Pitch Bagwell
Prisonnier à Fox River, Théodore Bagwell s'évade durant un transport médical destiné à lui fournir une nouvelle prothèse à la main. Très vite, il va semer une piste de victimes derrière lui, certaines innocentes, d'autres motivés par un désir de vengeance redoutable. Reste à Charlie et Ray a découvrir ses réelles motivations pour pouvoir mettre fin à cette cavale meurtrière.
Quitte ou double
Pour ce troisième épisode, Nick Santora et Matt Olmstead jouent très gros en misant sur la nostalgie des fans de la défunte Prison Break pour doper l'audience de leur nouvelle création. Car ramener T-Bag à la vie, c'est aussi faire ressurgir les vieux démons des auteurs de la série, soit une fascination pour la violence qui avait eu raison de la patience des fans. Pourtant, loin de jouer la carte de la nostalgie, Brealout Kings va fournir un épisode plutôt réussi, tout en justifiant par un souci de morale la présence de leur ancien démon.
Soulignons d'abord la remarquable prestation de Robert Knepper, parfaitement à son aise dans un rôle qu'il connaît sur le bout des doigts, donnant à chacune des scènes où il apparaît une intensité remarquable. Du coup, Lowery va se retrouver très en recul, laissant la place aux deux autres prisonniers, surtout Daniels qui va enfin justifier sa présence au sein du groupe.
Prisonnier numéro deux : Sean "Shea" Daniels
Choisir de mettre en avant Daniels lors d'une chasse au T-Bag est une idée surprenante, mais qui va s'avérer assez logique et plutôt bienvenue, Lowery incarnant trop l'obsession des auteurs pour leur ancienne némésis. Daniels va prouver par sa connaissance du fonctionnement des prisonniers et de leurs règles que la fuite de Bagwell n'est motivée que par un souci bien matériel, et non par des pulsions inconscientes. Son calme cadre parfaitement avec cette approche franchement matérialiste et permet de rapidement tisser le lien entre certaines victimes de Bagwell, avec une froideur et une mise à distance salutaires.
Il est intéressant de voir les auteurs s'efforcer de rendre leur équipe la plus complémentaire possible, mais l'utilisation de Daniels en tant que spécialiste du comportement des prisonniers se révèle remarquablement payante. L'acteur passe en premier plan et compose un personnage plus réfléchi, en opposition totale avec la violence des scènes de Bagwell.
On ne peut donc que saluer la belle évolution d'un personnage qu'on croyait condamné à ne servir que de défouloir pour les critiques. Cet épisode marque des points, et justifie avec pas mal de conviction le concept de la série.
De la violence et sa fascination
C'est l'histoire d'une main tranchée, une simple séquence qui a hanté les trois saisons suivantes de Prison Break, un geste de faiblesse des auteurs qui leur a valu les pires critiques sur le thème de la fascination pour la violence. Car chaque coup d'oeil sur la prothèse de Robert Knepper ramenait à la surface le souvenir de ce moment clé où les créateurs avaient commis leur plus grosse erreur, en se coupant d'une bonne partie de leur public.
Dès le début, utiliser la prothèse comme moyen de mort ramène aussitôt à la surface ce souvenir et laisse vite supposer que les créateurs du show n'ont pas beaucoup évolué, mais la suite de l'épisode va largement prouver le contraire. Car bien que T-Bag n'ait pas changé, le contexte va modifier notre point de vue et permettre aux scénaristes de prouver qu'ils n'ont pas du tout l'intention de commettre à nouveau les erreurs du passé.
On pourra reprocher une mort de trop sur le chantier de construction, scène regrettable qui aurait permis de mettre fin à la longue liste de victimes de Bagwell. Heureusement, par la distance qui est créée et l'approche matérialiste de la fuite de Bagwell, ils réduisent le fugitif à l'état de simple humain, motivé par le seul désir de vengeance. La scène achèvera d'ailleurs le travail, Lowery réduisant une bonne fois pour toute Bagwell au rang d'être humain.
Les auteurs de Prison Break ont l'intelligence d'accueillir Bagwell dans le seul but de réduire à néant les erreurs du passé. La violence est ici maîtrisée, froide et peu esthétisée, preuve que la redemption existe, même pour les créateurs de série.
Un épisode référence plutôt réussi
Si ce cross-over entre les deux shows pouvait laisser craindre le pire, les choses se sont heureusement déroulées de manière plutôt surprenante, la série profitant de l'occasion pour affirmer une personnalité plus forte que dans les deux épisodes précédents. Loin de se reposer sur leurs lauriers, les auteurs font évoluer la série, permettant aux personnages de gagner lentement en épaisseur. Sur ce point, le principe de partager l'enquête entre Ray et Charlie s'avère très bonne, en donnant à Daniels l'occasion de retrouver un peu d'espace.
On reprochera certes une réalisation discutable, surtout dans la gestion géographique de la scène du chantier, la plus mal construite de tout l'épisode. Mais le rythme trépidant de Breakout Kings, allié au charisme remarquable de Robert Knepper fonctionne vraiment bien et prouve que la série est capable de produire du bon divertissement si elle s'en donne les moyens.
J'attends avec un peu de crainte le prochain épisode car il est évident qu'ils n'auront pas un T-Bag par semaine.
J'ai aimé :
- Robert Knepper, très intense
- une approche de la violence plus mature
- Daniels qui trouve enfin sa place
- un épisode très rythmé et très travaillé
Je n'ai pas aimé :
- la scène du chantier fait de mauvais choix.
- Charlie pas vraiment à son avantage
Note: 13 / 20