Séries Mania saison 6 : The Récap

Le 02 mai 2015 à 19:00  |  ~ 12 minutes de lecture
Ou comment Serie-All a vu plein de nouvelles séries et plein de gens connus.

Séries Mania saison 6 : The Récap

~ 12 minutes de lecture
Ou comment Serie-All a vu plein de nouvelles séries et plein de gens connus.
Par Antofisherb

Serie-All article spécial

 

Peut-être n'étiez pas vous au courant, mais la semaine dernière avait lieu la sixième édition du festival parisien, Séries Mania, événement pour lequel Serie-All s'est bien entendu déplacé. Malheureusement, nous n'avons pas pu tout voir, mais voici une petite présentation non exhaustive des choses intéressantes qui se sont déroulées durant cette grosse semaine.

 

 

Les séries diffusées :

 

 

Jordskott

 

 

Jordskott

 

Jordskott est une série dramatique à tendance fantastique suédoise créée par Henrik Björn, qui raconte la difficulté du deuil d'une fille par sa mère sept ans après sa disparition, d'autant plus qu'un jeune garçon vient également de disparaître dans la même forêt.

Je n'ai malheureusement eu l'occasion de voir qu'un seul épisode, mais encore une fois les pays nordiques font preuve d'un savoir-faire certain. En plus d'une qualité de production dont on a l'habitude, une certaine originalité dans la réalisation se fait sentir et même au niveau structurel je crois n'avoir encore jamais vu ça dans une série. La suite est plus classique, mais l'interprétation du rôle principal féminin est impeccable et le cliff final surprend par son changement de ton prometteur. Fort possible qu'on réentende parler de cette série dans quelques mois.

 

Mon avis : À voir (si c'est diffusé en France, un jour).

 


Empire

 

Empire

 

Empire est une série américaine créée par Lee Daniels, réalisateur notamment de Precious (2009) et du Majordome (2013), diffusée sur la Fox. Mais est-ce bien utile de présenter cette série aux audiences records, dont la première saison est déjà terminée outre-Atlantique ? Pour ceux qui n'en ont pas encore entendu parler, sachez qu'il s'agit là d'un pur soap assumé sur le milieu du hip-hop et que la critique du premier épisode est présente ici. Pour ceux qui ont terminé la série, un bilan est disponible par.

Mon avis : À voir, mais à éviter si vous n'aimez pas les soaps.

 

Blue Eyes

 

 

Blue Eyes

 

Blue Eyes est une série suédoise créée par Zoula Pitsiava et Mia Sohlman, qui raconte la montée en puissance d'un parti d'extrême droite dans une petite ville de Suède sous le prisme de plusieurs points de vue, permettant une vision juste et complète du phénomène.

C'est typiquement le genre de séries qu'il faudrait en France et que pourtant on mettra probablement du temps à produire. Surprenante, choquante et tapant par moments très juste, la série n'oublie jamais le côté humain de ses personnages et livre une histoire qui résonne dans l'actualité. Seul défaut, la série n'évite pas quelques poncifs prévisibles et dans les deux épisodes que nous avons pu voir, l'accent est davantage mis sur les réactions que sur le fond du problème, ce qui aurait pu être passionnant.

Mon avis : À voir.

 

 

Le Bureau des Légendes

 

 

Le Bureau des Légendes

 

 

Le Bureau des Légendes est une série française créée par Eric Rochant et diffusée depuis peu sur Canal +, qui raconte la vie d'une section du DGSE chargée d'envoyer des agents sur le terrain, et celle de « Malotru », un agent revenant tout juste d'une mission de six ans à Damas.

Vous en avez probablement déjà entendu parler ou vus les affiches, Le bureau des légendes est la nouvelle série phare de Canal + en ce moment. Mathieu Kassovitz est dans le rôle titre et Eric Rochant, réalisateur notamment des Patriotes (1994) ou de Möbius (2013), est l'officiel "showrunner" de la série. Il faut bien avouer que notre avis sur les deux premiers épisodes est assez mitigé, avec un pilot peu accrocheur qui présente mal ses enjeux, mais un deuxième qui arrive à bien le compléter et donner envie de voir la suite. Les personnages et surtout le lieu en lui-même de l'action sont intéressants, malheureusement les acteurs sont inégaux et les tentatives d'humour tombent à plat une fois sur deux. Surtout, l'écriture n'arrive pas à perdre son tic de fournir des dialogues beaucoup trop explicatifs qui allourdissent l'ensemble.

Mais, la critique de ces deux épisodes vous en dira plus sur le sujet.

 

Mon avis : Pourquoi pas. Quant au débat qui a suivi la projection, il était au final beaucoup plus révélateur sur la difficulté de produire une série sur la DGSE que de la réelle qualité de ladite série.

 

 

Occupied

 

 

Occupied

 

Occupied est une série d'anticipation franco-norvégienne créée par Erik Skjoldbjaerg, prenant place dans un futur proche où la Norvège serait envahie par la Russie pour ses réserves de pétrole.

Séries-Mania proposait le visionnage des quatres premiers épisodes de cette série qui sera diffusé sur Arte à l'automne prochain. J'attendais beaucoup de ce thriller politique. Sans doute un peu trop. Première surprise, la série, comme je le pensais et comme le laissait entendre son générique, ne traite pas du tout des problèmes géopolitiques liés à la gestion de réserves naturelles. Non, il s'agit comme son titre l'indique d'une étude quasi sociologique d'une population sous occupation. On se retrouve ici avec une approche très proche de celle d'Un Village Français.

C'est là où la série se plante. Deux familles sont mis sous les projecteurs : celle d'un journaliste qui tente de démonter les mensonges du premier ministre et celle du garde du corps de ce premier ministre. Jusqu'ici, pas de problème : la série détaille les réactions de chacun face à une situation pareille. Il y a ceux qui résistent, ceux qui collaborent et ceux qui ne savent pas trop où se placer. Ce qui est réussi, c'est que chaque personnage est travaillé par des contradictions internes (par exemple : la femme du journaliste qui dénonce, a un restaurant qui profite grandement de l'arrivée des russes dans son pays). Si la série en était restée là (après tout, pourquoi pas ?), on aurait eu une série à peu près correcte.

Mais, il y a cette volonté chez Erik Skjoldbjaerg et ses scénaristes de dramatiser sa série en créant des rebondissements épisode après épisode. Or, ces soubresauts scénaristiques sont toujours faits en présence des personnages de la série. En fait, dès qu'il se passe un truc important dans le pays, ce sont toujours les mêmes deux personnages qu'on retrouve. Le premier ministre enlevé ? Le garde du corps et le journaliste sont là. Attentat contre une ambassadrice ? Le garde du corps est présent. Un diplomate russe est tué ? C'est devant le restaurant de la femme du journaliste. Un attentat à la bombe ? C'est la voiture du garde du corps qui est visé. Et tout est comme ça.

Le problème d'Occupied est exactement le même que celui de Borgen : la série réduit la géopolitique complexe d'un pays a une poignée réduite de personnages. Et ça, c'est tout sauf crédible et ça nuit terriblement à l'implication du spectateur dans ce qui est une succession de rebondissement de soap. Un peu emmerdant pour une série dont le réalisme est "la responsabilité première" du showrunner selon ses propres termes.

L'avis de Koss : À éviter. Sauf si vous êtes fan de Borgen (dans ce cas-là, je ne peux rien faire pour vous).

 


Les rencontres et conférences :

 

 

Rencontre avec Lee Daniels, créateur d'Empire

 

J'en parlais au début de l'article, Empire est une série qui a fait de véritables cartons d'audiences tout au long de sa saison sans faiblir, il semblait donc intéressant d'entendre son créateur discuter de sa série et de son parcours au sein du festival. Et intéressant, cela fut.

Bien qu'Empire ne soit pas vraiment ma tasse de thé, force est de reconnaître que Lee Daniels est un homme humble et passionnant. Humble par la complicité qu'il arrive à placer entre lui et le public et son regard sur le succès de sa série, passionnant par son passé difficile qu'il raconte avec une lucidité époustouflante et ce qu'il place justement de lui-même dans sa série. Ainsi, plutôt que de faire de sa série une oeuvre militante revendiquée, il cherche avant tout à la replacer comme une extension de lui-même et des problèmes qu'il a connu en tant qu'homme noir et homosexuel, au sein d'une série shakespearienne par essence rappelant plus précisément "Le Roi Lear".

 

Double rencontre avec Matthew Weiner, créateur de Mad Men

 

Matthew Weiner avait déjà fait un tour à Séries Mania il y a quelques années (malheur à moi de ne pas avoir encore connu Mad Men à l'époque), mais la dernière saison de la série d'AMC était un bon prétexte pour qu'il revienne faire une conférence.

Et comme prévu voir Matthew Weiner parler de son parcours, de son expérience sur Mad Men et des films qui l'ont influencé était particulièrement édifiant. L'analyse du season finale de la sixième saison lors de la première rencontre était ainsi un bon moyen d'en connaître un peu plus sur la réalisation de la série, des problèmes liés à la mise en scène et des solutions trouvées au fur et à mesure. La deuxième était davantage un état des lieux de ses références en terme d'images, de narration et de mise en scène. On voit d'ailleurs que les références "évidentes" tels les films de Douglas Sirk n'ont pas été citées contrairement à des films auxquels on ne penserait pas forcément comme « Le conformiste » de Bernardo Bertolucci ou « Toute une vie » de Claude Lelouch. De là à dire que Mad Men est une série pour cinéphile, c'est peut-être une question qui mériterait de se poser.

 

Conférence sur The Leftovers : Une série philosophique ?

 

En général, je me méfie un peu de ce genre de conférences : bien souvent, ça parle pour ne rien dire ou alors on n'en apprend pas beaucoup plus sur la série si on est déjà bien connaisseur. Et pourtant, j'ai trouvé celle-ci très intéressante d'une part car les deux points de vue échangés ont permis une analyse particulièrement poussée de la série et d'autre part car la mise en rapport de The Leftovers avec Lost était ici certes attendue mais très éclairante sur l'oeuvre que Damon Lindelof est en train de se construire.

En plus donc des analyses pertinentes de Sarah Hatchuel (professeur en littérature et cinéma anglophone) et du puit de connaissances historiques et religieuses qu'est Pacôme Thiellement (essayiste et réalisateur au rire particulièrement bruyant), cette conférence s'est illustrée par des analyses précises de certains passages de cette première saison, du rôle des objets à la psychologie des Guilty Remnants en passant par le sens narratif de la scène d'ouverture. Bref, une conférence à laquelle tout fan de Leftovers aurait eu intérêt à assister. Et si vous voulez en savoir plus sur la série, le bilan sans spoilers de la saison 1 est sur le site.

 

Tous critique de séries ?

 

Et pour finir malgré son rôle d'ouverture du festival, la conférence publique sur la place de la critique de série dans le paysage médiatique actuel était également une conférence intéressante à écouter. De manière étonnante d'ailleurs, tant les discours ont tendance à toujours être les mêmes sur ce genre de débats, mais ici la discussion a su trouver des éléments de réflexion plutôt originaux et bien menés.  À noter par exemple la différence entre la critique de cinéma et de série, de quelle manière prend forme la séparation entre critique professionnelle et amateure, la place du piratage dans le visionnage des critiques professionnels ou encore si des écrits ont fait date dans l'histoire de la critique sérielle.

 

 

Et voilà, c'était tout pour cette année. Bien sûr, nous aurions aimé voir plus de séries et quelques conférences supplémentaires, mais ce festival fût en tout cas vraiment un bon cru qui je l'espère attirera de plus en plus de monde !

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