La première chose à remarquer est que chaque épisode est modelé de la même manière : 3 storylines indépendantes avec à chaque fois les mêmes personnages en « tête d’affiche ». C’est un gros reproche que je fais à la série, les différentes histoires n’ont aucun liant entre elles, ce qui rend l’immersion très difficile. De plus les histoires sont de qualités inégales, certaines vont être intéressantes, d’autres complètement ennuyeuses. Justice ne déroge pas à la règle et c’est donc une critique en trois parties (Arthur, Merlin, Morgan) que je vous propose une fois de plus.
Arthur au pays de CSI
Une chose que je reprochais à la série depuis le début était le fait qu’on ne voyait pas assez la vie quotidienne du peuple de Camelot. Et bien avec cet épisode je suis servi car Arthur va venir régler une querelle dans un village.
Un père de famille est en train de se battre contre le chef de village et le tue. Pendant ce temps sa fille est en train de fuir, rencontre Arthur et sa bande et demande de l’aide. Ils arrivent à temps avant que le père soit pendu et Arthur exige un procès dans une optique d’équité. Bien sûr cela ne plait pas au frère du chef avec son raisonnement primaire mais conforme à l’époque « il a tué mon frère il faut le tuer à son tour ». On se doute fortement que l’histoire ne sera pas aussi simple que ça et que la fille jouera un rôle non négligeable. En fait tout est trop prévisible dans la partie d’Arthur.
Tout ce beau monde arrive à Camelot et le procès peut débuter. Le père invente une histoire foireuse pour expliquer son geste. Pourquoi je dis qu’elle est foireuse ? Car même Arthur a compris qu’il mentait, c’est dire ! A partir de ce moment là nous avons le droit à une enquête bien bancale où Arthur demande de l’aide à Guinevere pour parler à la fille.
J’appréhendais une fois de plus le retour du duo aux têtes blondes ! Mais pour le coup l’association des deux fonctionne plutôt bien sans être transcendante. Fini les « Guinevere tu ne seras jamais heureuse avec ton mari », maintenant nous avons le droit à une relation entre deux adultes responsables. Mais je crains que ce ne soit de courte durée…
Guinevere mène l’enquête auprès de la fille et on apprend rapidement qu’en réalité dans le village la tradition veut que le chef viole toutes les jeunes filles. Mais quelle surprise, je ne l’avais pas vu venir celle-là (j’espère que vous saisissez mon ton ironique !). Guinevere et Arthur sont révoltés et demandent des explications au père.
Et là nous avons le droit à un pauvre mélodrame tout droit sorti des Feux de l’Amour, « je ne peux dire à ma fille que je ne suis pas son père » et autres phrases clichées de ce genre. C’est ennuyant et ça casse la dynamique de l’épisode.
Avec ces nouveaux éléments Arthur rend son jugement : le père est exilé du village et interdiction de violer les jeunes filles ! Sur ce coup je trouve la série trop « gentille », il faut remettre les choses dans leur contexte, nous sommes au Moyen-Age, la morale n’est pas trop censée exister. C’est l’un des gros défauts de cette série : c’est trop politiquement correct, trop de bons sentiments.
Les villageois rentrent chez eux mais le frère n’est pas d’accord avec le jugement d’Arthur. Il préfère faire sa propre justice et essaye de tuer le père. Mais Arthur arrive à ce moment-là pour l’en empêcher et affirme son autorité auprès des villageois. Bingo Arthur a réussi à faire changer les choses mais malheureusement ce n’est que sur un minuscule village. Mais soyons patients, c’est déjà mieux que rien.
Conclusion de cette storyline : je suis content d’avoir vu la vie quotidienne à Camelot mais l’histoire n’est pas très intéressante et trop stéréotypée. Et Arthur manque cruellement de charisme, plus ça avance plus je trouve le choix du casting plus que discutable…
Wesh gros ici c'est Camelot !
Merlin au pays de FlashForward
Merlin avait été le personnage le plus intéressant de l’épisode précédent avec une histoire mêlant habilement mythologie arthurienne et description approfondie du personnage. Hélas pour nous, dans cet épisode Merlin revient totalement affecté par ce qui s’est passé et cela a un énorme impact sur la qualité de l’épisode.
Souvenez-vous Merlin a tué une petite fille pour récupérer Excalibur. Cette scène le hante chaque nuit et il commence à devenir fou. Il s’est isolé dans les profondeurs de la forteresse de Camelot et gribouille pleins de choses sur des grands posters. En gros tout l’épisode où il apparaît peut se résumer à ça : il rumine dans son coin, passe pour un gros cinglé et griffonne tout le temps.
Deux personnes viendront le voir. Le fait que seulement deux personnes s’intéressent à lui montre à quel point Merlin est un solitaire et qu’il n’a aucune attache. On a limite de la peine pour lui mais d’un côté on voit parfaitement que c’est lui qui s’inflige cette solitude.
Les conversations entre Merlin et Arthur sont inintéressantes, Arthur le met au courant du procès mais Merlin s’en contrefiche. Je trouve qu’Arthur commence à vraiment se détacher du magicien et ce n’est sûrement pas plus mal. Jusque là c’était un peu le pantin de Merlin, maintenant il agit selon ses envies et le résultat est loin d’être catastrophique. Mais alors la question peut être posée : à quoi peut servir Merlin ?
Autre personnage qui prend des nouvelles de Merlin c’est Igraine. Son personnage ne m’inspire rien tellement il est transparent. On sent qu’elle a une sorte de complicité avec Merlin si bien qu’ils ont failli s’embrasser. Et bien elle se remet bien vite de la mort d’Uther cette chère Igraine ! Merlin, lui, apparait encore plus cinglé qu’avant en la repoussant et en criant comme un fou.
Et voilà rien d’autre pour Merlin dans cet épisode. J’avoue que ma déception est grande, je trouvais que le personnage avait pris de l’importance et de l’intérêt mais tout est retombé à plat. En espérant très sincèrement qu’on retrouve un sorcier équilibré mentalement dans le prochain épisode !
FlashForward au Moye Age avec le même acteur !
Morgan au pays de Lie to me
Camelot n’entend plus beaucoup parler de Morgan mais pourtant c’est bien de son côté que cela s’active le plus. Nous l’avions laissée avec une crise d’exorcisme/magie qui ne m’avait guère convaincu. Dans cet épisode on en parle plus du tout pour laisser place au côté politique et stratégique de la brune.
Morgan est un peu dans l’impasse : son frère a le pouvoir et il est bien aimé du peuple. Elle ne sait comment changer cela. Heureusement dans ses rangs elle a une nonne très intelligente qui reculera devant rien pour que Morgan réussisse. J’ai vraiment du mal à comprendre leur relation à ces deux-là : quand Morgan revoit la nonne pour la première fois, elle veut qu’elle parte sur le champ. Et au final celle-ci se retrouve être la meilleure alliée de la brune.
En tout cas je trouve que la bonne sœur est le personnage le plus intéressant de Camelot. Une religieuse a normalement des principes, des règles à respecter. Apparemment ce n’est pas le cas pour elle, si bien qu’elle va payer une brute pour la tabasser pour que Morgan en tire profit. La vieille femme est salement amochée et Morgan prône l’insécurité ambiante à Camelot auprès de marchands de passage.
Là où c’est vraiment subtil et bien pensé, c’est qu’elle se prétend en bons termes avec son frère et qu’elle va lui demander de l’aide. Bien sûr ce n’est que feu de paille, tout cela fait partie du stratagème. Niveau stratégique j’aime beaucoup et j’aime encore plus que la bonne sœur encourage Morgan à duper les gens pour réussir.
Morgan annonce aux gens présents à sa cour qu’Arthur refuse de les aider. Et là les langues commencent à se délier : au final le peuple ne se sent pas tant que cela en sécurité. Seul ombre au tableau : la brute engagée par la nonne est présente. Morgan prend alors les choses en main de façon remarquable : elle l’appelle au centre de la pièce, lui demande si c’est bien lui qui a frappé la religieuse et le tue sur le champ. Deux pierres d’un coup : la menace est effacée et l’exemple est donné. Justice est faite !
Plus que cela, c’est justement l’opposition entre les justices d’Arthur et de Morgan qui est intéressante. L’un est pacifiste, essaye de comprendre les faits. L’autre ne fait aucune concession et la sentence tombe instantanément. La divergence de point de vue et de façon de régler les choses est saisissante. L’épisode porte très bien son nom en tout cas.
Enfin juste une dernière remarque à propos de l’inutilité aberrante de Viviane : c’est un personnage important dans les contes arthuriens, ici elle sert autant que le trône sur lequel s’assoit Morgan, c’est pour dire…
La première règle du Fight Club est : il est interdit de parler du Fight Club
Pour conclure, je dirai que l’épisode est dans la lignée de ce que Camelot nous a déjà fourni. L’ensemble est trop inégal : la partie de Morgan est bonne alors que celle de Merlin est ennuyeuse au possible. Après cinq épisodes il est bon ton de dire que Camelot est une série moyenne, chose qui est d’autant plus accentuée par la diffusion en simultané de Game of Thrones qui est à des années lumières de Camelot niveau qualité.
Si un jour toutes les histoires sont bonnes et qu’il y ait un semblant de synergie entre elles, alors ce jour là Camelot deviendra une série intéressante avec du potentiel. Pour le moment c’est juste une série banale dans un contexte médiéval. Et c’est avant tout une grande déception…
J’ai aimé :
- l’histoire de Morgan
- la personnalité de la bonne sœur
- voir la vie quotidienne de Camelot
J’ai pas aimé :
- Merlin
- la justice d’Arthur
- l'absence de magie
- ce manque d’alchimie entre les histoires et les personnages
Note : 11/20
alanparish
