"Zombie", analyse du motif

Le 30 novembre 2014 à 21:03  |  ~ 15 minutes de lecture
La "créature" est-elle le miroir de l'homme ? Quelle fonction occupe le zombie dans ce monde post apocalyptique ? Voici une analyse du motif au sein de trois séries : The Walking Dead, Z Nation et Death Valley.
Par Charlene2

"Zombie", analyse du motif

~ 15 minutes de lecture
La "créature" est-elle le miroir de l'homme ? Quelle fonction occupe le zombie dans ce monde post apocalyptique ? Voici une analyse du motif au sein de trois séries : The Walking Dead, Z Nation et Death Valley.
Par Charlene2

L'équipe du capitaine Dashell

 

Les premiers zombies sont apparus sur grand écran dans les années 30 sous la direction de Victor Halperin. Ses films mettaient en scène des croyances vaudou. À l'aide de puissantes drogues, le sorcier pouvait contrôler un être humain, le rendre docile. Le motif a évolué dans les années 60 avec les films de Georges Romero. Dans La nuit des morts vivants, le zombie n’est plus un homme sous l’emprise d’un charme mais un cadavre revenu à la vie et qui tente de dévorer ses semblables. La créature se mue dans les années 80 à l'image de Braindead de Peter Jackson où l'on apprend que la transformation en zombie est due à un virus. Des années plus tard, la créature peut courir et faire preuve d'une extrême brutalité. Le processus de transformation s'est finalement normalisé sur le petit écran.

Il n'est pas question de s'attarder sur l'historique du motif «zombie» mais sur la forme et la fonction qu'il occupe dans trois séries : The Walking Dead, Death Valley et Z Nation. Je précise ici aux seriéphiles et aux passionnés de l'univers «zombie» qu'il s'agit d'une analyse subjective et non exhaustive.

Faisons tout d'abord un bref résumé de nos trois œuvres télévisuelles. Death Valley raconte le quotidien d'une unité de police, chargée de faire régner l'ordre dans la vallée de San Fernando, à Los Angeles, envahie par des zombies, des vampires et des loups-garous. De leurs côtés, Z Nation et The Walking Dead se penche sur la vie d'un groupe de survivants.

 

Le zombie : miroir de l'Homme ?

 

Maxime Coulombe est l'auteur de Petite philosophie du Zombie. Dans son ouvrage, il affirme ceci: «si le zombie sait si bien figurer nos peurs, nos angoisses, c’est qu’il nous ressemble : il est à quelques détails près un homme ». Et si le zombie était le miroir de l'Homme ? Pourrait il être le versant de l'être humain ?  Dans The Walking Dead, la présence du «zombie» déclenche sans cesse chez l'homme une pulsion animale. Par définition, il est vrai,  l'être humain est un animal raisonnable. Toutefois au contact du «monstre», l'homme transformé par la raison est ici aveuglé par la passion. Le mort-vivant permet ainsi à l'individu de développer son instinct de survie mais aussi de le désinhiber. Sa peur de mourir justifie ses actes de cruauté pour préserver son futur. Les émotions disparaissent au profit de la faim, comme chez un zombie.

Le «monstre» représenté dans la série prolonge également sa similitude avec l'homme par son évolution. Il est inutile ici d'entreprendre un exposé détaillé sur le théorie de Darwin. Nous sommes d'accord sur ce point : l'être humain est en constante évolution. Depuis une dizaine d’années, un nouveau type de zombies domine le petit et grand écran : la créature peut courir (28 jours plus tard). En effet, cette nouvelle forme de motricité n’était pas présente dans les cas précédents. Dans Death Valley, un zombie est plus puissant à l'aube de sa transformation. Il court, saute et bouge rapidement. Puis, quelques semaines plus tard, on le retrouve errant dans les rues de Los Angeles avant d'exploser. Dans une des séquences du show crée par Eric Weinberg, un des membres de l'équipe du capitaine Dashell reçoit un appel. Voici un extrait de la conversation :

          _   What was that call about? (C'était quoi ce coup de fil  ?)
          _   Some teens are beating up a slow-walker. (Des ados tabassent un homme qui marche lentement.
          _   A zombie? (Un zombie ?)
          _   No, just an unusually slow walker. (Non, juste un mec anormalement lent.) .


Cette même évolution est aussi visible dans Z Nation. Dans l'épisode 2, Fracking Zombie, Mack et Addy tentent de faire diversion pour que le reste du groupe puisse s'approcher de la pompe à essence. Ils attirent le plus grand nombre de  monstres sur une passerelle. Entourés de zombies, nos deux héros réussissent sans difficulté à contenir les assauts de leurs agresseurs. Les «zombies» sont pratiquement inoffensifs.

 

Le zombie : l'instrument de l'Homme ?  


Michonne et ses anges gardiens

 

Dans l'univers de The Walking Dead, Death Valley et Z Nation, l'homme est envahi par les zombies. Pour faciliter son quotidien, il décide d'utiliser le mort-vivant en l'instrumentalisant. Pour Death Valley, le monstre peut servir de distraction ou exutoire. En effet, lorsqu'un membre de l'équipe du capitaine Dashelle sont sous pression, il se défoule sur des zombies pendant son temps de travail. Le monstre peut être aussi utilisé comme bouclier. Dans la série de Robert Kirkman, Michonne traverse les bois aux côtés de deux zombies pour ne pas se faire remarquer. Puis dans le season premiere de la saison 5, Carol choisit de recouvrir ses vêtements avec le sang provenant de morts-vivants. Autre utilisation possible : l'appât. Le groupe de survivants de Z Nation perd son véhicule après avoir été braqué par des hommes violents. Les voleurs ont enchaîné les monstres puis les ont placé sur la route, barrant ainsi le passage aux héros.

 

 Les zombies : complices d'un braquage


Dans ses films, Georges Romero se servait avant tout des zombies pour établir une critique de la politique et de la société. Le motif était utilisé comme une métaphore. Dans le film Zombie par exemple, les morts-vivants hébétés circulent dans le centre commercial. Cette scène renvoie à l’image d'un citoyen lambda aliéné par la société de consommation. L'analyse peut se faire également sur nos trois séries. En effet, bien qu'en situation de crise, nos héros oppressés par le monde qui les entoure utilisent les morts-vivants comme des biens matériels. Tout est utile chez le zombie.

 

Le zombie : membre d'une nouvelle société

 

Dans son ouvrage, Zombie: le mort-vivant autopsié, Amélie Pépin dépeint le zombie comme une créature lente, stupide et désarticulée avant son évolution récente. Selon l'auteure,  «un seul zombie n’est pas vraiment capable de s’emparer de sa victime. Il faut toute une horde pour semer la panique. »  Ainsi, au fil du temps, le nombre de zombies croît et le mort-vivant devient majoritaire. Cette analyse ne se fait qu'au sein de TWD et Z Nation.

Le zombie prend « naturellement » le contrôle de ce monde fictif. Amélie Pépin explique également dans son livre que «chaque histoire de zombies va renverser les pôles du monstrueux et du normal : devenus rares, les survivants humains deviennent marginalisés tandis que les zombies majoritaires dominent la terre et seront désormais la norme». Si nous poussons davantage l'analyse, nous pouvons supposer que le zombie est un membre d'une nouvelle société conçue accidentellement par la propagation d'un virus. Il n'est cependant pas considéré comme un humain. Il créait néanmoins un nouveau mode de vie ou l'individu peut vivre avec ou sans un groupe. Un modèle qui ne peut être appliqué par l'homme car le vivant ne peut vivre seul. Il a besoin de l'autre pour sa survie.

 

L'équipe du capitaine Dashell 2

 

En revanche, le zombie n'est pas majoritaire dans le monde de Death Valley. En effet, l'espérance de vie d'un zombie n'est que de quelques semaines. À l'image d'une plante, le mort-vivant se consume. Dans l'univers créé par Eric Weinberg, les corps des créatures massacrées sont même ramassés par des agents de la municipalité. Les habitants de la Vallée de San Fernando se sont habitués à vivre aux côtés des zombies. Certes, ils ne sont pas respectés mais ils font partis du chaos bien ordonné qui règne dans la ville.

En définitif, le motif "zombie" occupe la fonction que l'homme lui accorde. Bien qu'en surnombre, le mort-vivant reste l'instrument de l'être vivant.

Les premiers zombies sur le grand écran sont apparus dans les années sous la direction de Victor Halperin. Ses films mettaient en scène des croyances vaudou. A l'aide de puissantes drogues, le sorcier pouvait contrôler un être humain, le rendre docile. Le motif a évolué dans les années 60 avec les films de Georges Romero. Dans La nuit des morts vivants. le zombie n’est plus un homme sous l’emprise d’un charme mais un cadavre revenu à la vie. Les morts reviennent à la vie et tente de dévorer ses semblables. La créature se mue dans les années 80 à l'image de Braindead de Peter Jackson. On apprend que la transformation en zombie est due à un virus. Des années plus tard, la créature peut courir et faire preuve d'une extrême brutalité. Le processus de transformation s'est finalement normalisé sur le petit écran.

 

Il n'est pas question de s'attarder sur l'historique du motif «zombie» mais sur la forme et la fonction qu'il occupe dans trois séries : The Walking Dead, Death Valley et Z Nation.

Je précise ici aux seriéphiles et aux passionnés de l'univers «zombie» qu'il s'agit d'une analyse subjective et non exhaustive.

 

Faisons tout d'abord un bref résumé de nos trois œuvres télévisuelles. Death Valley raconte le quotidien d'une unité de police, chargée de faire régner l'ordre dans la vallée de San Fernando, à Los Angeles, envahie par des zombies, des vampires et des loups-garous. De leurs côtés, Z Nation et The Walking se penche sur la vie d'un groupe de survivants.

 

 

Le zombie : miroir de l'Homme ?

 

Maxime Coulombe est l'auteur de Petite philosophie du Zombie. Dans son ouvrage, il affirme ceci: «si le zombie sait si bien figurer nos peurs, nos angoisses, c’est qu’il nous ressemble : il est à quelques détails près un homme ». Et si le zombie était le miroir de l'Homme ? Pourrait il être versant de l'être humain ? Dans The Walking Dead, la présence du «zombie» déclenche sans cesse chez l'homme une pulsion animale. Par définition, il est vrai, l'être humain est un animal raisonnable. Toutefois au contact du «monstre», l'homme transformé par la raison est ici aveuglé par la passion. Le mort-vivant permet ainsi à l'individu de développer son instinct de survie mais aussi de le désinhiber. Sa peur de mourir justifie ses actes de cruauté pour préserver son futur. Les émotions disparaissent au profit de la faim, comme chez un zombie.

 

Photo TWD

 

Le «monstre» représenté dans la série prolonge également sa similitude avec l'homme par son évolution. Il est inutile ici d'entreprendre un exposé détaillé sur le théorie de Darwin. Nous sommes d'accord sur ce point : l'être humain est en constante évolution. Sur le grand écran, depuis une dizaine d’années, un nouveau type de zombies est apparu : ces créatures peuvent courir (28 jours plus tard ), ce qui n’était pas le cas des précédents. Dans la série Death Valley, un zombie est plus puissant à l'aube de sa transformation. Il court, saute et bouge rapidement. Puis, quelques semaines plus tard, on le retrouve errant dans les rues de Los Angeles avant d'exploser. Dans une des séquences du show crée par Eric Weinberg, un des membres de l'équipe du Capitaine Dashell reçoit un appel. Voici un extrait de la conversation :

 

_ What was that call about? (C'était quoi ce coup de fil ?)

_ Some teens are beating up a slow-walker. (Des ados tabassent un homme qui marche lentement.

_ A zombie? (Un zombie ?)

  • No, just an unusually slow walker. (Non, juste un mec anormalement lent.) ».

 

Cette même évolution est aussi visible dans Z Nation. Dans l'épisode 2, Fracking Zombie, Mack et Addy tentent de faire diversion pour que le reste du groupe puisse s'approcher de la pompe à essence. Ils attirent le plus grand nombre de monstres sur une passerelle. Entourés de zombies, nos deux héros réussissent sans difficulté à contenir les assauts de leurs agresseurs. Les «zombies» sont pratiquement inoffensifs.

 

 

Le zombie : l'instrument de l'Homme ?

 

Dans l'univers de The Walking Dead, Death Valley et Z Nation, l'homme est envahit par les zombies. Pour faciliter son quotidien, il décide d'utiliser le mort-vivant en l'instrumentalisant. Pour Death Valley, le monstre peut servir de distraction ou exécutoire. En effet, lorsqu'un membre de l'équipe du capitaine Dashelle sont sous pression, il se défoule sur des zombies sur son temps de travail. Le monstre peut être aussi utilisé comme bouclier. Dans la série de Robert Kirkman, Michonne traverse les bois aux côtés de deux zombies pour ne pas se faire remarquer. Puis dans le season premiere de la saison 5, Carole choisit de recouvrir ses vêtements avec le sang provenant de morts-vivants. Autre utilisation possible : l'appât. Le groupe de survivants de Z Nation perd son véhicule après avoir été braqué par des hommes violents. Les voleurs ont enchaîné les monstres puis les ont placé sur la route, barrant ainsi le passage aux héros.

 

Photo

 

Dans ses films, Georges Romero se servait avant tout les zombies pour établir une critique de la politique et de la société. Le motif était utilisé comme métaphore. Dans le film Zombie par exemple, les morts-vivants hébétés circulent dans le centre commercial. Cette scène renvoie à l’image d'un citoyen lambda aliéné par la société de consommation. Cette analyse peut se faire également sur nos trois séries. En effet, bien qu'en situation de crise, nos héros oppressés par le monde qui les entoure utilisent les morts-vivants comme des biens matériels. Tout est utile chez le zombie.

 

Le zombie : membre d'une nouvelle société

 

Dans son ouvrage, Zombie: le mort-vivant autopsié, Amélie Pépin, dépeint le zombie comme une créature lente, stupide et désarticulé avant son évolution récente. Selon l'auteure, «un seul zombie n’est pas vraiment capable de s’emparer de sa victime. Il faut toute une horde pour semer la panique. » Ainsi, au fil du temps, le nombre de zombies croit et le mort-vivant devient majoritaire. Cette analyse ne se fait qu'au sein de TWD et Z Nation.

 

Le zombie prend « naturellement » le contrôle de ce monde fictif. Amélie Pépin explique également dans son livre que «chaque histoire de zombies va renverser les pôles du monstrueux et du normal : devenus rares, les survivants humains deviennent marginalisés tandis que les zombies majoritaires dominent la terre et seront désormais la norme». Si nous poussons davantage l'analyse, nous pouvons supposer que le zombie est un membre d'une nouvelle société conçue accidentellement par la propagation d'un virus. Il n'est cependant pas considéré comme un humain. Il crée néanmoins un nouveau mode de vie ou l'individu peut vivre avec ou sans un groupe. Un modèle qui ne peut être appliqué par l'homme car le vivant ne peut vivre seul. Il a besoin de l'autre pour sa survie.

 

En revanche, dans l'univers de Death Valley, le zombie n'est pas majoritaire. En effet, l'espérance de vie d'un zombie n'est que de quelques semaines. A l'image d'une plante, le mort-vivant se consume. Dans l'univers de crée par Eric Weinberg, les corps des créatures massacrées sont même ramassés par des agents de la municipalité. Les habitants de la Vallée de San Fernando se sont habitués à vivre aux côtés des zombies. Certes, ils ne sont pas respecter mais ils font partis du chaos bien ordonné qui règne dans la ville.

L'auteur

Commentaires

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
et tu oublies la dernière évolution du zombie: les morts vivants, nouvelle grosse machine à rapporter du fric.....

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