Une occasion en or
Le premier ministre du Yemen est victime d'une attaque cardiaque et arrive aux Etats-Unis pour subir une opération sous le contrôle d'Homeland Security. Pour Annie, c'est l'occasion de tenter de recruter l'éminence grise du patient, un homme qu'elle suspecte d'être un ancien militant progressiste. Joan lui laisse trois heures pour prendre contact avec lui, une opération sans filet qu'elle va devoir mener sans le soutien de la CIA.
Avoir le courage de se mettre en péril
Après sa rétrogradation au sein du DPD, Annie Walker aurait pu revenir à la routine des saisons précédentes avec des missions basiques où l'héroïne aurait l'assurance que Joan couvre ses arrières. Ce ne sera heureusement pas le cas avec un agent Walker qui montre un désir de prendre l'initiative, confirmant que son séjour dans l'équipe de Lena aura modifié son approche concernant son travail. Son renvoi l'a clairement humilié dans le bon sens et elle cherche à regagner sa place en tentant de recruter un membre éminent du gouvernement Yéménite.
Cette mission va occuper une place importante dans l'épisode, Annie ne disposant que de trois heures pour établir le contact et gagner la confiance de Sayid Al-Muqhri. Un travail rendu plus difficile lors de son arrestation par la Sécurité Intérieure, car les agents du DOD n'ont pas du tout envie que la CIA soit présente sur les lieux, de peur que cela génère des suspicions en cas d'échec des médecins. Seule et sans soutien, Annie mène une opération de son initiative, profitant d'un feu vert très officieux de Joan qui poursuit indirectement sa guerre personnelle contre les autres agences gouvernementales de sécurité.
La pression est donc forte sur Annie, apportant un enjeu important à un épisode assez faible, la storyline d'Auggie centrée sur son évaluation psychologique manquant de contenu. Si Daniella Alonso forme un bon binôme avec Christopher Gorham, leur histoire relève du simple remplissage, montrant le besoin d'Auggie de guider les gens, de gagner leur confiance pour pouvoir ensuite interagir avec eux. Un concept intéressant qui permet de comprendre le fonctionnement de l'agent Anderson et a le mérite d'éviter des dialogues vains concernant ses déceptions sentimentales.
Covert Affairs joue parfaitement la carte de la transgression, avec deux héros qui choisissent de sortir des sentiers battus en montrant un désir de jouer selon leurs propres règles. Quitter Langley s'avère toujours payant dans cet univers tant le QG de Virginie reste le maillon faible de la série, Joan manquant de l'autorité que l'on est en droit d'attendre de la part d'un chef des opérations de la CIA. La façon dont Annie impose avec insolence son plan semble d'ailleurs assez peu crédible, point de départ gênant qui handicape la suite en faussant le rapport hiérarchique entre les deux.
Une histoire d'espionnage plutôt intéressante
Après son échec avec Lena, l'agent Walker a l'instinct de vouloir rebondir, montrant son refus de se voir rétrograder dans la hiérarchie de la CIA. Pour remonter, elle saisit chaque opportunité, imposant son propre agenda à Joan avec conviction, montrant un nouveau visage qui permet à Piper Perabo d'opter pour une interprétation plus sombre et mature. Annie n'est plus l'oie blanche des premières années, mais une espionne professionnelle qui sait faire face aux conséquences seules et choisit de prendre des risques pour regagner sa place en privilégiant totalement sa carrière sur sa vie privée.
Plus ambitieuse, elle devient aussi moins lisible pour le spectateur, donnant lieu à quelques scènes moyennes où ses intentions paraissent difficile à cerner, mal exposées par une mise en scène trop sage. Malgré cela, Covert Affairs s'appuie sur des bases efficaces en privilégiant les individus à des notions de géopolitique ou de complot. Annie n'a pas trois heures pour sauver le monde, mais juste pour convaincre un homme de devenir son allié pour des raisons idéologiques au risque de mettre en danger sa famille et ses proches.
Il n'est plus question pour Annie d'une simple notion de patriotisme, mais de l'envie de faire carrière, la contraignant à prendre le risque d'agir à la limite du bon sens. Un point où elle rejoint Auggie, lui-aussi se plaisant à opérer en marge du système, deux êtres blessés dans leur orgueil qui tente de se reconstruire en prenant leur vie en main. Une détermination dans leur comportement qui fait toute la force de cette saison par rapport à la précédente, la moindre erreur remettant en cause leur position au sein de l'Agence.
Une façon de mettre en avant l'apport de Lena sur Annie, essayant de donner un début de sens aux nombreuses pistes délaissées depuis le début de saison, l'équipe créative peinant à nous convaincre de sa maîtrise de l'intrigue principale. Le casting est donc un élément indispensable d'un bon épisode de Covert Affairs, Omid Abtahi se révélant un bon choix et forme avec Piper Perabo un duo intéressant.
Zones d'ombre et disparitions
Si l'épisode n'est pas déplaisant, il pose un problème majeur, à savoir l'impression que le show s'éloigne définitivement des éléments mis en place en début de saison. Pas d'apparition de Fischer, rien dans le comportement d'Annie qui puisse permettre d'évoquer son rapport avec lui, juste un standalone certes sympathique, mais particulièrement anecdotique. Avec l'acquisition du dossier concernant Fischer, les auteurs avaient pourtant l'occasion de justifier son empressement à lier connaissance avec Sayid tout en expliquant sa connaissance remarquable de la vie du conseiller du premier ministre.
La mort de Jay est aussi totalement inexploitée, remplacée à Langley par l'histoire du couple Campbell qui semble à bout de souffle tant leur opposition autour de la promotion d'Arthur manque d'intérêt. Affectée en début de saison à Auggie, l'enquête sur l'explosion est l'échec de cette saison trois avec des auteurs qui semblent peu pressés de se pencher sur le cas de la famille Wilcox. Espérons que les scénaristes ne vont pas nous ressortir Sendhil Ramamurthy du chapeau lors d'un twist fumeux tant un tel coup de bluff serait clairement inexcusable.
Poursuivant son parcours, cette saison trois de Covert Affairs reste plaisante, mais laisse sur son chemin beaucoup d'éléments intéressants peu exploités. Si la qualité des épisodes reste supérieur à la saison deux, les espoirs de voir l'intrigue du season premiere se transformer en une histoire à grande échelle semblent définitivement enterrés. Incapable de se montrer à la hauteur d'un point de départ ambitieux, Covert Affairs nous laisse sur notre faim et va devoir monter en puissance avant la mi-saison pour éviter le début d'essoufflement qui commence à la toucher.
J'aime :
- la storyline d'Annie très plaisante
- le casting impeccable
- la nouvelle philosophie de l'agent Walker
Je n'aime pas :
- la storyline d'Auggie trop anecdotique
- la scène entre les Campbell ennuyeuse
- certaines décisions d'Annie assez confuses
Note : 12 / 20
Difficile d'être totalement déçu ou vraiment emballé par cet épisode déséquilibré qui confirme que la série n'a pas perdu certaines de ses mauvaises habitudes en matière de mythologie. Par contre, l'évolution de l'agent Walker est très intéressante et possède un certain potentiel, même si sa motivation première semble assez confuse.
Score d'audience : 3,7 millions en première diffusion avec 0,9% sur la cible soit moins que son lead-in White Collar en forte hausse ces dernières semaines. Le renouvellement semble quasiment acquis pour le duo qui a bien résisté au JO.