Pitch vérité et confiance
Annie a obtenu de Shen Yue, un scientifique chinois spécialisé dans l'ingénierie hydroélectrique, de passer dans le camp américain à l'issue d'une conférence. L'agent Walker ayant préparé cette opération depuis de longues semaines se retrouve chargée d'agir sur le terrain en prenant l'identité d'un interprète. L'opération va bien se passer mais le nouvel atout de la CIA va ressentir un malaise, révélant qu'il a été victime d'un empoisonnement au Polonium 201.
Savoir reconnaître ses ennemis et agir pour le bien
Pour sa pause estivale, Covert Affairs ne peut pas s'appuyer sur une quelconque mythologie, les scénaristes ayant envoyé celle-ci aux orties en cours de saison. Pour faire dans le classique, les auteurs vont renouer avec les intrigues du début de saison en s'intéressant à sa tentative de gagner à la cause de la CIA. Seulement, le vrai thème va vite tourner sur la capacité d'un espion à accorder sa confiance et à savoir reconnaître une menace avec cette histoire d'empoisonnement qui n'est pas sans évoquer la célèbre affaire Aleksander Litvinenko.
Là où les méchants étaient facilement identifiables du temps de la guerre froide, le monde moderne a troublé la vision bipolaire. Le fait que ce scientifique chinois ait été traumatisé par la mort de son frère sur la place Tian'anmen est assez crédible pour donner un vrai réalisme à son désir de passer dans le camp ennemi. Seulement, là où le scénario s'efforce d'apporter un background solide à l'intrigue, la réalisation s'égare dans des plans séquences inutiles et longs qui donnent un rythme haché à l'ensemble.
Annie Walker est une espionne moderne qui tente au mieux de différencier la mal du bien dans un monde où la frontière a totalement disparu. Car le bien dépend de la position de chaque personne, donnée que la CIA ne peut prendre en compte, comme l'exprimera parfaitement le personnage d'Arthur Campbell en remettant en place le chef de la Sécurité Intérieure. Cette scène inattendue et excitante confirme tout le potentiel du personnage de Peter Gallagher, clairement sous-employé malgré son charisme flagrant.
"Le bien est l'ennemi du mal" : cette phrase peut sembler vrai dans un monde normal pourtant dans l'univers de l'espionnage, elle est totalement hors de propos. En proposant une histoire à dimension humaine, Covert Affairs nous prouve que cette maxime est finalement fausse, qualité principal d'un show qui tente de revenir aux bases pour retrouver son identité.
Annie Walker et le besoin d'être juste
Les quelques rares personnes qui se sont égarés sur mes critiques de Covert Affairs (pardon, une fois de plus) savent que la série évoque souvent la différence entre le bien et le juste. Ici, Annie Walker va apporter une belle définition à ce concept en faisant le choix du héros en préférant agir pour une cause juste, quitte à pousser ces collègues de la CIA et sa supérieure dans les ennuis. C'est sur ce point que Covert Affairs reste séduisante malgré tout en proposant une héroïne qui possède encore le réflexe de franchir les barrières pour suivre sa propre conviction.
Seulement, le geste juste est aussi celui de sa soeur dont il est à regretter que les auteurs aient mis aussi longtemps avant de lui trouver sa véritable place. Trop protégée, Annie va se retrouver enfin à agir sans filet, sentiment grisant mais aussi particulièrement effrayant, tout comme la situation du scientifique chinois. La présence étouffante d'Auggie, surtout à l'hôpital, est d'ailleurs une idée moyenne et assez peu crédible, sa présence étant en contradiction avec la volonté marquée des scénaristes de contraindre Annie à agir par elle-même.
Si le souci du juste d'Annie est le signe d'une vraie héroïne, les auteurs devraient au plus vite retirer les petites roues de son vélo pour la laisser faire preuve de caractère, ce qui rendrait les situations bien plus excitantes. La preuve que l'Agent Walker est encore loin d'être Sydney Bristow.
Petit bilan à la mi-saison
Par inclinaison personnelle, j'aimais Covert Affairs car elle m'a toujours évoqué les histoires d'espionnage classiques où l'histoire s'appuie plus sur l'humain que les complots, où le héros est le seul à avoir le courage de se mettre en péril. Seulement, si le début de saison renouait avec plus ou moins d'adresse avec cet univers, la série a lentement basculé dans une fascination pour les action movie où l'espionnage est remplacé par un univers idiot misant sur le spectaculaire au détriment de l'intrigue.
Si les derniers épisodes semblent renouer avec une orientation moins basique des intrigues, il reste triste de constater qu'elles souffrent encore d'une absence de mythologie, le comble pour une série d'espionnage. Certains personnages ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes, en particulier Jai Wilcox dont le potentiel était pourtant non négligeable. Au final, une vraie déception pour l'instant, tant il y avait les moyens de faire beaucoup mieux en osant prendre quelques risques.
Un divertissement plutôt pauvre, qui ne se rattrape qu'à intermittence et parvient de moins à moins à convaincre, la faute à une mythologie massacrée.
J'aime :
- un épisode à première vue plutôt crédible
- une référence à l'actualité plutôt bienvenue
- Anne Dudek qui sort enfin de son rôle de faire-valoir
- Annie Walker qui agit enfin selon sa conviction
Je n'aime pas :
- la présence étouffante d'Auggie
- le plan séquence lent et inutile en début d'épisode
- certains élément particulièrement forcés
- une CIA qui manque de noirceur
Note : 11 / 20
Un summer final assez terne qui fournit le divertissement attendu sans esquiver certains ellipses narratives maladroites. Seul le plaisir de voir Anne Dudek sortir de son rôle de faire-valoir amène un peu de nouveauté dans un show de moins en moins excitant et original. Correct, sans plus.
La saison estivale s'arrête ici avec mes remerciements habituels à SerieAll et à Samy pour m'avoir aidé à écrire ces critiques. Je reprends en janvier, mais le coeur lourd d'une certaine déception.