Après une pause hivernale bien méritée, The Walking Dead marque son grand retour à l’antenne avec un neuvième épisode beaucoup plus calme que le précédent. Il y a presque deux mois, nous avions laissé nos survivants dans une situation délicate : le groupe de Rick avait lancé l’assaut sur le groupe du gouverneur et était parvenu à récupérer leurs deux amis Glenn et Maggie retenus en otage à Woodbury. En colère (il était temps quand même), le gouverneur avait alors décidé d’évacuer toute sa rage sur Merle et Daryl en poussant les deux frères à s’affronter… The Suicide King reprend exactement là où le huitième épisode s’était arrêté et ce qui est sûr, c’est que la guerre ne fait que commencer et que le plus dur attend nos héros…
Le calme après la tempête
Je trouve qu’il y a beaucoup de choses intéressantes qui se mettent en place dans cet épisode. Alors certes, nombreux seront ceux qui l’auront trouvé lent et bavard, mais pour une fois la série mise sur autre chose que le bourrinage et les scènes de tuerie. The Walking Dead prend ici le temps de poser son action et ses personnages, de s’attacher à eux et leur donner une dimension beaucoup plus humaine et conflictuelle. La lenteur de l'épisode reflète finalement la torpeur dans laquelle se trouvent les personnages après l’affrontement qu’ils viennent de vivre. Ils sont tous de plus en plus paumés. Ils ne savent plus à quel clan ils appartiennent, ils ne savent plus en qui avoir confiance, qui sont leurs véritables alliés et qui sont leurs ennemis.
Rien de tel qu'un peu de calme...
Après son épisode de mi-saison, la série semble vouloir remettre en place les différentes intrigues, et resituer les enjeux. C’est un peu comme le calme après la tempête, ce moment où l’on fait le bilan des dégâts, matériels et surtout psychologiques. Chaque survivant revient transformé de cette expérience avec le gouverneur et c’est l’occasion pour les scénaristes d’aborder le thème jusqu’ici inexploré ou presque de la famille, et d'établir un parallèle entre les pertes de contrôle des deux leaders (Rick et le gouverneur). Ce ne sont peut-être pas les idées du siècle, et j’ai bien conscience que la série ne devra pas rester sur ce registre si elle veut continuer de plaire au plus grand nombre, mais ça fait vraiment du bien d’avoir un épisode calme comme celui-là, qui soit à la fois posé mais qui en même temps bouscule pas mal de choses.
Le sens de la famille
La notion de famille est au cœur de cet épisode. Pas la famille au sens traditionnel du terme, mais une famille élargie à des individus sans aucun lien de parenté, mais qui ont noué des liens indéfectibles au fil de leur combat pour la survie. C'est ce qu'Hershel explique au nouveau groupe de survivants quand ils tentent de le convaincre de leur bonne foi. Le papy de la bande ira même jusqu’à dire à Glenn, le petit copain de sa fille, qu’il le considère comme son propre fils. Bref, il fait comprendre à ces pauvres gens qu’ils ne sont pas les bienvenues et que leur place à la prison n’est pas encore gagnée.
Papy Hershel, toujours à l'écoute de ses enfants
Se faire une place ? C'est la phrase qui résume le mieux les enjeux de cet épisode. Andrea par exemple tente tant bien que mal de gagner sa place à Woodbury, ce qui n’est pas vraiment du goût du gouverneur pour qui elle est un simple "visiteur", étranger à sa ville. Elle tente de s’immiscer dans une communauté déjà bien organisée et doit de ce fait faire ses preuves. Mais ce qui est le plus intéressant dans le cas d’Andrea, c’est qu’avant d’avoir été lamentablement abandonnée à la fin de la saison 2, elle appartenait à la famille de Rick. Elle se retrouve par conséquent le cul entre deux chaises, tiraillée entre ses anciens compagnons et le gouverneur. Mais en décidant de rester auprès de ce dernier, elle semble avoir fait son choix. Il ne lui reste plus qu’à se démarquer pour rester.
Andrea n’est pas la seule à se retrouver confronté à un choix cornélien dans cet épisode. Daryl aussi doit choisir sa voie. Le jeune homme vient en effet de retrouver son frère Merle, qui est en conflit avec Rick depuis le début de la série. Daryl doit donc choisir entre sa « vraie » famille et sa famille de survie. Sans grande surprise, il choisira les liens du sang et s’en ira dans les bois avec son frangin, laissant derrière lui et à contrecœur le groupe auquel il appartenait jusqu’alors. La partie Daryl/Merle est vraiment intéressante car elle permet de poser une question essentielle : Que faire lorsqu’un membre de notre famille qui a commis des actes douteux est de retour dans notre vie ? Faut-il le blâmer, l’abandonner, le suivre ou le condamner ? Daryl a fait son choix pour le meilleur et pour le pire... et connaissant son frère, je pense qu’il va davantage s’agir du pire...
Dans cet épisode, The Walking Dead remet donc la famille au centre de son propos, mais contrairement à ce qu'affirme Hershel, il s'agit d'une famille désunie car ses membres se retrouvent éparpillés un peu partout (Daryl a rejoint son frère, Andrea est avec le gouverneur et Glenn ne veut plus suivre aveuglément le groupe). La principale raison à cette crise vient du « chef de famille » lui-même, à savoir Rick. Le shérif perd carrément les pédales et ne parvient plus à contrôler les membres de sa tribu.
Perte de contrôle
Quand l'oiseau s'envole du nid
Tout commence par la décision de Daryl qui décide de rejoindre son frère plutôt que de continuer à suivre Rick. C’est un coup dur pour le « chef de la prison » qui perd ainsi son bras droit. Et puis il y a Glenn, qui ne comprend pas pourquoi ses amis n’ont pas supprimé le gouverneur. Il faut dire que ce jeune homme d’habitude si sympathique a des raisons d’être en colère, puisque qu'il a été séquestré et torturé, avec sa petite amie Maggie. La décision de le laisser en vie lui échappe donc complètement et pour tout vous dire à moi aussi. Jugez plutôt : les mecs débarquent comme des malades à Woodbury afin de les délivrer, ils tirent sur tout ce qui bouge pour s’échapper, mais ils ne prennent même pas le temps de tuer le grand responsable, à savoir le gouverneur. Bon d’accord, les scénaristes ne vont certainement pas supprimer le « méchant » de l’histoire maintenant mais quand même, je peux comprendre que Glenn se pose des questions. Comme quoi, nos survivants ont, eux aussi, leurs faiblesses. Glenn souligne d'ailleurs que le shérif a tendance à trop parler avant d’agir, ce qui lui a souvent valu quelques soucis.
Hershel aussi décide de s’opposer à son chef (si, si je parle bien de papy Hershel) à propos du groupe de nouveaux survivants : le shérif refuse qu’il reste à la prison tandis qu’Hershel aimerait bien leur faire confiance. Je ne sais pas où Rick a été éduqué mais il devrait apprendre à écouter les anciens. Quoique. Il n'a pas peut-être pas tout à fait tort de se méfier d’eux, puisque deux des nouveaux survivants semblent préférer jouer à autre chose qu’à la popote. J’espère seulement qu’ils ne vont pas nous refaire le coup des survivants qui veulent les tuer, comme dans la saison 2.
Andrea, future gouverneuse de Woodbury ?
Du côté de Woodbury, la colère gronde également et depuis l’attaque de Rick et sa bande, les habitants ne se sentent plus en sécurité dans ce paradis artificiel. Après cet assaut, la ville a totalement perdu sa dimension protectrice et les habitants endoctrinés par le gouverneur se réveillent enfin et se rendent compte du côté factice de la ville qui finalement ne les protège pas autant qu’ils le voudraient. Le gouverneur ayant été affaibli par la bataille, ils sont à la recherche d’un nouveau leader. Et c’est chez Andrea qu’ils trouveront le réconfort qu’ils recherchent. Il suffira à la jeune femme de faire un discours vraiment débile du style « on se souviendra de nous dans les livres d’histoire » pour gagner la confiance de ces gens complètement paumés. Alors oui ils sont contents, ils sont heureux qu’on donne à nouveau un sens à leur vie, mais bon après un tel ramassis de conneries, on comprend que le gouverneur ait réussi à les convaincre aisément tant ils paraissent aveugles et drogués. Au final, ce passage a surtout pour objectif de nous montrer qu’Andrea a l’âme d’un leader et qu’elle est capable de faire de jolis discours de persuasion.
Si loin et pourtant si proche
Pour finir, l’une des raisons qui m’a vraiment fait aimer cet épisode, c’est le parallèle entre Rick et le gouverneur. En effet, on s’aperçoit ici que les deux hommes ne sont pas si différents que cela en fin de compte : ils ont tous les deux perdu le contrôle de leurs « troupes », ils ont tous les deux perdus leur bras droit (Daryl pour Rick et Merle pour le gouverneur) et ils sont tous les deux à moitiés tapés du ciboulot.
Depuis le début de cette saison, la fragilité psychologique du gouverneur n’est une surprise pour personne. Un mec qui collectionne des têtes humaines et zombifiées dans des bocaux, on ne se pose pas vraiment de questions sur sa santé mentale. Par contre pour ce qui est de la folie de Rick, certes, on savait le shérif un peu fragile en ce moment, surtout depuis qu’il s’était tapé une petite discussion téléphonique avec sa défunte épouse, mais là il plonge complètement le pauvre garçon. Cette fois, il la voit apparaître devant ses yeux et se met à l’engueuler devant tout le monde… et c’est qu’il ferait presque peur le gentil shérif quand il se met en colère. Cette scène avec l’apparition de Lori est pour moi un beau foutage de gueule quand même. Je savais que les scénaristes de The Walking Dead ne faisaient pas toujours dans la subtilité mais le coup du « fantôme », c’est carrément grossier selon moi. Disons que c’est surtout l’opportunité pour la production de faire revenir Sarah Wayne Callies le temps de 10 petites secondes. Franchement, je me serais bien passé de cette scène.
En v'la une qui ne m'avait vraiment pas manqué
Leurs petites troupes aussi ont plein de similitudes : chaque groupe se bat pour sa survie et pour sauver ses idéaux. Chaque groupe a trouvé son leader et le troupeau compte juste sur eux pour les aider à atteindre leurs objectifs. Et ce qui est le plus triste dans ce constat, c’est que plutôt que d’unir leurs forces dans cette lutte commune, les deux chefs de clan préfèrent s’affronter et jouer à la guéguerre. Déplorable mais efficace…
J’ai aimé :
- La manière de traiter le thème de la famille. Ce thème permet de rendre les personnages beaucoup plus attachants et de donner une nouvelle dimension au conflit entre Rick et le gouverneur.
- La perte de contrôle des leaders sur leurs groupes qui apporte un nouveau souffle à l’intrigue.
- La mise en parallèle de Rick et du gouverneur. Les deux ennemis ne sont pas si différents et ce traitement amène des perspectives vraiment intéressantes pour la suite.
Je n’ai pas aimé :
- La mise en retrait de Michonne qui se retrouve complètement effacée.
- Les quelques scènes inutiles qui traînent ici et là
- Le pétage de plomb de Rick, très mal amené à mon goût.
Ma note : 13/20 Un bon épisode qui, à défaut de miser sur l’action et le spectaculaire, prend le temps de développer un peu plus les personnages en explorant notamment leurs liens et leurs failles. À coup sûr, cet épisode marque un tournant et désormais « rien ne sera plus comme avant »…