Pitch librairie
Bernard Black, écossais irrascible et alcoolique, possède un libraire appelé "Black Books" qu'il gère au gré de son humeur souvent détestable. C'est là qu'il rencontrera Manny Bianco, un comptable victime de problème de stress au travail, à la recherche du petit livre du calme et Fran Katzenjammer, vendeuse en objet design aussi mystérieux qu'inutiles.
Un libraire comme on espère ne jamais en voir
Bernard Black est un personnage issu tout droit de l'imaginaire de Dylan Moran (voir ci-dessus), un libraire qui traite les clients avec un complet mépris, choisissant ses horaires de travail en fonction de sa sobriété du jour. Raleur et égocentrique, il hante plus qu'il ne travaille dans sa librairie, et possède une capacité illimitée pour se plaindre. Aussi débrayé qu'antipathique, sa capacité d'organisation tout comme sa patience sont équivalentes au néant total.
Formidable moteur humoristique, Bernard constituera le maillon fort de la série, un personnage qui ne peut exister qu'à la télévision anglaise, un esprit malade dans un corps rongé par l'alcool et la cigarette.
Bernard possède une unique amie, Fran (Tamsin Greig, vraiment très drôle), qui partage avec lui son penchant pour la consommation fréquente de vins. Plus sociable que Bernard, elle possède un commerce de vente de bibelots aussi inutiles que mystérieux et ne semble pas vraiment savoir ce qu'elle veut. Son égoïsme fait d'elle la partenaire idéale pour Bernard, tant il sait qu'elle n'essaiera en aucun cas de s'immiscer dans sa vie.
Ce couple destructeur forme un duo de méchants assez délectable, posant sur leur contemporain un regard acerbe d'une hypocrisie réjouissante.
La béatification de Manny
Comptable trop stressé par son travail, Manny (interprété par le drollissime Bill Bailey) est le seul personnage à n'être pas encore relié à la librairie. Il constitue une anomalie à lui tout seul puisqu'il est l'un des rares clients à avoir jamais acheté un livre à Bernard, livre qui le transformera en icône christique de l'esprit zen. Après une mise en place pataude et peu réussie, Manny devient l'antithèse de Bernard, un personnage messianique porteur de messages imbéciles, sorte de faux Confucius complétement à la masse.
Vraiment drôles, ces scènes digne des Révélations forment un ensemble comique très réussi, bien en accord avec les tentatives de mutilation de Bernard. L'idée la plus amusante restant que leur connexion soit provoquée par l'irruption d'un groupe de skinheads, comme un moyen de souligner combien Manny et Bernard se ressemblent malgré leurs différences.
Un pilote maladroit, mais qui s'avère vraiment drôle
Poussif est le premier qui vient à l'esprit au visionnage de la première moitié de l'épisode, les rires en boîte trop appuyés venant en grande partie gâcher le visionnage. Black Books ne trouve son rythme de croisière que dans une seconde partie bien plus réjouissante, portée par un Manny en état de grâce dans tous les sens du terme. La série trouve alors son rythme, malgré une réalisation assez moyenne, avec une image pas assez soignée qui ne met pas vraiment l'histoire en valeur.
En résumé, un épisode assez moyen, mélangeant le très bon avec le pathétique, jusqu'à enfin trouver au final une énergie vraiment enthousiasmante. Ceux qui oseront se lancer dans cette série découvriront alors une perle d'humour typiquement anglais, rencontre impossible entre trois marginaux totalement azymutés.
J'aime :
- Bernard et les témoins de Jéhovah
- Manny une fois en mode messie
- la chute vraiment réussie de l'épisode
- Bernard Black, un commerçant invraisemblable.
- l'humour très anglais
Je n'aime pas :
- une première moitié d'épisode assez décevante.
- la direction artistique pas très convaincante.
- les rires en boîte insupportables.
Note : 11 / 20