Critique : A Gifted Man 1.06

Le 13 novembre 2011 à 07:39  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode sur la mémoire et les stigmates du passé trop larmoyant pour être vraiment crédible.
Par sephja

Critique : A Gifted Man 1.06

~ 7 minutes de lecture
Un épisode sur la mémoire et les stigmates du passé trop larmoyant pour être vraiment crédible.
Par sephja

Les souvenirs comme une définition du soi 

Le docteur Holt fait la connaissance de Georges sur un terrain de soccer où il montre des signes de détresse respiratoires et de problèmes de récupération. Il le contraint à venir à la clinique où le docteur Sikora le prend en main, lui laissant Donnie, un SDF qui va s'avérer être un ancien patient à lui. Ex champion de football américain, il est victime d'une défaillance du cerveau du à l'excès de commotions cérébrales, le plongeant dans un état de plus en plus végétatif. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une intrigue autour de la mémoire avec Donnie plutôt intéressante 
  •  une troisième patiente rajoutée pour faire du remplissage 
  •  un patient récalcitrant symbolisant la tendance au mélodrame de la série 
  •  une intrigue qui manque de cohésion

 

 

Le cerveau et le corps 

Avec l'histoire de Donnie, A Gifted Man nous offre un exemple intéressant où la médecine est impuissante, puisant son inspiration dans la forte campagne qui a sévi en début de saison NFL sur les commotions cérébrales. Si la mort est souvent symbolisée dans les séries par l'arrêt du coeur, la dégénérescence du cerveau est aussi fatale, transformant un individu en lui volant sa mémoire et sin individualité. Totalement impuissant, le docteur Holt montre la frustration d'un médecin devant un corps qu'il ne peut guérir, storyline réellement touchante grâce à la qualité des interprètes. 

Avec l'histoire de Donnie, A Gifted Man nous offre un beau mélodrame qui prouve l'importance de rendre sa dignité à un patient par les attentions dont Rita fait preuve à son égard. Même si la science reste impuissante, l'être humain peut, en n'abandonnant pas les plus faibles, trouver une force dans ce type d'échec plutôt que de la frustration. Etre un médecin consiste aussi à réconforter et à montrer que les souvenirs ne sont pas que le fruit du cerveau, mais aussi liés au coeur, aux sensations, entre joie et peine, réjouissance et désillusion. 

Mélodrame médical élégant, A Gifted Man prouve avec cette storyline qu'elle est capable d'offrir des intrigues de qualité, en grande partie grâce au jeu juste et jamais misérabiliste de Margo Martindale. 

 

Un cas de conscience trop évident

Pour le cas de Chloe, les scénaristes choisissent d'explorer la situation inverse, la jeune femme ne parvenant pas à dépasser le trauma qu'elle a vécu. Témoin de la mort de sa meilleure amie, elle se fait mal physiquement pour chasser une douleur psychologique, son cas ne relevant pas vraiment de la chirurgie et d'un problème mécanique. La storyline permet de donner du sens à la présence d'Anna qui permet à Michael de sortir de son rôle de médecin et de trouver l'humanité nécessaire pour écouter sa patiente, offrant à cette mini-intrigue une conclusion élégante et réussie. 

Pour le cas de Chloe, les scénaristes font clairement du remplissage avec un cas hors sujet et peu crédible, ne servant qu'à développer l'idée que les souvenirs sont la définition du soi. Si le thème est intéressant concernant Michael et son sentiment de culpabilité envers Anna, la patiente s'avère être trop fade, inutilement mélodramatique et agaçante. Au final, une histoire anecdotique qui donne l'impression d'avoir été insérée pour venir rallonger artificiellement l'épisode, avec un aspect psychodramatique irritant. 

Avec cette anecdote un peu artificielle, A Gifted Man montre qu'elle est avant tout une série grand public qui veut se doter d'une morale précise et claire. Si certains y verront une forme d'angélisme, d'autres pourront y voir le besoin de la série d'avoir une conscience et de justifier la présence d'Anna. La scène entre Michael et son ex-femme est d'ailleurs assez réussie, preuve que le sentiment de culpabilité est, pour les auteurs, une émanation du coeur et non du cerveau. 

  

 

Le patient récalcitrant 

Elément récurrent de la série, le patient récalcitrant est un personnage en passe de devenir un cliché des séries médicales, au point d'être particulièrement agaçant. Rencontré sur un terrain de soccer, Georges a des problèmes de santé, mais refuse de venir voir les médecins sous des prétextes socio-économiques volontairement misérabilistes. Pauvre, issu des classes moyennes, travailleur acharné, ce personnage est agaçant tant il ne sert qu'à montrer la bonté et le dévouement du héros, appuyant un peu trop sur la corde sensible du spectateur pour être vraiment crédible. 

Elément récurrent de la série, le patient récalcitrant est le cliché du personnage de mélodrame médical, refusant de laisser son travail pour aller se faire soigner. Evidemment, c'est la famille qui va contraindre à se plier au docteur Holt, les scénaristes essayant de réveiller une empathie du spectateur qui ne fonctionne ici clairement pas. Défaut récurrent de la série, elle prouve le côté un peu trop systématique du show qui peine à construire des arcs de plusieurs épisodes et cherche avec ce type d'histoire le sentiment facile.

Avec ce patient, A Gifted Man montre son défaut le plus agaçant, à savoir une tendance à chercher le sentiment facile en abusant de ce type de patient. Surtout que ce type de comportement menant à l'automédication est une réalité qui mériterait d'être dépeinte de manière dépassionnée, rappelant ainsi que l'importance vitale d'un vrai système de santé publique dans les mégalopoles modernes.   

 

Trois histoires sans fil rouge 

Mais le point le plus décevant de cet épisode est le manque de cohésion entre les trois intrigues et l'absence de mise en avant des personnages secondaires. Omniprésent et, par voie de conséquence, un peu agaçant, le docteur Holt occupe le devant de la scène et ne laisse que peu de place au docteur Sikora ou aux personnages de la clinique totalement absent. Ce manque de partage des tâches est clairement le principal défaut d'un épisode qui mise trop sur le mélodrame pour masquer une tendance au remplissage flagrant. 

En conclusion, un épisode qui fournit le divertissement attendu grâce à deux storylines intéressantes sur les souvenirs et la façon dont il construise notre personnalité. Tirant clairement vers le mélodrame, l'épisode offre quelques bonnes scènes grâce à la qualité du duo Patrick Wilson - Margo Martindale, mais manque de cohésion. Trop prévisible, l'histoire de Georges montre une fascination malsaine des auteurs pour le personnage du patient récalcitrant qui ne sert qu'à défendre un discours simpliste sur l'importance d'une couverture sociale universelle.

 

J'aime :

  •  la storyline de Donnie, mélange juste entre réalisme et mélodrame 
  •  la scène entre Anna et Michael 
  •  le thème des souvenirs très intéressant 

 

Je n'aime pas : 

  •  la storyline d'Emile 
  •  les personnages secondaires peu utilisés 
  •  un manque de cohérence entre les intrigues 

 

Note : 12 / 20

Un bon divertissement grand public, offrant un mélodrame convenable grâce à des interprètes particulièrement convaincants. Seul la storyline d'Emile, mal construite et assez ridicule, vient entacher un épisode qui propose une jolie réflexion sur l'importance des souvenirs, des sentiments qui font le lien entre le cerveau et le coeur.

L'auteur

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