SPOILER. Maintenant que je sais où elle va, je prends encore plus de plaisir à regarder Sam se débattre entre ses souvenirs enfouis, ses fantômes familiers, ses fantasmes et les créations de son subconscient nourri de télé. FIN SPOILER
C'est délicieusement cruel de voir Sam se confronter à un monde dans lequel il n'a pas encore sa place, et qu'il est impuissant, le plus souvent, à changer... Et ses prises de tête avec le chef sont généralement de grands moments.
Dans quel état j'erre ?
Peut-être qu'un petit rappel s'impose pour les lecteurs curieux qui n'auraient pas encore commencé à regarder la série. Sam Tyler (John Simm), un commissaire de police de Manchester, est victime d'un violent accident de la route et se réveille en 1973. Il est toujours flic, dans la même brigade, mais coincé dans un monde et avec des collègues très... old-fashioned !
Sam est-il fou ? Est-il dans le coma ? Voyage-t-il dans le temps ? Même si la première saison ne répond pas entièrement à ces questions, elle donne quelques pistes très sérieuses. Mais pour le personnage principal, et pour nous, la question essentielle est celle-là : Comment Sam peut-il rentrer chez lui ? Que doit-il sacrifier pour y arriver ? Son intégrité ? Son passé ? Son identité ? Le monde dans lequel il est plongé et qui devient de plus en plus réel pour lui ?
Gene Hunt, mon héros
Vue comme ça, Life on mars pourrait n'être qu'une série profondément dramatique, ce qu'elle est..
Mais il y a les bugs. Les moments où les années 70 et 2000 entrent en collision, parfois littéralement. Il y a aussi les moments où Sam perd pied, et cherche à parler à ses contemporains, qui l'attendent là-bas, quelque part en 2006. C'est le plus souvent via la technologie de l'époque (télé, radio, téléphone), dans des scènes parfois totalement surréalistes, voire franchement flippantes. Et la trouille, c'est une sensation qu'on aime, n'est-ce pas ?
Et il y a le Chef. Un personnage « larger than life » : Gene Hunt, the Guv, le supérieur de Sam, un genre d'ogre chaussé de mocassins crème qui jure, boit, gueule, frappe et prend le contrepied du héros, pour la plus grande joie du téléspectateur. C'est lui, flanqué de ses deux acolytes Ray et Chris, qui est à l'origine de la majeure partie de l'humour de la série. C'est encore lui l'antagoniste de Sam, dans la plupart des épisodes. Et c'est finalement lui que l'on adore.
Follow the yellow brick road
Mais malgré le chef, malgré les scènes d'ouverture souvent totalement dingues et drôles, au deuxième visionnage, la série est pour moi plus sombre. Le voyage en pays d'Oz n'a rien de facile pour Sam. Et la série se révèle aussi de moins en moins réaliste, tellement elle est référencée sur l'image des années 70 en Grande-Bretagne, et pas sur la réalité de ces années-là. Pourquoi ? Parce que tout passe par le héros. C'est en lui, par lui et pour lui que l'histoire se développe.
SPOILER. La plupart des scènes et des situations sortent directement des séries télé des années 70, et des frustrations et bonheurs stockés dans le cerveau du héros. Life on mars, ce sont ses années 70 regrettées, rêvées, redoutées. On ne les voit qu'à travers Sam. Et ça c'est bien, c'est bon, c'est juste. J'aime qu'au final, il ne puisse rien faire pour changer son passé, sinon dans sa tête, j'aime qu'il ait construit ce monde, et j'aime (ou j'aurais aimé) un dénouement bien définitif, un saut dans le vide et dans le temps, puis le mot Fin. Sans retour au pub. FIN SPOILER.
Oui, je sais, j'assume, j'en reste à MON interprétation de Life on Mars. L'explication donnée dans Ashes to ashes ne me satisfait pas : trop sentimentale, trop explicative, trop lostienne (je ne sais même pas si ça existe, mais tant pis !), elle ne me laisse pas assez de marge de manoeuvre. Rien pour mon imagination. Et de toute façon, je pense que j'aime moins le spin-off (désolée Flo). L'héroïne n'a pas assez peur, elle ne se pose pas assez de questions, ses relations avec Le Guv sont encore plus répétitives, il n'y a pas assez de conflits (d'un point de vue dramaturgique je veux dire). Et puis je préfère définitivement la musique des 70's.
Tous les chemins mènent au pub
Pour en revenir à Life on Mars, ce deuxième visionnage me pousse à revoir mes notes. Parce que finalement je trouve la première saison vraiment bien construite. Avec un premier climax sur le quatrième épisode, et une nouvelle apothéose sur le septième. Je ne parlerai pas de la musique, parce qu'elle parle d'elle-même, ni de l'accent de de Manchester (moi, j'aime le nord de l'Angleterre), ni des multiples storylines et dialogues qui mènent finalement toujours au même point : le pub. « Beer O' Clock, gentlemen ! »
Oui, l'épisode de la prise d'otage est plus faible. Oui, le final, malgré de grands moments d'émotion, manque de vraisemblance. Oui, Annie est fadasse, avec une voix de petite fille qui ne sait pas articuler, et des yeux de lapin prisonnier des phares d'une Simca. Oui, le barman est un cliché de barman. Mais Life on mars est quand même une putain de bonne série, originale, sincère. Un voyage fou dans lequel on embarque avec le héros, sans regarder en arrière.
Alors c'est sûr, je vais me retrouver avec le syndrome « oui-oui sous ecstasy », mais en même temps, quitte à prendre du temps pour parler série, autant parler de celles qu'on aime, non ?