Pitch amour à l'aveuglette
Suite à une cyber attaque qui a paralysé une bonne partie des télécommunications à Washington, Auggie est envoyé à une colloque sur la sécurité sur Internet où il doit reprendre contact avec la présumée coupable, son ex-maitresse Natasha Petrovna. Seulement, leur rupture s'étant plutôt mal passée, la jeune hackeuse ne semble pas prête à venir en aide à la CIA, jusqu'à ce que des assassins tentent de s'en prendre à elle.
L'amour et le mensonge
Surfant toujours sur les schémas classiques des films d'espionnages, Covert Affairs nous fait le coup de l'espionne qui vient du froid, mettant en avant Auggie pour développer cette histoire entre romantisme et espionnage. De retour sur le terrain, le jeune analyste va totalement éclipser Annie, qui va devoir se contenter d'un rôle de soutien passif, sans jamais vraiment venir en aide à son ami. Cette approche du récit est plutôt dangereuse car Christopher Gorham va s'avérer bien plus intéressant à suivre que la jeune héroïne, en donnant un récit plus mature et moins artificiel.
Loin de maîtriser totalement son sujet, surtout concernant la menace qui pèse sur Natasha, la série se lance encore une fois dans une réflexion sur l'amour et la trahison. Loin d'être un saint, Auggie incarne un espion plus expérimenté qu'Annie, incapable de discerner la barrière entre l'illusion et les sentiments réels. Sa liaison avec la journaliste constitue d'ailleurs le premier fil rouge intéressant, la découverte de la taupe pouvant amener un élément d'intrigue utile et plaisant par la suite.
Le plus intéressant dans cet épisode est de présenter Auggie comme un espion à l'ancienne, utilisant son charme pour soutirer de l'information, quitte à s'attacher au point de brouiller la barrière entre mensonge et réalité. Son handicap permet d'apporter une touche de romantisme qui fonctionne plutôt bien, donnant un épisode un peu brouillon, mais convaincant. Les scènes d'action en particulier sont plutôt bien pensés, elles tirent assez bien profit de sa spécificité pour faire la différence.
Un épisode réussi, un peu plus subtil qu'à l'accoutumé, avec un héros qui doit s'imposer un vrai choix entre sa cause et son propre bonheur. Le jeu de l'amour vient fausser les perceptions, fournissant le terrain idéal pour les espions qui sont condamnés à perdre quoi qu'il arrive, obligés d'aller toujours au delà de la raison chercher la voie du coeur.
Une série qui se renferme sur son système
Plutôt que de développer sa mythologie pour se doter d'une multitude de personnages, Covert Affairs tend à se renfermer sur elle-même et sur un système qui risque de se montrer vite lassant. Alternant toujours les séquences familiales assez ternes avec une intrigue d'espionnage plus dynamique et variée, le show manque cruellement de background et peine à donner une véritable ampleur à ses intrigues. Sauvée comme à chaque fois par des comédiens de bonne qualité, la série semble prise au piège d'un système qui n'engendre pas assez d'idées au vu des ambitions du show.
Si les personnages constituent toujours le centre nerveux des séries USA, le show doit aussi faire preuve de plus de réalisme, l'idée de priver la CIA de communication méritant largement mieux que cette simple amourette. Le personnage d'Emmanuelle Vaugier pourrait amener un plus indispensable au show, laissant apparaître une intrigue à tiroir permettant de replacer Auggie au centre des révélations à venir. Il ne reste plus qu'à espérer que Jai profite lui aussi d'un vrai développement, son personnage s'avérant de moins en moins intéressant au fur et à mesure de la série, qui peine à lui trouver une place.
Auggie, un espion digne des meilleurs
Nul doute que cet épisode se serait avéré des plus ennuyeux sans l'énorme abattage de Christopher Gorham, qui doit proposer un jeu nuancé tout en conservant son capital sympathie auprès des spectateurs. De simple gadget, sa cécité est devenu le symbole du prix à payer pour entrer dans le monde de l'espionnage, celui de ne plus croire aux apparences et de ne voir que la vérité. Atteignant un niveau de complexité supérieur avec cette intrigue, Auggie prouve qu'il est plus qu'un simple side-kick, il apporte des thèmes plus adultes dans une série souvent trop superficielle.
Personnage emblématique, entre modernité et classicisme, l'agent Anderson gagne tranquillement ses galons, permettant aux auteurs de prouver qu'ils sont capables d'apporter de la nuance au sein du divertissement. Il ne reste plus qu'à espérer que les méchants bénéficient d'un meilleur traitement, leur apparition ne servant ici qu'à justifier les différentes évolutions du scénario. On regrettera l'absence d'un vrai méchant au sein de l'agence, rôle que Jai Wilcox pourrait sans problème incarner si les auteurs osaient poursuivre l'évolution des personnages vers chacun des membres du bureau.
J'aime :
- Christopher Gorham excellent
- Auggie plus subtil et complexe que d'habitude
- l'intéressant jeu de l'amour et du pouvoir ...
Je n'aime pas :
- ... mais un scénario qui peine à sortir des sentiers battus
- Jai Wilcox qui peine à trouver sa place
- un stand alone de plus, et une mythologie à l'arrêt
Note : 13 / 20
Episode assez agréable centré sur Auggie, son passé et ses secrets, Covert Affairs propose une évolution qui lui réussit plutôt bien grâce au talent de Christopher Gorham. Mais il serait bien que les autres personnages profitent de ce type d'exposition, la plupart d'entre eux manquant cruellement d'ambigüité.
Totalement insipides, les scènes avec Anne Dudek, malgré le talent des comédiennes, ne fonctionnent plus du tout. Il serait temps que la série sorte de sa structure qui commence à ne plus fonctionner pour proposer une évolution, sous peine de vite se répéter.