Pitch dictateur russe
Alexeï Dratcheff est un dictateur d'un petit pays issu de l'implosion de l'ancienne URSS qui a construit sa fortune sur la vente des anciens stocks d'armes de l'Armée rouge. Lorsque Alan Blanke présente l'information à l'ODS, l'équipe monte un plan et se présente au domicile de Dratcheff comme des avocats venus pour l'aider à trouver un pays de refuge. Mais rien ne va se dérouler comme prévu, les informations de Blanke se révélant moins fiables que prévu.
Une série d'un autre temps
Pour essayer de sauver les meubles d'une série mal embarquée, CHAOS nous sort l'ennemi naturel des films d'espionnages, à savoir le dictateur soviétique, incarné ici par l'excellent Pasha Lychnikoff. Evidemment, la série ne fait pas dans la subtilité, alignant tous les clichés sur la Russie : des filles du dictateur jusqu'au goût pour la vodka. En un épisode, les auteurs nous offrent un exemple parfait d'un épisode type d'une série moyenne des années quatre-vingt, en pleine crise de la Guerre Froide, avant que le mur de Berlin ne tombe.
Le point intéressant de CHAOS réside dans son appartenance à une autre époque, avec un ennemi digne des premiers James Bond. Elle constitue la preuve flagrante de l'évolution du genre de la série d'espionnage en vingt ans. Le terrorisme et la technologie sont ici totalement absents, hormis pour représenter l'illusion d'un système de sécurité dans un univers où tout est de l'ordre du fantasme. CHAOS, c'est une série d'espionnage pré-Alias, racontant l'histoire de quatre barbouzes appartenant à une époque où le monde occidental vivait dans la sécurité grâce à eux.
Abandonnant définitivement le registre comique, CHAOS est l'exemple parfait de ce que furent les séries d'espionnage : une version fade et en costume de The A-Team à la différence qu'ici, aucun second degré ne vient rattraper le ridicule de l'oeuvre. L'histoire réserve quelques moments intéressants et le scénario possède une bonne dynamique, mais la série ne ressemble à rien, sinon une oeuvre ringarde et pathétique sortie de nulle part. Elle possède surtout l'intérêt de nous questionner en tant que spectateur sur notre évolution par rapport au mythe de l'espion, à l'heure où, au cinéma, l'agent 007 redevient le tueur sans pitié qu'il était à l'origine.
Mallick, l'agent invraisemblable
Premier des agents de l'ODS à profiter d'une mise en lumière, Mallick est un de ces personnages mystérieux dont les scénaristes raffolent, servant essentiellement à faire passer les invraisemblances du récit. Couteau suisse perpétuel, il ne dispose que de quelques lignes de dialogues et permet surtout à l'équipe de s'en sortir. Ce type de personnage totalement invraisemblable était assez courant à une époque, mais a disparu lentement, ce qui démontre une fainéantise plus que marquée de la part des scénaristes.
En renouant avec ce personnage maudit de l'univers des séries, CHAOS se ridiculise dès le démarrage. Sans aucun second degré, les auteurs s'acharnent à justifier que Mallick tient parfaitement sous le siège, là où une simple ellipse aurait largement fait l'affaire. Toujours actif, mais jamais visible en pleine action, il est l'exemple parfait du personnage invraisemblable qui aurait pu fonctionner dans un show parodique (l'excellent Casey dans Chuck), mais s'avère ici désastreux au vu du sérieux de la narration.
Tim Blake Nelson s'est fait plus connaître par son travail formidable comme réalisateur (Eye of God, Othello) , n'acceptant des rôles que dans le but de l'aider à financer ses films et de s'assurer une certaine indépendance. Sa présence dans ce show reste un mystère, surtout au vu du personnage qu'on lui demande d'interpréter. Pour autant, il parvient à apporter une touche de sobriété appréciable et un certain mystère à cet agent impossible.
Le chaos et l'impossible
Avec une mission totalement parachutée, sans le moindre contexte, le scénario brode beaucoup, nous servant une histoire de missiles rajoutée à la dernière minute pour combler un épisode bien trop mince du point de vue contenu. La résolution n'est pas crédible du tout, la série dressant l'apologie de l'action d'une bande de barbouses opérant avec une certaine inconscience et une absence quasi-totale de préparation. Là où des séries comme Covert Affairs, voire même Chuck, recueillent d'abord des informations avant d'agir, l'équipe de l'ODS fonce sans réfléchir et se ridiculise d'autant plus.
Tout prête à penser que CHAOS était prévu pour être avant tout une série comique, tant elle semble appartenir à ce genre d'oeuvre où le héros se fait larguer en plein territoire ennemi et tue tous les méchants pour sauver l'Amérique à lui tout seul. Mais le spectateur ne croit plus à ce type de héros. Voilà en fait la bonne définition de cette série : un conte de fée pour adultes, écrit en toute bonne foi par des personnes qui pensent que rien n'a changé en vingt ans et que les héros peuvent encore porter des costumes qui ne se froissent jamais.
J'aime :
- les comédiens plutôt bons
- l'intrigue claire et dynamique ...
Je n'aime pas :
- ... mais monumentalement invraisemblable
- une série des années 80 perdue dans le temps
- l'intrigue des missiles bouche-trou
- le temps inutile perdu à regarder si Mallick pouvait tenir dans le caisson
- la scène de la barrière, monument de n'importe quoi
Note : 08 / 20
Après trois épisodes, une vérité s'impose : CHAOS est une série d'un autre temps, absolument pas adaptée à notre époque. Totalement invraisemblable, cumulant les clichés, elle ne fonctionne que rarement, recourant fréquemment à des ficelles scénaristiques particulièrement énormes. Pathétique sans être désagréable.