Le visage de mon ennemi
L'agent Pearce reprend contact avec Michael Westen suite à un message d'Anson Fullerton, celui-ci lui offrant le nom du meurtrier de son fiancé pour faire diversion et qu'elle perde sa trace. Le coupable se révèle être une source d'informations pour la CIA, totalement intouchable grâce à un disque dur qu'il cache dans un endroit très sécurisé. Pendant ce temps, Fiona cherche à identifier l'homme qui a mis sa tête à prix en cherchant des contacts au sein de l'établissement pénitentiaire.
Résumé de la critique
Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi :
- un scénario bien construit et dynamique
- Fiona prise dans un univers assez stéréotypé
- un épisode qui récite parfaitement ses gammes
- une scène finale remarquable
L'importance du travail de groupe
Avant la pause d'une semaine, Burn Notice choisit de proposer un épisode autour de l'agent Pierce et indirectement d'Anson, celle-ci poursuivant la chasse à l'homme initiée par Michael. En effet, la traque que mène la CIA contre Fullerton à pousser celui-ci à chercher une solution pour détourner son regard de lui en fournissant le nom du meurtrier de son fiancé, un homme d'affaire Syrien protégé par son statut d'informateur au service de l'Agence. L'enjeu est donc fort, poursuivant la thématique de cette saison autour de la vengeance tout en offrant à Lauren Stamile l'occasion de jouer les premiers rôles avec Westen.
La difficulté de celle-ci à garder son calme et sa détermination renvoie évidemment à la situation de Michael concernant Fiona, rapprochant un peu plus ceux qui n'avaient été jusqu'ici que des alliés de circonstance. Le duo fonctionne parfaitement et la performance impeccable de la comédienne suffit à donner sa crédibilité à cette histoire pas toujours bien maîtrisée, reposant sur une situation de départ qui ne laisse pas beaucoup de place à une possibilité d'évolution. Pris au piège de la quarantaine qui les protège, les auteurs vont devoir s'appuyer sur un trio improbable et moyennement convaincant entre Sam, Madeline et Nate pour apporter une conclusion satisfaisante à cette histoire.
Malgré la justification un peu vaseuse de la participation de la famille Westen, cette volonté d'utiliser tous les personnages est appréciable et donne un ensemble dynamique, les auteurs privilégiant une nouvelle fois l'efficacité à l'originalité. Seul souci, les deux équipes sont assez mal équilibrées, donnant un enjeu moindre à la section concernant Sam. Un reproche qui reste mineur dans un divertissement plaisant et bien calibré, mais qui perd en force dès qu'il s'éloigne de l'agent Pearce, exception faite évidemment des quelques scènes centrées autour de Fiona.
Un récit carcéral un peu trop classique
Pendant que Michael vient en aide à Pearce, Fiona hérite d'une storyline qui vient confirmer les intentions des auteurs de jouer avec les codes classiques d'une intrigue dans univers carcéral. Les scénaristes exploitent alors une situation classique avec le personnage de Ayn, prisonnière chargée du contrôle des trafics au sein de l'établissement pénitencier où Fiona reste sous le danger d'une menace de mort, contrainte de se trouver des alliés de circonstance. Choisissant de faire monter lentement la pression, l'équipe créative nous offre une intrigue classique et efficace, appuyant la sensation d'urgence autour de la situation de Glenanne.
Michael étant concentré sur une mission sans connexion directe avec Fiona, les auteurs marquent une pause nécessaire pour amener un peu de matière à un univers carcéral encore assez superficiel. Si cette séquence s'avère utile par sa conclusion convaincante, son déroulement reste plutôt mécanique, malgré la volonté affichée de donner une crédibilité à cet univers oppressant. En s'appropriant les codes de la série carcérale, les auteurs de Burn Notice montrent que la base de l'instinct de survie consiste à savoir se faire des alliés en s'adaptant aux conditions de son environnement.
Si les méchants ont la gachette facile, les héros sont les seuls à opter pour une violence maîtrisée, avec le moins de dommages collatéraux possibles, la vengeance nécessitant de passer outre la rage et la colère. Pourtant, derrière ce calme apparent, certaines scènes remarquables montrent la fragilité touchante de Fiona, en particulier lors d'un face-à-face final bouleversant et parfaitement interprété. Ces moments de rupture, où le héros perd le contrôle et montre toute sa fragilité, sont les perles de cette saison, instant où le doute balaye la confiance et où la détermination vacille, ramenant Westen au simple statut d'être humain.
Simplicité et efficacité
Pour écrire ce troisième épisode, c'est Ben Watkins qui vient faire étalage de tout son talent, proposant un scénario bien maîtrisé avec des rebondissements bien intégrés au sein du récit. Pour cette saison six, le fait que le trio majeur de la série depuis ses premières heures signe ses trois premiers épisodes confirme leur désir de proposer un démarrage ambitieux et d'affirmer une ambition forte et un niveau élevé d'exigence. Arrivée en fin de cycle, après avoir échoué sa mutation l'année dernière, le show parvient à se ressourcer par un retour aux bases affirmé et tient avec la storyline de Fiona un fil directeur fort qu'il compte bien exploiter au maximum.
La scène finale est la preuve que loin d'être en fin de vie, Burn Notice atteint en fait sa maturité, arrivant à donner une dimension émotionnelle forte aux différentes missions proposées à Michael. Ainsi, la séquence entre Fiona et Michael est une réussite remarquable, confirmant la capacité des auteurs à briser la carapace de leurs héros et de révéler le vrai visage de Westen, ses souffrances et ses frayeurs. Au-delà de la simple série d'espionnage, la série nous dépeint l'histoire d'un héros sur la brèche, héritant d'une mission où il a perdu le contrôle des évènements et s'efforce pour l'instant de minimiser les pertes.
Seul point faible de cette saison, le cas de Nate dont les motifs de sa participation au plan de Michael reste encore beaucoup trop confus, sa présence se révélant plus utile que vraiment nécessaire. En choisissant de ne pas évoquer Anson, la série prend son temps, conscient que les révélations concernant son lien avec la famille du héros va constituer un élément important de la saison. Avec une mythologie parfaitement maîtrisée qui laisse beaucoup d'espoir pour la suite, Burn Notice cherche à proposer une approche plus personnelle des missions du jour, bonne idée au coeur de cette saison sans faute jusqu'ici.
Le langage du coeur
Si les personnages de Burn Notice se sont beaucoup mentis l'an passé, ils ont aussi laissé à Anson des leviers pour transformer Michael en sa marionnette par le biais de Fiona. Ce jeu du mensonge par omission avait fini par enlever au héros sa liberté d'action, le coupant lentement de ses amis et de ses proches. L'arrestation de Fiona aura prouvé à Michael que son refus de montrer son vrai visage, son choix de garder ses distances était devenu sa plus grande faiblesse, l'obligeant désormais à parler le langage du coeur.
En conclusion, un épisode qui utilise à la perfection chacun des membres du casting, Ben Watkins nous offrant une intrigue rythmé et efficace, à l'image de ce début de saison. Interprétée par une Lauren Stamile très convaincante, l'agent Pearce fait un retour remarqué et apporte une dimension émotionnelle à une histoire assez classique. Dommage par contre que le personnage de Nate peine à trouver vraiment sa place, les auteurs oubliant de donner du sens à son choix de s'associer avec les activités de son frère.
J'aime :
- la scène finale superbe
- Lauren Stamile impeccable
- un scénario dynamique et plaisant
Je n'aime pas :
- assez prévisible dans l'ensemble
- le rebondissement dans la scène de l'échange un peu trop opportun
Note : 13 / 20
Si l'épisode est un peu moins percutant que les deux précédents, il reste quand même un très bon divertissement avec une Lauren Stamile particulièrement convaincante. Hélas, le manque d'intégration de Nate et l'aspect assez cliché de l'intrigue de Fiona viennent nuire à un sentiment d'ensemble globalement positif.