Critique : Angry Boys 1.12

Le 28 décembre 2011 à 13:37  |  ~ 9 minutes de lecture
Un dernier épisode plutôt touchant qui sert d'épilogue, narrant la fête des légendes avant le départ de Nathan pour sa nouvelle école.
Par sephja

Critique : Angry Boys 1.12

~ 9 minutes de lecture
Un dernier épisode plutôt touchant qui sert d'épilogue, narrant la fête des légendes avant le départ de Nathan pour sa nouvelle école.
Par sephja

Serie Finale Angry Boys 

L'heure du départ est arrivé pour Nathan, avec la fête promise par Daniel, mais sans les légendes qui n'ont pas fait le déplacement dans un trou au fin fond de l'Australie. L'occasion d'évoquer les souvenirs et de dire adieu au monde de son enfance, avant de prendre le chemin pour un nouveau départ. Essayant de s'accrocher au passé, Nathan profite une dernière fois de sa famille, célébrant à sa manière ses derniers jours avec son frère. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode satisfaisant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un simple épilogue 
  •  un épisode qui offre une conclusion intéressante au destin des différents personnages 
  •  l'image du père et la fin de l'enfance 
  •  un bilan de la série 

 

 

The Legend Party 

Pour sa conclusion, Angry Boys revient à son point de départ, avec la fête en l'honneur du départ de son frère organisée par Daniel qui n'a pas pris la dimension prévue. Les légendes ne viendront pas et l'ambiance est surtout nostalgique pour un épisode qui joue beaucoup sur la fibre du souvenir, offrant un best-of des gags les plus marquants du show. Moins original que d'habitude, Chris Lilley nous offre une fin intéressante, clôturant les différentes storylines efficacement, optant pour des happy end prévisibles au vu de son affection envers ses personnages. 

Un épilogue nécessaire et agréable, mais qui ne raconte pas grand-chose, tournée d'adieu des différents personnages avant une conclusion centrée sur les deux frères Sims. Sans verser dans le larmoyant, cet épisode reste assez émouvant, offrant une conclusion qui souligne l'évolution des différents personnages. Généreux, chaleureux, Chris Lilley choisit la voie d'une conclusion optimiste, tout en insistant une nouvelle fois sur l'importance que prend la famille au sein d'une série où il aura été beaucoup question du père et de la mère. 

Un dernier épisode qui donne le sourire, épilogue léger et sans prétention qui réserve quelques scènes intéressantes, confirmant que plus les choses changent, plus elles restent les mêmes. Un dernier jour à Dunt, avec que la routine des vacances s'achèvent et que Nathan quitte sa famille en direction de l'école pour sourds. 

 

Plus les choses changent ...

Chris Lilley va donc concentrer une part de son récit sur les légendes, offrant une conclusion à l'histoire de chacun d'entre eux. L'occasion pour lui de montrer que malgré la rébellion de son fils et la coupure franche entre les deux, la mère de Tim reste fidèle à ses habitudes, renvoyant ses rêves de gloire sur son autre garçon. Toujours aussi égoïste, cette mère est la seule à refuser de tirer les leçons du passé, voyant en Tim un ingrat, se définissant comme celle qui a su mettre en valeur son talent et l'exploiter pour le mieux.

S. Mouse a su mettre à mort son personnage de rappeur pour revenir à un style plus en accord avec lui-même, marquant un tournant dans son approche de l'art. Sans abandonner ses goûts pour le luxe et la vie oisive, le jeune fils de bonne famille continue de croire à sa bonne étoile avec une naïveté touchante, image d'un grand enfant qui refuse de grandir. L'histoire d'une rédemption pas vraiment crédible, mais qui correspond bien à la vision personnel du monde de Chris Lilley exposée dans l'épisode précédent, convaincu que la capacité à comprendre ses erreurs est la meilleure école artistique qui soit.

Pour Blake, la série se conclut de manière très positive, montrant le visage d'un homme qui a su tirer profit de son idée et transformer les Mucca Mad Boys en quelque chose de positif. Au lieu d'apparaître comme des parasites, son groupe a gagné en maturité en intégrant la société par le biais d'un club d'initiation au surf. Retrouvant des testicules artificielles, il se conduit enfin en homme et reprend sa vie en main en devenant un père responsable. Une conclusion élégante qui met en place le thème de la relation au père, dernier thème abordé par le show. 


 

L'absence du père 

Par le biais de Tim, Daniel et Nathan, Chris Lilley évoque l'absence de la figure du père, évoquée dans cette dernière scène émouvante où le fils Sims lui parle par le biais d'un arbre. L'occasion pour l'auteur de poser la question sur la difficulté de devenir un homme sans cette référence indispensable, sans ce personnage censé incarner le bien ou le mal, forgeant notre propre idéal concernant la virilité. Grand absent de cette série, Il n'est présent que pour S. Mouse qui entretient une relation particulière avec lui, dédaignant ses reproches tout en cherchant perpétuellement son assentiment. 

C'est en prenant son destin en main, en s'extirpant du giron maternel que Tim devient un homme, prenant en main sa destinée en plaçant son épanouissement avant tout le reste. Pour Nathan, le passage à l'âge adulte se fait en sortant du cocon protecteur de la famille pour se lancer dans l'incertitude du monde extérieur. L'absence du père les oblige à trouver par eux-mêmes, instinctivement, la définition du terme "devenir un homme", composant le portrait d'une jeunesse où la notion de virilité a perdu une partie de son sens. 

Blake est le seul à avoir compris les conséquences du fait de devenir un père, marquant le vrai virage de l'adolescence destructive à l'âge adulte où l'on construit une histoire au travers de l'héritage. Bien que ces enfants ne soient pas les siens par le sang, la vraie paternité est celle du coeur, l'acquis dépassant largement l'innée à notre époque où le savoir a supplanté la tradition. Un thème fort pour un dernier épisode qui explore enfin le thème de la paternité, point central d'une série comme Angry Boys sur la quête du soi.

 

Bilan de la série : MUCCA, MUCCA, MUCCA !

Lors de mon arrivée à SérieAll, j'avais à coeur d'explorer la face méconnue des séries, avec en tête de liste de pouvoir parler de l'auteur comique australien Chris Lilley, malheureusement peu connu chez nous. Coproduite par la chaîne australienne ABC et la chaîne américaine HBO, Angry Boys est une série typique de ce comique plutôt singulier, adepte d'un humour grinçant et acide particulièrement destructeur. Je ne pouvais donc pas résister à me jeter sur cette nouvelle création, mockumentaire ambitieux reprenant certains personnages fétiches du comédien. 

Certes, au final, Angry Boys n'arrive pas à la hauteur du brillant Summer Heights High, mais il possède les qualités habituelles de son auteur, à savoir un humour au vitriol et un récit très bien structuré et dynamique. Le début de saison a été délicat avec l'introduction de nouveaux personnages pas forcément très convaincants, Blake peinant à s'imposer vraiment comme un personnage à la hauteur de Daniel et Nathan. Au contraire, Jen et Gran ont vite montré tout leur potentiel, deux figures de mère très distinctes d'une force surprenante. 

Chaque épisode se constitue de trois storylines, Lilley essayant de manque en valeur un personnage différent chaque semaine avec plus ou moins de réussite, certains comme Tim et Gran devenant vite très attachant. S'il n'a de cesse de les humilier ou de les mettre en difficulté, l'auteur cherche avant tout à ce qu'ils expriment leur vraie nature, amenant une dimension émotionnelle forte dans chacune des intrigues. De Gran à Tim, tous auront droit à un épisode plus sombre, où l'humour laisse place au drame d'un jeu de massacre parfaitement organisé. 

Derrière la vulgarité assumée de Angry Boys, Lilley cache une humanité touchante, un récit plus personnel qu'il n'y parait qui gagne en qualité dans les derniers épisodes. Sans être à la hauteur de ses productions précédentes, Chris Lilley nous offre une comédie originale, ambitieuse et intelligente pour un récit plus personnel qu'il n'y parait, d'une générosité indéniable.  

 

J'aime : 

  •  la scène entre Daniel et le fantôme de son père 
  •  le ton légèrement nostalgique 
  •  la conclusion qui donne une cohérence à l'ensemble 
  •  la performance de Chris Lilley 

 

Je n'aime pas : 

  •  un simple épilogue 

 

Note : 14 / 20 

Une belle conclusion en forme d'épilogue pour Angry Boys qui se charge de clore les différentes storylines tout en proposant une scène très intéressante entre Daniel et le souvenir de son père. Au final, une série très personnelle qui, malgré quelques maladresses, aura réussi à rendre ses personnages attachants pour un ensemble parfaitement cohérent et d'une grande humanité.

C'est fini pour Angry Boys, merci à toute l'équipe de SerieAll de m'avoir laissé parler de cette série terriblement attachante. Plus personnellement, merci à Virginie pour les nombreux coups de main. Et ça s'arrête là.

L'auteur

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