Une satyre des remakes américains
Je vous mets dans le contexte : un couple talentueux de scénaristes anglais sévit depuis quatre ans avec leur série. Ils remportent tous les prix, ce qui attire forcément un producteur de série américain. Ils acceptent de tourner un remake américain à L.A.. Le problème ? Ils ne peuvent jamais imposer leurs choix et encore moins choisir le casting. C’est ici que l’intrigue prend tout son sens, car l’acteur principal de la future série est Matt LeBlanc, qui joue son propre rôle. Voici le paradoxe : Joey Tribbiani doit reprendre le rôle d’un directeur d’école sophistiqué, élégant, instruit qui s’occupe d’un internat pour garçons anglais…
Le rôle ne lui correspond pas et surtout le personnage n’est pas typique américain. C’est pour cela que Joey impose sa patte en transformant le nom de la série, et le personnage principal devient un entraîneur de Hockey qui s’appelle Pucks (Palet) qui fait des blagues pas marrantes et se fait pourrir par ses élèves.
Autour de cela, on suit le couple d’anglais dans leur nouvelle vie. L'anglais devient le très bon ami de Joey tandis que sa femme le déteste ouvertement.
Plusieurs autres personnages secondaires (voir tertiaires) plutôt décalés tournent autour des trois personnages principaux, ce qui nous offre une bonne variété d’humour.
"Résume très bien l'esprit de la série"
Cette série que nous propose Showtime (Dexter, Californication, Weeds) n’est aucunement une comédie à la Friends ou How I Met Your Mother. Elle n’est pas du tout là pour faire nous faire rire toutes les 20 secondes. Par contre, elle nous fait rire de façon subtile ou complètement assumée (le mythe du 3ème bras de Matt LeBlanc). On y retrouve un humour british très bien associé à un bon humour américain, le tout mis en relief essentiellement par Joey. L’humour de répétition, de situation ou de topic est bien géré et nullement gonflant.
Matt LeBlanc s’en sort admirablement, ca fait tellement plaisir de le retrouver dans un divertissement qui lui va bien. Je ne connaissais pas l’acteur qui joue l’Anglais et j’avoue que c’est pour moi le personnage le plus réussi, qui fait mouche à chaque fois qu’il place une blague. A partir de la moitié de la saison il commence même à mettre des head shot littéraires.
Au rayon des déceptions, je peux comprendre que certains puissent ne pas aimer la série s’ils n’aiment pas l’humour british. Je comprends aussi que l'on soit déçu si l'on s’attend à une pure comédie. Mais là, j’ai déjà prévenu : ce n’est pas ça du tout ! Il faut vraiment prendre la série comme un divertissement qui ne cherche pas à devenir grandiose. C’est une série avec des idées simples mais efficaces.
Un casting qui prône la mixité
Matt Leblanc joue son propre rôle, c'est à dire que dans la série il s'appelle Matt Leblanc. Il est bien l'ancienne star de Friends. Il continue à être mi-Joey mi lui-même. Pour le plaisir des téléspectateurs ou de ses fans directement dans la série il ressort ses "catch-phrase" mythiques.
Ici il est un peu beaucoup gamin, il n'arrive pas à trouver un rôle qui lui convienne, il a besoin d'argent et toujours autant séducteur. On se demande même si la série ne raconte pas sa vie actuelle.
Beverly est la scénariste d'origine de la série anglaise. Elle a toutes les caractéristiques d'une Anglaise pur jus : son langage, son accent, sa façon de s'habiller, elle aime la pluie, elle déteste L.A., elle n'aime pas les Américains.
Elle fait subir à Sean, son mari, pas mal de misère et se défoule sur lui. Elle est jalouse de l'actrice principale, elle ne supporte pas les manières de son producteur et elle peut sortir à tout moment un pétage de plomb envers Matt. Son personnage peut être détestable mais on s'y attache car elle est le complément parfait de son mari et l'opposé de Joey.
Sean est LE personnage principal pour moi. Il est le relais entre Matt et Bev. Il est la subtilité anglaise incarnée. Dès qu'il sort une blague où que je vois sa tête s'illuminer, je deviens fan. Le mec est un Nathan bis, il est capable de sortir des vannes d'une grande efficacité quand il ne faut pas.
Il est inconnu sauf sur son île d'origine mais il peut devenir un très bon acteur comique dans les années à venir. Sa relation avec Matt LeBlanc est unique et fait vraiment plaisir.
Bien sûr il y a quelques personnages secondaires tout aussi efficaces :
- Le producteur qui s'en fout complètement de la série, sa femme est aveugle mais il s'en moque comme pas possible et il se tape sa secrétaire ;
- La secrétaire, qui noue une relation avec Bev, qui est complètement perchée et qui ferait n'importe quoi pour réussir ;
- Le gosse qui donne la réplique à Matt qui le pourrit tout le temps ;
- Morning la bombasse de service qui est le rôle principal féminin du remake, le grand trip c'est de savoir quel âge elle a.
"Même les sous-titres sont très bons"
Au final, le bilan de la première saison est très positif au point que la série a été directement renouvelée au terme de la première saison, qui ne comporte que 7 épisodes (schéma anglais pratique, pas le temps de s’ennuyer avec des stand alone).
Du retour des Friends cette année, j’ai un penchant favorable pour Joey. Un penchant partagé par un bon nombre de personnes, notamment par rapport à Chandler et son Mr Sunshine (bon aussi, mais quelques lacunes apparaissent).
Je vous conseille fortement cette série, 7 épisodes de 25 minutes qui valent le coup, en ces temps de disette 2010/2011, ne crachez pas dessus.
Je noterai cette saison avec un très bon 14.5/20.
Ce que j’ai aimé :
- Matt Leblanc qui joue son propre rôle
- Le mélange de l’humour british subtil et de l’américain rentre-dedans
- Les personnages secondaires tiennent parfaitement leur rôle
- L’Anglais, ses remarques merveilleuses et sa joie d’enfant
- Les explications sur les problèmes des remakes
Ce que je peux reprocher :
- Y’en a une qui a la pire sale gueule que j’ai jamais vu, elle me fait peur
- Le directeur est marrant mais on a vite fait le tour du personnage
- La saison est trop courte et le temps d’attente est trop long