Un homme pris entre matérialisme et spiritualité
Alors qu'il accompagne le Docteur Sikora à la clinique d'Anna, Michael est le témoin d'un accident où une voiture percute la clinique pour échapper à un cycliste imprudent. Les passagers de la voiture sont alors pris en charge, la plus jeune se plaignant de douleurs vertébrales en apparence assez bénignes. Pendant ce temps, le docteur Holt reçoit la visite d'un jeune homme se plaignant de violentes migraines qui prennent la forme d'une voix à l'intérieur de sa tête.
Résumé de la critique
Un épisode agréable que l'on peut détailler ainsi :
- l'arrivée du docteur Sykora qui apporte une stabilité au récit
- un cas médical qui évoque intelligemment "La Part des Ténèbres"
- une série mélodramatique et légère qui commence à trouver son équilibre
- deux comédiens au diapason
Deux univers qui s'équilibrent mieux
Au centre de l'intrigue, il y a Michael Holt et pour l'aider sa secrétaire Rita qui se charge de tous les aspects de sa vie auxquels il n'a pas le temps de prêter attention. Elle lui rappelle que la ponctualité et les apparences sont indispensables à l'exercice de son métier, tout en s'assurant une vraie maîtrise de son emploi du temps. Son but est d'anticiper le moindre soucis afin de permettre au héros de garder son taux de réussite au maximum et cette réputation d'excellence qui rejaillit indirectement sur elle.
Au centre de l'intrigue, il y a Michael Holt et pour l'aider Anna qui se charge de lui rappeler que la générosité et le geste gratuit sont les seuls actes qui permettent le salut de l'esprit. Elle lui rappelle qu'accepter de ne pas tout contrôler et reconnaître son impuissance est indispensable pour ne pas devenir une machine incapable de s'adapter. De ce point de vue, l'arrivée du Docteur Sykora amène un meilleur équilibrage du récit, celle-ci se chargeant de maîtriser l'emploi du temps de Michael à la clinique.
Entouré de personnages féminins qui dirigent son existence, Michael Holt montre qu'il sait déléguer et accorder sa confiance dans la capacité de jugement des femmes. La présence de ces trois personnages apporte une base solide à une série qui parvient enfin à trouver son équilibre entre conscient et inconscient.
La part entre ténèbres et lumières
Après quelques épisodes de tâtonnement, A Gifted Man impose un format de show médical en proposant deux cas par épisode : un touchant le cerveau dans son cabinet privé, un autre plus imprévisible à la clinique. L'ensemble reste assez prévisible mais fournit un divertissement hospitalier assez intéressant, proposant même quelques scènes intrigantes où le héros s'ouvre petit à petit concernant sa relation avec Anna. Le cas du jour rappelle fortement le principe de la part des ténèbres où un être imaginaire prend vie après un enterrement factice.
Le lien avec le livre de Stephen King est assez troublant, surtout les voix que le jeune garçon entend dans sa tête sont incontrôlables, l'obligeant à donner vie à son frère imaginaire. Le parallèle est assez bien vu tant il oriente cette histoire de fantôme dans une direction moins mélodramatique et plus angoissante. Se déchargeant de sa responsabilité sur son ex-femme, Michael devient l'objet d'un esprit dont les désirs restent un mystère complet, devenant à ses yeux plus réel chaque fois qu'il lui parle.
La folie de Michael s'accroît petit à petit, le poussant à agir de manière déraisonnée et impulsive, à la recherche du souvenir de jours heureux où le quotidien était une aventure.
Entre mélodrame et tentative de reconstruction
Pour Anna, les règles semblent être de ne pouvoir apparaître que lorsque le choix de Michael ne possède pas l'altruisme désiré afin de l'orienter vers une plus grande ouverture aux autres. De ce point de vue, le show est un mélodrame classique où l'esprit d'une défunte tente d'achever un projet trop court pour une vie. Trop désordonnée et passionnée, elle se retrouve impuissante, ne possédant plus que les mots pour convaincre, offrant des scènes en duo vraiment réussies où elle s'efforce de garder vivante son intimité avec lui pour tenter de conserver son influence.
Si le combat d'Anna est touchant, la série a le mérite de refuser les larmoiements, gardant cette légèreté indispensable, le second épisode étant représentatif du danger qu'encourt la série si elle se prend trop au sérieux. Divertissement inoffensif et assez touchant, A Gifted Man cherche avant tout à se stabiliser, quitte à laisser de côté toute mythologie pour raconter l'histoire d'un homme qui tente de reconstruire une vie plus altruiste et moins égoïste. En tout cas, la forme, qui était jusqu'ici le point faible du show, s'améliore clairement et laisse apparaître une identité moins ambitieuse, mais plus attachante.
Deux comédiens épatants
Après quatre épisodes inégaux, A Gifted Man parvient à s'imposer, un peu grâce à son pitch de départ particulier, mais avant tout grâce à son duo de comédiens épatant. Patrick Wilson et Jennifer Ehle portent la série en apportant une vraie crédibilité à leur personnage, leurs scènes en duo étant clairement les meilleures de l'épisode. Incarnant à merveille ce couple impossible, il nous offre des instants de vrais comédies en faisant preuve d'un vrai naturel tout en usant de subterfuges plutôt malins pour pouvoir se parler sans que le docteur Holt passe pour un fou.
Une série inoffensive et assez touchante, qui a délaissé ses ambitions du début de saison au profit d'un récit dynamique et plutôt sympathique. Avec sa construction autour de deux univers diamétralement opposés, le show trouve petit à petit le bon équilibre pour produire un divertissement assez touchant et plutôt utopique dans l'esprit tout en esquivant les discours moralisateur. A Gifted Man possède un certain charme, offrant un récit légèrement poétique où la valse des couleurs et des sensations permet de comprendre le fonctionnement du cerveau.
J'aime :
- un épisode bien construit qui fournit un bon divertissement
- les scènes entre Anna et Michael
- le récit beaucoup mieux équilibré
Je n'aime pas :
- le personnage du shaman pas convaincant
- le manque d'efficacité dans la distribution des tâches
- une série à ne regarder que comme une simple fable
Note : 12 / 20
Un épisode plus solide que d'habitude qui prouve que A Gifted Man a trouvé une formule assez efficace, découpant son intrigue en deux parties distinctes. Partagé entre son cabinet et l'ancienne clinique d'Anna, Michael se montre ici assez touchant grâce au talent de Patrick Wilson.
sephja
