Critique : The X Files 10.05

Le 23 février 2016 à 14:27  |  ~ 8 minutes de lecture
Premier faux pas de cette dixième saison de X-Files. Non pas que l'épisode était mauvais, mais il aurait pu faire largement mieux.
Par arnoglas

Critique : The X Files 10.05

~ 8 minutes de lecture
Premier faux pas de cette dixième saison de X-Files. Non pas que l'épisode était mauvais, mais il aurait pu faire largement mieux.
Par arnoglas

Suite à une attaque terroriste survenue sur le territoire américain, Mulder et Scully sont contactés par deux jeunes agents du FBI pour tenter d’extraire des informations auprès d’un terroriste qui a survécu à l’explosion.

Chris Carter a créé X-Files, c’est son bébé, alors quand il écrit un épisode un peu fou sur les bords, c’est qu’il sait ce qu’il fait… en temps normal. Dire donc que "Babylon" était attendu tel un Messie serait un doux euphémisme. D’après les photos promo et la bande-annonce, cela avait tout l'air d'un épisode très shipper, alors que le synopsis – basé sur une sombre histoire de communication spirituelle – nous faisait penser le contraire. Pourtant, mes attentes n'étaient pas forcément grandes pour ce cinquième épisode. Cependant, "Babylon" déçoit un peu quand on voit ce que les scénaristes avaient entre les mains, et constitue le moins bon chapitre de cette saison.

Il faut mettre au crédit de Chris Carter de constamment chercher à surprendre. Après l’épisode horrifique de la semaine dernière, que précédait un épisode hautement comique, voila un épisode politique et humaniste, dont le discours risque de rebuter plus d’un conservateur. Toutefois, il faut admettre que cet épisode n’est pas un modèle d’écriture, l’audace parasitant parfois un storytelling bancal, l'épisode déstabilise un peu le spectateur avide de paranormal. N'enlevons pas pour autant la volonté de l'épisode de délivrer une réflexion profonde et réfléchie sur les raisons qui poussent de jeunes gens à des situations extrêmes, et il se permet même de remettre à leur place ceux qui voudraient faire des musulmans l’ennemi public numéro 1.

L'affiche de Babylon

 

 

Place aux jeunes

 

Le cold-open de "Babylon" est assez long, et nous plonge dans une atmosphère assez pesante, puisqu’on suit un Musulman se préparant pour quelque chose. En ces temps troubles, on se doute de ses sombres desseins. Dans une scène bien sentie, on est soufflé par la conclusion d’une violence directe, assez rare dans la série. Un discours politique fort, d’autant plus surprenant qu’il vient s’intégrer, encore une fois, dans une saison qui a peu de temps pour marquer son public. Nous retrouvons ainsi Mulder et Scully dans leur sous-sol, et deux nouveaux agents, Miller et Einstein, se présentent à eux. C’est le moment pour Scully de faire référence au pilote dans une ligne de dialogue très nostalgique, mais un peu bancale quand on sait que la première rencontre entre Mulder et Scully a eu lieu en mars 1992, pour un pilote diffusé en septembre 1993. Une incohérence sur laquelle Chris Carter n'est jamais revenu.

Si l’introduction d’un nouveau duo d’inspecteurs laissait envisager le pire, il faut reconnaître que la construction de l’épisode fonctionne plutôt bien sur ce point, leur intégration se faisant sans heurt, même si l’on est en droit de s’interroger sur le devenir potentiel de ces deux inspecteurs dont on se dit tout de même qu’ils ressemblent trop à leurs aînés. Miller et Einstein (joués par Robbie Amell et Lauren Ambrose) sont deux nouveaux agents, qui brouillaient les pistes sur un éventuel spin-off ou un prolongement de X-Files en remplacement de nos chers et vieillissants Mulder et Scully. Beaucoup de nouvelles têtes ont failli éclipser Mulder et Scully. L’agent Spender était vu comme un remplaçant de Mulder en saison 6 et, surtout, Doggett et Reyes ont été les vrais remplaçants de nos deux agents. Il est donc justifié de s’inquiéter de l’importance donnée à ces nouvelles têtes, d’autant qu’ils sont très présents dans cet épisode.

 

X-Files, le chox des générations

 

Cependant, on peut penser que Carter a une idée derrière cet épisode. Pendant les premières minutes, on sent que l’épisode va partir sur une étude de l’identité de la série à travers deux agents, représentant un miroir rajeuni de Mulder et Scully. Mais "Babylon" joue sur des tableaux trop différents, il y a des thématiques brossées qui ne permettent pas une critique juste et définitive de l’épisode. Que les fans de la première heure se rassurent. À l’instar des épisodes précédents, Chris Carter n’oublie jamais de leur glisser des petites attentions bienvenues. Si les clins d’œil manquent parfois de légèreté – les deux jeunes agents sont des copiés-collés de Mulder et Scully, jusque dans leur personnalité – la série se permet un hommage sympathique aux Lone Gunmen. Mitch Pileggi fait un retour trop discret dans le costume de Walter Skinner, et l’on espère seulement que toute la générosité visible depuis le début du revival aboutira à une onzième saison qui saura, et pourra, prendre son temps.

 


Étrange et déroutant

 

Entre terrorisme, au-delà, croyances et ouverture d’esprit, l'épisode est à l’image d’une saison 10 qui falsifie l’identité de la série, en proposant des épisodes coincés entre plusieurs tonalités et thématiques. "Home Again" tranchait dans le vif avec deux histoires qui semblaient différentes, et "Babylon" joint maladroitement des intrigues un peu trop forcées. On passe d’un acte terroriste à un trip hallucinogène peu crédible, qui tranche avec le ton de l’enquête. Même six personnages de l’univers X-Files, dont Einstein, sont ridiculisés et perdent leur charisme, avec cette scène sortie du cerveau un peu trop dérangé de Carter. Le créateur a écrit peu d’épisodes décalés, mais a écrit des chefs-d’œuvre, comme "Prométhée post moderne" (saison 5, en noir et blanc) ou "Les Amants Maudits" (saison 6) qui étaient bien dosés. Il a commis "Doubles" (saison 7) considéré comme un des plus ratés de la série. "Improbable" (saison 9) est un cas étrange.


C'est beau l'amour dans X-Files

 

"Improbable" reste un épisode qui divise les fans. Coup de maître ou coup d’épée dans l’eau, l’épisode rejoint "Babylon" dans la tentative de fournir un script au message fort, mais à l’impact inexistant. En parlant musique, c’est encore surprenant de voir X-Files terminer par une chanson pop connue ("Ho Hey" des Lumineers). On s’était habitué à du Moby en saison 7 ou à des standards. Encore une fois, X-Files pointe son nez vers une modernité un peu accessoire, déroutante, qui réveille notre fibre critique. Ce n’était pas l’un des pires épisodes de la série, mais pas le meilleur de cette saison. Nous sommes pris entre deux courants critiques. La scène finale est plutôt apaisante, comme si la musique donnait un air moderne à la série, une atmosphère détendue et sûre d'elle. Revenir sur une note de poésie avec ce son venu d'ailleurs est peut-être la touche qu'il fallait pour donner un autre regard au message de cet épisode.

L’épisode reste tout de même une proposition audacieuse, au sein d’une saison qui se risque à vouloir trop donner en trop peu de temps. Qu’une série fantastique porte un message aussi audacieux sans en oublier son essence, c’est l'idéal. Il lui manque juste de la rigueur scénaristique, quand la rigueur morale, elle, est de toutes les images. Mais le caractère hautement transgressif de l’ensemble laisse apparaître une force de création qu’il convient de soutenir, pour espérer la voir un jour reprendre sa pleine mesure. "Babylon" est-il un chef-d’œuvre incompris qui sera mieux accueilli dans quelques années ? Est-il un épisode foncièrement raté qui prouve que Carter ne peut pas rivaliser avec Darin Morgan ou Vince Gilligan ?


Un épisode qui démarre avec de bonnes intentions, mais part dans tous les sens pour livrer un résultat parfois incohérent. Le point de départ est audacieux et intéressant, le problème étant que tout finit par dérouter le spectateur à force de vouloir jouer sur tous les tableaux. Toujours est-il que l'on ne s'ennuie pas, en espérant que le season finale – suite directe du season premiere  soit à la hauteur des attentes.


J'ai aimé :

 

  •  Le choc des générations Mulder/Scully - Miller/Einstein.
  •  Une thématique contemporaine et assez bien développée.
  •  Quelques clins d'œil bien placés.

 

Je n'ai pas aimé :

 

  •  Un épisode qui en dit trop pour pas grand chose.
  •  De nombreux passages qui laissent perplexe.
  •  Un manque de rigueur scénaristique.

 

Ma note : 12/20.

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