Stranger Things comporte des séquences très réussies et un esthétisme très convaincant.

La seule vraie différence est : Stranger Things est sympa sans plus, tandis que BrainDead est pas mal du tout.

Mais j’ai toujours eu un côté David contre Goliath.

Donc voilà.

La semaine prochaine, je vous expliquerai pourquoi Marseille marquera plus durablement l’histoire des séries télévisées que The Sopranos.

Ou pas.

L'auteur

Commentaires

Avatar Altaïr
Altaïr
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