Critique : Body of Proof 1.03

Le 09 avril 2011 à 13:58  |  ~ 7 minutes de lecture
Après un deuxième épisode qui laissait entrevoir une embellie pour la série, Body of Proof retombe dans les travers du pilote. Au programme, une balle magique, un directeur artistique dans le coma et une enquête ennuyeuse.
Par sephja

Critique : Body of Proof 1.03

~ 7 minutes de lecture
Après un deuxième épisode qui laissait entrevoir une embellie pour la série, Body of Proof retombe dans les travers du pilote. Au programme, une balle magique, un directeur artistique dans le coma et une enquête ennuyeuse.
Par sephja

Pitch formol 

Elena Rosas, une jeune travailleuse sociale, est retrouvée assassinée dans un hôtel de centre-ville, victime d'un coup de feu qui lui a traversé le bras avant d'atteindre son coeur. Megan va s'apercevoir durant l'autopsie que la victime est en fait une ancienne patiente à elle du temps où elle pratiquait la neurochirurgie. Trouver le meurtrier va alors prendre pour elle une importance toute particulière. 

 

Megan et l'apprentissage de la compassion

 

Après deux épisodes plus ou moins réussis à nous expliquer combien froide et insensible est Megan Hunt, les auteurs décident d'un virage complet en nous présentant une héroïne qui tente de faire l'apprentissage de la compassion. Laissant de côté sa fille le temps d'un épisode, la série va s'intéresser à ses relations avec ses collègues. Si au niveau du registre comique l'idée fonctionne plutôt bien, du point de vue de l'intrigue elle va entraîner des longueurs inutiles et particulièrement pénibles, plombant toute la première partie de l'épisode par des dialogues interminables. 

Car contrairement au deuxième épisode plutôt dynamique, l'intrigue va traîner avec elle tout un pathos superflu, les auteurs se montrant très maladroits dès qu'il s'agit de donner une quelconque épaisseur au personnage. Son lien avec la victime n'amènera aucune révélation, entraînant seulement une succession de bavardages inutiles appuyés par une musique dégoulinante très désagréable. Pour le spectateur, il ne reste plus qu'à prendre son mal en patience, car l'intrigue se montrera plus intéressante dans sa résolution, les détectives Gross et Baker se montrant encore une fois plutôt efficaces une fois le duo reconstitué. 

 

Dana Delany et son regard de chien battu 

Body of proof est une série qui, sur le papier, repose beaucoup sur les épaules de Dana Delany, actrice expérimentée qui possède une popularité lui permettant de jouer les têtes d'affiche. Seulement, après avoir vu ce début de saison, une impression ressort majoritairement, celle d'une Megan Hunt incapable de s'imposer, perpétuellement remise en question, incapable de trouver sa propre dynamique. Dana Delany, loin de maîtriser et d'améliorer ses prestations, semble avoir le plus grand mal à dominer totalement son personnage.

Pour une série où l'héroïne est censée posséder la capacité de reconstituer les meurtres à travers les traces sur les corps des victimes, le choix du cadavre du jour est bien senti puisqu'il ne porte aucune autre marque que le coup de feu fatal qui l'a tuée. Pas facile pour Megan de s'occuper, d'où l'invention de l'artifice scénaristique de l'ancienne patiente, totalement inutile, qui va uniquement faire trainer les choses en longueur. Il ne reste plus à Megan qu'à suivre l'histoire à distance, en traînant un regard de chien battu plutôt pathétique.

Loin d'être charismatique, le personnage de Megan Hunt semble de plus en plus creux, sans le moindre mystère, presque prévisible. Dana Delany a beau être talentueuse (personne ne le niera), à force de ne la voir accomplir aucun geste médical réel, il est difficile de la prendre réellement au sérieux. Loin de porter la série, elle la maintient plutôt péniblement en l'air du mieux qu'elle peut sans parvenir à trouver un véritable équilibre.

 

Une direction artistique à la ramasse

L'autre principal problème de cet épisode concerne la direction artistique dans son ensemble. Elle va aligner les fautes de mauvais goût, que ce soit dans la musique, les costumes ou la réalisation particulièrement plate et ennuyeuse. De tout l'épisode, la mise en scène semble incapable de mettre en valeur correctement les éléments de l'enquête ou de donner un vrai rythme aux séquences comiques.

L'histoire de la veste trouée du détective Gross (John Carol Lynch, seul à vraiment sortir du lot) est une étrangeté à elle seule, n'apportant rien au récit, hormis un possible rapprochement entre les deux personnages dans les épisodes à venir. La série n'a en tout cas pas gagné grand chose à vouloir déjà entamer la métamorphose de Megan, le personnage nécessitant pour l'instant des bases solides afin de pouvoir donner à la série des fondations robustes.

 

Nicolas Bishop ou "mais si ! le type toujours à côté de l'héroïne !"

Je me permets une petite parenthèse comique pour souligner le grand progrès de cette épisode : on a enfin découvert à quoi sert Nicholas Bishop ! Il faut savoir pour ceux qui ne suivent pas Body of Proof qu'un personnage "mais si ! le type toujours à côté de l'héroïne !" doit obéir à trois règles: 

  • Personne ne connaît son nom. Je dois avouer que je suis obligé de me référer à une feuille à côté de moi pour pouvoir m'en souvenir. Il est là, mais personne ne lui parle jamais, à tel point que je me suis demandé s'il n'était pas un fantôme ou une créature éthérée aidant Megan. 
  • il ne sert qu'à sortir des répliques inutiles et à se moquer de l'héroïne qui, bizarrement, accepte vraiment bien sa présence pour une personne censée être d'un naturel antipathique. 
  • personne ne connaît son métier, à part remplir l'image de son physique ma foi plutôt agréable et de sourire de temps à autre. 

De nombreuses théories me sont venus à l'esprit (fantôme, conscience, animal de compagnie) mais la vérité est enfin apparu puisque Nicholas Bishop a eu sa première véritable scène seul, à interroger un témoin. Et il en ressort... rien, hormis que c'est un orphelin, un enfant de l'assistance sociale, ce qui m'inspire la plus grande déception car la vérité est pire que mes théories les plus folles : Nicholas Bishop est juste ennuyeux. Ainsi s'achève le mystère de la saison, ce qui m'attriste car je me doute que je n'aurais plus vraiment d'occasion de parler de lui.

 

Un bilan plus qu'inquiétant 

Malgré le succès obtenu par la série auprés des spectateurs, difficile de trouver dans cet épisode de quoi vraiment se réjouir tant l'intrigue va se montrer lente et poussive dans sa première partie. Loin de convaincre, Body of Proof se montre toujours aussi inconstante, incapable de trouver en Megan Hunt une héroïne suffisamment forte pour maintenir notre attention. 

Mais le plus gros problème de cet épisode réside en une seule question : que vient faire dans une série où l'enquête repose sur les traces corporelles un corps qui n'en contient aucune ? Difficile de justifier la présence d'une telle intrigue vu que Megan n'a au final que peu de choses à observer ou à étudier. Rien de pire pour mettre en valeur une héroïne que de construire une histoire où son seul apport aura consisté à trainer un regard malheureux durant tout l'épisode. 

 

J'ai aimé : 

  • l'intrigue qui s'accélère en fin d'épisode (enfin ...!) 
  • le duo de policiers efficace 
  • l'interrogatoire de Nicholas Bishop, pathétiquement drôle.

Je n'ai pas aimé : 

  • l'histoire qui ne convient pas à l'identité de la série. 
  • Dana Delany sous utilisée 
  • la direction artistique vraiment mauvaise

Note: 08/20

(53)

L'auteur

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Image Body of Proof
12.08
11.18

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