Je ne pensais vraiment pas que la différence se ferait si vite. Mais ça y est. On n'a pas attendu 5 épisodes, American Horror Story est sur les rails. Certes, malgré un net effort de recentrage cette semaine, on a encore droit à quelques scories : la scène d'ouverture contemporaine avec la fille glapissante et son mari manchot, tous les deux pris au piège avec Happy Bloody Face, non, franchement, ça n'avance à rien, on avait compris dès le premier épisode et ça sert juste à combler le prégénérique, mais bon...
Autre scorie, les indices et les soupçons concernant le « bon docteur Arden », ses crimes et ses déviances, qui arrivent à mon avis un peu trop vite. Et puis, les auteurs ont décidément un vrai problème avec les médecins (souvenez-vous la première saison : les racines du mal qui frappait la maison se trouvaient dans les expériences ratées du père, et dans les avortements qu'il avait accomplis. Là, on ne sait pas ce que trafique James Cromwell, mais ça n'a pas l'air d'être du joli.) Reste la relation naissante avec sœur Mary Eunice, dans laquelle le bon docteur pourrait bien laisser des plumes.
Nice to meet you, hope you guess my name
Mais il y a de bonnes nouvelles. En premier lieu, le recentrage de l'épisode sur les thèmes et les personnages principaux, et la volonté d'étoffer un peu leur background. Le thème de la semaine, c'est l'innocence et le mal. Et comme on peut s'y attendre, American Horror Story propose un retournement des valeurs. Les innocents sont les détenus. Et les tenants de l'autorité ont bien des choses à cacher. Et bien sûr, tout cela nous est révélé par les agents du mal lui-même : une prostituée qui met en lumière les perversions du Docteur Arden, et le démon lui-même, qui propose à Zachary Quinto, puis Sister Jude, un miroir grossissant dans lequel ils n'ont guère envie de contempler leur reflet.
Dans ce sens, la scène d'exorcisme est plutôt bienvenue. Non seulement elle est construite comme un hommage appuyé au film de William Friedkin, mais elle permet de donner du background à Sister Jude, d'humaniser le personnage, et même, malgré les sévices qu'elle leur fait subir, de la voir éprouver quelque empathie envers les internés. Surtout, la sœur a un passé, elle est elle-même en quête de rédemption, et ne porte pas ses dessous rouges par pure perversité, mais comme les vestiges d'une existence qui est désormais derrière elle. Et qu'elle refuse aux autres.
Dommage que l'objet de ses désirs soit, lui, aussi mauvais. Joseph Fiennes est décidément un acteur qui s'enlise avec le temps, et ne sait jouer le mystère que par des haussements de sourcils, tête baissée, air constipé (comme dans Camelote en fait, il a juste troqué le bâton de magicien pour la soutane).
Freud ou Satan ?
En revanche, je dois bien l'avouer, l'entrée en lice de Zachary Quinto m'a réjouie. Dans le rôle du Dr. Oliver Thredson, le seul médecin honnête de cet asile, et l'antagoniste, pour le moment, de Sister Jude, il est impeccable comme d'habitude, et les lunettes et le style des années 60 lui siéent à merveille. Les réparties valent leur lot de cacahuettes, notamment le « Administrer des électrochocs pour traiter l'homosexualité, c'est barbare, la norme c'est maintenant la thérapie comportementale ! »
Un seul regret, qu'il bascule trop vite du côté obscur et admette la présence du démon. Aucun doute ne nous est permis sur la nature du mal qui frappe le jeune paysan : folie, possession ? L'épisode tranche bien trop vite à mon goût en faveur de la seconde. Et puis quel est l'intérêt de faire venir cette gueule replète et antipathique que trimballe John Aylward (qui interprète le père Malechi), qui reflète toute la voracité du monde, pour le virer de la scène à la première occasion ?
Trust in me
Mais les storylines les plus intéressantes à suivre sont celles qui concernent nos prisonniers. Les innocents de l'histoire, enfin ceux qui nous sont présentés comme tels. En effet, la seule scène à l'extérieur de l'asile, celle qui oppose Wendy (Clea DuVall) à Bloody Face semble dédouaner complètement Kit (Evan Peters). Cette scène prépare le terrain à une grande souffrance pour Lana, et peut-être à la liberté pour Kit. Encore faudrait-il qu'ils sachent la vérité.
Car pour l'heure, c'est entre eux que se noue le drame. C'est Lana (Sarah Paulson) qui dresse, par peur, les obstacles à leur fuite. Et ça, même si ça débouche sur une scène de punition où le spectateur peut s'en donner à coeur joie en contemplant les fesses d'Evan Peters et Lizzie Brocheré, et dans laquelle Kit fait preuve d'un héroïsme un peu téléphoné, ça annonce du bon pour la suite : des antogonismes entre les prisonniers eux-mêmes, et non plus seulement entre eux et leurs bourreaux. C'est quand elle décrit ces relations faites de trahison, de rancoeur et de méfiance que la série est la plus crédible. La saison 1 l'a démontré.
Un épisode qui relève le niveau après une entrée en matière très vulgaire, j'ai envie de l'encourager : 14/20
J'ai aimé :
- Lana qui fait son propre malheur
- Le background de Sister Jude
- Kit (Evan Peters), toujours aussi juste
J'ai pas aimé :
- Que la série balance trop de choses à la fois plutôt que d'approfondir