Find the horse
Le corps de Bryn Walker, une cavalière expérimentée, est retrouvée morte, victime visiblement d'une mauvaise chute à cheval. L'empreinte de Zoe Brant est trouvée sur son cadavre, mais la jeune femme en question purge actuellement sa peine en prison, participant à un programme de réinsertion dans un centre équestre. Pendant ce temps, Megan apprend qu'elle ne verra pas Lacey pendant le week-end et ne semble pas prendre bien cette nouvelle.
Résumé de la critique
Un épisode satisfaisant que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue maîtrisée et bien construite
- un épisode de transition pour Megan
- la place de la famille dans BoP
- une série à la recherche du public jeune
Equitation et criminalité
En se plaçant dans le monde équestre, BoP a deux objectifs bien distincts : justifier la présence de Lacey au sein de l'épisode et tenter de séduire un public entre 15 et 21 ans qui leur échappe toujours. Ce voyage dans l'univers des chevaux possède l'intérêt aussi de sortir la série de sa routine, surtout que la description de cet univers particulier a fait l'objet d'une recherche particulière appréciable qui évite certains clichés. Très crédible tout du long, la série montre une vraie maîtrise de la pratique vétérinaire équine, fournissant au final un épisode bien construit, fruit d'un travail très soigné.
Bine équilibré, l'épisode alterne entre le laboratoire, l'enquête de police et le travail sur le terrain, équilibrant parfaitement la participation de chacun des comédiens. Cette maîtrise du partage des tâches est sans la moindre doute le point fort de cette nouvelle saison, confirmant les qualités structurelles de la série. L'enquête ne s'embrouille jamais et parvient à construire une intrigue complexe où le moteur réside dans le besoin de donner un sens aux zones d'ombres qui entourent ce décès. La preuve scientifique décisive est particulièrement bien amenée, fruit d'un travail d'Ethan dont on suit chaque étape comme un fil rouge et paraît parfaitement crédible.
Hélas, l'épisode ne renoue pas avec le niveau de comédie du début de saison, mais offre un divertissement parfaitement maîtrisé. Mais surtout, il marque une transition importante dans la structure du show, maillon manquant entre une saison un maladroite et une saison deux clairement supérieure.
Le chaînon manquant
Ayant la charge depuis l'année dernière de faire les critiques de BoP, j'ai pu voir la série évoluer, passant du registre du cop show standard et peu inspiré à un divertissement de qualité plutôt réjouissant. Seulement, ce début de saison deux, plus enjoué et dynamique, offrant des scènes comiques assez brillantes, provoquait une rupture flagrante avec l'année dernière, montrant deux visages différents d'un même show. Cet épisode possède le grand mérite de créer le lien entre ces deux périodes, expliquant grâce au personnage de Lacey l'évolution profonde de Megan.
Comme elle le souligne elle-même en fin d'épisode, la saison un était celle d'une femme meurtrie et blessée, incapable de se remettre d'un accident qui l'avait rendue amère, perdant tous ses repères. Trop fier pour chercher de l'aide, elle a fini par découvrir avec sa fille quelque chose de nouveau, une humanité qu'elle n'avait jamais apprise à laisser se développer. Sa fille devient alors l'élément central de son existence et Megan se teinte de plus de légèreté, apprenant à déléguer en préférant son existence à son travail.
Chaînon manquant entre les deux saisons, cet épisode nous montre comme le docteur Hunt a su perdre sa dureté originelle pour une forme plus lisse, mais plus en adéquation avec son interprète. Construit comme un travail d'équipe désormais, les enquêtes de BoP sont bien mieux maîtrisées, symbole d'une évolution particulièrement réussie.
La difficulté d'être une famille décomposée
En plus de marquer une vraie transition dans le fonctionnement de Megan, la série revient à sa thématique d'origine, à savoir la difficulté d'être une famille décomposée. Le besoin de ressouder des liens avec ses enfants sans la force du quotidien, surtout pour une femme qui n'a pas eu la garde de sa fille, est un thème intéressant que la série parvient enfin à aborder avec une certaine élégance. Tout comme pour le personnage de Zoe, les familles de BoP sont souvent le fruit de décomposition - recomposition successive qui crée un problème d'identification évident.
Essayant de relier modernité et tradition, Megan doit faire face à une fille qui est à la fois proche et différente d'elle, s'obligeant à accepter son jugement, la jeune fille possédant avec le docteur Murphy un autre modèle de femme à qui s'identifier. Désacralisée, la mère devient quelque chose de différent, une place que Megan cherche encore et constitue un bon fil rouge pour la série. Moins cliché, le show parvient avec cet épisode à créer une continuité entre les deux saisons, justifiant l'évolution de la série comme la progression logique de Megan au travers de sa relation avec sa fille.
Une série à la recherche des 18/25 ans
Ayant réussi son évolution vers une forme plus aboutie, Body of Proof doit encore réussir à combler une difficulté non pas créative, mais liée à l'obsession des annonceurs pour le public jeune. Les sweeps de novembre approche et la négociation des montants des plages publicitaires va se faire sur la base de ce taux, plaçant certaines séries comme BoP en difficulté. En réintroduisant le personnage de Lacey et en se plaçant dans un univers équestre, nul doute que les créatifs ont espéré atteindre ce coeur de cible qui leur échappe jusqu'ici.
En conclusion, un épisode réussi, qui apparaît comme le lien manquant jusqu'ici entre la saison un et la seconde, venant éclaircir les motifs derrière le changement d'état d'esprit de Megan. Un divertissement bien construit et soigné, qui propose un début de fil rouge assez intéressant et se pose la question de la difficulté d'être parent dans des familles recomposées. Une évolution dans le bon sens tandis que s'approche les sweeps de novembre qui risquent de placer la série dans une situation compliquée.
J'aime :
- l'intrigue bien construite
- la bonne répartition des tâches
- les comédiens très bons
Je n'aime pas :
- le final larmoyant et inutile pour Zoe
- l'histoire de l'empreinte de Zoe pas vraiment éclaircie
Note : 13 / 20
Un bon épisode qui fournit un divertissement solide tout en servant de lien entre la saison un et la seconde, clarifiant du même coup les motivations derrière le changement de comportement du Docteur Hunt. Bien équilibré, il confirme l'efficacité du show dès que la répartition des tâches est bien organisée entre les différents comédiens, dont un John Carroll Lynch toujours aussi épatant.