Ce dossier contient des spoils légers, pas méchants et mignons tout plein.
Comme ma critique, la série ne perd pas de temps et propose en introduction un énorme previoulsy commenté par Mulder himself, racontant les grandes lignes des neuf premières saisons, puis enchaîne pour illustrer les propos de Fox avec une succession de scènes montrant des OVNI volant dans le ciel. Et tout de suite, j’ai ressenti une petite douche froide. Alors que cette séquence aurait dû être la porte d'entrée qui allait m'immerger dans cette nouvelle saison, j'ai trouvé cela un peu kistch, pas loin du ridicule. La raison n’est pas seulement les CGI loupés, mais le fait que les invasions extra-terrestres sont aujourd’hui un peu « old school », démodés. Et cela s’explique.
Au début des années 90, souvenons-nous, le monde occidental (les États-Unis et l’Europe), étaient les superpuissances du monde (économiquement et militairement). Ils étaient intouchables. Quel pays aurait été assez fou pour les agresser ? Aucun. Et donc, dans les fictions, seule une menace venue de l’espace pouvait représenter un danger pour ces colosses. La série X-Files a bâti sa mythologie sur cette peur.
Depuis, le 11 septembre, le 13 novembre et d’autres sont passés par là ; ces pays ont été attaqués et ont vacillé. Pire, l’ennemi est intérieur, caché en leur sein. C’est pourquoi à l’aube d’aujourd’hui, les menaces aliens d’X-Files paraissent un peu désuètes, comme un cauchemar qu’on avait enfant.
La série n’a même pas encore commencé qu’apparaît déjà son challenge d’X-Files : s’adapter à son époque.
Gillian Anderson a confessé en interview qu'il lui a fallu quelque temps pour entrer à nouveau dans le costume de Scully. Ce début de premiere semble confirmer que le même phénomène attend les spectateurs, le retour aux frontières du réel se fera progressivement, non sans heurt.
Je vais donc faire un bilan chronologique, épisode après épisode pour voir si X-Files à bien fait de rouvrir les dossiers X.
Épisode 1 : My Struggle (La vérité est ailleurs (1/2))
Déjà, joie, le générique est de retour, inchangé depuis la bonne époque, à la note près. J’avoue en avoir laissé quelques gouttes de pipi d'excitation dans ma culotte. La nostalgie camarade.
La vérité est ailleurs. Mais où ? (réponse dans trois photos)
Après, on a tous guetté, le cœur plein d’appréhension, le retour de nos deux agents préférés. Et si Scully a vu sa beauté atypique se renforcer par les années passées, Mulder a semblé un peu éteint, fatigué, la démarche lourde et le phrasé las. Comme Sam Hodiak, le personnage d’Aquarius. Comme Hank Moody dans Californication. David Duchovny n’est-il pas en train de nous faire une petite dépression ? Real question.
À part ça, il ne faut pas attendre très longtemps avant que ne ressorte la carte du complot gouvernemental. Oui, le complot, vous savez, avec ses governments qui denies les knowledges, son homme à la cigarette et son syndicat, cette cellule d’hommes puissants prêts à tuer pour cacher à l’humanité l’existence des extraterrestres.
Mais depuis la fin d’X-Files et l’explosion d’internet, les sites ou vidéos complotistes ou conspirationnistes pullulent sur internet : « On n’a pas marché sur la lune », le 11 septembre, le virus du sida fabriqué en laboratoire, les reptiliens, Courtney Love qui a tué Kurt Cobain, voire d’autres beaucoup plus nauséabonds. On est arrivés à un point extrême où il est difficile de prendre au sérieux ces informations, où il est compliqué de ne pas considérer les personnes les relayant comme des hurluberlus. Trop de dérives, trop de théories utilisées à de mauvais desseins pour récupérer des personnes crédules et perdues, ont décrédibilisé ces propos, quand bien même ce qui est dit pourrait être sensé ou même vrai. Ce premier épisode, en jouant cette corde, qui est la sienne certes, mais qui est bien effilochée, ne s’aide pas beaucoup, surtout qu’il sort un gloubi boulga assez indigeste (multinationales qui contrôlent la nourriture et qui mettent sous écoute les populations pour racheter le monde).
La deuxième chose laborieuse est la structure en danse des canards du pilote. Quasiment chaque scène est construite sur le même principe : une personne est présente dans un lieu, une autre arrive, elles discutent, la seconde repart. Cela donne un effet un peu somnolent.
Un dernier truc qui m’a rendu perplexe est que Mulder croit en dix secondes la victime des enlèvements et remet en cause toutes ses convictions. C’est d’autant plus surprenant que de découvrir que les enlèvements extra-terrestres sont en réalité réalisés par des humains pour faire des expériences scientifiques était déjà le cœur de la saison 5.
À part ces défauts, le pilote, sans casser des briques, se suit tranquillement et paraît comme une sympathique mise en bouche, bien que peu relevé. La fin qui s’emballe légèrement et un dernier plan iconique renvoyant à la dernière scène du pilote de 1993 a fait plaisir au fan que je suis.
X-Files, sans être éclatant, vient de relancer la mécanique.
Épisode 2 : Les Enfants du Chaos (Founder’s Mutation)
Qu’il est beau ce générique. Quelle bonne idée de l’avoir gardé intact.
Sinon, la mini-série a décidé de faire succéder quatre épisodes déconnectés de l’intrigue principale, et ce deuxième épisode est un stand alone classique, dans la moyenne des centaines d’épisodes qui ont animé la série mère. On y croise un docteur fou, des secrets, des personnes ayant des pouvoirs exceptionnels, des expérimentations scientifiques sur des enfants, et une fin ouverte.
Si j’ai bien aimé que la série ne lésine pas sur le gore, l’avancement de l’intrigue se fait un peu trop par sauts de puce, passant de fausses pistes en fausses pistes jusqu’à la résolution.
Mais X-files c’est aussi ça, des épisodes moyens et oubliables. Dommage d’en mettre un quand on n'en a que six à proposer.
Où se trouve la vérite, Scully? (réponse dans deux photos)
Épisode 3 : Rencontre d’un drôle de type (Mulder And Scully meet the were-monster)
Après l’intro et son monstre craignos (j’ai même cru un instant m’être trompé de série et m'être retrouvé par inadvertance devant Doctor Who), on retrouve Mulder en plein doute sur son travail d’enquêteur du surnaturel. Fox est désemparé car il réalise que ces affaires de monstres, de fantômes et d’aliens qui ont marqué son existence n’étaient que des canulars et du vent, et qu’il a peut-être gâché sa vie à courir après des chimères, auxquelles dorénavant il ne croit plus.
Soudain, j’eu le déclic. En fait, Mulder c’est Chris Carter !
Un Chris Carter revenu aux affaires, probablement forcé par ses échecs et ses autres projets tombés à l’eau, et qui semble avoir perdu la conviction et la foi dans ces histoires surnaturelles. N’est-il pas en train de réaliser que son concept ne fonctionne plus ? X-Files ne serait-elle pas en train de confesser son incapacité à se réinventer, sa résignation à être obligé de ressortir les mêmes vieilles recettes ?
Car le recyclage continue. Et quels étaient les derniers épisodes marquants des dernières saisons ? Les auto-parodiques. En effet, X-Files a assez rapidement proposé des épisodes décalés et humoristiques, mais dans les dernières saisons, ceux-ci devenaient les plus mémorables, ceux qu’on préférait dans la saison. S'ils étaient quasiment tous des réussites (Jose Chung’s from outer space, Bad Blood) et souvent très drôles, cela restait le signe d’une série à bout d’idée, obligée de rire d’elle-même pour intéresser.
Que X-Files se sente obligée de ressortir cette carte, si tôt dans son revival, sonne un peu comme un aveu d’impuissance. Et malheureusement avec le recul, il s’avérera que cet épisode est peut être le meilleur de la saison, le plus rythmé en tout cas. Un peu triste.
Épisode 4 : Esprit vengeur (Home again)
Le best-of continue avec un autre classique : le freak of the week, le monstre de la semaine pour les non anglophiles.
Le problème de ce genre d’épisodes est que pendant que le monstre enchaîne les meurtres, le spectateur, qui a déjà compris les grandes lignes, attend, les yeux sur la montre, que Mulder/Scully bouclent l’enquête.
Mais ici, l’épisode passe assez bien, grâce au look du monstre, aux traits d’humour d’un Mulder retrouvé, à l’interprétation de Scully une nouvelle fois confrontée à un drame familial (autre classique X-Filesque) et une nouvelle fin ouverte.
À la fin de l’épisode assez sympathique, j’ai vu un nouvel espoir. En effet, le duo Mulder/Scully semble enfin avoir trouvé le bon régime, et leur complicité est retrouvée. X-Files vient de retrouver le sel qui faisait sa saveur. Bien.
On recherche la vérité, mais impossible de la trouver. Où se cache-t-elle ? (réponse dans une photo)
Épisode 5 : Babylon (Babylon)
Au début, j’ai cru à un nouvel épisode auto-parodique, avec l’apparition des doubles de Mulder et Scully aux noms improbables (Miller pour le sous-Mulder et Einstein (!) pour la scientifique). Que nenni. Et pour la première fois, X-Files donne l’impression de proposer enfin une histoire originale et moderne. On a même entrevu, l’espace de quelques instants, ce qu’aurait donné le reboot d’X-Files avec deux nouveaux personnages confrontés aux menaces plus "contemporaines" comme les attentats (j'ai mis des guillemets, notez bien). Bon, cela ne l’aurait pas trop fait, la faute à un Miller un peu fadasse. Lauren Ambrose s’en sort mieux, mais comme j’ai toujours été amoureux de Claire Fisher, je ne pense pas être super objectif.
Mais l’histoire se délite peu à peu, jusqu’à un trip de dix minutes d’un Mulder drogué que je préfère oublier, telle cette soirée alcoolisée avec mon cousin pour mes vingt ans. Bref, cette histoire écrite par Chris carter finit vraiment dans le gros nawak, pas loin de la consternation.
Seuls Fox et Dana confirment, et si X-File tient la baraque, c’est grâce à eux.
Épisode 6 : My Struggle II (La vérité est ailleurs (2/2))
Maintenant qu’on a compris que la force de ce come-back était la relation entre Mulder et Scully, X-Files n’a pas d’autre idée pour ce final que de les séparer.
???!
Je recommence.
??!!!!!
Mais pourquoi ?
Et une fois les agents séparés, l’évidence saute aux yeux. La structure de l’épisode est pénible, répétitive, sans rythme et sans passion.
Que le gouvernement se soit servi de technologie alien pour injecter des microbes tueurs aux humains pour les exterminer, c’est du déjà vu, du X-Files tout craché. Donc j’ai attendu. J’ai attendu que les personnages rattrapent le wagon des spectateurs, qu’ils cherchent les preuves qui convaincront les derniers récalcitrants avant de trouver la solution miracle.
J’ai attendu et je me suis bien ennuyé entre discussions futiles et rebondissements mous du gland.
Pour enfoncer le clou, le final se permet de ne rien résoudre de l’intrigue commencée en ce début de la saison 10 (sans même parler des interrogations des autres saisons) et finit sur le cliff traditionnel du Mulder mourant.
Et quand le clap de fin est tombé, je suis resté désemparé, les bras ballants, forcément frustré.
Dans ton cul !
L’échec de ce come-back, pour moi, s’explique pour deux raisons :
- X-Files est une série du passé. La série souffre de sa structure qui n’a pas évoluée depuis ses débuts. Elle est immuable : une énigme, un début d’enquête, des fausses pistes, d’autres fausses pistes, des discussions jusqu’au détail révélé qui change tout. Cette armature a pris un coup de vieux et est pleine de toiles d’araignée. Breaking Bad, Better Call Saul ou Fargo, par exemple, sont passées depuis et ont prouvé qu’il était possible d’expérimenter le fond et la forme. Du coup, la modernité de ce retour se retrouve dans des détails insignifiants : les smartphones qui ont remplacé les cellulaires pesant une tonne, un combat à la Jason Bourne (The Struggle II), des blagues homophobes douteuses, ainsi que dorénavant, les victimes multi-enlevées ont le physique de mannequin.
- X-Files est une série du passé qui n’a plus d’idée neuve à proposer. Chris Carter est à court total d’inspiration et se contente de recycler, sans grande conviction, les idées des autres saisons. Avec le recul, le générique sorti des tiroirs était un message et un présage : le changement, ce n’était pas maintenant.
(Une autre chose survendue est le retour des anciens de la série : Skinner doit avoir cinq minutes de présence sur les six épisodes, Reyes fait dans l’anecdotique. Le pire reste les Lone Gunmen qui apparaissent deux plans d’une demi-seconde lors d’un rêve. J’ai dû regarder la scène une deuxième fois, car je les avais loupés au premier visionnage).
Au final, seuls la nostalgie, quelques traits d’humour vite fait et le couple Duchovny/Anderson m’ont permis de passer un peu de bon temps.
Conclusion, le seul intérêt de ces séries faisant leur retour (24, Heroes) est de nous faire nous rappeler pourquoi on avait arrêté de regarder à l’époque.
Vivement pas la saison 3 de Twin Peaks.
Et vous, vous en avez pensé quoi, de ce retour ?