Fraîchement débarquée sur France 2, Dix pour cent raconte le quotidien d’une agence importante d’acteurs et actrices connu(e)s par l’intermédiaire des yeux ingénus mais pleins de détermination de Camille, fille illégitime de l’un d’eux. Co-créée par Cédric Klapisch et portant sur un univers assez inédit en France, on était en droit d’avoir quelques ambitions concernant cette nouvelle création originale.
Cet avis ne concerne que le premier épisode, mais si on ne peut pas tout à fait dire que le défi est réussi à 100%, il l’est en tout cas à bien plus que 10.
Un univers et un rythme convaincants
Je dirais qu’il y a deux choses qui pêchent dans beaucoup de séries françaises actuelles : la crédibilité et l’efficacité. Heureusement, on retrouve ici le savoir-faire de Klapisch pour créer des personnages disons un peu plus intéressants que la moyenne, des personnages qui n’hésitent pas à se comporter comme des enflures ou des égoïstes même s’ils flirtent parfois avec la caricature. Néanmoins, mieux vaut, dans le contexte actuel, des personnages « over the top » que trop lisses, et pour tout dire on est encore loin de la folie à la Ari Gold (personnage d’Entourage savoureusement excessif).
C’est un peu ce qui semble faire défaut à la série (encore une fois, uniquement au regard du premier épisode), ce manque de situations excessives tout en restant dans le juste milieu du crédible. Peut-être que la suite me donnera tort, mais cette histoire de mensonge concernant la perte d’un contrat pour Cécile de France est un début encore timide.
Cela dit, la grande force de l’épisode, c’est son efficacité. Commençant par de petits plans-séquences suivant à la lettre les déambulations des agents, la réalisation est sobre mais suit bien le rythme des dialogues et des personnages. Ici, pas de plans vides et trop longs, pas de dialogues lourdingues d’explications, on rentre à chaque fois dans le vif du sujet. Et ça fait un bien fou !
Et puis, osons le dire, un des attraits principaux de la série est sa suite de guests épisode après épisode, permettant d’ajouter un côté glamour et surtout de second degré absolument nécessaire à la série. Concernant l’emploi d’acteurs de cinéma dans des séries, on peut ainsi constater qu’on a passé un cap depuis l’abandon de Nathalie Baye sur Les hommes de l’Ombre après la fin de la première saison. Ça aussi, ça fait plaisir.
Quelques réflexes « à la française » à corriger
Ce pilote n’est tout de même pas parfait, et comporte quelques éléments négatifs qui m’empêchent de crier victoire trop vite. Le principal défaut, ce sont les personnages. Ils ne sont pas mauvais, ils sont même assez rafraîchissants dans leur caractérisation première (et il serait malhonnête de leur reprocher un manque de profondeur après seulement un épisode). Mais il y a malgré tout quelque chose qui cloche dans leur intégration à l’univers et dans leurs rapports entre eux.
Déjà, prenons le André Manoukian des agents (Grégory Montel, avouez que dans la série il a un petit air !). Émotionnellement fragile, mauvais menteur et empilant les bourdes (à croire que le personnage est le seul élément comique qu’ont trouvé les scénaristes pour leur série), il est très difficile d’imaginer une telle personne dans une agence compétitive comme celle-ci. Du coup, le personnage est certes assez attachant (enfin à la fin, parce qu’avant ça c’était pas gagné), mais l’univers global de la série en prend un léger coup.
Prenons aussi l’impitoyable Andréa Martel (jouée par Camille Cottin). Certes, en avoir fait un personnage lesbien permet un peu de diversité (à noter d’ailleurs qu’il n’y a aucune minorité présente dans la série à ce stade…), mais ça devient un peu fatiguant de voir que chaque personnage lesbien dans les séries (françaises mais pas seulement) est forcément autoritaire et dragueur invétéré. J’ose espérer que la suite de la série apportera un contrepoint au personnage. Il en va de même pour le personnage secondaire de l’assistant gay, ne semblant jamais dépasser le cliché de « l’assistant gay » (déjà présent d’ailleurs dans Entourage).
Dans les défauts de cet épisode, on peut enfin ajouter une certaine prévisibilité des événements, le scénario donnant l’impression de suivre un chemin balisé permettant de résoudre tel conflit dramatique à tel moment. Alors oui, c’est sympathique, c’est plutôt rigolo, mais ça ne s’envole pas (pour l’instant) très haut.
J’ai aimé :
- Le rythme de l’épisode
- Bonne gestion du guest
- Un environnement original
Je n’ai pas aimé :
- Quelques personnages caricaturaux
- Un scénario balisé, pré-écrit, manquant de folie
Ma note : 12/20. Mais avec une jolie dose d’enthousiasme malgré tout.