Critique : Body of Proof 2.11

Le 05 janvier 2012 à 14:58  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode sympathique, mais alourdi inutilement par des intrigues personnelles peu convaincantes.
Par sephja

Critique : Body of Proof 2.11

~ 8 minutes de lecture
Un épisode sympathique, mais alourdi inutilement par des intrigues personnelles peu convaincantes.
Par sephja

Un mariage tragique 

Melissa Waxman tombe de son balcon à une dizaine d'étages de hauteur le jour de son mariage, laissant le doute sur l'éventualité d'un suicide. Megan va alors découvrir que cette union était loin de faire l'unanimité, les soupçons se portant sur un ex de la mariée qui cherchait visiblement à la faire changer d'avis. Pendant ce temps, Megan doit faire face à une crise de Lacey concernant son apparence, celle-ci demandant une chirurgie du nez. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode convenable que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un démarrage qui laisse espérer le meilleur 
  •  le danger de laisser les vies personnelles prendre le pas sur l'intrigue
  •  un final tiré par les cheveux 
  •  un scénario mal maîtrisé

 

 

Un premier acte très réussi 

Avec une mariée qui fait un vol plané, BoP démarrait pour le mieux, proposant des premières scènes dynamiques et rapides laissant espérer un épisode digne du season premiere de cette saison deux. La mauvaise humeur de Bud Morris, le petit tic avec la lèvre de Dana Delany quand sa fille parle de chirurgie esthétique, l'histoire autour du régime de Curtis, tous ces éléments auraient dû suffire à nous fournir un épisode réjouissant. Hélas, ce ne sera le cas que dans les premières minutes, la suite se révélant juste plaisante et assez loin de ce que le début d'épisode laissait espérer.

Très léger dans le ton et porté par un montage dynamique, le show se montre sous d'abord son meilleur jour, offrant quelques scènes réellement drôles entre Ethan et Curtis. Pourtant, le récit va vite s'effilocher, la faute à un corps de la victime dont l'analyse va être trop éclatée dans le temps, donnant l'impression que les scénaristes rajoutent des éléments au fur et à mesure pour faire avancer l'intrigue dans la direction voulue. Difficile de participer alors à une intrigue qui ne fournit les éléments décisifs qu'au dernier moment, plaçant le spectateur dans une position d'attente peu immersive.

Malgré les faiblesses de l'intrigue principale, BoP prouve qu'elle peut vraiment compter sur ses personnages toujours aussi attachants. Le duo Ethan - Curtis va d'ailleurs fournir les meilleures scènes de l'épisode, sortant même quelques secondes du registre comique pour plonger avec succès dans un registre beaucoup plus intime. Un instant remarquable qui ne permettra pas de masquer une lente dérive du scénario qui va perdre de vue ses objectifs.

 

Une vie privée envahissante

Il est convenu dans les séries télévisées que seuls les personnages principaux ont le droit à une vie privée, les auteurs s'autorisant d'explorer celle d'un personnage secondaire lors d'épisodes spéciaux. La mauvaise idée de BoP réside ici dans une volonté de développer toutes les vies privées en une fois, partageant toutes comme thème commun la perte de confiance et le sentiment d'abandon. Seulement, ce qui paraissait à première vue une idée ambitieuse va se retourner contre les auteurs, la faute à un manque de crédibilité et une propension à verser dans le psychodrame inutile.

Le plus flagrant reste l'opposition entre Megan et sa fille autour d'une opération de chirurgie esthétique, la jeune femme choisissant de remettre en cause son identité physique. Commencé sur un ton comique plutôt agréable, cette storyline va connaître un développement peu inspiré, versant dans le cliché prévisible en cherchant à prendre des proportions dramatiques vraiment peu crédibles. De même pour l'histoire romantique autour de Dani qui entraine une opposition entre Peter et Ethan sans grand intérêt, surtout au vu de la résolution peu inspirée. 

Body of Proof est finalement la seule série qui gagne tout à ne pas avoir la moindre mythologie, ses personnages et les intrigues policières suffisant pleinement à notre bonheur. C'est lorsqu'elle cherche à produire un divertissement sans prétention que la série se montre le plus souvent inspirée, les scènes comiques de cet épisode étant particulièrement réussies.

 

 

Un final assez étrange (Alerte spoilers)

Seulement, si le divertissement est assuré par des personnages toujours aussi attachants, le final laisse un goût étrange, celui d'un scénario qui peine toujours autant à choisir son coupable. BoP se heurte alors à une limite que le show s'impose et bride en partie le potentiel de celle-ci en s'acharnant à proposer des crimes qui relèvent plus de l'accident que du coup prémédité. Cette tendance se retrouve ici avec un revirement étrange à la dernière seconde où Megan change brutalement d'avis sans que le motif de ce retournement paraisse vraiment clair. 

Entre une paire de boucles d'oreilles qui désigne un suspect dont la culpabilité semble être motivé par l'appât du gain et un grain de pollen qui pointe du doigt un simple accident, les auteurs font le choix de la solution la moins choquante. Les créatifs de BoP refusent obstinément d'envisager qu'un crime puisse être le fruit d'un choix délibéré, proposant une vision naïve de l'humain qui entraînent des conclusions manquant cruellement d'une vraie envergure dramatique. Le choix de l'accident permet surtout d'éviter la déconstruction d'un vrai plan meurtrier, solution la plus simple pour éviter d'approfondir trop les intrigues policières.

Série très chaleureuse et sympathique malgré tout, Body of Proof agace par son refus de prendre le risque de choquer le spectateur avec un coupable un peu polémique. Retournant sa veste juste au moment décisif, le scénario semble refuser de proposer des conclusions un peu osées, préférant la tristesse de la fatalité à la cruauté d'un meurtre planifié. Reste des boucles d'oreilles inutiles qui auront été mises en avant pour rien, symbole d'une inquiétude des auteurs qui se brident en toute connaissance de cause, alors que l'aspect doucement fantasque des personnages fait justement tout son charme de la série.

 

Une écriture mal maîtrisée 

Si BoP reste un divertissement honorable, le scénario manque cruellement d'efficacité, de nombreuses scènes tombant comme un cheveu sur la soupe, avec un manque de liant assez flagrant. Ainsi la séquence où Megan évoque le suicide de son père est un vrai désastre, mal amenée, n'amenant pas la moindre empathie de la part du spectateur envers l'héroïne du show. C'est à ce moment-là qu'un phénomène étrange apparaît, à savoir le manque de lien entre le spectateur et le docteur Hunt, ses problèmes personnels nous laissant terriblement indifférent. 

En conclusion, un épisode terriblement inégal, entre des séquences comiques brillantes et des scènes entre Megan et sa fille dramatiquement mauvaises. L'occasion de voir une fois de plus combien BoP gagne à rester dans le registre de la légèreté, la moindre incursion du scénario dans une tonalité plus dramatique s'achevant par une scène plus ou moins pathétique. Malgré tout, les scènes plus drôles et légères sont de belles réussites, avec un duo Ethan - Curtis absolument irrésistible, entre rires et larmes. 

 

J'aime : 

  •  La scène où Curtis avoue la raison de son régime est superbe 
  •  le duo Curtis - Ethan irrésistible 
  •  tout le premier acte dynamique et léger ... 

 

Je n'aime pas : 

  •  ... avant que le scénario s'embrouille par la suite 
  •  les intrigues romantiques autour de Dani 
  •  le scénario pas assez maîtrisé 

 

Note : 12 / 20 

Si Body of Proof reste un divertissement haut de gamme dès que le ton reste léger et enthousiaste, la qualité devient vite inversement proportionnelle aux ambitions des auteurs. Mal construite, pas assez maîtrisée, l'intrigue principale déçoit, tout comme l'histoire autour de Megan et Lacey, à l'opposé des docteurs Gross et Brumfield qui nous offrent des séquences brillantes, pour ne pas dire simplement géniales.  

L'auteur

Commentaires

Avatar hetkala
hetkala
Une critique très juste.

Avatar sephja
sephja
Un avis éclairé. Merci en tout cas d'avoir repéré mon petit jeu dans les titres, cela fait plaisir (tout comme de savoir que je ne suis pas le seul fan de BoP.

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