Critique : Covert Affairs 1.08

Le 30 mai 2011 à 06:35  |  ~ 6 minutes de lecture
Un démarrage qui laisse espérer le meilleur avant de se coucher lamentablement, révélant au passage son incapacité à prendre des risques. Au programme, frustration, énervement et déception dans un retour à la réalité qui sonne comme un mensonge.
Par sephja

Critique : Covert Affairs 1.08

~ 6 minutes de lecture
Un démarrage qui laisse espérer le meilleur avant de se coucher lamentablement, révélant au passage son incapacité à prendre des risques. Au programme, frustration, énervement et déception dans un retour à la réalité qui sonne comme un mensonge.
Par sephja

Pitch marchant d'art 

Annie Walker est contactée par Ben Mercer qui la met sur la piste de ventes d'objets d'arts en lui proposant de joindre Sophie Jacklin, un de ses anciens contacts du temps où il appartenait à la CIA. Seulement, l'opération, réalisée sans le soutien de l'Agence, va rapidement mal tourner, provoquant l'arrestation d'Annie qui se retrouve en détention fédérale.

 

 

Un épisode qui prend le parti de la nouveauté ...

Etrange épisode commençant par une soirée barbecue, laissant entrevoir un développement sur Jai Wilcox, avant de basculer dramatiquement avec l'apparition surprise de Ben Mercer. Sortir de la routine CIA - mission - maison est une bonne idée, mais cet épisode prend des risques conséquents et je sens avec plaisir le show sortir des clous pour proposer entre autre une autre vision sur le couple Campbell. Bref, l'histoire s'installe bien, avec des plans secrets cachés dans des oeuvres d'arts, obligeant Annie à prendre contact avec Sophie, une allié de Ben Mercer qui pourrait nous éclairer sur le passé de l'amant d'Annie.

En optant pour une narration à rebours, la série utilise une structure bien connu des fans d'Alias, laissant espérer un retournement final qui justifierait les ombres laissés sur la première partie de l'intrigue. Annie ment, à Joan comme à nous, et devient alors un peu trouble, légèrement ambigu, donnant l'occasion à Piper Perabo d'abandonner son sourire pour un style plus renfermé assez agréable. Enfin, Covert Affairs nous laisse entrevoir des changements, des révélations, tandis que l'héroïne se retrouve piégé au sein du musée.

Et c'est là que les espoirs se brisent, là où le passé s'efface dans un retournement totalement invraisemblable, entrainant un retour immédiat à la normale. Pour être sorti des clous, Annie se fait taper sur les doigts, et les scénaristes tuent dans l'oeuf tous les changements initiés dans le premier acte. La CIA redevient son refuge, Joan et Arthur deux figures bienveillantes qui veillent sur elle, gâchant ce qui avait clairement le potentiel de faire bouger la série. Covert Affairs n'est pas Alias, il lui manque le culot et l'ambition dans cet épisode qui ne va plus générer qu'un fort malaise.

 

 

... et une série qui se prend les pieds dans le tapis

Du coup, une fois passé la scène dans le musée, il ne reste plus rien, et la série s'embourbe rapidement dans le n'importe quoi le plus total. Fini les espoirs d'une quelconque mythologie, Ben Mercer n'ayant servi que d'excuse à un stand alone lamentable et mal inspiré, jusqu'à un final écrit sur un papier d'allumette qui confirme une seule terrible chose : le coup était prémédité. Pour intégrer un détail pareil dans l'histoire, le scénariste savait depuis le début que son scénario allait être aussi mauvais, et n' a donc aucune excuse pour un travail aussi horrible. 

Il n'y a rien de plus détestable que de voir le héros trouver un objet qui lui dise : "Viens ici si tu veux conclure l'histoire". Certes la scène d'action qui s'en suit, bien que mal filmé, confirme la capacité de la série à produire des cascades de qualité, mais son absence d'intensité fait que je me suis vite retrouver à glousser bêtement, signe indiscutable du spectateur qui sort lentement de la série. Pas de doute, cet épisode va faire du mal, surtout à trois étapes de la fin, réduisant à néant une héroïne qui avait surtout pour l'instant besoin de prendre confiance en elle. 

Ben Mercer est un méchant, et les collègues de la CIA sont certes un peu trouble, mais gentil et bienveillant pour Annie... non, mais vous vous fichez de qui là, voilà une série d'espionnage sans agent double, sans complot interne, et donc sans le moindre intérêt. En matière scénaristique, ce genre d'épisode revient à un enterrement en règle, cet instant où le show perd définitivement toute force pour ne devenir qu'une boîte vide, privée de tout enjeu. Un moment terrible, en espérant que l'épisode suivant parvienne à redonner du souffle à Annie et de l'envie à des spectateurs trahis et déçus.

 

 

Ben Mercer, le talon d'Achille d'Annie

Elément central de la mythologie de Covert Affairs, Ben Mercer est l'ancien amant d'Annie, un espion au passé trouble qui est à l'origine de son engagement au sein de l'agence. Son retour aurait donc du être au centre d'une scène troublante, piégé entre désir et colère, permettant d'éclairer enfin l'évolution du personnage de l'agent Walker. Hélas, la fameuse séquence se limitera à énoncer la mission du jour, Ben Mercer n'ayant rien de l'espion séducteur que je m'étais imaginé. Quelques petites allusions, voilà tout ce que la série aura en définitive à nous proposer, détruisant au passage totalement l'image d'Annie qui s'affirme comme une femme faible, incapable de prendre ses propres initiatives. 

Plus que la faiblesse d'Annie, Ben Mercer est le symbole d'une mythologie à peine esquissée, totalement bâclée et qui risque d'entraîner la série dans les tréfonds. Si les gentils sont ce qu'il paraissent alors les espions ne servent plus à rien, car tout un chacun pourra reconnaitre les vilains au moindre coup d'oeil. Perdu comme son héroïne, Covert Affairs est dans une très mauvaise situation, ne possédant plus que trois épisodes pour nous convaincre de la nécessité de continuer. Et c'est vraiment loin d'être gagné.

J'aime : 

  •  un début qui laisse entrevoir l'espoir du changement 
  •  une construction à rebours intéressante
  • des acteurs qui s'impliquent dans l'histoire 


Je n'aime pas : 

  •  le concept du "on efface tout et on recommence " 
  •  la série qui s'interdit la moindre évolution 
  •  Ben Mercer assez pathétique 
  •  un combat final vraiment mal filmés
  •  un des pires scénarios de l'année


Note : 08 / 20 

La catastrophe pour Covert Affairs qui se noie dès que la série essaye de faire preuve d'un minimum de subtilité. Episode à la première partie réjouissante, l'abandon de toute forme d'ambivalence laisse craindre le pire, surtout dans une histoire d'espionnage. A oublier, vu l'ampleur du désastre.

L'auteur

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