Je n’attendais pas cette deuxième saison avec impatience. La saison 1 m’avait moyennement plu, tant d’un point de vue intrigues que personnages, mais elle avait suffisamment de potentiel pour que je revienne pour la saison 2. Je n’ai pas lu les comics, ma critique reposera uniquement sur la série.
Apocalypse Now… or in the past ?
La saison 1 s’était terminée sur Cinq qui embarquait sa fratrie dans le passé afin d’empêcher l’apocalypse de 2019. Les membres de l’Umbrella Academy arrivent un par un (sauf Klaus qui reste avec Ben), entre 1960 et 1963, dans la même ruelle à Dallas, au Texas. Cinq étant le dernier, il se retrouve plongé dans une guerre entre l’URSS et les États-Unis. Il voit ses frères et sœurs combattre et mourir dans une apocalypse nucléaire.
Allez, regardons tous le petit nuage nucléaire nous atomiser
Il va voyager dans le temps, chercher les membres de sa famille, essayer de les convaincre de se réunir afin d’empêcher l’apocalypse et… Attendez, c’est pas la saison 1 ? Dès les premières minutes je suis déjà lassée par ce réchauffé, qui va durer pendant … quatre épisodes et demi, soit près de la moitié de la saison. Et, twist incroyable mais vrai, cette apocalypse arrive à cause de… Vanya. Alors ça, je ne l’avais pas du tout vu venir !
En fait si.
Sérieusement, il n’y avait pas mieux à faire que de tout recommencer à une autre époque ? L’intrigue aurait été tellement plus intéressante avec toute la famille réunie et prête à sauver le monde de 2019 dès le premier épisode, sans une chasse aux pokémons membres de l’Umbrella Academy, ni une autre apocalypse à gérer. Nous aurions ainsi eu une vraie évolution des personnages, de leurs pouvoirs et des révélations sur les secrets qui les entourent. La majorité de la saison 2 consiste à reproduire la saison 1 et à donner quelques mini-révélations servant à lancer les intrigues de la saison 3. Je n’apprécie pas du tout ce manque d’équilibre dans une série : c’est une belle vitrine qui cache un magasin vide.
Le fil rouge de la saison, dont le but est toujours d’empêcher l’apocalypse, va se tisser à travers le contexte politique et social de 1963, les liens familiaux et les pouvoirs de l’Umbrella Academy, ainsi que les voyages dans le temps.
Le combat ne fait que commencer
À travers les différents membres de la fratrie, nous pouvons observer les discriminations de l’époque : les femmes prisonnières du patriarcat, la ségrégation raciale, le rejet de l’homosexualité et l’instrumentalisation des personnes ayant un physique jugé monstrueux ou anormal. La première partie de la saison sera plus axée sur ces sujets, qui passeront aux second plan dans la deuxième partie. Klaus va être à la fois bourreau et victime, puisqu’il va monter sa propre secte. Même si la série nous montre cette partie d’un point de vue comique, cela n’en reste pas moins nocif parce qu’il manipule ses fidèles. C’est le personnage qui me fait le plus rire, mais je ne l’apprécie pas plus que ça. Contrairement à Ben qui sort son épingle du jeu avec humour et profondeur.
Je suis quand même contente que la série ait montré ces aspects sociaux de l’époque. Le droit à l’égalité est encore un sujet très présent de nos jours car, comme le souligne Allison, le combat n’est pas fini en 2019. Je reprocherai cependant que les victoires gagnées depuis 1963 n'aient pas été mises en avant, de même que l’espoir toujours présent en 2019 d’en gagner d’autres. De plus, seule Allison va combattre l’injustice, le reste de sa fratrie fuyant ou subissant des humiliations sans se défendre. C’est un personnage fort que je n’apprécie pas toujours, mais dont j’admire le cran.
Non, je ne bougerai pas, y’a Doctor Who à la télé. Comment ça, je dois attendre le 23 novembre ?
Après, je comprends que ce n’est pas forcément le sujet principal de la série et que ça pourrait alourdir le scénario, mais un minimum de combativité de la part de soi-disant super-héros ne ferait pas de mal. Déjà dans la saison 1, je trouvais les membres de l’Umbrella Academy trop passifs. Ce constat se ressent aussi dans les relations qu’ils ont entre eux.
La famille, on la déteste
J’espérais que la saison 2 partirait de ce lien enfin renoué dans le dernier épisode de la saison 1 et qu’il évoluerait. Malheureusement, comme je l’ai décrit plus tôt, il faudra plusieurs épisodes avant de le retrouver (encore plus écorché et empreint de méfiance qu’en saison 1). Ils n’ont pas si mal vécu le fait d’être chacun de leur côté et sont bien contents d’avoir leur propre vie, sans intrusion des autres. Avant l’arrivée de Cinq, il faut croire qu’aucun d’eux n’a vraiment cherché à retrouver les autres (ah si, Luther a crié « Allison » dans la ruelle).
Chacun sa route, chacun son chemin
Luther, Diego et Cinq restent assez fidèles à eux-mêmes. Il y a peu de changement dans leur relation avec les autres. Allison vivra les choses et ses sentiments de manière toujours aussi chaotiques, notamment par rapport à Luther. Malgré leurs réticences, ils vont reformer un semblant d’Umbrella Academy pour sauver le monde. Ils seront quand même très préoccupés par leurs histoires personnelles, au point de rater la première occasion que Cinq leur a offerte de retourner en 2019.
Vanya est encore celle qui reste en dehors du cercle formé par les autres, alors que c’est pourtant ce qui a provoqué la première apocalypse. Ses frères et sœurs n’ont-ils donc rien appris de leurs erreurs ? Surtout qu’elle passe presque toute la saison amnésique, donc c’était peut-être le moment de lui montrer leurs bons côtés et leur amour, pour qu’elle ne se retourne pas contre eux dès qu’elle aurait retrouvé la mémoire. Au lieu de ça, elle va passer la saison à essayer de trouver une nouvelle famille avec Sissy, une mère au foyer malheureuse dont elle va tomber amoureuse, et son fils Harlan, à qui Vanya va transmettre des dons.
J’ai du mal à comprendre ce que veut la série de ses personnages. Ils partent ensemble, réconciliés, avec un but, et dès qu’ils arrivent dans le passé, ils semblent tout faire pour échouer. Même leur tentative de rencontrer leur père pour en tirer de l’aide est tellement maladroite que j’ai eu l’impression qu’ils sabotaient volontairement leur chance. Bon, le but ici était sûrement de gagner du temps pour finir la saison avec le retour en 2019, mais était-ce vraiment nécessaire de laisser les héros dans l’état de zéros qu’ils traînent depuis la saison 1 ?
Comme je le cite un peu plus haut, leur père étant vivant en 1963 ; ils vont le chercher, espérant qu’il pourra les aider à retourner en 2019 et empêcher les apocalypses.
Faut-il sauver le président Kennedy ?
Si vous connaissez un minimum l’histoire américaine, l’association de Dallas et de 1963 devrait vous être familière : le président J.F. Kennedy a été assassiné le 22 novembre 1963. Un drame immense pour l’Amérique, tant il avait fait pour son peuple pendant son mandat. Diego espère en profiter pour le sauver, pendant que les Majestic 12, une société secrète dont fait partie Sir Reginald Hargreeves, semblent préparer ce meurtre, et que la Commission s’assure que cet évènement se déroule comme prévu.
Le père et fondateur de l’Umbrella Academy nous apparaissait sous forme de souvenirs dans la première saison. En 1963, il est en vie et ne connaît pas encore ses enfants (qui sont nés en 1989) et ne fera rien pour les aider. Sir Reginald reste aussi arrogant et antipathique que lors de la saison précédente. Je ne comprends même pas comment ses enfants ont pu espérer qu’il aurait un minimum d’humanité envers eux. Même avec Grace, sa petite amie en 1963, qui est le modèle humain de "Maman", il peut être froid et désagréable. Il y a quand même quelques scènes qui dévoilent la "naissance" de Pogo et son affection grandissante pour Grace, dans lesquelles il semble éprouver des émotions. Grace semble intelligente, douce et gentille. J’aurais aimé que ce personnage soit plus développé et qu’on sache ce qui lui est arrivé.
Nous découvrons finalement que c’était bien l’intention des Majestic 12 de tuer Kennedy, mais pas de Sir Hargreeves. Dans une scène qui nous révèle qu’il n’est pas humain (il enlève son visage et dévoile une tête d’alien), il tue le reste du groupe pour sa trahison. Ça, réellement, je ne l’avais pas vu venir. Mais ça m’a laissé froide, car ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et ça en rajoute tellement au côté "vitrine" de la série.
J’ai envie de changer de tête
Qui est-il vraiment et quelles sont ses motivations ? Pourquoi a-t-il adopté ses enfants ? Est-il à l’origine des immaculées conception et des pouvoirs qui en sont sortis ? J’aurais vraiment apprécié que la série réponde un minimum à ça. Elle semble vouloir gagner du temps pour nous révéler la vérité le plus tard possible. Au final, tout tourne autour du meurtre de Kennedy alors qu'il va juste servir à réunir les personnages pendant la saison, les nouveaux comme les anciens.
L’amour rend aveugle…
Diego va tomber amoureux de Lila, un nouveau personnage, qui se révèlera être la fille adoptive de la Directrice. C’était plutôt une bonne surprise, assez inattendue et bien exploitée durant la saison.
Diego sourit... Il a développé un pouvoir inédit !
Allison essaie de construire un foyer et s’est mariée avec Raymond Chestnut (ah tiens, Vincent de The Originals), un membre du mouvement afro-américain des droits civiques. C’est avec lui qu’elle se lancera dans le combat contre la ségrégation raciale et qu’elle retrouvera la force de se battre et d’utiliser à nouveau son pouvoir.
Klaus essaie d’empêcher son grand amour, Dave, de s’enrôler dans l’armée pour éviter qu'il ne meurt pendant la guerre du Viêt Nam. Cette scène était juste déplorable : comment espérait-il empêcher un jeune homme, qui ne le connaît pas et qui n’assume pas son homosexualité, de rentrer dans l’armée, en lui clamant son amour en public ? Ce n’était ni touchant, ni triste, juste ridicule. Dave va quand même partir guerroyer. Mais peut-être que la présence de Klaus dans le passé le sauvera dans le futur.
Tout est une question de temps
En parlant de voyage dans le temps, revenons aux remous provoqués par nos héros dans la Commission de contrôle du temps. Cette partie de la série est ma préférée : j’aime l’élégance et le côté machiavélique de la Directrice, l’originalité des membres de la Commission et leur organisation. La Directrice va être remplacée pendant sa convalescence par AJ… un poisson dans un bocal relié à un corps d’homme. Elle ne compte pas se laisser faire et fait un marché avec Cinq : s’il tue les membres du Conseil, elle lui fournira une mallette pour retourner en 2019 avec ses frères et sœurs (elle le piège car il n’a que quatre-vingt-dix minutes pour l’utiliser et qu’il n’arrive pas à réunir tout le monde à temps).
Un assassin redoutable… Est-ce qu’on le paie en Kinder Surprise ?
Le conseil mort, elle reprend la direction de la Commission et continue ses manipulations : mentir à sa fille sur le meurtre de ses vrais parents (c’est elle qui l’a commandité) et obtenir ce qu’elle veut de l’Umbrella Academy (comme par exemple Harlan, cet enfant avec des pouvoirs). J’avoue que j’adore la Directrice, malgré le fait que ce soit la méchante. Elle a toujours la classe et la réplique bien placée. J’admire aussi sa capacité à rebondir, son intelligence et son extrême confiance en elle. Nous en apprenons aussi un peu plus sur le rôle d'assassin de Cinq, via des flashbacks et la rencontre entre le Cinq de 1963 et celui de 2019. J'ai trouvé cette dernière idée amusante, mais assez pauvre dans son exécution.
La rébellion règne quand même : Lila va faire entrer Diego au service de la Commission et une partie des employés prépare un coup d’état.
Qui va gagner ? La terrifiante Directrice ou les employés apeurés ?
Après avoir visionné le début du film d’orientation de la Commission (qui est vraiment drôle), Diego va fouiner du côté du standard perpétuel. Il permet de contrôler la chronologie et de gérer toutes les anomalies. Les employés rebelles vont l’utiliser pour aider Diego à voir comment Vanya va provoquer l’apocalypse. Il partira la sauver, ce qui signera la fin de sa (très) courte carrière à la Commission.
Cette pièce m’a intriguée : comment la Commission sait-elle ce qui doit réellement se passer et ce qui a été manipulé par les voyages dans le temps ? Et pourquoi n’empêche-t-elle pas l’Umbrella Academy de rentrer en contact avec leur père en 1963 (sauf s’ils estiment agir en ordonnant ces tentatives ridicules et lentes d’assassinat aux Suédois) ? Ne savent-ils pas la vérité sur lui ou ne le considèrent-ils pas comme une menace ?
Mais la famille, en fait, on l’aime
Finalement c’est Ben, le mort, le seul que tous aiment sans rancœur, qui va être le vrai lien de la fratrie en empêchant Vanya de tout détruire. Il se sacrifie par la même occasion, ce qui rend ce moment touchant et triste.
Oui, je sais, il est déjà mort, mais son fantôme aussi maintenant
Les autres vont aussi montrer leur soutien à leur sœur dans le dernier épisode (enfin !) en l’aidant à sauver sa nouvelle famille (les sentiments de Sissy sont réciproques et Vanya essaiera de leur offrir une nouvelle vie, mais Sissy aura trop peur des dangers qui entourent les Hargreeves pour le bien-être de son fils). La saison 2 apporte finalement une complicité retrouvée de toute la fratrie qui, je l’espère, restera intacte en saison 3. Comment ça je viens de décrire la fin de la saison 1 ? Ah non, cette fois-ci, Vanya ne déclenche pas l’apocalypse et fait partie de la bande. Et Ben est parti…
Dans sa nouvelle version de 2019.
Je pense aussi que le lien en fin de saison 1 était bien plus fragile que celui de la fin de la saison 2. Finalement, ils ont re-construit une vraie famille cette fois-ci. Et ça me plaît, parce que j’aime une Umbrella Academy unie. D’autant plus quand ça leur permet de développer leur pouvoir.
L’Umbrella Academy revient en force
De manière très brouillonne, certains personnages vont voir leurs pouvoirs évoluer. Rien ne sera clairement expliqué, ni développé, ça servira juste le scénario au bon moment. Allison va retrouver ses pouvoirs, sa gorge guérissant miraculeusement bien. Ben va pouvoir "posséder" le corps de Klaus, tandis que Diego va résister aux balles, et que Cinq apprendra à mieux maîtriser ses déplacements dans le temps. Grâce à ça, il va provoquer les éléments permettant au dernier Suédois vivant de tuer la Directrice. Cette décision m’attriste, mais c’était le meilleur moyen d’en finir avec elle. En retrouvant la mémoire, Vanya prendra le contrôle de ses pouvoirs et les utilisera pour sauver tout le monde cette fois-ci. C’était un peu rapide, mais les temps sont durs. Le pire développement de la saison restera Lila, dont les pouvoirs arrivent comme par magie dans le dernier épisode de la saison et qui possède les mêmes que toute la fratrie…
Elle a tous les pouvoirs des X-Men Hargreeves
Si elle est aussi un bébé d’octobre 1989, pourquoi n’a-t-elle pas développé ses propres pouvoirs ? Et pourquoi a-t-elle attendu le dernier épisode pour les utiliser : le scénario a-t-il oublié qu’elle en avait ? Nous n’en saurons pas beaucoup plus sur elle car elle s’enfuira avec une mallette malgré la proposition des Hargreeves de l’inclure dans leur clan. Comme quoi, ils ont vraiment changé sur cet aspect et ça fait plaisir.
I heard a rumor… Super heroes and time travel are reunited for the worst
Comme Dumbledore n’était pas là pour parler des dangers de voyager dans le temps aux Hargreeves, et qu’apparemment la Commission est composée d’incompétents, nos héros arrivent dans une année 2019 changée. Après avoir remporté la bataille finale contre la directrice, les employés rebelles les laissent prendre une mallette et retourner à leur époque. Ils arrivent dans le manoir Hargreeves où ils ont une surprise de taille : leur père et Ben sont en vie, et ils font partie de la Sparrow Academy. Nous ne voyons que l’ombre des autres membres, mais ce sont apparemment d’autres enfants que ceux de l’Umbrella Academy.
Je préférais ta coupe de cheveux d’avant, Ben
Est-ce que la Sparrow Academy a un lien avec l’oiseau (un moineau ?) en bois que faisait léviter Harlan la dernière fois qu’on l’a vu en 1963 ? Ma seule autre théorie serait une admiration de Reginald pour Jack Sparrow, mais il n’existait pas encore en 1989. J’ai du mal avec les voyages dans le temps et les super-héros (oui, je parle de toi Days of the Future Past !). Dans Harry Potter comme dans Dark, le fait que les personnages aient remonté le temps et les conséquences qui en découlaient étaient déjà inclus dans la timeline du présent. Mais ici, les personnages remontent dans le temps pour la première fois. Le 1963 de leur 2019 ne les connaissait pas. Ce qui signifie que le moindre de leurs actes a eu une conséquence, même minime, qui a changé leur 2019. Pourquoi ne voyons-nous pas ce changement sur eux ? Parce qu’ils sont en 1963 et que 2019 n’a pas encore eu lieu ? Si tel est le cas, quand ils arrivent dans le nouveau 2019, pourquoi existent-ils dans la version de leur 2019 ? Est-ce qu’ils n’auraient pas dû disparaître ou fusionner avec leurs versions du nouveau 2019 ? Existent-ils en plus de leurs versions du nouveau 2019 ou sont-elles mortes avant leur arrivée ? Qu'est devenu le Cinq de 1963 envoyé dans le futur par le Cinq de 2019 au moment de la mort de Kennedy ?
J’espère que la saison 3 apportera des réponses, parce que pour l’instant, c’est confus.
En conclusion, la saison 2 est presque aussi décevante que la première. Je me suis pas mal ennuyée, surtout à cause du côté répétitif des intrigues. Heureusement, la deuxième moitié de la saison se rattrape. Les personnages sont toujours aussi agaçants et quasi-inutiles, mais la fin de la saison laisse présager une amélioration. Le gros point faible de la série reste sa gestion du suspense : trop de questions et pas assez de réponses. Le déroulement des épisodes se base sur trop de remplissage. Je ne sais donc pas si je serai de retour pour la saison 3 ou si je me contenterai de lire les résumés des épisodes pour avoir, je l’espère, mes réponses.