Critique : Breakout Kings 2.04

Le 31 mars 2012 à 17:36  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode prenant, mais inégal, proposant une évolution très intéressante du personnage de Lowery.
Par sephja

Critique : Breakout Kings 2.04

~ 8 minutes de lecture
Un épisode prenant, mais inégal, proposant une évolution très intéressante du personnage de Lowery.
Par sephja

Plus rien à perdre 

Ancien membre du gang latino des Royals, Benny Cruz purge une longue peine raccourcie par le cancer en phase terminal dont il est atteint. C'est par le biais de son travail au sein du garage du pénitencier qu'il va s'enfuir avant de réapparaître pour commettre le meurtre de deux inconnus, accomplissant une quête personnelle et mystique assez étrange. Pendant ce temps, Julianne révèle à Lloyd la vérité sur Gary Margolis, entamant le premier pas vers une volonté affichée de passer outre un drame important de son existence.

 

Résumé de la critique 

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :

  •  une intrigue rythmé, tendu, mais pas assez efficace 
  •  un épisode inégal un peu trop prévisible 
  •  un portrait remarquable de Lowery 
  •  un renforcement de l'identité du show 

 

 

La bataille sans fin pour le bien contre le mal 

Rarement un épisode de Breakout Kings n'aura laissé un sentiment aussi mitigé que celui-ci, opposant les lacunes d'un scénario qui peine à progresser et les séquences passionnantes concernant le plus souvent Lowery. Laissant de côté son costume de clown agaçant, Lloyd se transforme en expert tout à fait crédible et sérieux avec un évadé du jour atteint de troubles singuliers, poursuivant une mission mystique le rendant imprévisible et dangereux. Joué par le très bon Kevin Alejandro, le fuyard de la semaine est un homme au bout du rouleau, la faute à un cancer en phase terminale qui le fait terriblement souffrir et le rend incohérent et imprévisible.

L'enquête va d'abord se pencher sur le passé de Cruz, recomposant lentement le portrait d'un homme en quête de pardon, motivé par l'idée de racheter ses fautes. Le récit est dynamique, tendu, retrouvant un format plus proche de la saison un avec des scènes d'action musclés, prenant le pas sur des intervalles comiques moins inspirés que d'habitude. Haletant, l'épisode est divertissant, mais ne parvient pas à trouver la bonne dynamique, donnant la sensation d'un récit haché qui se construit au rythme de l'odyssée meurtrière de Cruz.

Plus sérieux et intense, l'épisode abandonne le ton parodique du précédent pour offrir une plongée dans l'esprit troublé d'un criminel au bout du rouleau. Seulement, si le mobile de cette croisade est intéressant, la progression de l'intrigue peine à proposer un fil directeur fort, donnant le sentiment agaçant d'un flottement durant tout le premier acte. Incontrôlable et imprévisible, les intentions de la proie du jour restent très confuses, le scénario n'offrant à aucun moment l'occasion à Benny d'exprimer ses intentions.

 

Un scénario qui progresse au forceps

Une fois les intentions du tueur connues en milieu d'épisode, la question se pose aussitôt des raisons de cette révélation si tardive qui aura pesé sur le premier acte. L'enquête de l'équipe de Zancanelli patauge clairement, incapable de donner du sens et de s'interposer efficacement à l'odyssée sanglante de Benny Cruz. Pourtant, c'est la question de la morale de cet évadé particulier, sa définition de l'idée du bien et du mal va donner tout son intérêt à cette histoire, opposant dans un final réussi la vision pragmatiste de la justice de Ray à l'empathie naturelle de Lowery.

Malheureusement, avant d'en arriver là, le spectateur aura subi tout un premier acte où le trio vedette se limite à réagir passivement aux différents meurtres, tardant clairement à se mettre à l'action. L'utilisation de l'article de journal pour permettre à l'équipe de découvrir le nom des victimes est un peu trop facile, astuce de scénariste grossière pour faire progresser une histoire qui peine à prendre du sens. Finalement, c'est en scindant de nouveau l'équipe en deux que le show va retrouver son dynamisme du début de saison, offrant un final assez intense qui soulève de bonnes questions.

Moins cynique et plus impliqué, Lloyd devient le centre de cet épisode, son approche très sérieuse du cas de Cruz donnant sa tonalité troublante à une conclusion brillante et plutôt osée. En effet, à l'opposé d'une intrigue principale sans grand éclat, Breakout Kings nous offre un épisode très intéressant dès qu'il s'intéresse au cas de Lowery, avec en particulier une première scène entre lui et Julianne vraiment très touchante et réussie.

 

 

La rédemption vaut-elle le prix de l'honneur ? 

C'est la grande réussite de cet épisode qui nous offre un approfondissement remarquable du personnage de Lowery, ces deux face-à-face avec Julianne constituant autant d'éléments passionnants pour parvenir à mieux le cerner. Habituellement manipulateur et fuyant, Lloyd se place dans la position d'un thérapeute concerné et attachant, Jimmi Simpson montrant sa capacité à sortir d'un registre comique pour donner plus de profondeur à son personnage. L'occasion de découvrir les vraies motivations de l'ancien thérapeute, à savoir le besoin de guérir les autres pour retrouver au travers du regard qu'il porte sur lui le souvenir de ce qu'il fut autrefois.

Ses scènes avec Julianne dépassent alors avec succès le cadre de la bluette romantique pour laisser paraître une nature plus complexe, proposant un développement à la hauteur du potentiel de départ. Une quête de la dignité et du pardon qui donne une première séquence remarquable, créant un certain déséquilibre en comparaison d'une intrigue principale qui ne parvient pas à se mettre à la hauteur. L'autre réussite de l'épisode concerne le final et la confrontation avec Ray qui pose avec finesse la question des vraies intentions de Lowery, affirmant son désir de poser des conditions à sa collaboration et de ne pas être qu'un intervenant passif.

Cherchant à réaffirmer son autorité, Lloyd sort du registre de son numéro comique habituel et se pose comme un médecin et non comme un simple prisonnier, cherchant dans le traitement de l'autre la possibilité de sa propre rédemption. Une confrontation finale très bien écrite, donnant l'occasion à Ray de réaffirmer son autorité tout en posant une question complexe, celle du sens caché de cette collaboration singulière entre Marshall et détenus.

 

Une saison à ambition variable  

Si l'intrigue du jour peine à décoller, l'évolution du personnage de Lowery est un nouveau signe convaincant des bonnes intentions des scénaristes de Breakout Kings cette saison. Cherchant à approfondir leurs personnages en proposant des associations originales, ils poursuivent les combinaisons entamées depuis le début de l'année avec un duo entre Shea et Erica qui possèdent un certain caractère, même s'il ne parvient pas encore à convaincre. La faute à une scène du coup de poing qui apparaît comme une vraie faute de parcours, seul point noir évident de cet épisode.

En conclusion, un épisode qui a l'excellente idée de pousser Lowery à se montrer sérieux et impliqué, son expertise jouant un rôle décisif dans la chasse du prisonnier du jour. Excellent, Jimmi Simpson laisse tomber son masque d'amuseur public et propose deux scènes superbes avec Julianne qui permet d'approfondir pleinement les intentions de son personnage. Dommage que l'intrigue principale s'avère être un ton en dessous, la faute à une évasion du jour qui ne prend du sens que trop tardivement.

 

J'aime : 

  •  Lloyd Lowery excellent 
  •  la première scène entre Jimmi Simpson et Brooke Nevin 
  •  le final et la réaction de Lloyd 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'intrigue principale peu convaincante 
  •  la scène du coup de poing d'Erica
  •  une évasion qui tarde à prendre du sens 

 

Note : 12 / 20 

Un épisode qui laisse une impression mitigée entre un pitch de départ intriguant et une chasse à l'homme qui peine à avancer, la faute à un évadé difficile à cerner. Heureusement, Lloyd Lowery se montre dans le dernier acte plus sérieux et impliqué, donnant toute sa force à un final réussi, tout comme aux très belles scènes entre lui et Julianne. 

L'auteur

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